Chapitre 6

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Une nouvelle routine s'installa alors pendant les jours suivant son annonce. Régulièrement dans la journée, il m'administrait un traitement par le biais de perfusions. La différence se fit sentir après trois ou quatre jours environ. Je recommençais à manger, à marcher et n'étais plus si fatiguée. Après une semaine. Mes pensées se firent plus nettes, plus cohérentes, et surtout, ma fièvre disparu. Il me fallut environ dix jours pour me sentir à peu près normale, autant que je puisse l'être dans mon état habituel tout au moins, et ne plus avoir la sensation d'être malade. Victor avait réussi, son traitement était un succès vraisemblablement, et j'étais contente qu'il ait pris tout ce temps à mes côtés pour me soigner. Il passait quasiment toutes ses journées avec moi, si bien qu'un fort lien se créa entre nous. Même si son peuple, sa Sentinelle, était la cause de mon mal-être, je m'obligeais à rester positive. Il n'y était pour rien, ne savait pas, m'avait expliqué le Doc, et je le croyais. Je me raccrochais à ça.

Victor m'avait également dit qu'il n'avait pas annoncé à mes amis ma lente guérison, par peur que le traitement échoue. Pour ne pas leur donner de faux espoirs. Et il souhaitait que je puisse le leur annoncer moi-même. Les derniers tests qu'il me fit furent concluants, et excluaient toute contamination. J'étais guérie, et j'allais enfin pouvoir sortir de ma quarantaine :

— Attendez... Vous êtes sur ? redemandais-je, pour être certaine de ne pas halluciner, les larmes aux yeux.

— Totalement, vous êtes guérie Breena !

De joie je ne pus m'empêcher de lui sauter dans les bras. Je me reculais aussi rapidement, consciente de mon geste :

— Je suis désolée !

— Ne vous excusez pas, me sourit-il, j'en suis aussi ravie, si ce n'est plus, que vous !

— Ca Doc, ça m'étonnerait ! C'est moi qui étais malade, mourante même, en quarantaine, isolée, et qui vais enfin pouvoir sortir d'ici retrouver ma liberté, et mes amis !

— Vous n'avez pas tort, ria-t-il.

— Donc... commençais-je en lorgnant la porte de ma chambre, ça y est ? Je peux y aller ?

— Oui, vous allez pouvoir sortir... commença-t-il tandis que je me jetais déjà sur la porte.

— Attendez ! Ne soyez pas si pressée !

— Pardonnez d'avance mon indélicatesse mais j'en ai assez d'être enfermée avec vous !

— Je vais prétendre ne pas être vexé, répondit-il avec un sourire prouvant qu'il ne m'en voulait pas.

— Je vous accompagne, vous risqueriez de vous perdre.

— Avec plaisir.

Ainsi, il passa les minutes suivantes à me mener au travers de différents couloirs. Il ne m'expliqua pas où menaient certaines portes, elles ne devaient pas m'être destinées. Et pour tout dire, je m'en foutais un peu. Ce qui m'importait, c'était de retrouver mes compagnons, le plus vite possible.

Pour le moment, tout ressemblait à un hôpital, aussi blanc et austère. Jusqu'à ce que nous arrivions sur une grande plateforme.

— Whoua, ne pus-je m'empêcher de m'exclamer.

Appuyée sur la rambarde, j'admirais l'immense grotte, ou caverne, s'offrant à ma vue. Nous étions donc toujours sous terre. Aucun ciel apparent, aucune fenêtre. Nous nous trouvions au plus haut point de cette faille. Me penchant, je pus me rendre compte de la profondeur de l'endroit. De nombreux escaliers, de nombreux étages. Aux murs, accrochées aux rochers, se trouvaient tantôt des torches, tantôt des appliques. Ce mélange d'ancien et de moderne était étonnant, et déroutant.

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant