A ma gauche, je sens Broggs qui se lève et cours immédiatement vers Isaac. Alors que je pensais qu'il allait le serrer dans ses bras, il fait tout le contraire et hurle :
« Putain, mais t'étais où ? ». Nous nous rapprochons pendant qu'il crie. Je constate la veine de son front qui pulse et sa respiration rapide, signe qu'il est très en colère. Nous fixons tous Isaac, attendant qu'ils nous donnent une réponse. Il ne dit rien pendant quelques secondes et finalement s'effondre devant nous. Une larme coule sur sa joue gauche. A cette vue, Broggs se calme instantanément et le serre dans ses bras. Nous le rejoignons dans l'action et le silence règle quelques minutes.
« Je veux juste savoir ce qu'il s'est passé. On était inquiet. » demande Broggs, rompant alors le mutisme qui régnait.
« Je suis désolé, vraiment. J'ai paniqué. On est bientôt censé décoller et je me sens pas du tout prêt. J'ai voulu rentrer à Monroe quelques temps, loin d'ici pour faire le point. Mais je me suis rendu compte que je peux pas vous lâcher. Vous êtes mes frères. Ma sœur pour toi Zara. Alors si on meurt pendant l'expédition, au moins on mourra ensemble » explique Isaac. Je ne sais même pas quoi répondre, tant je suis surprise par ses paroles. Isaac n'a jamais montré un manque de confiance en lui, le voir aussi vulnérable me surprend en même temps que cela m'attriste. Comment lui en vouloir ?
« -On est une équipe. On est pas parfait, mais on est des frères comme tu l'as dit. Si tu as des doutes, exprime-les plutôt que de t'enfermer, seul. C'est un ordre de ton chef. Compris ? » je lui ordonne gentiment.
Il ne répond pas mais hoche sa tête, l'air convaincu. Malgré la peur, la frustration, la colère, des jours précédents, je ne peux m'empêcher de me dire que nous avons enfin retrouvé notre ami.
---
22h. Devant l'infirmerie. J'attends Ashton. Le couvre-feu a sonné depuis 1h, donc nous ne devrions pas croiser de recrues. Mais nous devrons faire attention au personnel de la base, qui lui a le droit d'aller et venir comme il le veut et quand il le veut. Enfin Ashton arrive, les mains enfoncées dans les poches de son sweat et sa capuche recouvrant son crâne. Tout de noir vêtu, il marche nonchalamment et parvient à mon niveau. Toujours un peu énervé de m'être prise une raclée de par sa faute, je ne dis rien et me dirige vers la salle des Trésors, avec lui à mes cotées. Je marche vite, souhaitant que cette escapade nocturne se finisse au plus vite. C'était sans compter Ashton qui m'attrape par le bras et m'intime de ralentir afin de ne pas éveiller les soupçons.
Arrivé devant la salle des Trésors, mon cœur accélère quelque peu. Ashton sort le badge de la poche de son pantalon, le scanne et la porte se déverrouille. Je suis assez surprise qu'une salle aussi importante ne soit que si peu protégé, mais je ne m'en inquiète pas plus et entre. Ashton sur mes talons, la pièce qui s'ouvre devant nous me surprend. Il s'agit en réalité d'une multitude de coffres à serrure biométrique. Une lumière artificielle éclaire l'ensemble. Là tout de suite, je ne sais pas ce qu'on est censé découvrir. Je fronce les sourcils et me tourne vers Ashton, qui lui aussi ne semble pas comprendre. Immense, nous explorons la pièce dans l'espoir de trouver quelque chose. Après 30 minutes de recherches en vain, je m'assois par terre, démotivée. Alors que mon corps s'écrase lourdement sur le sol, le carrelage en dessous de moi bouge. Ashton ricane :
« Faudrait peut-être faire attention à ce que tu manges ici, miss » chuchote Ashton, l'air moqueur. Je lui jette un regard noir, comme d'habitude et me lève pour regarder ce qu'il s'est passé. Je touche le sol et remarque que je peux soulever quatre dalles du carrelage. Elles sont très lourdes alors j'y arrive difficilement.
«Tu voudrais pas servir à quelque chose et venir m'aider ? » dis-je, alors que Ashton me jette à son tour un regard mauvais. Il me pousse et enlève les dalles une à une rapidement.
«- T'es en courant qu'on est juste en train de démonter la salle ? Niveau discrétion, on fait mieux.
-Pour l'amour de Dieu, tais-toi un peu ». Je le pousse à mon tour et enlève la dernière dalle. Ce n'est pas normalement que le sol ne soit pas bien fixé, ça cache quelque chose. C'est alors que je discerne une trappe à l'endroit même, je tire un peu la poignée qui se décolle facilement. Je regarde Ashton, l'air supérieure, fière de lui avoir donné tort. Il ne répond pas et se pose à côté de moi, incrédule. Je tire une nouvelle fois la poignée, plus fermement. La trappe s'ouvre sur un escalier descendant vers une autre pièce éclairée. J'ai l'impression d'être dans un film. Ashton me devance, descend et je le suis. Nous arrivons en bas et ce que nous découvrons me surprend réellement. Une salle, remplie de liquidités, de lingots d'or, de bijoux ... Pourquoi est ce qu'un Etat en crise dispose d'autant d'argent, caché qui plus est ?
« Ne touche à rien, on sait jamais » je recommande à mon partenaire. Soudain, nous entendons un bruit en haut. Nous nous regardons d'un coup, moi les yeux écarquillés et lui l'air peu rassuré. On prend les escaliers, cette fois-ci, pour monter, en courant. Ashton replace les dalles rapidement tandis que je saisis le badge pour nous faire sortir. J'ouvre la porte tout doucement, regarde à gauche et à droite pour vérifier qu'il n'y a personne. J'attrape Ashton par le bras au moment où je sors, mais la porte claque dans un bruit énorme. Putain. Des pas s'approchent. On dirait que la personne court. Merde, je sais pas quoi faire. Si on est pris, on est dans la merde vraiment. Une silouhette apparaît. Dans mon dos, Ashton m'attrape par la taille, me plaque contre le mur et ses lèvres s'écrasent contre les miennes.
« -Qu'est-que vous faites la ?! » la voix stridente de Lazerkoff envahit le couloir. Je tourne les yeux vers elle, repousse Ashton et je sens mes joues se colorer. Je bafouille que je suis désolée. Ashton ricane, sourire en coin et répond d'une voix forte :
« Larry, tu veux vraiment savoir ce qu'on fait là ? » Lazerkoff le regarde, outrée de son insolence, et réplique :
« Je vous prierai dorénavant de ne pas pratiquer ce genre d'activité dans les couloirs, bien après le couvre-feu. En fait, non, je vous prierai de ne pas avoir recours à ce genre d'activité du tout. Zara, retournez immédiatement dans votre dortoir. Et Ashton, n'entretenez pas de relation avec une élève. C'est loin d'être professionnel et très inconvenant. Contrôlez un peu vos pulsions, bon sang ». Elle se retourne et s'éloigne de nous. Je me retourne vivement vers mon instructeur, le regarde les yeux écarquillés et les joues rouge-sang.
VOUS LISEZ
2095
Science Fiction2095 sur Terre. Ou du moins ce qu'il en reste. Le changement climatique et ses conséquences ont placé la planète au bord du précipice, celle-ci prête à tomber vers un vide duquel elle ne sortira plus jamais. Selon les estimations scientifiq...