Chapitre 24

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— Breena, réveille-toi.

La voix me parvint de loin, comme murmurée. Papillonnant des yeux, j'essayais de retrouver mes repères. Ma main se porte machinalement à l'arrière de mon crâne, à l'endroit où les sentinelles avaient dû me frapper et je grimaçai.

— Byron ? appelai-je d'une voix faible.

— Je suis là.

Mon regard se porta vers la provenance de sa voix. Je me trouvais de nouveau en cellule, et cette fois, je n'étais pas seule. Enfin, dans la mienne si, mais pas dans ce qui semblait être une prison. Byron se trouvait dans la cellule en face de la mienne, appuyé contre les barreaux, me fixant.

— Et Ulric ? demandai-je.

— Je suis là aussi, me répondit-il.

Sa voix provenait de la cellule à ma droite, sauf que je ne pouvais pas la voir, un mur de pierre nous séparant.

— Comment tu te sens ? me questionna Byron, d'une voix trop forte pour que je ne la supporte.

Je pris quelques secondes pour réfléchir et faire l'état de mon corps et de mon esprit. Quelques-unes de mes blessures semblaient avoir été soignées, et se trouvaient bandées. Probablement celles qui saignaient le plus. Cela n'empêchait en rien les douleurs qu'elles pouvaient me causer, tout autant que les différentes brûlures. De plus, une migraine lancinante me vrillait le crâne.

— Breena ? réitéra-t-il.

— S'il te plaît... Parle moins fort... suppliai-je en plissant les yeux.

Du coin de l'œil, je le vis lancer un regard incertain à notre autre ami, avant qu'il n'enchaîne :

— Breena... Je murmure là...

— C'est pas l'impression que j'ai, on dirait que tu me hurles dessus...

Il fit un signe de la main à Ulric pour l'empêcher de parler avant que sa voix ne se fraye un chemin dans mon esprit :

Est-ce que c'est mieux comme ça ?

Je ne pus m'empêcher de soupirer de soulagement et je hochais simplement la tête. Lentement, je vins m'asseoir contre le mur à proximité. Il reprit :

Comme avec le Léviathan, je pense que l'utilisation de pouvoir que tu as faite plus tôt a provoqué une hypersensibilité.

Génial...

Heureusement, nous sommes suffisamment dans l'obscurité pour que tu ne perçoives rien à ce niveau. Ulric et moi allons limiter les sons autant que possible, le temps que ça passe.

Si au début, nous ne parvenions pas vraiment à communiquer par la pensée, j'étais fascinée par la facilité avec laquelle cela nous était maintenant possible. A croire qu'avec l'évolution de notre lien, nous avions développé de nouvelles facultés. Nous n'avions plus besoin d'être dans un état second, ou en grande détresse, pour y parvenir. Eveillés, cela fonctionnait également.

Qu'est-ce qu'ils nous ont fait ? demandai-je après un silence.

Aucune idée. Nous nous sommes réveillés ici, tout comme toi. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés inconscients. Nos blessures semblent avoir été soignées, et rien ne laisse à penser qu'ils ont fait quelque chose.

Le doute et l'inquiétude m'assaillirent. Ou bien était-ce ses émotions ? Au fond de moi, je savais qu'ils ne nous avaient pas sagement ramenés dans des cellules et rafistolés. Mes amis étaient déjà inconscients à ce moment-là, mais juste avant que l'on ne m'assomme, j'avais nettement entendu Joseph dire qu'il fallait nous emmener pour la voie de la contribution. Mais qu'était-ce ?

Sin'Meyah, Tome 3 : Au coeur de la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant