Chapitre 24

525 34 8
                                    

Leur retour au musée se passa sans histoire. Isis, Larry et Nick firent leurs derniers adieux à leurs amis avant le lever du soleil.

Tandis que Larry était avec Jed et Octavius, Isis marchait avec Attila jusqu'à son exposition.

« On en a parcouru du chemin n'est-ce pas ? Tu ne m'as pas poursuivie depuis. » s'étrangla-t-elle, se rappelant que Ahk l'avait sauvée.

Attila la regarda solennellement et se pointa du doigt. « Mon, » il la pointa du doigt, « amie. »

« Tu pouvais parler anglais tout ce temps ? Pourquoi ne l'as-tu pas dit ? » Il lui fit simplement un clin d'œil.

Elle partit voir Teddy avant l'aube, Larry venait tout juste de dire ses adieux à l'homme avisé et partait pour parler avec Dexter.

« J'ai l'impression de perdre mon père à nouveau, » dit-elle, essayant de garder le contrôle de ses émotions. « Tu étais comme un père pour moi durant toutes ces années, Teddy. »

Il posa ses mains sur les épaules d'Izzy alors que les yeux de celle-ci commençaient à s'humidifier. « Je suis fier de ce que tu as fait. Ce n'est pas facile de laisser partir ceux que l'on aime. Laisser partir Ahkmenrah pour qu'il puisse être avec sa famille a dû demander plus d'amour que je ne peux l'imaginer. Si vous pouvez me permettre un dernier conseil paternel ? » Elle hocha la tête, laissant partir une larme. « Ne vous laissez pas envahir par ce qui aurait pu être et ne vivez pas exclusivement dans les souvenirs. Vis ta vie ; concentrez-vous ce qui pourrait arriver et réalisez-le. La vie est trop courte pour vivre sans bonheur. C'est l'heure de ta prochaine aventure. Au revoir, ma chère Isis. »

Ils s'enlaçèrent un moment jusqu'à ce que le soleil soit presque sur eux et Teddy remonta sur son cheval.

« Souriez, ma chère. C'est un nouveau jour. » Et avec ça, elle regarda le visage de son ami passer de chaire à cire pour la dernière fois. Elle partit ensuite vers l'exposition égyptienne, traînant les pieds devant les gardes Anubis et posant son corps fatigué contre le bloc de pierre qui avait une fois contenu l'homme qu'elle aimait. Ses yeux fixaient la place vide sur le mur où s'était trouvé la tablette.

Elle ne pleura pas mais les larmes coulèrent dans son deuil, le long de son visage, et sur la pierre. Ça lui rappelait tellement la première qu'elle avait passé ici, dix ans auparavant. Elle ferma les yeux et souhaita entendre le bruit des poings et des cris, espérant que ça le ramènerait si elle le souhaitait suffisamment fort.

Mais aucun souhait ne rendrait l'impossible possible.

Elle sentit une main sur son épaule et se tourna d'un coup. Serait-il possible ?

Son visage se déconfit lorsqu'elle vit Larry la regarder avec une forme silencieuse du deuil qu'elle ressentait reflétée dans les yeux de Larry.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Les semaines passèrent extrêmement lentement et pas une once de son deuil ne s'était dissipée.

Isis n'avait pas quitté sa chambre dans la maison de sa mère, à part pour aller dans la salle de bain. Elle avait menti à sa mère, disant que son obsession sur ses manuscrits n'était rien de plus que la combinaison de la perte de son job (Larry et elle avaient prit l'entière responsabilité pour la « perte » de la propriété du musée) et de son souhait de travailler sur son livre. Elle avait finalement un titre : « La bien-aimée du Pharaon ».

Elle tapait sans arrêt sur les touches de son ordinateur, ne dormant pas et mangeant à peine durant des jours. Elle se perdit dans l'Ancienne Egypte et la romance qui était si facile à inclure. Sa mère la forçait à quitter son ordinateur chaque nuit pour manger, ce qu'elle faisait rapidement pour retourner à nouveau à son clavier.

Quand la 453ème page fut finie, imprimée et mise dans une reliure temporaire, elle ne savait pas quoi faire avec elle-même. Elle s'était attardée sur la quasi-tragédie et sur l'éventuelle fin heureuse. Ce n'était que maintenant qu'elle réalisait les similitudes entre le livre et sa vie. Dans son souhait désespéré de le finir, elle en avait fait la vie qu'elle avait si souhaité avoir. Une jeune femme ordinaire tombant amoureuse du Pharaon qui dirigeait son pays. Même si Isis n'avait pas eu sa fin heureuse, la jeune femme de l'histoire l'avait eu.

Quelqu'un toqua à la porte.

« Oui Roger ? » Elle savait que c'était lui bien sûr. Sa mère toquait toujours trois fois. Roger était celui qui ne frappait toujours qu'une seule fois. Il ouvrit la porte.

« Hey Iz, comment avance le livre ? »

« Je viens juste de finir de le relier. » Elle montra la reliure blanche à trois bagues sur son bureau alors qu'il s'asseyait à côté d'elle sur le lit.

« C'est génial ! Je peux appeler des contacts, voir s'ils veulent le publier. J'ai un vieil ami dont la femme travaille dans une maison d'édition. Que vas-tu faire maintenant ? »

« Je ne sais pas, » dit-elle sincèrement.

« Peut-être que tu pourrais passer du temps avec ta mère, » suggéra-t-il. « Elle s'inquiète depuis que tu as perdu ton emploi au musée. »

« Peut-être, » dit-elle sans conviction.

Il lui serra l'épaule. « Je vais appeler des contacts, » réitéra-t-il, se levant pour partir.

Isis resta assise sur le lit longtemps après son départ, réfléchissant sur sa vie et sur l'histoire qu'elle avait écrite, l'histoire qu'elle avait souhaité vivre. Elle semblait lui rire au nez, la tenter avec une vie qu'elle ne pourrait jamais avoir.

D'un coup, elle se leva et prit en main le briquet qui se trouvait de la bougie sur sa table de chevet. Elle l'alluma avec la main gauche et ouvrit la couverture de la reliure, déterminée à brûler chaque page. Cependant, quand ses yeux se posèrent sur le mot « Pharaon » dans le titre, sa main s'immobilisa.

Elle se rappela le visage d'Ahkmenrah lui souriant par-dessus son carnet de notes alors qu'elle lui posait question après questions pour ses recherches. Il avait eu hâte de voir l'histoire complétée, peut-être encore plus qu'elle.

Elle ne pouvait pas le détruire. Même si ça lui riait au nez, elle ne pouvait pas détruire toute cette attente et ces désirs qui habitaient chaque page. Elle le ressentirait toujours, livre ou pas.

Maintenant que l'histoire était finie, elle ne pouvait que s'attarder sur le passé et faire le deuil de ce qui aurait été le futur. Elle mangeait et dormait à peine. Sa migraine constante était presque aussi mauvaise que la douleur de son cœur.

Elle ne pouvait pas vivre ainsi, jour et nuit. Elle vivait à peine à l'heure qu'il était. Sans Ahkmenrah, elle ne savait pas ce qu'elle ferait de sa vie. Et même si elle passait finalement du temps avec sa mère, la pensée de ne rien avoir à faire le jour suivant la terrifiait.

Il n'y avait qu'une solution. Une seule chose importait si sa vie devait s'améliorer. Ahkmenrah avait voulu qu'elle vive la vie qu'elle méritait mais sans lui, il n'y avait pas de vie. Juste de la survie.

Elle n'avait pas de travail, mais elle avait un ancien employeur, McPhee, qui était reconnaissant que Larry et elle avaient assumé la faute et lui avaient rendu son poste. Après quelques heures de travail sur son ordinateur et un appel à McPhee, elle attendait anxieusement que ses appels ne reçoivent une réponse.

Avec chaque jour qui passait, elle s'inquiétait de plus en plus que l'appel ne viendrait jamais. Au moment où elle entendit la sonnerie d'appel venant d'un correspondant inconnu, elle attrapa son téléphone comme s'il s'agissait d'une bouée.

La voix à l'autre bout du fil lui indiqua qu'elle avait été engagée comme garde de nuit au British Museum.

Elle raccrocha et commença immédiatement à faire ses valises et réserva un billet d'avion. Elle avait appelé au sujet d'un appartement un peu plus tôt alors elle se dépêcha de rappeler et d'accepter.

La bien aimée du pharaonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant