Chapitre 25 : Une insolente complicité

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Mozart était concentré, bien plus qu'il ne l'était quand il travaillait. Mais ce qu'il faisait nécessitait une grande précision. Placé à genoux sur le matelas, il laissait les cordages glisser entre ses doigts afin de les nouer selon un agencement précis. La respiration de Salieri, près de lui, ne cessait d'accélérer. Ils étaient tous deux dans la pièce secrète d'Antonio. Wolfgang lui avait demandé de lui apprendre comment utiliser ce qui se trouvait dans cette salle. Ce n'était pas la première fois, depuis la première représentation de l'enlèvement au sérail, Mozart s'était montré très motivé par les désirs issus du passé de son amant, et si ce dernier avait été embarrassé, il n'avait pu refuser de l'y initier. Le brun était placé à genoux aussi, les jambes écartées, et le buste penché en avant, le visage presque contre le matelas. Ses mains étaient liées dans son dos, le corps enlacé par les cordes que Mozart enroulait et nouait autour de lui pour l'immobiliser.
- Est ce que j'ai fait les nœuds correctement ? S'inquiétait le plus jeune, soucieux de bien faire.
L'autre souffla lentement pour rester lucide, son esprit était mis à rude épreuve dans cette position.
- Je ne vois pas tout, mais ça me semble bien... En tout cas, je n'arrive pas à bouger...
Sa voix était basse, signe de sa réserve, et du désir qu'il contenait.
- Cette réponse me satisfait.
- Vous semblez un peu trop vous amuser de vos expériences sur moi.
Mozart eut un bref rire.
- Oh voyons, maestro, c'est évident. De plus, je sais que ça vous plaît autant qu'à moi, et je dois bien avouer que vous voir vous plier ainsi à ma volonté est vraiment satisfaisant de mon point de vue.
L'italien, par simple fierté, lui jeta un regard noir.
- Vous êtes bien insolent pour quelqu'un qui passe ses journées à me faire des déclarations mielleuses.
Son ton se voulait cynique, mais alors qu'il souhaitait vexer Wolfgang comme ce dernier le vexait lui, le blond eut un étrange sourire.
- Vous n'êtes décidément pas aussi doué que moi pour la provocation orale, Antonio. Mais actuellement, c'est encore pire, votre posture ne peut que décrédibiliser vos tentatives.
Il se pencha pour venir saisir le visage de son aîné dans sa main, avant de susurrer avec impertinence.
- Comme vous me l'aviez si bien dit lors de notre première rencontre : restez à votre place, maestro, et tout ira bien entre nous.
La référence à ses propres paroles rendit Salieri muet, et le brun détourna les yeux, gêné qu'il lui rappelle ses propos, et de l'effet qu'elles avaient sur lui à présent, dites par Mozart, et dans un tout autre contexte.
- Je vois, reprit Wolfgang avec un sourire. Pas de commentaire, guère surprenant.
- Fermez là. Siffla l'autre, touché dans sa fierté.
Mozart eut un rire amusé.
- Vous n'êtes pas en capacité de me donner des ordres. Pour mon plus grand plaisir.
Il laissa ensuite ses mains caresser les côtes et la partie du dos de l'italien qui n'était pas couverte de ses bras, et celui ci sentit de nouveau sa respiration s'accélérer. Il abaissa alors son pantalon, libérant la peau nue et brûlante de l'homme, ainsi que son sexe qui était déjà dressé depuis que les entraves enserraient son corps.
- Vous êtes impatient... Vous attendez avec hâte de je vous prenne, n'est-ce pas ?
Le «oui» honteux d'Antonio fut à peine audible, et ses joues s'étaient enflammées. Mozart sourit de nouveau, et il mit ses doigts sans sa propre bouche pour les lubrifier, avant de venir titiller l'entrée du postérieur de son amant, qui gémit sous l'envie. Il enfonça doucement son index, tout en se faisant la réflexion que dans une telle position, l'accès au corps de son maestro était bien plus facile. Après avoir dilaté l'espace pendant quelques minutes, s'amusant des gémissements que ça procurait à son partenaire, il retira sa main. Il saisit alors un jouet, une pièce taillée en longueur, recouverte de cuir et imitant la forme d'un pénis, pour l'insérer lentement en Salieri, qui glapit un peu plus bruyamment. Les femmes qui avaient tout appris au musicien impérial lui avaient laissé divers objets comme ce jouet exotique, et visiblement, il en appréciait beaucoup les sensations. Laissant le jouet en place, il prit un martinet, le fixant. Lui n'aimait pas spécialement user de violence contre son aîné, mais il aimait vraiment les réactions de celui-ci quand il devenait ivre de luxure en souffrant. La première fois que le brun lui avait mis cet accessoire entre les mains, il n'avait pas osé faire claquer le fouet, et l'italien avait semblé déçu, alors Wolfgang s'était laissé retenter à le faire plus fort, pour lui faire plaisir, et ça avait dépassé ses attentes. L'obscénité d'Antonio se dépeignait alors totalement sur son visage, dans sa voix, dans ses gestes, dès que le contact douloureux s'apposait sur son corps. Ce n'était pas la violence qui plaisait à l'autrichien, c'était la magie qu'elle créait sur son maestro. Quittant ses pensées, il fouetta la hanche de son amant du martinet, et celui ci gémit de plaisir comme de douleur. Il en redemanda, et le plus jeune accéda à sa requête, faisant claquer le fouet sur son postérieur et ses cuisses. Le maître de la chapelle laissa échapper un râle, il perdait la tête à chaque fois que le blond s'approchait de lui pour le toucher, le tenter, le provoquer et le faire languir.
- Bien, lança le prodige musical en reposant le martinet sur le côté, je ne vais pas vous faire attendre davantage, surtout que vos gémissement commencent à mettre ma patience à rude épreuve.
Il défit son propre pantalon, laissant sortir son membre, qui, comme il l'avait signifié, était fortement tendu. Lentement, il retira le jouet qui était toujours en son partenaire, et caressa son entrée de son sexe.
- Bordel, Wolfgang... Pitié !
Mozart ne put s'empêcher de rire en entendant son ton suppliant et débordant d'envie. Il saisit fermement les hanches de son maestro, et combla la faible distance entre eux, plongeant en lui d'un geste brusque, mais maîtrisé. Antonio cria de plaisir, son corps trembla, bien que limité par les cordes qui l'enserraient. Mozart commença à donner des coups de reins réguliers, instaurant une cadence rapide et efficace qui fit gémir de plus en plus fort celui qui les ressentait. Pendant de longues minutes, on entendit plus que leurs souffles saccadées et leurs voix emplies en désir, puis, le plus jeune sentit l'orgasme approcher, les chairs si serrées autour de son sexe lui procuraient un bonheur trop intense, et il se libéra en son partenaire, qui jouit à son tour dès qu'il sentit couler la semence de Wolfgang. Antonio ferma les yeux, essoufflé. Personne n'arrivait à l'impacter comme le faisait son amant.

Mozalieri - Un jeu inavouableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant