Chapitre 3

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Je m'éveillais vaseuse, une nouvelle fois. Une lumière tamisée s'alluma presque immédiatement, suffisamment pour que je découvre Victor, assit sur un siège non loin de mon lit. Je fis un bond, et vérifiais instantanément que personne d'autre n'était présent. Il était seul.

— Ne vous relevez pas trop vite, vous pourriez avoir quelques vertiges.

— Ah oui ? Et à qui la faute ?! grognais-je.

Je l'écoutais néanmoins et vins m'asseoir sur le bord du lit avec précautions.

— Il faut que je vous explique.

— Ça aurait été bien de le faire avant de m'injecter je ne sais quel produit et de me faire emmener par vos gorilles.

— C'était mon intention... Mais vous ne m'en avez pas laissé le temps. Vous vous êtes directement énervée et je n'ai eu d'autre choix.

Il n'avait pas tort sur ce point. Je grimaçais devant ce constat. Mon impulsivité avait encore une fois prit le dessus sur le reste.

— Si cela peut vous rassurer, vous n'êtes restée endormie que deux ou trois heures, j'ai veillé à ne pas forcer la dose de calmant.

— Maigre consolation.

— Je fais avec ce que j'ai, ajouta-t-il avec un faible sourire.

— Je vous écoute, soufflais-je.

— Déjà, sachez que je ne vous mentais pas, je ne vous veux aucun mal. Mais mon travail est en quelques sortes d'inspecter chaque nouvelle personne entrant dans notre communauté. Et je me dois de faire attention à ne pas y inclure une quelconque maladie ou d'autres choses potentiellement nocives.

— Alors je suis malade ? Ou dangereuse ?

— Non ! Enfin... Je n'en sais rien encore. Je sais que ce n'est pas ce que vous voulez entendre mais je préfère être honnête avec vous.

Il marquait au moins un point avec ça. Mais ça ne changeait rien à la situation.

— Le fait est que je dois encore vous soumettre à d'autres examens sur les prochains jours pour confirmer ou infirmer mon diagnostique. Il est primordial que vous restiez en quarantaine pendant ce temps.

Etais-je réellement malade ? Avais-je un problème quelconque ? Tout un flot de pensées défila dans mon esprit. Et le mot quarantaine n'aidait en rien. J'allais être enfermée comme une bête sauvage. Je me sentais pourtant bien. A part les effets du calmant je ne me sentais absolument pas différente. Alors peut-être se trompait-il. J'allais compter là-dessus. Mais j'allais le laisser faire ses examens. Premièrement parce que je n'avais pas trop le choix. Et deuxièmement parce qu'une infime partie de moi souhaitait savoir si quelque chose de mauvais m'arrivait.

Alors silencieusement, j'hochais la tête, plongée dans mes pensées.

— Je vous promets que vous serez bien traitée.

— Et mes amis... Sont-ils au courant ?

— Oui. J'ai été personnellement les voir tout à l'heure. Je leur ai expliqué la situation.

— Et comment ont-il réagit ?

— Comme vous pourriez vous y attendre, j'imagine, ria-t-il.

— Cela ne donne pas réponse à ma question.

Par cette dernière je cherchais justement à vérifier la véracité de ses propos. Je connaissais mes compagnons par cœur, et saurais parfaitement dire si les réactions qu'il me décrit leur correspondent ou non. S'il me disait qu'Ulric avait été inquiet, que Byron avait acquiescé sans rien dire et qu'Edwin s'était mis à pleurer, je ne le croirais pas.

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant