Nous reprenons notre forme humaine. Chikara relâche son emprise, me laissant à nouveau le contrôle. Sans perdre une seconde, je fonce sur Peter, ma main se referme sur sa gorge, lui coupant toute possibilité de fuite.— Ils vont très bien. Ils sont dans la zone où Peter a installé des brouilleurs pour couper toutes les communications. Je m'occupe de ce fumier. Allez-y, c'est au Nord.
Cette zone m'était complètement sortie de l'esprit. Mais bien sûr, ils sont entrés par l'Est. Pourquoi migreraient-ils vers le Nord, à part pour contourner les loups ennemis ?
Aucun des deux ne semble bouger, puisque je n'entends aucun froissement. En revanche, des loups approchent, leurs pas lourds, nous encerclant. Les loups de Peter.
— Tu es persuadé de gagner, n'est-ce pas ? Tu es en nombre, oui, mais sais-tu que tout ton territoire est désormais encerclé ? Je bluffe, bien sûr, mais qu'est-ce que cela peut faire ? Ca ne fait de mal à personne. Tu pensais que je n'avais pas d'alliés prêts à me venir en aide ? Tu te trompes sur un point. Tous les loups blancs ont la capacité de ne pas respecter les ordres des autres alphas, s'ils ne sont pas les leurs. Tu n'es pas mon alpha. Je n'ai plus d'alpha depuis un an. Merci de rappeler qui en est responsable. Ce soir-là, tu as fait une extermination, et je les revois tous les jours à cause de toi. C'est comme si cela s'était passé hier.
— Je revois ses yeux, suppliant de ne pas le tuer. Se moquer de Peter.
— Vraiment ? Ma voix se fait plus dure. Parce que ce dont je me souviens, ce sont ses yeux fixés dans les miens, inébranlables. Sa dernière pensée... Son avant-dernier ordre était que je n'intervienne pas, et le dernier, que je parte. Que je sois en sécurité. Ses dernières paroles, tu t'en souviens ? Elles étaient pour la meute : "Ne te retourne pas, Espoir. Survis, sois heureuse. Je suis heureux d'avoir pu veiller sur toi, sur cette merveilleuse meute. Je suis fier de nous." Ma voix se brise presque, mais je me ressaisis. Tu ne sais rien de la douleur de perdre ceux qu'on aime. Rien de la souffrance de voir sa famille, ses amis tomber un par un. Tu n'as jamais perdu ton alpha, ta meute, toi. Mais je suis persuadé que tu m'as gardée en vie à cause du remords. Du remords pour avoir laissé mourir ma louve. Je m'approche, mes yeux flamboyants de rage. Mais devine quoi ? Je l'ai encore, cette amour.
Son visage se crispe alors que mes paroles s'enfoncent dans sa conscience. Je brûle de lui faire payer, mais à quel prix ?
— Ce jour-là, j'ai tout perdu. Tout. Quand j'ai revu Arthur, il y a deux jours, ça m'a frappé. Le voir vivant... Tu ne peux même pas imaginer ce que ça a réveillé en moi. Et toi, tu es là, sans cœur, sans âme, tu ne suis aucune loi... Tu me fais pitié. La haine que j'ai pour toi, elle est si profonde que j'en oublie les valeurs que mes parents et mon alpha m'ont inculquées. J'ai envie de te détruire, de te réduire à néant. Arracher tes cordes vocales, éviscérer ton corps, crever tes yeux, te faire goûter à la pire des agonies. Mais tu sais quoi ? Ce serait trop facile, trop... comme toi. Je ne deviendrai pas un monstre à ton image. Je pourrais tomber plus bas que je ne le suis déjà, mais toi... toi, tu ne mérites rien d'autre que la terreur. Je rêvais de te voir ramper à mes pieds, trembler de peur, me suppliant de t'épargner. Et tu sais quoi ? Savoir qu'Arthur est à l'abri me remplit de satisfaction. Mais il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre... Pourquoi ne te défends-tu pas ?
— Parce que je sais que tu ne me feras rien, dit-il calmement. Même après tout ce que j'ai fait, même après cette année entière. Je te rassure, ton frère... c'est lui qui a le moins souffert. Mais toi, je ne pensais pas que tu oserais faire confiance à cette meute, eux qui sont réputés pour exterminer leurs ennemis.
— Ils n'ont pas volé leur réputation. C'est un mensonge, mais il l'ignore. J'ai promis de ne jamais démentir ces rumeurs. En revanche, rien ne m'empêche de les amplifier. C'est justement ces histoires qui m'ont poussé à leur faire confiance. Et tu sais quoi ? Ils sont bien plus humains que toi. J'avais prévu de t'exterminer, toi et ta meute, mais j'ai réalisé qu'ils étaient simplement manipulés par ton esprit malade. Par contre, ton précieux allié... lui, il aura droit au même sort que toi.
De mon autre main, je lui envoie un crochet du gauche, sentant l'impact sec sous ma peau. Mon poing se resserre autour de son cou, mes doigts enfoncés dans sa chaise. Il suffoque, ses yeux s'écarquillent de peur. Je me penche vers son oreille, mon souffle chaud glissant contre sa peau.
— Game over.
Je le relâche brutalement, le faisant tomber à genoux. Mon pied pivote dans un mouvement fluide et je lui assène un coup de pied retourné. Le choc le projette au sol avec un craquement sourd, son corps s'écrase dans la poussière.
Soudain, deux mains puissantes me tirent en arrière. Un tissu glisse sur ma tête, couvrant mes épaules. Je cligne des yeux, surprise, mais l'odeur familière me calme instantanément. Je passe mes bras dans les ouvertures prévues et ajuste le tissu autour de moi, réalisant que c'est un t-shirt.
Je me tourne rapidement et mes yeux rencontrent ceux de Maxwell. Son regard me transperce, un éclair d'énergie me traverse comme un choc électrique. Mon cœur rate un battement, suivi d'une vague de frissons qui envahit tout mon corps. Un sourire naît sur ses lèvres, et je comprends enfin.
Maxwell est bel et bien mon âme-sœur.
Je ne voulais pas y croire. J'ai résisté à cette vérité, douté de ce lien inéluctable. Mais en cet instant, tout devient limpide. Nos âmes se sont trouvées, et je ne peux plus le nier.
— Je le savais. Murmure-t-il, sa voix un souffle rauque.
Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mais avant que je puisse répondre, une voix déchire l'instant.
— Espoir !
Je cligne des yeux, arrachée à notre moment. Je détache mes prunelles des siennes et les pose sur celui qui m'appelle, les muscles encore tendus par l'adrénaline.
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Et si... Nous étions âme-sœur
WerewolfEspoir, une louve blanche, a tout perdu en une nuit. Arrachée brutalement à sa famille et à sa meute, elle a été forcée d'assister à l'effroyable massacre des siens, impuissante, chaque mort gravant en elle une haine dévorante envers ceux qui ont or...