Chapitre 5

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Le lendemain, je me réveillais en sueurs, et frissonnante. Voilà que la fièvre s'en mêlait à présent, et avec elle une plus grande fatigue, et la confusion. Je me sentis agitée sans en comprendre la raison, jusqu'à ce que je regarde par l'une des fenêtres. De l'autre côté, je découvris Byron en grande discussion, houleuse, avec Victor. Des hallucinations visiblement, il était impossible qu'il soit présent, surtout sans tuer Victor. Le connaissant cela m'étonnait. Donc il ne pouvait s'agir que d'une illusion.

Je fermais les yeux quelques secondes pour faire passer une nausée naissante. Lorsque je les rouvris, ils n'étaient plus là. Ni l'un, ni l'autre. Le calme régnait. La seule chose que je pus entendre fut ma respiration sifflante, et mes dents s'entrechoquant.

Recroquevillée en chien de fusil sur mon lit, m'enveloppant autant que je le pus dans les couvertures pour me réchauffer, j'essayais de m'endormir. Quelques minutes plus tard, j'entendis la porte s'ouvrir. Devinant que c'était Victor, je lançais, tentant l'humour :

— Je dois être de plus en plus affreuse à voir, Doc, me regardez pas, vous risqueriez les cauchemars...

Un silence me répondit, si bien que je crus l'avoir imaginé.

Une couverture fut posée sur moi, juste avant qu'une large main se pose sur mon épaule, que le lit ne s'affaisse sous un poids et qu'une voix ne me parle :

— Breena... dit-il dans un souffle.

Mes yeux s'ouvrirent lentement pour découvrir Byron, assit sur le lit près de moi. A cette vision, une simple larme coula le long de ma joue, que j'effaçais bien vite :

— Super, j'hallucine encore... soufflais-je en fermant de nouveau les paupières pour chasser cette vision que me fit plus de mal que de bien.

— Non, Breena, c'est bien moi. Je suis là. Ouvre les yeux, regarde-moi.

J'obéis lentement, et le découvris toujours présent. Il prit l'une de mes mains et vint la poser sur sa poitrine. Je sentis son cœur battre sous ma paume. Et à cet instant ce fut la sensation la plus agréable du monde. Il était là, bien vivant, à mes côtés.

— Est-ce que tu pourrais sentir le cœur battre d'une illusion ?

Je me laissais bercer quelques secondes par cette douce sensation et il me laissa faire. J'avais besoin de réaliser la chose. Il était vraiment là... Juste avant que je ne me redresse vivement. Le mouvement brusque me donna la nausée et je m'affaissais sur l'oreiller tout aussi brutalement, en grognant.

— Reste calme.

— Mais... Pourquoi es-tu là ? Tu n'as pas tué Victor ? T'as pas fait ça ?!

Un petit rire le secoua. J'adorais ce son si rare chez lui et je me surpris à fermer les yeux pour le savourer, tout comme sa voix grave. Ok. Je délirais grave là !

Il n'avait pas lâché ma main cependant.

— Je suis outré de ce que tu me penses capable de faire ! dit-il, un air faussement consterné sur le visage.

— Bah... Il m'a dit que tu avais failli l'étrangler quand même.

— Je voulais juste lui faire peur. J'étais inquiet pour toi. Je ne te cache pas que je le suis toujours, mais je n'ai pas d'autre choix que de te laisser entre ses mains pour qu'il te soigne.

— Ah. Bah voilà pourquoi il est encore vivant, dis-je d'une petite voix.

Son regard me prouvait que je n'avais pas tort. Je pouvais savoir, rien qu'à son expression, qu'il ne le laissait pas vivant par bonté de cœur. Et la tension dans sa façon de me tenir la main confirmait sa colère sous-jacente. Je commençais à bien le connaître, même s'il essayait de rester neutre.

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant