Chapitre 26 : Le vide est comblé

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Salieri marchait dans les couloirs du palais. Perdu dans ses pensées, il songeait à la charge de travail qu'il allait devoir réaliser dans la journée. L'empereur ne le ménageait pas en ce moment. Il soupira, dans un premier temps, il devait se rendre dans le bureau de l'intendant pour s'organiser. Rosenberg et lui devaient souvent travailler en coordination, à cause de la liaison qui existait entre les évènements importants du palais, et la musique qui se devait d'exister lors de telles manifestations sociales et politiques. Une soirée politique, une réunion de personnalités, un opéra visant à divertir le peuple et la noblesse, tout ça demandait des compositions précises et ordonnées. Antonio avançait dans le couloir, réfléchissant à tout ça, sans vraiment porter d'attention à ce qui se passait autour de lui. C'est pourquoi il fut surpris quand une main saisit brusquement son poignet alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres du bureau de l'intendant, pour l'entraîner dans une pièce sombre sans lumière. Une seconde main s'était posée sur sa bouche, sans doute pour le réduire au silence, et il ne vit pas qui l'avait ainsi agressé pour l'enfermer avec lui dans cette obscurité étroite. Le cœur battant à toute vitesse sous la sensation d'être pris au piège, le maître de la chapelle ne put s'empêcher de regarder devant lui. Il faisait terriblement sombre, mais il arrivait à distinguer les choses dans cette pénombre. Des étagères, des cartons, des bibelots, ainsi que des balais posés contre le mur. Un placard ? Qui donc avait souhaité l'enfermer dans un placard. Il fut violemment plaqué face contre le mur, les bras croisés dans son dos pour qu'il ne puisse plus bouger.
- Bonjour, maestro... Roucoula une voix à son oreille.
Salieri reconnut tout de suite cette voix, insolente, vibrante, qui éveillait chez lui tout un tas de pensées qu'il n'aurait jamais admises à voix haute. Mais savoir qui le maintenait ainsi, immobile, ne fit pas ralentir son cœur, au contraire.
- Wolfgang... Souffla alors l'italien, à quoi jouez-vous ?
L'autrichien rigola doucement, visiblement très amusé par l'effet qu'il lui faisait.
- Vous ne vous en souvenez pas, chuchota-t-il doucereusement à son aîné, je vous avais fait une promesse Antonio... Celle de vous prendre dans tous les coins de ce palais... Et depuis quelques jours, je vois bien que vous travaillez trop... Laissez-moi vous aider à vous détendre un peu ?
Une plainte sonore très légère lui répondit. Le compositeur impérial était déjà en train de se consumer d'envie, rien que par les paroles de Mozart. Salieri tourna la tête du mieux qu'il le pouvait pour regarder Mozart derrière son épaule. Ce dernier se sentit happé par son regard. Ses iris brillaient de désir, de luxure, ses cheveux sombres étaient décoiffés, sauvages, et le haut de son visage s'était enflammé, le rendant ainsi irrésistible. Voyant qu'il le dévorait des yeux, l'italien baissa son regard, perturbé, mais son corps entier voulait plus de sensations, mais il était toujours maintenu contre le mur, aussi commença-t-il à onduler des hanches, pour approfondir du mieux qu'il le pouvait le contact avec le plus jeune, qui sembla apprécier ça puisqu'il soupira d'envie. Le brun, derrière sa réserve et son attitude discrète, savait très bien comment le chauffer une fois sa conscience surpassée par ses pulsions. Wolfgang s'écrasa un peu plus contre son dos, pour volontairement frotter son entrejambes au postérieur de son amant, qui n'attendait que ça. Salieri rejeta sa tête en arrière pour gémir, et aussitôt, la main du blond vint saisir son menton et sa mâchoire pour lui refermer la bouche. Il lui tourna légèrement la tête et embrassa avec douceur le cou qui s'offrait à lui avant de susurrer.
- Essayez de contenir vos gémissements maestro... Dieu sait à quel point j'aime vous entendre, mais je sais aussi que vous tenez à votre réputation... Et nous sommes tout proches du lieu de travail d'un rat qui n'hésiterait pas à le crier à la foule, juste pour pouvoir me faire expulser de ce palais...
Antonio hocha la tête, effectivement, Rosenberg serait prêt à tout pour évincer le musicien qu'il jugeait indécent. Mais il ne savait pas s'il était capable de retenir ses réactions. Le temps qu'il réfléchisse et ne se décide à faire part de ses doutes à son partenaire, ce dernier avait déjà glisser entre ses lèvres un bâillon. Surpris, il jeta un regard interrogatif par dessus son épaule et l'autrichien embrassa délicatement sa mâchoire.
- Je sais très bien que vous vous apprêtiez à me dire que vous craignez de ne pas vous maîtriser, je vous connais, je l'avais prévu. Voilà qui vous aidera à rester un peu plus discret. Ça vous convient ?
L'italien rougit davantage en réponse, détournant les yeux. Mozart rigola de nouveau.
- C'était une question idiote, bien entendu que ça vous convient.
Il lâcha finalement les bras de son amant, qui vint aussitôt les poser contre le mur, docile, et il glissa ses mains autour de la taille du brun pour ensuite les plonger dans son pantalon et venir masser la zone sensible qui était déjà bien éveillée. Mozart prit ensuite soin d'abaisser le vêtement, et tandis que sa main gauche continuait de faire coulisser le membre du maître de la chapelle entre ses doigts, il leva la droite vers sa propre bouche pour sucer son index et son majeur, avant d'enfoncer le premier en son amant, préparant son entrée en dilatant l'espace. Après quelques instants, il ajouta son majeur, et sentit le corps de son aîné trembler contre lui. Soudainement, une porte claqua dans le couloir, et la voix criarde de l'intendant résonna.
- Est-ce que quelqu'un a vu le maestro Salieri ?! Nous devions nous voir à l'instant pour une réunion d'extrême importance ?!
Il y eut le bruit distinctif des pas rapides, puis, de nouvelles paroles de Rosenberg.
- J'espère que ce n'est pas Mozart qui l'a encore dérangé dans son planning avec ses imbécillités. Salieri est toujours ponctuel, je suis sûr que c'est la faute de ce petit scélérat, et qu'il est contraint de réparer ses erreurs ! Où est-il lui d'ailleurs ? Encore à se pavaner sans travailler sûrement !
Le son de ses pas diminua jusqu'à se taire, et Wolfgang ne put s'empêcher de rire. Il adorait la haine que lui portait l'homme de la cour. Un gémissement le ramena toutefois à la situation. S'il avait senti Antonio se tendre quand Rosenberg avait parlé, il n'avait pas retrouver sa lucidité pour autant, et il était toujours en proie à ses désirs, de plus en plus excité par les gestes de son cadet. Estimant qu'il l'avait fait suffisamment patienter, Mozart retira ses doigts, ainsi que sa main du sexe de l'italien, qui soupira de frustration, ce qui le fit sourire. Il abaissa son propre pantalon et vint caresser son intimité du bout de son membre, tendu et prêt à craquer tout comme celui de son partenaire. Embrassant de nouveau son cou, il posa ses mains sur les hanches de son maestro avant de s'enfoncer en lui. Antonio laissa s'échapper un gémissement qui fut contenu par le bâillon. Ses yeux se fermèrent à moitié tandis qu'il savourait pleinement la sensation. Wolfgang entama alors des mouvements de va et vient, plongeant plus profondément en son amant à chaque mouvement. Il enfouit son visage dans le cou du brun, s'enivrant de son odeur, embrassant et mordillant sa peau brûlante. Il monta ses mains pour les poser sur celles de son partenaire, toujours sur le mur, et entrecroiser leurs doigts. Après de longues minutes, il finit par pousser un râle de plaisir en atteignant l'extase, et maintint fermement sa prise contre son aîné, juste pour le bonheur de le sentir trembler contre lui tandis que lui aussi jouissait. Il recula légèrement et le saisit par les épaules pour le retourner et lui faire face. Lentement, il lui retira le bâillon. Salieri était déciment époustouflant, même dans cette situation. Le regard fuyant, les joues rougies, les cheveux désordonnés, la respiration saccadée, il était un véritable appel à la luxure. Le blond passa son index le long de sa mâchoire, la redessinant du bout des doigts, avant de venir doucement l'embrasser. Antonio ferma aussitôt les yeux, et il passa ses mains autour des épaules de son amant pour les glisser dans ses cheveux dorés, les caressant doucement. Wolfgang sourit contre ses lèvres, et quand il recula, il lui murmura doucement.
- Vous êtes magnifique. Je vous aime Antonio. Plus que tout au monde.
- Je vous aime plus encore...
L'autrichien remonta son pantalon avant de saisir celui de son aîné pour le lui remettre correctement. Il se retourna ensuite et mit la main sur la poignée en riant.
- Une telle déclaration dans un placard après une telle débauche, c'est loin de vos habitudes, maestro.
Il ouvrit la porte, s'apprêtant à sortir quand la main du brun s'enroula autour de son poignet pour le tirer en arrière. Il tourna la tête et fixa le visage de l'italien, dont les yeux brillaient de mille feux. Antonio murmura alors.
- Je suis déjà en retard par votre faute... alors... que diriez-ous de me faire perdre encore un peu de temps ?
Le sourire du prodige de Vienne s'élargit, il referma la porte du placard.
- C'est si gentiment demandé.
Il revint vers le bel italien et le plaqua pour la seconde fois contre le mur, l'embrassant avec toute la fougue qu'il contenait. Salieri ne put s'empêcher de sourire en sentant l'énergie du blond. Il se sentait heureux depuis qu'il avait senti son cœur se soumettre à ce musicien talentueux. Après des années à chercher un sens à sa vie, à chercher une échappatoire à sa routine constituée uniquement de travail, dans lequel il avait lentement l'impression de se noyer, il se sentait enfin complet. Tout ça grâce à Wolfgang Amadeus Mozart.

Mozalieri - Un jeu inavouableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant