ÉPISODE VI : LE RETOUR DU FOOTSHOT

Cescinho/Niko

I ain't gonna wear that shit

Cesc n'est généralement pas du genre à paniquer. Généralement. Mais ce n'est pas tous les jours que l'homme avec lequel il couche régulièrement, son entraîneur qui plus est, lui envoie un message pour lui dire de venir rapidement dans sa chambre d'hôtel parce qu'il a à lui parler. Il ne sait pas à quoi s'attendre, ça peut tout aussi bien être une bonne comme une mauvaise nouvelle, alors il essaie de ne pas trop imaginer le pire, même si chaque pas qui le rapproche de la porte de la chambre l'angoisse un peu plus.

Et forcément, personne ne vient lui ouvrir quand il toque à la porte... Cesc a bien fait d'aller demander un double de la porte quelques mois plutôt, il aurait vraiment regretté d'avoir fait tout ce chemin pour simplement devoir retourner chez lui, sans savoir ce qu'il devait entendre de la part de Niko.

Cesc comprend bien vite en s'avançant à peine dans la chambre pourquoi il n'avait pas de réponse. Un sourire s'installe rapidement sur ses lèvres en voyant Niko endormi sur son lit, seulement une seule de ses baskets ayant réussi à s'échapper. Il s'assoit à côté de lui en retenant un petit rire, ce n'est pas tous les jours qu'il a l'occasion de voir son entraîneur aussi reposé et sans tracas, alors il en profite. Ce n'est que quand il passe ses doigts dans ses cheveux pour les remettre en place qu'il peut apercevoir les premiers sursauts de réveil de Niko, et il doit avouer qu'il aurait aimé le voir dormir un peu plus longtemps, même s'il veut aussi savoir pourquoi il se retrouve ici.

Cesc comprend un peu plus vite de prévu en voyant le petit carton d'invitation tombé sur le sol de son côté du lit, Niko encore un peu trop dans les vapes pour pouvoir lui expliquer la situation. L'Oktober Fest alors, c'est original comme activité pendant la trêve internationale, il n'y a jamais participé, et il n'a pas franchement d'avis dessus, mais il n'est pas le plus grand adepte de la bière, même s'il n'est jamais contre un bon verre de temps en temps.

''Tu vas quelque part ce week-end ?'' Cesc ne peut pas s'empêcher de demander, il ne pensait pas être mis au courant de cette façon, juste pour ça qui plus est

''J'aimerais ne pas avoir à y aller.'' C'est tout de suite moins plaisant à entendre

''Eh bien, tu n'as pas à y aller, tu as déjà assez de travail ici pour refuser.''

''Cesc, c'est le Bayern qui m'y invite, je ne peux pas refuser.''

''Tu le peux très facilement, tu peux leur dire que tu travailles, ou juste prétendre que tu n'as pas reçu d'invitation.''

''Cesc, s'il te plaît, je n'ai pas le choix, je dois me racheter pour tous les problèmes que j'ai pu causer là-bas.''

''Niko. Tu n'as rien à te reprocher, d'accord ?'' Cesc ne peut pas se retenir plus longtemps de poser ses mains sur les joues de son entraîneur, il doit bien lui faire comprendre d'une manière ou d'une autre qu'il est là pour lui et qu'il ne l'abandonnera pas

''J'aimerais réussir à m'en convaincre entièrement Cesc, mais je n'y arrive pas...''

''De toutes façons, ils ne peuvent pas te forcer à venir.''

''Je dois y aller Cesc, pour au moins essayer de rattraper quelques erreurs.''

''Hey, peu importe les erreurs, c'était avant et tu ne devrais pas avoir à te reprocher quoique ce soit juste parce qu'ils ne te comprenaient pas, d'accord ?''

''Tu m'accompagnerais ?'' Oh non, les yeux de chiens battus...

''Evidemment.'' Cesc a encore perdu un argument face à ce regard...

''Je t'aime Cesc, merci beaucoup...'' Il n'est pas surpris de se retrouver avec des bras occupés à le tenir contre lui

''Je ne porte pas de tenues traditionnelles juste pour te faire plaisir par contre.''

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Cesc porte une tenue traditionnelle juste pour lui faire plaisir. Et parce que c'est la tradition. Il n'a rien à faire là, mais il a promis d'y aller avec Niko, et maintenant qu'il est à Munich, il ne risque pas de repartir. Il a froid aux genoux, mais ce n'est pas ça qui le tuera par rapport au ridicule. Francesc Fabregas n'a jamais joué en Allemagne, et il n'a aucune idée de comment se comporter pendant une fête où il faut juste boire et faire des blagues sur la géopolitique locale. Fort heureusement, il peut garder un bras solide autour de la taille de Niko et être sûr que rien ne l'emmène loin de lui.

Il doit se retenir à plusieurs moments de déposer des petits baisers sur sa nuque en le sentant se refermer sur lui-même, Cesc ne sait pas ce qui a pu se passer ici par le passé, mais il n'aime pas ça. Il peut avoir des vrais sourires et rires naturels en croisant des joueurs et des retraités qu'il connaît bien, mais il fausse souvent davantage son 'plaisir d'être ici', encore plus face à des joueurs qu'il n'aime pas spécialement. Il commence à regretter que Robert soit occupé avec sa famille plutôt que d'être ici, ça aurait été seulement un tout petit peu plus gênant, mais il aurait été plus rassuré pour Niko.

Wissam et Kevin doivent s'amuser dans leurs équipes respectives, et lui il surveille tout autour de lui en essayant de comprendre un traître mot d'allemand. Dure vie. Niko n'aime pas la bière, alors c'est à lui de finir sa choppe, même s'il n'a rien d'un bavarois et que son accent catalan le trahit rapidement quand il essaie de parler et d'expliquer pourquoi quelqu'un d'aussi extérieur que lui à l'Oktober Fest serait ici. Dire qu'il ne veut simplement pas laisser son entraîneur seul et échapper aux entraînements n'est pas entièrement faux.

Cesc se tend tout autant que Niko en voyant Rummenigge s'asseoir à leur table, et dire qu'ils commençaient à se détendre... Il n'a pas besoin de connaître davantage cet individu, il a bien retenu ce que son entraîneur a pu lui dire quand ils n'étaient que tous les deux, dans un seul lit. Cesc devrait avoir honte, peut-être, mais il lui lance son plus beau regard noir en échangeant quelques mots de bonheur de se rencontrer, si seulement c'était vrai...

Est-ce que Cesc devrait s'inquiéter des questions de plus en plus insistantes sur sa présence ici, et sans invitation autre que la demande de Niko ? Sûrement, mais il est Cesc Fabregas le grand champion aux yeux de tout le monde ici, alors il ne compte pas se faire marcher sur les pieds, encore moins parce qu'il sait que Niko a besoin de lui, et il ne veut vraiment pas décevoir ses jolies jambes en Lederhosen.

Non, il ne laisse pas Niko seul avec un vieillard dont on ne lui a dit que du mal. Cesc peut se montrer désagréable autant qu'il veut, il n'abandonne pas Niko aussi facilement, encore moins parce qu'il se doute de ce qui pourrait se passer pour le pauvre mental de son entraîneur, ils ont une dure saison devant eux, et elle se passera bien.

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Cesc n'a jamais été aussi heureux d'enfiler des vêtements normaux, et de retourner sur le chemin de l'entraînement. Et de tenir la main de Niko. Et d'être à Monaco. L'année prochaine, il fera le nécessaire pour cacher l'invitation, et surtout, pour ne pas avoir à y retourner.

Fin