Chapitre 18 : Le salon de Salieri

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Mozart était sortit un instant sur l'un des nombreux balcons du palais. Il avait besoin de respirer un peu d'air frais. La porte s'ouvrit dans son dos, mais il n'y prêta pas d'attention, le balcon était suffisamment grand pour plusieurs. La personne s'approcha pourtant de lui, se collant à son dos et enroulant ses bras autour de sa taille. Mais Wolfgang ne réagit pas, dès le contact, il avait reconnu l'odeur délicate de celui qui venait l'enlacer. Il était cependant surpris de son geste.
- Ne vous méprenez pas, maestro, je suis ravi de ce que vous faîtes, mais je me demande pourquoi ? Ne vouliez-vous pas éviter ce genre d'effusions en public ? Surtout à une fête de l'empereur au palais ?
Le brun soupira et le plus jeune frissonna en sentant le léger souffle sur son cou.
- Il n'y a personne ici. Et puis je voulais te dire que je rentrais... Si jamais tu veux venir avec moi...
L'autrichien fronça les sourcils face à son tutoiement. Il se retourna, s'arrachant à contre cœur des bras de son aîné pour le fixer.
- Vous avez bu combien de coupes de vin ?
Salieri écarquilla les yeux face à la question avant de détourner les yeux sur le côté, réfléchissant. Il leva finalement sa main et rapprocha son index de son pouce, mimant une petite quantité, affichant un sourire innocent.
- Juste un peu. Je te jure.
Wolfgang soupira à son tour.
- Bon, au moins vous n'êtes pas dans l'état désastreux de la dernière fois puisque vous tenez très bien debout.
- Et je marche tout seul, et je sais où sont mes clés. Et en plus j'ai pensé à venir te voir avant de partir pour savoir si tu voulais venir, alors c'est pas mal.
- En effet. Toutes mes félicitations. Je serai ravi de vous raccompagner, maestro.
Antonio afficha alors un grand sourire avant de faire volte face pour repartir, suivi du blond. Ils quittèrent tranquillement le palais, avant de marcher dans les rues. Cette fois, l'italien savait où il allait, et il avançait correctement. Arrivés sur le perron de sa porte, le brun glissa sa main dans la poche de son pantalon pour en tirer la clé et il ouvrit, laissant passer son invité avant lui avant de refermer derrière eux.
- Pourquoi m'avez-vous proposé de venir chez vous maestro ?
Salieri le regarda d'un air surpris.
- Tu m'as demandé de passer du temps avec moi.
- Vous vous en êtes souvenu ?
Le plus âgé fronça les sourcils.
- Et bien oui. Pourquoi aurais-je oublié ?
Mozart ne sut quoi répondre, alors il sourit en haussant les épaules. Son interlocuteur commença donc à gravir les escaliers, et son cadet le suivit docilement. Ils passèrent devant la porte verrouillée, et l'autrichien se demanda si dans son état, il lui révélerait enfin ce qu'elle cachait. Il s'accrocha au bras de son hôte et demanda d'une voix innocente.
- Qu'y a-t-il dans cette pièce, maestro ? Vous ne me l'avez toujours pas dit.
Antonio s'arrêta et il laissa son regard se poser sur la porte, puis sur le jeune musicien. Embarrassé, il tourna rapidement la tête.
- C'est vraiment fourbe d'essayer de profiter de mon ébriété, mais je suis encore assez conscient de moi même pour savoir que je ne répondrai pas.
- Dommage....
L'italien ouvrit la porte d'un petit salon, et ils s'installèrent sur un sofa. Le silence prit place pendant quelques instants, durant lequel Salieri remplissait deux coupes de vin avant d'en tendre une à son invité.
- N'avez-vous pas déjà assez bu ?
Le compositeur de la cour haussa les épaules avant de boire une première gorgée. Puis il pencha la tête sur le côté avant de parler.
- Pourquoi voulais-tu passer du temps avec moi ?
Wolfgang but un instant avant de lever les yeux vers son aîné.
- Vous avez été occupé ces derniers jours, et j'ai l'impression que mes efforts pour vous approcher pendant toutes ces semaines ont été vains...
- Tu as pourtant eu ce que tu voulais... Murmura le brun, les joues rougissant. J'ai cédé à mon envie...
- Et j'en suis très heureux, mais maestro, je ne vous ai pas courtisé seulement pour vous faire mien. Je ne vous vois pas comme une distraction. Je vous ai courtisé parce que vous me plaisez, je tiens à vous. Sincèrement. Je ne veux pas vous voir vous éloigner maintenant...
Antonio le regarda intensément pendant un moment, puis, il se leva, posa sa coupe sur la table basse, prit celle de son invité qu'il mit à côté de la sienne, et il se plaça sur le musicien, un genou de chaque côté des cuisses de son cadet qui écarquillait les yeux, surpris de voir l'illustre compositeur le chevaucher ainsi. Le maître de la chapelle posa lentement ses mains sur le haut de son torse, jouant machinalement avec les pans de sa veste. Plongeant ses yeux sombres dans ceux, brillants, de l'autrichien, il prit la parole.
- Est-ce que c'est une déclaration, Wolfgang ?
Mozart frissonna en entendant l'autre prononcer son prénom pour la première fois. Cette fois, ce fut lui qui sembla gêné.
- Je... je crois bien...
- Les commérages de la cour te disent libertin et séducteur... Je ne suis pas donc pas un de tes multiples jouets ? Ou un énième défi ?
- Jamais, maestro. Je vous aime trop pour vous causer du tort...
- Tu m'aimes ?
Mozart leva sa main pour caresser la joue de son aîné.
- Si vous saviez à quel point...
Salieri eut un grand sourire, dévoilant sa dentition. Ivre, il exprimait bien plus ses émotions, et ce qu'il entendait le rendait heureux. Il avait toujours été si seul. Cédant à sa pulsion, il approcha son visage et s'empara des lèvres de Mozart. Ce dernier fondit aussitôt, se laissant faire, mais après quelques secondes, il repoussa doucement le brun.
- Maestro, vous êtes ivre, je ne peux pas.
Le compositeur impérial le regarda fixement.
- Ne sois pas idiot. Je suis peut être ivre, mais j'ai toute ma conscience. Et tu sais aussi bien que moi qu'avec ou sans alcool, tu me fais envie. Tu t'es suffisamment joué de moi avec ça.
Mozart lui jeta un regard inquiet. Antonio saisit son visage entre ses mains.
- J'apprécie que tu sois si soucieux de mon consentement, vraiment. Mais là, rien ni personne ne peut maîtriser le désir que j'ai pour toi. Je sais ce que je veux. Alors, arrête de te préoccuper de mon état, je t'en prie... Je sais que je ne regretterai pas...
- Bien, à votre guise, maestro...
Salieri sourit avant de l'embrasser de nouveau avec fougue. Ses mains défirent lentement la veste du blond, avant de la faire glisser le long de ses bras pour la lui retirer, avant faire de la même chose pour son haut. Ne s'attendant pas à ce qu'il soit si entreprenant, Wolfgang profita simplement de l'instant, posant ses mains sur les hanches de son amant pour les caresser lentement. Une fois l'autrichien torse nu, le brun entreprit de retirer ses propres vêtements. Seuls leurs pantalons étaient encore présents, mais cela ne dura pas longtemps puisque le plus âgé se leva pour se débarrasser du sien avant de faire glisser celui de Mozart le long de ses jambes. Il se replaça ensuite sur ses jambes, laissant ses mains caresser la poitrine du jeune homme tandis qu'il l'embrassait de nouveau. Le blond avait l'impression d'être au paradis. Il couina soudainement en sentant que son maestro venait d'enrouler ses doigts autour de son membre durci, et qu'il faisait de lents mouvements aux sensations savoureuses. Désireux de lui rendre la pareille, Wolfgang prit dans sa main celui du compositeur de la cour, qui haleta, et il exécuta les mêmes gestes. Après quelques minutes, le blond leva son autre main pour caresser les lèvres de l'italien, et celui ci entrouvrit la bouche, lui permettant de glisser ses doigts à l'intérieur. Doigts qu'il suça lentement avec application. Ils lâchèrent ensuite leurs sexes et Salieri, sans s'en rendre compte, ondula son bassin, de plus en plus soumis à son désir. Mozart le fit ses redresser sur ses genoux pour avoir un meilleur accès à son derrière, et il inséra lentement ses doigts lubrifiés, provoquant à son aîné des soupirs de bien être, tout en embrassant avec douceur son torse maintenant si près de son visage. Pendant qu'il faisait, Antonio gémissait longuement, de plus en plus impatient. Dès que Mozart retira sa main, l'italien se positionna au dessus de l'entrejambes de son amant, et lentement, il s'empala sur le sexe palpitant qui n'attendait que ça, gémissant longuement. Il rejeta la tête en arrière, et commença à se mouvoir lentement. Mozart crut qu'il allait défaillir. Avoir le privilège de prendre son maestro était déjà une chose délicieuse, mais le voir ainsi sur lui, s'enfilant de lui même sur son membre et afficher un tel plaisir, c'était bien trop excitant pour l'autrichien. Il essaya de contenir les pulsions sauvages qui brûlaient son être sous cette vision d'érotisme pur, mais inconsciemment, Salieri ne faisait que le tenter un peu plus à chaque seconde. Il bougeait lascivement sur lui, la bouche ouverte et les yeux mi clos. Wolfgang ne put se maîtriser plus de quelques minutes, d'un coup de reins violent, il fit basculer son aîné sur le sofa, avant de reprendre le contrôle des mouvements, enchaînant les va et vient de son bassin avec brutalité. Le brun commença à crier fort, bien plus que la fois précédente. Il adorait les sensations provoquées par son jeune amant, et en perdait la raison. Ils atteignirent l'orgasme simultanément, et Antonio enroula ses bras autour du cou du blond après que celui ci se soit retiré.
- Moi aussi je crois que je t'aime... Souffla-t-il. Personne ne m'a jamais autant atteint que toi, ta musique, ta façon de me chercher, tes mains sur mon corps et tes lèvres... J'en suis dingue...
Il ferma un instant les yeux avant de reprendre.
- Dors avec moi cette nuit... Wolfgang...
Mozart sourit, touché par ses paroles, même s'il savait que c'était l'alcool qui déliait ainsi la langue du maître de la chapelle. Il se leva du canapé, serrant le corps de Salieri contre lui et le porta jusqu'à la chambre. Nus, l'un contre l'autre, réchauffés par leur étreinte et par les draps les couvraient, draps qui dévoilaient légèrement l'odeur du propriétaire des lieux, Mozart était au paradis. Il s'endormit avec un énorme sourire collé aux lèvres.

Mozalieri - Un jeu inavouableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant