17. Père de l'année

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TW : Violence physique et verbale.

Darcel

Assis dans mon fauteuil en cuir, enfermé dans l'obscurité de ma chambre, mon regard était fixé sur un vague point imaginaire face à moi. Je ne savais pas quelle heure il était ni si la nuit était déjà passée ou si j'étais en train de manquer mes cours de la journée.

Je n'en n'avais cure.

Aujourd'hui, plus rien n'avait d'importance.

Car aujourd'hui, il allait venir pour moi.

Depuis que Y/N avait pris l'habitude de venir passer la nuit avec moi dans ma chambre, plus jamais je n'avais passé de nuit blanche, mon sommeil était comme revenu par magie. Seulement cette nuit ; était-ce par le vide que m'avait causé son absence ou bien par mes idées voraces qui étaient revenues me hanter ; j'étais retombé dans l'enfer qu'étaient mes insomnies.

Torturé par l'angoisse de le revoir, j'avais trouvé refuge dans d'autres bras que ceux de Y/N cette fois ; j'avais trouvé refuge dans l'alcool. J'avais bu pour oublier, encore et encore comme je l'avais déjà fait tant de fois avant lorsque je savais que je devais retourner au manoir pour les vacances. Mais à chaque fois, je retombe dans le piège comme un débutant. À chaque fois, je ne fais qu'aggraver mon cas.

Les verres de Whisky enchainés sans retenue durant la nuit n'avaient fait que me plonger encore plus dans la ronde infernale qu'étaient mes pensées anxiogènes. Les images des supplices corporels qu'il m'a fait subir toute mon enfance dans le plus grand des secrets m'étaient revenues comme une claque à mesure que je buvais. Des images que j'aurais bien voulu ne jamais à avoir à me rappeler mais face auxquelles, pourtant, je devais me confronter chaque jour devant le miroir.

Mon dos avait été la toile de son art violent que je devrai endosser toute ma vie maintenant.

Ma tête tournait, elle me faisait souffrir. D'un geste machinal de poignet, je faisais tourner le fond d'alcool qu'il restait dans mon verre en essayant de trouver le courage de me lever de mon fauteuil. Difficilement, je relevai mes yeux épuisés sur le cadrent de l'horloge de ma chambre et je vis qu'il n'était encore que cinq heure quarante du matin. Je soufflai du nez ; au moins je n'avais pas manqué mes précieux cours, quel désastre cela aurait été...

À contre cœur, je me levai de mon fauteuil en poussant un long soupir dû à l'effort herculéen qu'il me fallut et reposai mon verre loin de moi. En regardant le liquide se balancer dans le cylindre transparent sur ma commode, je pensai à Y/N. Je pensai à elle et a sa manie de toujours me dire avec douceur quand j'avais trop bu. Elle était toujours si douce avec moi, toujours si prévenante. Peut-être n'aurais-je pas dû la repousser hier soir lorsqu'elle m'avait proposé son aide...

Mais je ne n'avais pas pu l'accepter. Je ne n'avais pas voulu qu'elle me voit dans cet état-là.

Après m'être un peu stabilisé sur mes pieds une fois debout, je me dirigeai vers ma salle de bain. Je fis couler l'eau de ma douche et me déshabillai le temps que l'eau chauffe. Dans le miroir, mon visage faisait peur... Mes traits étaient plus que jamais tirés. J'avais deux poches noires sous les yeux et mon regard était le même que celui de ma pauvre mère : vide et inexpressif.

Las, je passai ma cravate déjà desserrée par au-dessus de ma tête, déboutonnai avec précaution chaque bouton de ma chemise malgré mes mains tremblantes pour diverses raisons, fis glisser le tissu le long de mes épaules, défis le laçage de mon corset pour l'enlever avant de relever les yeux sur mon reflet dans le miroir et de tourner mon dos nu.

D'un regard trainant, j'observai les souvenirs de mon enfance parcourant ma peau ; ces mémoires de violence, d'abandon, de silence, de secret, de maltraitance, de mort... Néanmoins je ne les touchai pas. Jamais je ne passais ma main dessus. Jamais. Lorsque Y/N l'avait fait la première fois, j'avais ressenti une chose étrange en moi, un sentiment que je n'avais encore jamais ressenti et que je n'arrivais pas à décrire. Sentir ses doigts délicats posés sur mon dos, caressant ces imperfections qui jamais ne me quitteront, m'avait fait me sentir... Accompagné.

𝓓𝓮́𝓬𝓱𝓾「𝓞𝓬 𝔁 𝓻𝓮𝓪𝓭𝓮𝓻」(Harry Potter)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant