21. Froid

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Darcel

La première image que j’eus en ouvrant les yeux ce matin-là fut son visage. Rond, doux, aux joues rosées et au sourire furtif, même endormie. C’était un visage d’une rare beauté. À la manière d’une perle polie, Y/N étincelait de pureté lorsqu’elle dormait nue à côté de moi. Les rayons de soleil venaient sublimer sa peau hors des draps mauves, les réhaussant de brillance. Tout en effleurant sa peau, je parcourus ce corps qui était sien et une pensée me traversa.

Parfaite.

Elle est tout simplement parfaite.

Derrière elle bougea soudain Drago, encore endormi lui aussi. Il se retourna vers nous et passa sa main par-dessus son ventre pour la prendre contre lui. Je le regardai faire sans éprouver la moindre once de jalousie ; elle savait à qui elle appartenait et lui savait où était sa place.

En regardant autour de moi, je pris enfin connaissance du désastre qu’était mes draps. On aurait dit qu’un champ de bataille y avait eu lieu. En un sens, ce n’était pas totalement faux. Les images de notre nuit à trois me revinrent en tête en d’agréables flash aux allures érotiques. La toile de nos ébats prenait forme petit à petit dans mon esprit pour mon plus grand plaisir.

Mais pourtant…

Pourtant, ce fut le cœur lourd que je me levai ce matin-là. Je passai ma main sur mon visage, l’air grave ; la fin de tout était arrivée. Cette dernière barrière qui se dressait entre elle et moi et dont j’étais le seul à voir les fissures se multiplier, était sur le point de se rompre. Mon cœur en battait déjà d’anxiété dans ma cage thoracique. Y/N allait venir passer les vacances au manoir, elle allait rencontrer ma famille, toute ma famille. Elle qui pouvait bien faire preuve de naïveté parfois était loin d’être idiote. Je savais que ça n’était plus qu’une question de jours avant qu’elle ne sache. Cela faisait bien des semaines que je ressassais dans ma tête cette fatale question : valait-il mieux qu’elle découvre la terrible vérité d’elle-même ou bien lui avouer avec honnêteté était-il préférable ?

Ce matin, j’eux ma réponse.

Délicatement, j’enlevai sa main de mon torse et la déposai sur celle de Drago. Je me redressai dans le lit, me levai et allai me préparer dans la salle de bain sans aucune ferveur. D’un pas lent, je descendis jusqu’à la Grande Salle pour me prendre un thé en ce dimanche matin. Marchant seul, la tête haute, j’arborai mon meilleur masque d’assurance pour imposer ma personne en ces lieux et préserver mon image.

Une fois mon thé en mains, je refis le chemin inverse et retournai dans ma chambre. Notre chambre ? Oui, notre chambre en fait. J’entrai sans un bruit et pris place à une petite table circulaire placée contre un mur. Sur le sol, des cadavres de bouteilles d’alcool restant de la veille étaient éparpillés ci et là. J’en ramassai une et en versai le misérable fond dans ma tasse. De là où j’étais, j’avais une large vue sur notre lit et ses deux dormeurs. L’un blottit contre l’autre, ils rêvaient sans se soucier de la vie. Je ne pouvais pas leur enlever ce bonheur en les réveillant. Qu’ils profitent.

Je sirotais mon thé tout en regardant avec attention Y/N lorsque j’entendis enfin un peu de mouvement à côté d’elle. Drago, torse nu, s’était assis dans le lit pour s’étirer et bailler. Sans me prêter garde, il se leva et enfila à moitié réveillé son caleçon de la veille qui trainait au sol. De mon côté, mon regard n’avait pas vacillé et bientôt ma voix s’éleva avec clarté dans la pièce.

« Je vais lui dire. »

Du coin de l’œil, je le vis faire un bon avant de se tenir le cœur.

« Bordel Darcel, t’es flippant quand tu veux. Je pensais être seul. Et puis, de quoi tu parles même ? »

« Je vais tout lui dire, aujourd’hui. Lui dire pour moi, pour toi, pour les autres… Tout. »

𝓓𝓮́𝓬𝓱𝓾「𝓞𝓬 𝔁 𝓻𝓮𝓪𝓭𝓮𝓻」(Harry Potter)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant