Chapitre 21

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A cause de mon aveuglement, le trajet me fut difficile. Je trébuchais facilement et me cognais à tout un tas de choses. Les deux sentinelles ne m'avaient toujours pas lâchées et me guidaient. Après un temps qui me parut long, j'entendis une nouvelle porte, métallique cette fois-ci, s'ouvrir. Une sentinelle me lâcha tandis que l'autre me poussa un peu plus loin. Il retira le bandeau de mes yeux et je découvris Axel face à moi. Observant rapidement les alentours je découvris une cellule. Impeccable, cette fois encore j'étais prisonnière. Ca commençait à devenir une habitude décidément. Je reportais mon regard sur la sentinelle, le sien était obstinément planté dans le mien. Après quelques secondes, il me dit avec calme :

— Ne faites pas de bêtises.

Comme si c'était mon genre, franchement... Mais étonnamment, cela ne sonnait pas comme une menace, mais plutôt comme un conseil. Sans un mot de plus, et sans attendre de réponse de ma part, il sortit de la pièce et en ferma la porte, me laissant seule.

Ce moment me repropulsa des mois en arrière, lorsque mes amis m'avaient faite prisonnière à Erhuméa. Sauf que cette fois, nul doute que mes ravisseurs ne deviendraient pas mes amis. La pièce était austère avec ses murs gris, et partiellement constitués de pierres. Une seule faible lumière m'éclairait, et elle ne possédait qu'une simple couchette, dont je doutais du confort.

Consciente de ma situation, je ne m'énervais pas, cela ne servirait à rien, si ce n'était à m'épuiser inutilement. Je savais que je ne pouvais pas sortir d'ici, leur technologie était plus avancée qu'au château, et cela rendrait toute évasion plus difficile. En revanche, je craignais les réactions de mes amis. Une nouvelle fois, on m'enlevait à eux, et malgré ma demande, je savais que Byron ne parviendrait pas à rester tranquille. Quelque part j'en étais heureuse, peut-être pouvait-il me sortir d'ici, mais d'autre part je n'avais pas envie qu'il lui arrive quoi que ce soit. Si Joseph tenait un tant soit peu sa parole, il ne s'en prendrait pas à eux si je ne faisais pas d'esclandres, mais je savais qu'il n'hésiterait pas si mes amis venaient à chercher les embrouilles. Si seulement notre lien fonctionnait encore... Si seulement j'avais un moyen de le prévenir que j'allais bien, et surtout de ne rien faire de stupide ! Résolue à attendre mon sort, je vins m'asseoir en tailleur sur la couchette, patiemment.

Après probablement une ou deux heures, j'entendis des pas se rapprocher. Quelques secondes plus tard, deux sentinelles vinrent me chercher, aucune d'entre-elles n'était Axel, et cela me dérangea. Quelque part, j'avais l'impression qu'il n'était pas totalement mon ennemi, comparé à ses congénères.

Ils m'emmenèrent dans une nouvelle pièce blanche. Un fauteuil se trouvait au centre de cette dernière, et c'était la seule chose qui s'y trouvait. Bizarre. Les gardes me forcèrent à m'y asseoir avant de se poster près de moi en silence. Les minutes passèrent et rien ne se passa. Je tentais d'entamer la conversation :

— Et sinon... Ça fait longtemps que vous êtes ici ?

Aucune réponse, ça m'aurait étonné.

— Ça vous plaît de bosser pour un psychopathe ambulant ? Loin de moi l'idée de juger, hein ! Je demande ça par pure curiosité.

Une nouvelle fois, le silence accueillit ma question.

— On vous a coupé votre langue ? Remarquez, ça ne m'étonnerait qu'à moitié. Mais vous pourriez au moins me regarder, faites un effort quand même. C'est pas que je m'ennuie mais un peu. Ou bien vous pourriez me dire ce que je fais ici ? Ce serait sympa ça aussi...

La porte s'ouvrit à cet instant et Joseph pénétra dans la pièce accompagné de scientifiques, je les reconnus à leur tenue, Victor se trouvait parmi eux.

Lorsque le médecin me vit, il écarquilla les yeux. Visiblement, il n'avait pas été mis au courant de ma présence, mais il ne dit pas un mot.

— On ne peut pas dire que vous m'ayez manqué, lançais-je au chef.

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant