Chapitre 29

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Je pouvais sentir le cœur battant la chamade de Byron dans mon dos, surpris de ce qu'il se passait. Si je fus heureuse de revoir, enfin, mes amis, je sus que cette irruption venait de compromettre l'avancée que j'avais pu faire avec mon soldat et j'aurais pu en grogner de frustration.

— Mais qu'est-ce que... commença Edwin.

— Il s'est passé pas mal de chose en votre absence, couinais-je tandis que Byron appuyait un peu plus la lame sur ma gorge.

— Faut qu'on se tire de là, ordonna Mahaut.

— Elle n'ira nulle part.

— Je doute qu'il en ai très envie... répondis-je. J'espère que vous avez une solution pour ce petit problème.

— Euh....

Bien que menaçant, je savais que mon Capitaine ne l'était pas autant que la première fois, je devais tenter de l'atteindre à nouveau.

— Laissez-moi quelques minutes de plus, leur murmurai-je.

Ils se lancèrent un regard incertain, mais hochèrent la tête :

— Fais ce que tu peux, mais on a pas énormément de temps avant qu'ils débarquent... On monte la garde, acquiesça Edwin.

Tandis que mes amis se postaient à la porte, je me concentrais sur l'homme dans mon dos.

— A nous deux mon Capitaine, murmurai-je, reprenons où nous en étions...

Ma main vint se poser sur la sienne, celle tenant le couteau. Je pouvais la sentir trembler, ou bien était-ce la mienne ? Il luttait, j'en étais convaincue.

— Byron, tu sais que c'est moi. Je suis ton amie, tout comme ces hommes à la porte. Tu le sais au plus profond de toi. Lâche ce couteau.

J'essayais de dégager sa poigne mais celle-ci se resserra brusquement, me faisant hoqueter.

— D'accord, d'accord, je ne t'y force pas. Fais le toi-même. Je te fais confiance, tu le sais, n'est-ce pas ? Je remets ma vie entre tes mains depuis le jour de notre rencontre, et ce n'est pas maintenant que ça va changer.

Sa main trembla de plus en plus, son cœur accéléra sa course tandis que je sentis son souffle balayer mes cheveux plus rapidement. Je me retournais lentement pour lui faire face. Il ne me retint pas, son couteau resta sur ma gorge, mais je pouvais au moins le regarder dans les yeux pour appuyer mes propos, et jauger ses réactions. Son attention était pleinement focalisée sur moi. Son regard était concentré et perdu à la fois. J'étais sur la bonne voie, je repris :

— Maintenant le choix t'appartient. Nous devons sortir de cet endroit, fuir le plus loin possible. Mais ce sera toi et moi, et pas autrement. Nous sommes liés, que tu le veuilles ou non, et pas seulement à cause de ce sortilège. Il est hors de question que je sorte sans toi, j'ai besoin de toi pour la suite, plus que jamais. Alors soit tu décides de me tuer maintenant, ou de me garder avec toi ici, en sachant que je ne donnerai jamais les informations que veut ce psychopathe, soit tu reprends tes esprits et tu nous aides à sortir de là. S'il faut que je t'assomme pour te traîner hors d'ici je le ferais également. Mais ne songes pas à te donner la mort, parce que j'en ferais de même.

A l'instant où je prononçais ces paroles je ne savais pas trop si elles étaient réelles ou non. Je savais qu'il fallait que je fasse réagir mon Capitaine, le mien, ou même le robot créé par Joseph. Mais quelque part au fond de moi, je sus que j'en serais capable. Que je ne supporterais pas qu'il se donne la mort et que je doive continuer sans lui.

Toujours était-il que mes mots semblèrent s'être frayé un chemin dans son esprit car il baissa son arme, que je lui pris avant de la glisser dans ma botte, et cligna plusieurs fois des paupières, comme pour se remettre les idées en place. Il n'était pas totalement revenu, je le savais, mais il refaisait surface seconde après seconde, suffisamment pour ne plus chercher à se battre ou à me tuer. Il y aurait encore du travail à faire, mais il me fallait me satisfaire de cette avancée pour le moment.

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant