Chapitre 12 : Fulmen adveho

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Gauche, droite. Gauche, droite. Allez. Plus fort. Plus vite.

Voilà à quoi se résumaient mes pensées ce matin. Hier, la visite médicale s'était bien déroulée. Tout le monde était apte au voyage, mais je soupçonnais tout de même les médecins qui nous avaient pris en charge d'accepter tout le monde, non pas parce que les recrues le pouvaient réellement, mais parce que le Gouvernement en avait cruellement besoin. L'après-midi avait été assez calme, avec une simple présentation des règles de vie commune au sein de notre bâtiment. Le plus étonnant était que nous n'avions pas le droit d'en sortir, excepté avec l'autorisation d'un de nos encadrants. Ça, ça allait probablement être l'une des règles les plus difficiles à respecter pour moi.

Le lendemain aux aurores, nous fûmes réveillés par un Garde de manière brutale. Effectivement, nous avions oublié que nous n'avions plus d'alarme pour le réveil, Milton l'ayant brisée, et c'est pour cette raison que nous avions été en retard de plus de vingt minutes pour le petit-déjeuner.

Gauche, droite. Gauche, droite. Allez. Plus fort. Plus vite.

Et nous voilà donc ici et aujourd'hui, dans la salle d'entraînement, frappant depuis plus d'une heure un sac de sable en répétant les mouvements que Asthon nous a montré plus tôt.

La salle d'entraînement ressemblait en tout point à nos dortoirs, si ce n'est qu'elle était bien plus grande. Au milieu trônait un ring de boxe, entouré par différents types de sacs de frappe tous plus ou moins gros. Au fond de la pièce se situait ce que je pensais être un espace de tirs.

Je faisais de mon mieux, voulant donner le bon exemple à mon équipe. Je refusais d'être un poids pour le groupe tout entier. De toute façon, cet entrainement, qu'il serve à aller dans l'espace ou non, serait toujours bénéfique dans le futur. J'étais assez bonne en boxe car mon père m'avait appris de très bonnes bases avant qu'il ne meure. De plus, les mois passés seuls à Snake's Canyon m'avaient endurci. J'avais dû apprendre à me défendre seule, et la boxe était un des sports que je pratiquais à ce dessein.

Je jetais un bref coup d'œil à mes camarades. Milton se débrouillait assez bien, sa carrière d'athlète étant surement la raison, mais il reposait trop sur sa force et pas assez sur sa vitesse. Isaac et Broggs s'entraînaient ensemble dans un combat de lutte : ils avient également assez de force, mais ne tiendraient jamais sur la durée. Enfin, Eliott devait absolument travailler sur la précision de ses coups.

Me voyant à l'arrêt, Ashton fronçait les sourcils et suivait mon regard pour observer ce que je voyais. Remarquant que j'étudiais la technique de certaines recrues, ses yeux descendirent vers le brassard bleu disposé autour de mon bras. Puis d'un signe de tête, il me fit comprendre que je devais retourner au travail. Je soufflai et m'y remis, non sans mécontentement.

Une fille que je pensais s'appeler Victoria se mit à crier pour appeler Ashton. Il est vrai que c'était un homme séduisant, et de nombreux(ses) recru(e)s le clamaient. Victoria faisait partie de l'une d'elle, ne se cachant pas pour dire que son objectif est de faire tomber amoureux notre instructeur. Quelle connerie.

« Ashtoooon, j'y arrive pas !!! Tu peux me montrer ? » dit-elle avec une voix de cruche.

Le concerné releva la tête d'un coup, visiblement mécontent de la familiarité avec laquelle elle se permettait de lui parler.

« Toi. Je ne sais même pas ton nom. Permets-toi encore une fois de me tutoyer ou de crier mon prénom et ça va mal se passer. Rien à faire que tu n'y arrives pas. Travaille mieux. Compris ? » répliqua-t-il d'une voix déformée par la colère.

Lorsqu'il croisa mon expression mi-amusée, mi-blasée, il esquissa un semblant de sourire. Ashton ? Sourire ? Impossible, j'ai mal vu.

Milton, Isaac, Broggs et Eliott nous regardions entre nous. Je compris que tout comme moi ils en avaient marre, mais je leur demandais de continuer de boxer. Moi également, je me remis alors au travail, une fois de plus.

Les minutes passèrent ainsi, puis les heures et les jours pendant lesquels nous répétions inlassablement les mêmes techniques de combat. La routine s'installait. Les cours théoriques comme ceux sur les techniques de survie n'étaient pour l'instant pas dispensés car les instructeurs souhaitaient mettre la priorité sur la préparation physique.

Le soir, la cantine était bruyante. Après deux semaines à vivre en communauté, certain avait fini par tisser des liens. Je me sentais curieusement plus proche de Sofia, vivant une expérience similaire à celle qu'elle avait vécu. Je comprenais pourquoi Crystalle et Troy s'étaient mis en couple pendant leur année de préparation. La formation était dure, à tel point que le moindre soutien que nous recevions pouvait être perçu comme le gage d'un amour et d'un soutien inconditionnel. Je le ressentais à travers la forte amitié que j'avais fini par lier avec Milton, Isaac, Broggs et Eliott.

Pour une fois, cette soirée était un peu particulière. Afin de, je cite, « rendre plus étroites les relations à l'intérieur de votre groupe » selon Miss Lazerkoff, les instructeurs nous avait permis de sortir de la base. Le groupe entier avait décidé d'aller faire la fête dans un des hangars réputés de Solaris. Nous serions évidements encadrés là-bas, mais la soirée était libre.

Nous avions pu choisir des vêtements « normaux » parmi ceux que nous avaient rapportés les instructeurs. Quelques minutes plus tard, je sortais du dortoir, avec mes quatre cavaliers, vêtue d'une robe simple noir et de cuissarde à talon. Pour une fois, j'avais laissé mes cheveux ondulés lâchés. Les garçons étaient très élégants, et je voyais bien que de nombreuses filles se retournaient sur leur passage.

Nous arrivâmes rapidement à l'endroit voulu. La musique était très forte, la lumière aveuglante et la foule compacte. Certaines personnes vomissaient, d'autres s'embrassaient goulûment pendant que d'autres encore semblaient être bien défoncés. Malgré tout, la soirée se passait bien. Je vis Ashton me regarder. J'étais si bien que je me risquais à lui retourner un grand sourire, auquel il répondit étonnamment.

Je mourrais de chaud, alors je décidai de me diriger vers les toilettes pour me rafraîchir mais je ne connaissais pas l'endroit alors je me perdis rapidement. Je trouvai la sortie, et me baladai un peu dans les rues de Solaris, autour du bâtiment. Dans une ruelle, un type imposant et une jeune femme élégamment habillée discutaient. La conversation semblait monter d'un ton et j'hésitai à intervenir. Je décidai d'attendre un peu, et de me rapprocher pour entendre de quoi il était question.

« - J'ai déjà payé une fortune ma place, et vous me dîtes que je ne peux pas en réserver une autre pour ma fille d'un an. C'est une HONTE ! Je veux voir Zacarias IMMEDIATEMENT !!!

-Mr Palo n'est pas disponible, Madame. Je vous suggère de partir maintenant. Il n'y a plus de place disponible dans ce convoi et vos cris n'y changeront rien.

-C'est ça oui ... Et si je menaçais de révéler vos petits secrets au monde, vous trouveriez une place là ? Non mais c'est vrai quoi, la trahison amène la haine et ... »

L'homme baraqué souffla un grand coup, et sans la laisser finir, il sortit un revolver caché sous son manteau. Il tira froidement sur la jeune femme, sans la moindre hésitation. 

2095Où les histoires vivent. Découvrez maintenant