Chapitre 4

770 126 86
                                    

POINT DE VUE DE BYRON

Deux mois. Deux mois que nous étions dans cet endroit à attendre. Deux mois que Breena était enfermée, en quarantaine, et que je ne l'avais pas revue. Et tout cela commençait à me taper sur le système, comme elle l'aurait si bien dit. Je devais la retrouver. Maintenant.

Il y a deux mois, j'ai été profondément surpris de me réveiller dans une pièce immaculée, stérile et dans des vêtements plus que bizarres. Les lumières étaient étonnantes, pas de flammes, et les meubles... Si différents.

Mes lieutenants et moi, n'avons pas eu le loisir de prendre le temps de nous réveiller de ce repos forcé, et avons dû passer une tonne... d'examens, comme ils disaient. Ils ne m'ont même pas laissé le temps de m'emporter, ou de tout saboter. Et pour tout dire, j'étais tellement surpris par mon environnement qu'il m'a fallu un moment pour assimiler. Ils nous ont expliqué la nécessité de ces tests pour le bien-être de leur communauté. En même temps, s'ils voulaient tellement ce bien-être, il n'aurait pas fallu nous emmener, nous laisser tranquille et ne pas introduire d'intrus parmi eux. Mais ils ne semblaient pas le voir de cet œil. Victor, le médecin qui nous avait fait passer ces examens, était plutôt gentil, bien que nos premiers rapports n'aient pas été joyeux. Néanmoins, il avait eu raison, et tout cela s'était fait rapidement, j'avais pu très vitre rejoindre mes lieutenants, et mon frère. Mais pas Breena. Il m'avait expliqué qu'elle mettait plus de temps à se réveiller que nous et qu'il nous faudrait patienter un peu. J'ai eu envie de le foutre mon poing dans la tête, mais j'ai pris sur moi. Il me fallait savoir où elle était et ce coûte que coûte.

Trois jours plus tard, j'ai senti un léger frétillement sur notre lien mental, signe qu'elle s'était probablement réveillée. Quand j'ai cru percevoir sa voix, me suppliant de l'aider, j'ai vu rouge et ma colère a pris le dessus. Manque de chance pour lui, Victor était venu nous expliquer la situation, et cette fois j'ai failli l'étrangler. Je le tenais par la gorge, prêt à faire sortir ma rage à peine contenue, mais mon frère m'en a empêché, plaidant le bien-être de ma protégée. Pour une fois il n'avait pas tort, ce médecin était le seul à savoir où elle se trouvait, à pouvoir l'aider, et tant que je n'en savais pas plus, je devais le garder vivant.

Les deux mois qui ont suivi ont été un calvaire pour moi. J'avais espéré pouvoir communiquer avec Breena par notre lien, mais je n'y parvenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais si peu de prises sur ce dernier dans ce lieu, depuis notre enlèvement. J'avais beau me concentrer, je le percevais à peine. Etait-ce à cause de son état se dégradant ? Etait-ce le fait d'être ici, sous terre ? Etait-ce mon inquiétude qui prenait le dessus ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête, et je n'y trouvais aucune réponse.

Victor venait régulièrement nous informer de l'avancée de ses recherches et des soins prodigués à ma protégée, mais les nouvelles étaient loin d'être bonnes. Son état se dégradait tout de même. Ces dernières semaines, je m'étais raccroché au son à peine perceptible de sa voix dans ma tête. Je m'étais renfermé, silencieux, pour focaliser toute mon attention sur ces quelques mots perçus. Mes amis m'avaient souvent demandé ce que je faisais, je le leur avais à peine expliqué. Ils n'avaient pas à savoir que ce genre de connexion était possible avec elle, cela ne nous concernait que nous. Juste nous deux. Aussi, voyant mon humeur quotidienne, ils ne cherchaient plus à m'emmerder.

Ce qui me permettait de tenir bon, et de ne pas tout foutre en l'air ici, c'était sa voix. L'entendre signifiait qu'elle n'allait pas si mal. Alors je l'écoutais, et bien qu'il me fût difficile de tout capter sans me focaliser entièrement sur elle, je l'entendais me raconter des souvenirs d'enfance, de ses parents, de ses amis. Ce qu'elle aimait faire, ce qu'elle détestait. J'avais l'impression de seulement apprendre à la connaître, et ce n'était pas pour me déplaire. J'aurais simplement espéré que cela se fasse dans d'autres circonstances. Je ne savais même pas si elle se rendait compte que j'étais capable de l'entendre. Le faisait-elle exprès, ou bien essayait-elle seulement de se remémorer sa vie ? Par besoin de se raccrocher à quelque chose probablement...

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant