Chapitre 2 : Roman

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— Je suis obligé de mettre ce truc ? me demanda mon ami Théo.

— Absolument.

— C'est ridicule, je te connais, mec. Tu me prépares un mauvais coup.

Théo me lança un regard noir que j'interprétais comme un avertissement. Toutefois, je n'en fis pas cas.

— Enfile-moi ces lunettes, et que ça saute ! exigeai-je.

À nouveau, j'eus droit à un regard menaçant et j'en ris de bon cœur. Mon ami récupéra les lunettes de ski opaques et les enfila sur ses yeux. J'envoyai plusieurs textos à nos potes pour prévenir que nous étions en chemin avant de faire monter Théo dans ma voiture.

Sur la route, celui-ci resta muet. Sa jambe avait la bougeotte et ses poings étaient crispés. Mon ami me connaissait bien, il y avait bel et bien une blague à l'œuvre. Monsieur fêtait ses vingt-cinq ans, un quart de siècle, ça se fêtait convenablement.

— Roman, je te jure que si tu...

— Nah nah, inutile de faire des menaces.

— Tu as été correct jusque-là, alors pourquoi faut-il toujours que tu dévies du droit chemin ?

— Quoi ? m'esclaffai-je, faussement outré. Mais qui te dit que ma surprise sera mauvaise ? Tu vois toujours le pire en moi.

— Peut-être parce que je te connais ! rouspéta mon ami.

Je rigolais à ses jérémiades. Qu'il le croit ou non, je n'étais pas seul à avoir eu cette idée. Avec nos amis, nous formions une bande de six gars, qui s'était formée entre le lycée et l'université. De vrais amis. Et je n'avais qu'eux ici, à Lyon. Mes parents habitaient Bordeaux, ma ville de naissance, je ne les voyais que très peu.

À cette heure tardive, la route était fluide et j'arrivai rapidement à l'adresse souhaitée. Une fois garé, je repris mon téléphone pour savoir où étaient les autres. Les réponses s'agglutinaient dans notre conversation de groupe, m'apprenant qu'ils étaient tous à l'entrée. Parfait.

— On est arrivés ? s'enquit Théo, gigotant sur son siège.

— Ouais.

Avant de le faire descendre de voiture, je rajoutai un casque antibruit sur ses oreilles et Théo grogna.

— Tu te fous de moi !

Sans prendre la peine de répondre, je fis le tour de la voiture et récupérai mon ami. Celui-ci me tint le bras avec force, désorienté à cause de la perte de ses sens. Je verrouillai la voiture avant de nous diriger vers l'entrée du club. Les mecs me firent des signes enjoués, tout sourire. Le moment approchait et l'hilarité nous gagnait tous. La réceptionniste me fit un clin d'œil malicieux et nous conduisit à notre espace réservé.

— Vous avez raté le spectacle de première partie, dit-elle.

— Nous ne sommes là que pour la danse privée, lui expliquai-je.

— Je vois. Installez-vous, vous allez être servis.

Elle repartit en promettant de revenir avec les boissons. Théo fut conduit jusqu'au fauteuil central et le reste d'entre nous prit place sur les canapés autour.

— Ça va être tellement drôle, rigola Franck.

— C'est super cet endroit ! intervint Luka.

— Qu'est-ce que tu racontes, il n'y a que des mecs à moitié à poil !

— Et alors ? Qu'est-ce que tu as contre les torses luisants ? riposta Luka à l'injonction de Matthieu.

Ce dernier soupira et leva les yeux au ciel.

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