Chapitre 11 : Délice

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Les deux musiciens grattaient leur plumes sur le papier, terminant les modifications sur la partition. Le travail avançait à merveille, et ils allaient pouvoir terminer cette composition. Mozart cessa d'écrire, relisant les notes avant de jeter un coup d'œil à son collègue, qui rectifiait encore quelques détails. Poussé par une petite voix interne, il leva sa plume et la fit glisser sur le cou de son aîné, puis ses oreilles. Salieri se tendit alors.
- Qu'est-ce que vous faîtes encore ?
- J'essaie de voir si vous êtes chatouilleux.
- Je ne le suis pas.
- Peut-être ailleurs alors ? Sous les pieds ?
- Je vous défends d'essayer.
Mozart fit la moue, déçu. Mais un sourire revint vite sur son visage, et il regarda le plus âgé avec malice.
- Tant pis... Au moins je sais que vous êtes sensibles à mes mains et à mes lèvres, ça me suffit.
Antonio rougit, et il ferma les yeux en se mordant la lèvre inférieure, ne pouvant démentir.
- Maestro, vous essayez de me séduire là ?
Il rouvrit subitement ses paupières.
- Quoi ?!
Wolfgang le regardait de près. Bien trop près.
- Vous avez la moindre idée d'à quel point vous êtes désirable quand vous faites ça ?
Salieri tourna la tête vers le mur, mais son cadet lui saisit le menton pour le forcer à le regarder.
- Ne soyez pas si réservé. Nous avons déjà partagé des moments plus intimes.
Se levant de son fauteuil, le blond vint s'assoir sur les genoux du compositeur, qui se figea, et, avec une grande douceur, il caressa sa joue, laissant ses doigts venir retracer les contours de sa barbe ébène. L'italien sentait son cœur battre bien trop vite, il se noyait dans les yeux de Mozart et ne parvenait plus à réfléchir à autre chose que sa bouche si tentante, à quelques centimètres de la sienne. Comme s'il lisait dans son esprit, ou bien qu'il pensait la même chose, Wolfgang prit le visage de son maestro dans ses mains, et il vint s'emparer de ses lèvres, d'abord avec délicatesse, puis de façon plus énergique. Ses mains quittèrent ses joues pour descendre le long de sa poitrine, avant de glisser en direction de sa taille. Une sensation nouvelle lui fit baisser le regard, et il remarqua que le pantalon du brun se tendait vivement en avant. Il allait poser ses mains sur la zone éveillée, mais pris d'une pulsion soudaine, Salieri le fit partir de ses genoux avec force, se relevant pour le tirer par le bras jusqu'à l'extérieur du bureau.
- Nous en avons fini avec cette partition, Mozart. Nous nous exercerons demain au palais pour la jouer, bonne soirée.
Il avait parlé avec trouble et précipitation, avant de fermer la porte derrière lui. Le blond, déçu, comprit toutefois qu'il était temps de partir. Il longea les couloirs de la demeure de Salieri, jetant un énième coup d'œil à la porte scellée. Malgré les paroles de son aîné, il n'avait pas abandonné l'idée de l'ouvrir. Tout en descendant les escaliers, il laissa ses doigts caresser ses lèvres. Antonio était décidément bien trop agréable à embrasser. Il était... délicieux.


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Leur rencontre le lendemain se passa normalement, Mozart étant étrangement calme, ce qui alerta le plus âgé. Ils jouèrent leur partition au piano une première fois, puis une deuxième, et enfin, quand la mélodie s'arrêta, Salieri se tint le menton, pensif.
- Oui, je pense qu'on peut considérer ça comme achevé. Vous êtes d'accord ?
- Tout à fait, maestro.
Le blond se rapprocha alors de lui, replaçant une mèche ébène derrière l'oreille de l'homme, qui le fixait avec méfiance tandis qu'il agissait.
- Vous êtes charismatique quand vous travaillez. Cette concentration, c'est... woaw...
- Et bien prenez en exemple, lâcha Salieri en détournant les yeux, embarrassé du regard que portait l'autrichien sur lui.
Mozart roula des yeux. Puis, un sourire malicieux prit place sur son visage. Il se leva du banc, et avant que l'italien puisse faire de même, il vint poser ses mains sur ses épaules, faisant pianoter ses doigts dessus. Il pencha son visage vers lui et susurra.
- Vous êtes dur avec moi... Pourtant, je suis gentil non ? Détendez-vous un peu... Pourquoi vous montrer si formel, il n'y a que nous dans cette salle...
Il caressa avec douceur la zone sous ses paumes avant de laisser ses mains se rapprocher du cou du maître de la chapelle, qui s'était figé dès le début du contact. Avec des gestes minutieux, Mozart détacha la broche qu'il portait, libérant le col de sa chemise. Posant l'objet sur le piano, il balada ensuite ses doigts le long des vêtements que son aîné portait, avant de les glisser sous le tissu pour toucher sa peau directement. La respiration d'Antonio s'était accélérée. La bouche près de l'oreille du compositeur, l'autrichien susurra.
- Laissez moi vous détendre, maestro Salieri... Je suis très doué avec mes mains... Et avec ma langue aussi... Si jamais vous voulez découvrir d'autres facettes de ma personne... Vous n'en avez eu qu'un léger échantillon pour l'instant...
Machinalement, le brun pencha la tête en arrière, heurtant le torse de son cadet, fermant les yeux pour essayer de contenir le désir qui s'emparait de lui. Le rire de Wolfgang sonna doucement dans ses oreilles et il ouvrit les yeux subitement.
- Et bien... Vous êtes dur tout court, je devrais dire.
Il baissa les yeux, et remarqua ce que Wolfgang observait depuis quelques secondes. Il l'avait encore fait réagir. Comme la première fois, il eut honte de lui même, et il se leva brutalement pour aller dans son bureau. Mozart fit la moue, sa tendance à fuir était embêtante, et il songeait à acheter un collier et une laisse pour l'en empêcher les prochaines fois. Il sourit à cette idée. Son maestro tenu en laisse était une image qui l'excitait un peu trop. Saisissant l'agrafe noire abandonnée sur l'instrument, le blond vint toquer au bureau de son aîné avant d'ouvrir la porte, la refermant derrière lui.
- Vous avez oublié votre broche.
Salieri lui tournait le dos, face à une étagère, et il savait pertinemment que c'était pour ne pas avoir à lui faire face. Son visage, avec l'expression nette de son trouble, et le pantalon qui se tendait en avant l'auraient trahi, aussi préférait-il rester de dos. L'autrichien posa l'objet sur le bureau, mais il ne quitta pas la pièce. Lentement, il combla la distance entre eux, puis il posa sa main sur l'épaule du brun pour le forcer à se retourner.
- Maestro, je vous ai déjà dit qu'il ne fallait pas craindre vos envies avec moi. Pourquoi vous enfuir à chaque fois, alors que vous soupirez d'aise dès que je vous touche ?
- Je... J'y arrive pas...
- Quoi, à vous laisser aller ?
Antonio, le visage cramoisi, hocha doucement la tête, et Wolfgang sourit, compatissant. L'époque n'était pas propice pour accepter ses désirs et les vivre pleinement, surtout quand ces désirs étaient portés sur le genre identique au sien. Lentement, il passa sa main sur la joue de l'italien.
- Laissez-moi vous aider... Vous ne pouvez pas rester ainsi de toute façon, maestro... Promis, je n'irai pas trop loin, pas tant que vous serez effrayé par ce que vous ressentez. Mais juste, de quoi vous soulager.
Salieri ferma les yeux en hochant la tête, refusant de croiser le regard intense de son cadet, et celui-ci, avec douceur mais fermeté, le plaqua contre le mur avant de laisser sa main se glisser dans le pantalon du compositeur. Celui-ci glapit à ce contact, mais déjà, l'autrichien, si expert dans le domaine du plaisir, avait enroulé ses doigts autour du membre dressé, et il s'appliquait à faire de longs mouvements de poignets, faisant gémir le maître de la chapelle impériale. Le blond se délecta de ce qu'il voyait. Les expressions de plaisir pur qui s'affichaient sur le visage de son maestro étaient sublimes. Encore une fois, il désira le prendre sauvagement, mais il n'était pas encore temps. Il fallait de la patience, il fallait que l'autre soit consentant, et pas juste terrorisé par ses propres pulsions. Voulant le détendre un peu, et continuant ses gestes sur son sexe, Wolfgang se rapprocha de son torse pour venir embrasser son cou et murmurer avec douceur.
- Voilà, détendez-vous ainsi... Tout va bien se passer, pensez juste à votre plaisir, ne vous préoccupez pas du reste, je vais m'occuper de vous maestro, vous ne risquez rien tant que vous êtes avec moi...
La seule réponse qui lui parvenait était les gémissements multiples de son aîné. Finalement, Salieri atteignit l'orgasme dans un soubresaut, et Mozart retira sa main de ses vêtements, déposant un doux baiser sur les lèvres du brun qui avait les jambes tremblantes.
- Vous voyez, tout va bien. Je n'irai pas plus loin, comme promis.
Antonio lui jeta un regard à la fois soulagé et déçu, et le plus jeune lutta contre lui même pour ne pas le jeter sur le bureau pour le faire sien immédiatement. Il sourit alors, malicieux, et lécha ses doigts sensuellement.
- Je ne vous dérange pas plus longtemps, mais vous êtes toujours aussi délicieux...

Mozalieri - Un jeu inavouableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant