Souvenirs d'une soldate du Bataillon d'Exploration [LevixOC]

Chapitre 18 : Nuit d'insomnie

— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda Levi alors que je me tenais dans l'encadrement de sa porte en plein milieu de la nuit.

Bien évidemment, il m'avait posé la question pour la forme, il était habitué maintenant. Après une expédition qui s'était relativement mal passé, il n'était pas rare que je vienne me réfugier dans sa chambre. La mienne était trop froide, trop sombre et trop solitaire.

— J'arrive pas à dormir, lui répondis-je, à mon tour pour la forme.

Comme d'habitude, il me fit entrer. Sans plus un regard, il partit s'asseoir à son bureau, éclairé par une seule bougie, où il avait l'air de travailler juste avant que je ne vienne le déranger. Moi, je me dirigeai vers son lit avant d'être interrompue.

— Tu veux du thé ?

— Non, ça va. Je vais juste dormir.

Je me glissai sous les draps, ils m'avaient arraché un frisson tant ils étaient gelés. Le printemps avait timidement fait son retour mais les nuits étaient toujours fraîches. Je fermai les yeux et repensai à cette journée. L'expédition avait été très compliquée, il y avait des titans partout, des soldats qui criaient, d'autres qui pleuraient. Un vrai carnage. Heureusement, les pertes humaines avaient été limitées mais ça me faisait toujours le même effet.

Personne n'avait perdu la vie dans l'équipe et j'en remerciais encore le ciel. Après mon accident et la perte de toute mon escouade, j'avais refusé pendant plusieurs mois de prendre en charge de nouveaux soldats, j'avais préféré demander à Erwin de m'intégrer dans une équipe déjà formée. Bien sûr, j'avais atterri dans l'escouade de Levi. Elle était composée des tous meilleurs éléments du Bataillon, c'était encore une idée d'Erwin. Levi n'était plus qu'un simple Caporal, il était à la tête d'une escouade d'élite en vue de reconquérir le mur Maria.

J'y avais passé quelques mois et j'avais pu faire la connaissance de tous les membres de l'équipe. Erd, le grand blond pas très loquace mais toujours prêt à aider son prochain. Gunther, le brun sur qui on pouvait toujours compter. Et puis, les deux plus jeunes : Auruo que je n'arrivais vraiment pas à comprendre. Son adoration pour Levi était presque effrayante parfois, il en arriverait même à lui ressembler avec sa coupe, sa cravate et sa façon de parler ; et Petra, la petite rousse qui avait toujours un mot de réconfort et qui adorait se disputer avec Auruo quand celui-ci se vantait trop de ses exploits.

Je les aimais beaucoup, surtout Petra, on se comprenait toutes les deux et elle avait un don pour voir quand je n'allais pas bien. Au début, j'avais été frustrée de me retrouver sous les ordres de Levi pour la deuxième fois. Je pensais en avoir fini avec lui pour toujours, mais il faut croire qu'Erwin trouve toujours un moyen de vous surprendre. Finalement, ce n'était pas si mal. J'avançais vite, les entraînements étaient intenses mais c'est ce qu'il me fallait et tout le monde était là pour m'encourager. Sauf Levi, qui prenait un malin plaisir à me pousser à bout. J'imagine que, passé un certain âge, on ne change plus.

Je tournai et me retournai dans le lit. Impossible de trouver le sommeil. J'étais pourtant épuisée et mes jambes me faisaient souffrir. Ça faisait un moment que j'étais rétablie, que ma jambe était guérie et c'était la première fois que je retournais en expédition. Ça faisait bientôt huit mois depuis ma dernière sortie et j'avais craint de ne plus savoir m'y prendre. Me retrouver de nouveau face à des titans me terrifiait mais je sentais toujours cette excitation en moi. Ce sentiment d'accomplir quelque chose, d'avancer avec les autres.

Finalement, partir en expédition m'avait fait du bien même si je m'étais littéralement liquéfiée sur mon cheval à peine quelques minutes avant le départ. Levi l'avait vu et avait failli me renvoyer dans ma chambre. Il ne me sentait pas encore prête malgré nos mois d'entrainement intensif et ma bonne volonté. C'était Erwin qui avait pris la décision de me faire participer à l'expédition. Il avait dit que c'était comme pour une chute à cheval « si on ne remonte pas tout de suite, on ne remonte plus jamais ». J'imagine qu'il avait raison. Le Major avait toujours raison.