Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la Terre

Chapitre 23

Desserrant la mâchoire je relevais le regard. Tous m'observaient, interdits. Byron semblait plus que surpris par ma réaction et ne semblait pas la comprendre. Joseph était curieux.

— Qu'est-ce qu'il y a, ma chère ? me demanda-t-il.

Rien. Rien du tout.

Sans lui répondre, je reposais les yeux sur Byron, puis sur sa blessure. Du sang coulait de l'incision qu'il venait d'effectuer et cela m'énerva d'autant plus. Le chef m'observait avec intérêt et semblait réfléchir. Il vint se placer derrière Byron, de sorte à pouvoir me voir même en agissant. Mon Capitaine était pied et poings liés, il ne pouvait rien faire pour l'empêcher de le torturer, aussi il gardait obstinément son regard ancré dans le mien, comme si c'était son seul soutien, son seul moyen de tenir.

— Voyons un peu ce que ça donne, dans ce cas.

Il posa sa lame sur l'autre pectoral de Byron, sans appuyer. Mes membres se raidirent instantanément, j'appréhendais de le voir se faire torturer.

— Ferme les yeux, mima Byron de ses lèvres.

Comment le pourrais-je ? J'étais statufiée et je ne voulais pas. Je voulais affronter cela, et soutenir mon Capitaine autant que je le pouvais. Quelques secondes plus tard, Joseph commença à planter la pointe de sa lame dans la poitrine de Byron. Je le sentis se crisper mais il n'émit pas un son. En revanche je ressentis de nouveau cette vive douleur, à l'endroit exacte où Byron était blessé. Je ne pus me retenir de gémir sous le coup de la douleur. Le chef s'arrêta instantanément et la douleur reflua au même moment. Que m'arrivait-il ?

Le regard de Byron se fit interrogateur et sa réflexion dû le conduire aux mêmes conclusions que moi. Je ressentais ce qu'il ressentait, comme ça avait été son cas avec moi par le biais de notre lien. A l'instant où je réalisais cela, une intense douleur se fit sentir dans mon crâne. Byron fût en proie à cette même souffrance et grogna. Fermant fortement les yeux, je m'agitais sur mon siège puisque c'était la seule chose que je pus faire, étant ligotée. Lorsque la douleur cessa enfin, je relevais la tête, des larmes coulant sur mes joues. Byron accrocha mon regard, aussi surpris que moi par ce qui venait de se passer. Nous le sentions tous les deux. Notre lien était de retour, et bien plus fort qu'il ne l'avait jamais été. Retrouver cette présence, sa présence, dans mon esprit me fit du bien. Je pus de nouveau sentir cette attache, ce fil invisible entre nos deux esprits, nos deux âmes, qui m'était devenu si précieux au fil des mois. Sauf qu'il était maintenant présent à un tout autre niveau, j'en étais persuadée, et j'étais convaincue que Byron le savait également. Il ne fonctionnait plus à sens unique, je pouvais à présent sentir parfaitement ce que ressentait mon Capitaine, tant physiquement que psychiquement. Le pauvre allait devoir apprendre à contrôler cela, comme j'avais appris à le faire, s'il ne voulait pas devenir un livre ouvert pour moi. En revanche, j'étais certaine que cela nous renforçait tous deux. Je m'étais sentie plus faible, plus démunie, à l'instant où j'avais perdu cette connexion avec mon Capitaine, et ce n'était pas seulement dû à ma maladie. Maintenant qu'il était de retour, je savais que rien ne pourrait nous battre tous les deux. Je me sentais de nouveau forte. Grâce à lui, grâce à sa présence.

Joseph et Ulric ne manquèrent rien de ce qui venait de se passer. Si Ulric dû faire le rapprochement avec notre lien, le chef lui semblait très curieux. Il nous observait tour à tour :

— Que vient-il au juste de se passer ? demanda-t-il.

Rassérénée de retrouver cette part de moi, je quittais Byron des yeux avec un sourire pour l'ancrer dans le regard du psychopathe. Un rire m'échappa, alors que je répondais :

— Ce qu'il vient de se passer, Joseph, c'est que t'es dans la merde.

Un léger rire secoua Byron, et Ulric à son tour. Un léger tintement se fit sentir dans mon esprit et je me surpris à fermer les yeux pour en savourer la sensation, juste avant que la voix de mon Capitaine ne m'atteigne :