Chapitre 3 : Le Choix

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              Les jours passent. Je me remets de mes émotions. Ceux qu'on appelle désormais le CESH, Conseil d'Expédition de Sauvetage de l'Humanité, rédigent peu à peu la Liste.

«ZARA! Dépêche-toi, je sais que je te le dis tout le temps, mais il ne faut pas vraiment pas que nous soyons en retard aujourd'hui! » cria Sofia de toutes ses forces.

Aujourd'hui est le jour J, le jour du Choix, où va être divulgué les noms de tous les jeunes sélectionnés. Notre mère, Abigail, mais que tout le monde appelle Aby, vient avec nous. Nous courrons de Snake's Canyon, banlieue dangereuse dans laquelle nous vivons depuis toujours vers une ville chic du pays appelée Solaris. Solaris est une ville riche, encline dans le futur. Ses habitants occupent une haute fonction gouvernementale, ou sont des personnalités puissantes de ce monde. Le contraste entre ces cités cossues et les quartiers incertains dans lesquels nous vivons était saisissant, et même révoltant. 

Alors que nous avancions dans cet univers qui nous est inconnu, j'en profite pour contempler les lieux. Des Rbus, véhicules volants dédiés aux transports de marchandises, se déplacent au dessus de nous à toute vitesse. Des robots font office de policiers : ils contrôlent l'identités de chaque personne qu'ils croisent et arrêtent ceux qui sont recherchés. 

Des habitants se déplacent en overboard, d'autres avec leurs propres Rbus, certain étant même accompagné de leur androïde domestique. Ils marchent tous d'un pas déterminé, comme si ils n'étaient pas au courant qu'ils allaient mourir, et entrent dans d'immenses building vitrés. C'est l'effervescence.

Je vois des enfants s'amuser dans des aires de jeu. Ils sourient, rient aux éclats, se chamaillent : ils sont insouciants, sentiment que je n'ai jamais pu ressentir. C'est un monde à part de la réalité, comme un rayon de lumière dans un océan de ténèbres. 

Je prends alors conscience que cette vie pourrait devenir la mienne pour une année, le temps de la préparation à l'expédition, si je suis  sélectionnée lors du Choix.

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Une fois arrivée au point de rendez-vous communiqué ultérieurement, on peut voir des  expressions anxieuses et des cernes tirées sur les visages des centaines de familles attendant la révélation fatidique de la Liste. Nous devons encore attendre une trentaine de minutes avant qu'Adamson et son équipe fassent leurs apparitions au milieu d'une estrade. Notre «président» s'avance, considère la foule avec dédain et prend la parole :

«Enfant de la Nation, nous qui vous avons nourri, blanchi et logé durant toutes ces années, c'est aujourd'hui à votre tour de nous aider. Le lourd projet qui repose sur vos épaules restera marqué à jamais dans notre mémoire commune. En ce jour du Choix, ceux qui seront sélectionnés aujourd'hui seront considérés comme des héros pendant des siècles, et nous n'oublierons jamais le sacrifice qu'ils feront en laissant la ville qu'ils connaissent, leurs familles, leurs amis, seuls. Nous allons maintenant procéder à la lecture de la Liste.

Première personne : Nald Johnson. Bravo à toi.

Téa Josephs. Bravo à toi.»

Les noms s'enchaînent jusqu'à ce j'entende un nom qui me donne l'impression qu'un poids lourd s'appuie sur mon cœur.

«Sofia Roseburry»

C'est bien le nom de Sofia qu'il vient de prononcer. C'est bien elle qui a été choisi. Je n'ai pas été sélectionné mais elle si. Elle est la meilleure de nous deux comme toujours. J'ai honte d'être incapable de réprimer le sentiment de jalousie qui m'empare. Je me retourne alors pour scruter la réaction de ma sœur : elle est aux anges. Elle rit et  sourit à notre mère. On peut lire de la fierté dans les yeux de cette dernière, la fierté que sa fille fasse partie de l'élite.

La Liste terminée, Adamson conclut son discours :

«Membre de l'Elite, le futur de l'Humanité vous appartient. A partir d'aujourd'hui et pendant un an, vous recevrez une préparation physique, mentale et technique. Puisse notre monde être sauvé. Vive l'Amérique.»

Alors il se recule et sort par une porte dérobée à l'arrière de la scène. Nous serrons fort dans nos bras Sofia, comme si c'était la dernière fois. Nous l'encourageons du mieux que nous pouvons, à l'image des familles des cinquante sélectionnés. Alors la foule s'écarte, laissant passer ses champions. Sofia s'enfuit dans l'encadrement de la porte, manteau sur le dos et sac à la main, vers de nouvelles aventures effrayantes.  

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