Byron resta sans voix, tout autant que moi. Comme je l'avais senti en entrant, la pièce était très grande et formait une sorte de dôme. Ma voix avait résonné lorsque j'avais parlé.
Au centre du cercle ce trouvait un arbre immense. Loin d'être beau et feuillu, il était dépourvu de toute feuille, ressemblant aux arbres hivernaux. Etait-il seulement encore vivant ?
J'avançais d'un pas mais Byron me retint :
— C'est un arbre, et il n'y a personne d'autre ici, que veux-tu qu'il m'arrive ?
— Nous ne sommes jamais trop prudents.
— Byron, je dois m'approcher. Je le sens, je te l'ai dis. J'y suis obligée. Je dois comprendre.
Avec inquiétude, il me relâcha. J'avançais alors prudemment jusqu'à ce qu'une réalisation me percute. Ce n'était pas un arbre :
— Byron... C'est une hamadryade !
— Impossible, souffla-t-il en me rejoignant.
Lorsqu'il se rendit compte que je disais vrai, il reprit :
— Mais... Une hamadryade ne peut pas vivre sous Terre ! C'est insensé ! Et pas sans une forêt autour d'elle !
Dans mes souvenirs, j'avais appris que les Hamadryades avaient besoin des Dryades, et donc de leur forêt, pour posséder leur force, et en échange elles renforçaient leurs sujets. Sans Dryades, près d'elle, il était tout bonnement impossible qu'elle survive, encore moins sans être en extérieur.
Plus j'approchais d'elle, plus je sentais ce besoin irrépressible de la toucher, comme cela avait été le cas lors de l'épreuve à Waiahole. J'étais attirée, guidée. Mais je ne sentais pas la même plénitude et la même confiance qu'à ce moment, il y avait quelque chose d'étrange dans celle-ci.
Je me mis face à elle. De ma position, je pouvais très nettement apercevoir sa silhouette incrustée dans l'écorce. Autant que les hamadryades que j'avais rencontrées, elle semblait endormie. Mais ce côté décharné de l'arbre lui conférait une note triste, solitaire.
Tournant mon visage vers celui de mon Capitaine, je tentais d'y puiser du courage. Il savait ce que je devais faire, et j'avais besoin de son soutien. Il fallait qu'il couvre mes arrières autant qu'il m'épaule. Avec un hochement de tête, il m'incita à poursuivre.
Après avoir pris une profonde inspiration je m'avançais juste devant elle. Cette fois, elle ne vint pas me prendre dans ses bras comme la précédente, j'allais devoir initier moi-même le contact. Je posais alors lentement ma main à l'emplacement de son cœur. Ses yeux s'ouvrirent sous mon toucher et s'ancrèrent dans les miens. Et à cet instant je me sentis partir.
Ma tête se renversa en arrière tandis que mes yeux se fermaient, mais je tins debout.
Je fus emportée dans un torrent d'émotions et une multitude d'images défilèrent dans mon esprit. Des souvenirs, des explications. La dure réalité de la situation me frappa et mon cœur explosa sous cet afflux massif de réponses. Les scènes ne cessaient de passer dans mon esprit et toutes s'ancrèrent au plus profond de mon être. L'Hamadryade ne me ménageait pas, elle me donnait tout ce qu'elle pouvait, tout ce que je pouvais encaisser. Mais le pouvais-je réellement ?
Après un temps qui me parut infini, mes yeux s'ouvrirent de nouveau et mes yeux retrouvèrent les siens. Je ne remarquais que maintenant que des larmes baignaient mes joues et que mon cœur semblait sur le point d'éclater. Je vis une larme couler également sur sa propre joue. Ma main retomba lentement le long de mon cœur. J'étais prise de tremblement, que je ne pouvais contrôler. Byron me rejoint instantanément, juste avant que mes jambes ne me lâche. Il me retint dans ses bras.
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Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la Terre
Fantasy[LIRE ABSOLUMENT LES TOMES PRECEDENTS AVANT CELUI-CI] Les yeux rouges. Ils nous ont surveillés, suivis, traqués même, et nous ont eus. Qui sont-ils ? Et que nous veulent-ils ? Serait-ce encore une épreuve qu'il nous faudra surmonter ? Une seule chos...