Chapitre 39 : Sorties

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Le vent faisait voler mes cheveux autour de moi. On était au sud du pays et bien que nous soyons en janvier, il faisait plutôt beau. Le temps était doux et la plupart des filles de la promo était en robe comme moi. Le sable rentrait dans mes sandales et cette sensation était sublime. La crique s'offrait à nos regards ébaillis. Déjà une semaine qu'on était là, mais on avait tellement bougé qu'on avait à peine eut le temps de profiter du paysage grandiose qui entourait notre hôtel. Madame Agrippine portait un short en jean délavé, une marinière et un grand chapeau de paille qui cachait son visage. Elle donnait les indications pour les photos, mais je ne 'écoutais que d'une oreille distraite. Je me concentras sur le bruit es vague, la sensation du sable sur ma peau et du vent sur mon visage. Gauge, qui se tenait à mes côtés, remarqua mon bref état qu'on pourrait qualifier de contemplatif et vint m'entourer de ses bras.

- Tu pense à quoi ?

- Je pense que la vie est belle et que j'ai de la chance d'être ici avec toi, Madame Agrippine et tous les autres.

Je ne voyais pas son visage mais je savais qu'il souriait; quand il souriait, une espèce d'aura émanait de tout son être et te rendait immédiatement heureux. C'était son super pouvoir à lui. Je commençais à écouter notre professeure. Ça promettait d'être encore une journée passionnante. Quand elle fut sûre et certaine qu'on ai tous bien compris ce qu'elle voulait, elle nous laissa et remonta les escaliers qui menaient à l'hôtel.

Madame Agrippine était gentille, elle nous laissait faire ce qu'on voulait, tant qu'on envoyait deux à trois travaux par semaine à l'université.

La journée derrière l'objectif passa relativement vite. Il ne restait à present que quelques élèves sur la plage, a plupart était rentré quand le vent avait commencé à souffler.

- Je vais rentrer Gwen, tu viens ?

- Je vais rester un peu, pour réfléchir.

Il hocha la tête, s'éloignant avec notre camera.

Le vent tapait dans mon dos avec force. J'étais la dernière sur la plage, pour une fois, je me sentais tellement libre.

Je marchais jusqu'au bord de l'eau, lentement, profitant au maximum de la sensation du sable froid. Le temps s'était couvert et la mer était agitée. Je trempais mes pieds dans l'eau glacée. J'avançais, petit à petit, l'eau atteignit rapidement mes chevilles, mes genoux puis mes cuisses. Un long frisson parcouru mon corps mais cela ne m'arrêta pas pour autant.

La douce sensation de la mousseline de ma robe collant à ma peau était un pur régal et sur le moment, seules ces sensations de bonheur et de liberté comptaient à mes yeux. J'avançais encore un peu plus. Quand ma taille fut submergée, ma lèvre se mis à trembler légèrement et je souris pour éviter mes dents de claquer.

Le bruit assourdissant de la mer noyait les cris qui résonnaient dans ma tête continuellement, les souvenirs, les douloureux, ceux que j'essayais d'oublier, ceux que je voulais cacher, ceux qui me faisaient esquisser un sourire. Les mots trop dits, au mauvais moment, les mots blessants, ceux que je n'avais jamais dit, ceux qui m'avaient marquée, ceux qui brûlaient mes lèvres, ceux qui faisaient pleurer mes yeux. Ce tourbillon multicolore de bruit incessant s'était finalement tu. Dans ma tête ne résonnait que ce bruit océanique, celui des vagues furieuses s'écrasant sur la plage, celui de cette mer agitée.

Je fermais les yeux un instant.

Quand l'eau éclaboussa, mon visage me faisant avaler une petite quantité d'eau salée, je les rouvris. J'étais loin du bord dorénavant. Mes pieds ne touchaient plus le sol et je me laissais porter par les vagues. L'eau submergeait mon visage de temps en temps, mais cela m'était égal. Plus rien ne comptait, plus rien à part ce silence dans ma tête.

Liars ~ Jordan Huxhold/Vinnie HackerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant