Chapitre 27 : Dérapage contrôlé

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Une main posée sur son épaule et l'autre dans sa main, je regardai mon partenaire de danse, un peu sonnée de ce qu'il venait d'arriver.

— Alors, commença-t-il, que s'est-il passé ?

Ses yeux m'observaient, je savais qu'il essayait de deviner mes pensées. Il n'était pas énervé mais inquiet pour moi, je l'avais interrompu pendant sa discussion, prétextant un motif important et je l'avais attiré sur la piste de danse. J'avais besoin de calme. Mes yeux se posèrent sur ses cheveux plaqués en arrière. Très élégant le Major, c'était agréable de le voir ainsi. Par contre, ce qui était moins agréable c'était cette position. Mon bras me faisait mal, son épaule était trop haute, cet homme était décidément trop grand pour moi.

— Hana, tu m'écoutes ?

— Oui, euh et bien, il se pourrait que j'aie insulté un gars, déclarai-je, penaude.

— Mais encore ? m'interrogea-t-il, le regard plus insistant.

— En gros, un mec m'a fait du rentre dedans et je lui ai dit d'aller voir ailleurs.

Je me mordis la lèvre, je savais que j'avais fauté.

— Tu crois que ça peut nous porter préjudice ?

Je haussai les épaules :

— Je sais pas, je pense que son père est un homme de pouvoir. S'il a un peu d'amour propre, il ne parlera à personne de cette humiliation mais ce type me paraît prêt à tout. Il a vraiment été abject.

J'indiquai discrètement à Erwin de qui je parlais avec mon doigt.

— Je ne le connais absolument pas, souffla-t-il.

— Tu ne connais pas un homme proche du pouvoir qui pourrait avoir un fils de son âge ?

— Si, bien sûr. Mais je les connais ceux-là. Lui, il a l'air d'un de ces nouveaux riches de la Capitale.

— Ouf, tu peux pas savoir à quel point ça me rassure.

Tom Parkinson me lança un regard furtif. Un de ces regards qui vous font vous sentir comme une chose, un trophée, une proie. Décidément, ma petite colère lui avait fait de l'effet et c'était répugnant. Je reportai mon attention sur mon partenaire de danse qui semblait n'avoir rien remarqué et lui souris pour chasser ces idées immondes de ma tête.

— J'ai bien l'impression qu'on a évité la catastrophe, blagua-t-il.

J'acquiesçai et tentai de penser à autre chose, le regard dans le vide.

La soirée battait son plein. Après avoir dansé quelques minutes avec Erwin, il fut rattrapé par son devoir et dut me quitter. Je me dépêchai alors de retrouver Hanji qui dégustait des petits fours assise à une table. Je l'invitai à danser et elle ne se fit pas prier, ça lui évitait ainsi d'avoir à répondre aux questions des autres bourges qui s'étaient invités à côté d'elle.

La position me parut plus confortable mais pas encore totalement optimale. Pourquoi Hanji était-elle aussi géante ?

Il n'empêche que nous avions profité de ces courtes minutes de tranquillité pour parler toutes les deux. Je lui racontai ma petite mésaventure avec Tom (que je ne voyais plus depuis un moment d'ailleurs) et elle explosa de rire quand elle entendit les paroles que j'avais pu avoir pour ce pauvre gars.

— Franchement, de nous tous, je pensais pas que ça allait être toi qui allait nous créer des problèmes !

— Moi non plus, je te rassure, blaguai-je.

— J'aurais plutôt parié que Levi allait finir par mettre une tarte à un mec.

— La soirée n'est pas encore terminée.

Nous rîmes ensemble tout en tourbillonnant au son de la musique qui résonnait dans toute la salle maintenant.

— D'ailleurs, notre cher Caporal a l'air d'être en charmante compagnie, railla-t-elle en pointant du doigt la direction du bar derrière moi.

Je nous fis pivoter et observai la scène. Il était toujours adossé au comptoir du bar dans la même position, sauf qu'une femme blonde se tenait devant lui et semblait lui parler.

— Oh non, pouffai-je, tu penses qu'il a besoin d'aide ?

— Elle va bien finir par se rendre compte qu'elle parle à un mur.

Nous rîmes de plus belle. La musique arriva à sa fin et nous convînmes de nous séparer pour aller nous restaurer. Hanji retourna à sa table et moi je décidai de me diriger vers le bar pour proposer mon soutien mental à Levi en restant, dans un premier temps, à bonne distance.

J'étais trop loin pour capter l'intégralité de la conversation mais les bribes qui me parvenaient me laissaient penser que la dame draguait ouvertement Levi. Lui, bien sûr, restait de marbre. Apparemment, il suivait son plan à la lettre.

Il tentait de faire bonne figure mais je voyais sur son visage qu'il essayait désespérément de trouver une excuse pour lui fausser compagnie. Son regard quittait parfois les traits de l'invitée indésirable pour inspecter la salle dans l'espoir d'y voir un visage familier. Même si cela m'amusait de voir le Caporal dans la mouise, je décidai qu'il en avait assez bavé comme ça et me saisis de deux coupes de champagne portées par un serveur qui déambulait parmi les autres convives et me mis en marche vers l'agresseur et son otage.

— T'es là, trésor, je t'ai cherché partout.

Levi ne m'avait pas vue approcher. Sans réfléchir, je lui avais embrassé la joue, lui avais tendu la coupelle et avais enroulé mon bras libre autour de son cou avec un grand sourire. Je me tournai alors vers l'intruse et fis mine de ne pas l'avoir vue.

— Oh, excusez-moi, j'interromps quelque chose ?

— Hana, je te présente Mme Olympe.

Je me décrochai de Levi, attrapai la main que Mme Olympe me tendait et la serrai dans un franc sourire. Je la sentais désarçonnée et gênée par ma présence, Levi n'avait sûrement pas dû avoir l'idée de lui parler d'une quelconque petite-amie. De mon côté, je tentais tant bien que mal de cacher mon amusement.

Nous restâmes quelques instants à se regarder dans le blanc des yeux, je voulais laisser Levi trouver une excuse pour partir mais il était encore plus nul que je le pensais en conversation. Puisque rien ne semblait lui venir à l'esprit, je décidai de prendre l'initiative :

— Levi, je meurs d'envie de danser, avais-je minaudé en lui pressant plusieurs fois la main.

Il attrapa enfin la perche que je lui tendais et hocha la tête.

— D'accord, allons-y. Pardonnez-moi mais on m'attend ailleurs, fit-il à l'intention de Mme Olympe.

Il referma ses doigts sur ma main et je l'entraînai vers la piste de danse. La dame lui chuchota quelque chose qui ressemblait à « ma proposition tient toujours » que je n'aurais pas manqué de relever si j'étais vraiment avec Levi.

Souvenirs d'une soldate du Bataillon d'Exploration [LevixOC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant