Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la Terre

Chapitre 9

Je ne pouvais croire ce que je voyais. Mes yeux devaient me jouer des tours. C'était impossible. Mon père était mort dix ans auparavant. Il ne pouvait se tenir face à moi, en parfaite santé.

Je pus sentir une larme couler le long de ma joue. Mes compagnons essayaient de comprendre la situation. Mais Byron savait. Il avait été dans l'un de mes rêves, ou plutôt cauchemar, où était représentée la mort de mon père. Et il m'avait entendue, lorsque j'étais malade. Lorsque je lui racontais mes histoires de famille, j'avais aussi abordé le sujet de la mort de mon père. Alors il savait.

— Comment... ? commença Edwin sans finir sa phrase.

Je savais parfaitement ce qu'il voulait dire, il se demandait comment mon père pouvait se trouver dans ce monde. Mais la question la plus importante dans mon esprit était comment pouvait-il encore être vivant ?

Je fixais mon père, vraisemblablement aussi stupéfait que moi. Quoique cela était impossible. Lui ne m'avait pas crue morte pendant une décennie.

— C'est pas possible... C'est pas possible... murmurais-je.

Je ne pouvais y croire... Je n'y arrivais tout simplement pas. Je décidais de me pincer et râlais directement sous la douleur. Je me retournais, dos à lui. Peut-être que cette illusion allait disparaître si je ne la regardais plus...

J'entendis des pas se rapprocher et une main se poser délicatement sur mon épaule :

— Ma chérie... Je suis là. Je suis vraiment là.

Je me tournais lentement, lui faisant face. A lui et son sourire rassurant. Quelques secondes planèrent entre nous le temps que je réalise. Juste avant que je ne me jette dans ses bras, le serrant de toutes mes forces, comme si j'avais peur qu'il puisse disparaître à nouveau. Il me rendit mon étreinte. De nouvelles larmes coulèrent le long de mes joues. Il était là. Il était vraiment là. Mon héros. Mon pilier. L'homme le plus important de ma vie.

Du coin de l'œil, je pus voir mes compagnons esquisser des sourires, heureux de ces retrouvailles. Et je pus sentir dans le regard de Byron à quel point cela le touchait.

En revanche, je ne sus décrire ce que je vis dans le regard de Joseph. De la satisfaction ? Du calcul ? Du mépris ? Son sourire semblait faux, comme tout chez lui.

Après un temps paraissant infini, je m'écartais un peu de mon père, essuyant les larmes sur mon visage. Il me regardait avec toute la tendresse possible.

— C'est tellement bon de te retrouver, me dit-il.

— Mais... Comment ?

— Je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire, rit-il simplement.

— Vous devriez prolonger ces retrouvailles tous les deux...

— Il a raison, répondit mon père. Viens dans mon bureau, nous serons plus tranquilles.

Comme guidée, je le suivis directement. Je ne voulais pas le lâcher. Plus jamais. Plus rien d'autre ne comptait que ce moment.

— Breena, tu veux que je t'accompagne ? demanda innocemment Byron derrière moi.

J'avais presque oublié leur présence. Je pouvais sentir une certaine tension dans sa voix. Comme s'il n'était pas pleinement confiant. Il n'avait pas envie de me laisser partir seule.

Je me tournais, un sourire sur les lèvres et allais me planter juste devant lui.

— Merci, mais je crois que ça va aller.

— Tu es sure, tu ne sais pas...

— C'est mon père Byron, le coupais-je. Il ne peut rien m'arriver avec lui, ne t'inquiètes pas. J'ai besoin d'être seule avec lui. J'en ai vraiment besoin.