Chapitre 34 : Discorde

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L'enquête n'avait finalement rien donné. Les équipements tridimentionnels avaient tous été vérifiés méticuleusement, les soldats interrogés et les emplois du temps passés au peigne fin. Tout était resté à sa place, aucun soldat n'avait manqué à l'appel. Alors, qui avait bien pu faire ça ?

Cela faisait deux semaines que l'incident était arrivé et je me posais encore la question. J'étais persuadée que quelque chose ne tournait pas rond dans le Bataillon. La présence de Sawney et Bean en dérangeait certains mais pas de là à les tuer. Les soldats savaient que ces deux énergumènes nous étaient précieux. De plus, ils étaient habitués à leur présence et à celle de Gus avant eux.

Enfin, ils le savaient tous, sauf les nouvelles recrues. Et c'est ce point qui avait éveillé mes soupçons et apparemment aussi ceux d'Erwin vu la conversation qu'on avait eue le soir-même.

Enfin, toute cette question était compliquée. Les choses avaient changé depuis l'arrivée de la 104e. D'abord parce qu'Eren était un titan, et c'était déjà un gros morceau, et ensuite parce qu'il s'agissait des premières recrues dont je m'occupais depuis mon accident. Jusque-là, on m'avait toujours confié des soldats plus expérimentés et j'avouais que c'était très différent mais pas déplaisant.

Je pensais ne pas savoir comment gérer des enfants – parce qu'il fallait l'avouer, ça restait des enfants, même si je n'étais pas aussi vieille que Levi ou Erwin – mais, ça c'était avéré plus simple que prévu. Chacun avait fini par trouver sa place. Sasha, Connie et Jean formaient un trio inséparable. La première adorait manger et semblait aussi folle de nourriture que Hanji était folle des titans, le deuxième suivait toujours la première dans ses bêtises, et le troisième volait toujours à la rescousse des deux premiers quand la situation devenait hors de contrôle. Ensuite, il y avait Ymir et Christa, toujours fourrées ensemble. La première était froide et arrogante, alors que la seconde était pure et douce. Un duo plus qu'improbable. En parlant de duo improbable, il y avait Armin et Mikasa. Ces deux-là étaient meilleurs amis mais pourtant je ne comprenais pas ce qui les rapprochaient à ce point. Armin était le petit génie de service, il avait toujours réponse à tout et avait l'air d'en savoir beaucoup sur notre monde ; de son côté, Mikasa était les muscles, elle ne parlait pas beaucoup mais ne rechignait jamais lors des entraînements. D'ailleurs, ses capacités au combat au corps à corps et en manœuvre tridimentionnelle étaient impressionnantes, elle se rapprochait presque du niveau de Levi. Au final, sans doute que ce qui liait Armin et Mikasa était leur amour pour Eren, cet ami avec qui ils avaient grandis. Pour finir, il y avait Reiner et Bertolt. Ils étaient considérés comme les grands-frères des autres de la 104e à cause de leur âge un peu plus avancé. Le premier était grand et en imposait par sa carrure qui détonnait avec son caractère doux et serviable, le second était une grande asperge filiforme et timide, il était souvent trop gêné pour parler.

Tout bien réfléchi, j'étais contente d'être tombée sur eux, ça mettait du piment dans mon quotidien. Depuis que Hanji et Levi étaient partis à l'ancien QG pour travailler avec Eren, mes soirées étaient devenues bien tristes et solitaires. Je n'avais plus personne pour me préparer un thé pendant que je me cassais la tête sur de la paperasse futile, personne à qui parler avant d'aller me coucher, ou même personne à écouter déblatérer des centaines de théories qui vont dans tous les sens.

Je m'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais pas remarqué que nous étions arrivés au district de Karanes, situé à l'ouest du mur Rose. Une expédition était prévue pour le lendemain et le Bataillon était contraint de partir d'un autre district pour sortir des Murs puisque la porte de Trost avait été condamnée lors de la dernière attaque.

Une fois devant la caserne qui allait nous accueillir pour les prochains jours, les soldats du Bataillon mirent le pied à terre et amenèrent leurs chevaux à l'écurie. Je fis de même et libérai mes hommes pour le reste de la journée. L'après-midi touchait à sa fin et je savais que le voyage les avait complètement épuisés.

Souvenirs d'une soldate du Bataillon d'Exploration [LevixOC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant