Chapitre 19 : l'aurore

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Antonio ouvrit doucement les yeux, il ne se souvenait pas d'avoir aussi bien dormi un jour. Lentement, les souvenirs de la veille lui revinrent à l'esprit et il rougit. Il s'était comporté de façon très indécente. Il pouvait sentir le corps chaud de Mozart contre le sien. Il se retourna avec précaution vers le jeune homme pour le regarder. Plongé dans un sommeil profond, le blond avait vraiment l'air d'un ange, plus que jamais. Salieri replaça avec douceur une mèche dorée qui lui tombait sur le visage, soufflant pour lui même.
- Amadeus... L'aimé des dieux....
Il baissa ensuite son regard sur le corps du musicien, qui se soulevait au rythme de sa respiration. Antonio se sentit embarrassé. La première fois qu'il pouvait dormir sans être troublé ou tourmenté par ses démons, il fallait que ce soit du à la présence de l'homme, nu, contre lui, après un moment des plus intimes. Veillant à ne pas réveiller Wolfgang, l'italien se glissa hors du lit et il prit des vêtements dans son armoire avant d'aller dans la salle de bain. Il remplit la baignoire d'eau chaude et de produits parfumés, et il s'installa ensuite à l'intérieur avec l'intention de se détendre un moment. Il commençait à se rendormir quand un mouvement autour de lui le fit se redresser. Il vit alors le visage souriant de Wolfgang, qui entrait dans la baignoire pour se placer derrière lui et enrouler ses bras autour de son torse pour le ramener contre le sien. Il soupira d'aise sans même s'en rendre compte.
- Bien dormi ? Murmura la voix de son cadet à son oreille.
- Mieux que jamais... Merci d'être resté hier soir...
- Mais de rien, c'était avec plaisir. Et puis, vous avez été très convaincant.
Il avait parlé avec son habituel ton plein de malice, et Antonio saisit tout de suite à quoi il faisait allusion. Il rougit légèrement, et Wolfgang rigola doucement.
- Ne soyez pas gêné, maestro. C'était un moment très agréable. Et vous découvrir si entreprenant était très excitant...
- Je... Veuillez pardonner mon comportement... C'était très indécent, je n'aurais pas du me conduire ainsi...
La voix de Salieri n'avait été qu'un souffle. Il ne regrettait pas, mais il était embarrassé d'avoir manifesté une telle débauche. La main de Mozart vint alors entourer son cou, rapprochant son visage du sien, murmurant lentement.
- Il n'y a rien à pardonner voyons... Oui c'était très indécent, mais j'ai adoré vous voir ainsi. Savoir que derrière l'image de l'homme froid, impassible et distant, il y a aussi un homme empli de désirs, qui se laisse aller à ses sensations, et doté d'une sensualité renversante. J'ai cru que j'allais défaillir hier soir, maestro... Vous m'avez épaté. Et pourtant, il m'en faut beaucoup pour ça...
Salieri rougit de plus belle, et aussitôt, le plus jeune embrassa son cou pour le détendre. L'effet fut immédiat, Salieri gémit doucement en penchant la tête pour lui donner un plus grand accès. Ça fit sourire Mozart. Son aîné était tellement réceptif, il suffisait d'un léger contact pour qu'il perde toute lucidité et qu'il se laisse glisser dans ses bras. Mozart était presque jaloux de sa sensibilité tactile, l'homme devait ressentir les choses de façon inimaginable pour réagir ainsi. Antonio commença doucement à haleter tandis que son cadet caressait doucement sa peau, baladant ses mains sur son torse et sa taille, tout en parsemant son cou et son épaule de baisers délicats. L'autrichien adorait le voir fléchir ainsi, il glissa ses doigts vers son bas ventre, puis son entrejambes, découvrant que le membre de l'italien était déjà très éveillé. Il sourit. Une sensibilité tactile telle qu'il n'en avait jamais vue, et pourtant, il avait beaucoup d'expérience. Il saisit son sexe et commença avec lenteur des mouvements, faisant glapir son propriétaire. Pendant qu'il faisait, sa seconde main se glissa dans l'eau, et son doigt titilla l'entrée de son intimité. Un son rauque s'échappa de la gorge d'Antonio, dont le bassin bougea machinalement, réclamant plus de contact. Souriant, le blond introduisit son index, avant de le faire mouvoir lentement. Salieri ne savait plus où donner de la tête avec ces sensations, la tête basculée en arrière, retenue par l'épaule de l'autrichien. Les gémissements qu'il produisit finirent d'éveiller le corps de Mozart, qui frotta son entrejambes aux fesses de Salieri. Après quelques instants, Mozart passa ses mains sous les cuisses de son aîné pour le soulever et le placer sur son membre dressé, l'empalant dessus. Le brun gémit profondément sous le plaisir. Wolfgang alterna entre donner de légers coups de bassins, et soulever son maestro pour le faire se redresser et s'assoir de nouveau sur son sexe, les deux permettant aux mouvements d'être profonds, bien que lents, ce qui ne déplaisait pas à Antonio qui en perdait une nouvelle fois la tête. Pendant de longues minutes, les plaintes sonores du compositeur s'allièrent à l'agitation de l'eau bruyante dans la baignoire comme aux soupirs de plaisir de l'autrichien, qui n'en revenait pas. Jamais dans sa vie il n'avait aimé un rapport comme il aimait ceux qu'il partageait avec Antonio Salieri. Il n'en avait pas assez, jamais, il le voulait intégralement, suppliant et soumis à son désir. Il voulait le voir plier en plus de gémir pour lui. Les joues rougies, le regard dépravé, l'italien tourna la tête pour le regarder avec le peu de lucidité qu'il lui restait, cette expression acheva Wolfgang, qui jouit en son amant en grognant de plaisir. Dès qu'il se sentit rempli, Salieri atteint l'orgasme à son tour. Ils restèrent immobiles un moment, reprenant leur souffle. Mozart fut le premier à reprendre ses esprits, et il se retira pour sortir de la baignoire et changer l'eau du bain. Une fois la chose faite, il se réinstalla derrière son amant, qui n'avait pas bougé, et il commença à savonner les cheveux ébènes de son aîné, avant de passer le savon sur son corps, le faisant soupirer d'aise. Il sourit, contrairement à ce qu'il montrait publiquement, le maître de la chapelle était d'une grande sensibilité face aux attentions, et d'une fragilité renversante. Wolfgang aimait l'idée de prendre soin de lui comme s'il était fait de cristal. Quand il termina de le rincer, il s'occupa de son propre corps, souriant de plus belle en voyant Antonio le regarder avec adulation. Lentement, il vint s'emparer de ses lèvres, l'embrassant avec douceur, ce qui sembla lui plaire. L'autrichien quitta la baignoire pour la seconde fois et il s'enroula dans une serviette avant d'en placer une autour du compositeur impérial qui s'était levé à son tour. Le brun semblait avoir froid, alors son cadet vint se coller à lui, frictionnant avec énergie le tissu sur son corps pour le sécher et le réchauffer rapidement. Quand ce fut fait, Salieri se dirigea vers la chaise où il avait posé ses vêtements pour s'habiller, et Mozart s'exclama.
- Oh merde, les vêtements !
Délaissant la serviette, il partit en courant dans le couloir, complètement nu, ce qui amusa son hôte. Quand ce dernier fut prêt, il rejoignit sa chambre et s'arrêta à la porte, surpris. Mozart avait choisi dans sa penderie une tenue à lui. Tout vêtu de noir, une chemise blanche qui tranchait avec le reste, une longue veste sombre, il avait même mis l'une de ses broches sous son cou. En voyant Antonio, le blond se retourna, un air grave sur le visage, et il déclama d'un air théâtral :
- Mozart, l'intendant Rosenberg et moi même sommes ici à la demande de l'empereur, concernant votre opéra qui semble contenir trop de notes.
L'italien ne sut si l'imitation l'amusait ou si elle le vexait, mais il soupira en réponse, s'attirant un fou rire de l'autrichien.
- Pardonnez-moi, maestro, je n'ai pas pu m'en empêcher. Je ne sais plus ou sont mes vêtements, et après un bain, j'aime porter quelque chose de propre, j'espère que ça ne vous dérange pas.
Le plus vieux combla la distance entre eux avant de lever sa main, la posant sur la joue de Mozart pour la caresser.
- Mes vêtements vous vont très bien, vous êtes sublime, comme toujours. En revanche l'air sévère et strict que vous avez tenté de reproduire ne vous convient pas, vous êtes trop lumineux pour une attitude si froide, Wolfgang.
Le génie musical sentit ses joues rougir. Il ne savait pas si c'était le geste délicat sur son visage, les compliments à son propos ou encore le fait que Salieri ait usé de son prénom, sobre cette fois, mais il venait de sentir son cœur exploser dans sa poitrine. Cédant à sa pulsion, il passa son bras autour de la taille de son aîné pour le ramener à lui et l'embrasser fougueusement. Antonio ferma les yeux, répondant doucement au baiser. Sa seconde main vint se glisser dans les cheveux blonds et sauvages de son amant, la première étant toujours posée sur sa joue. Quand ils rompirent enfin le contact, le maître de la chapelle souffla.
- Il faudra quand même penser à remettre vos vêtements avant que nous sortions, ou plus exactement avant que mon personnel n'arrive ici. Vous allez vous faire remarquer sinon. Enfin... plus que d'habitude.
Wolfgang rigola doucement.
- Je ne voudrais pas vous mettre dans l'embarras, Antonio, je me changerai.
Il n'était pas sûr de pouvoir le nommer aussi familièrement, mais il n'avait pas pu résister à l'envie de ronronner son prénom. Cela ne sembla pas déranger son aîné, qui revint poser ses lèvres sur les siennes. L'autrichien, les mains posées sur les hanches de son partenaire, sourit au contact. Il était terriblement heureux.


Mozalieri - Un jeu inavouableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant