Chapitre 7 : Roman

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Ce devait être un putain de cauchemar. Qu'avais-je fait au Bon Dieu pour me retrouver dans une telle situation ?

Jay portait un immense pull à capuche noir, cachant la moitié de son visage, mais ses prunelles dirigées vers moi me regardaient tel un chien battu et jusqu'ici, je n'avais jamais fait attention à leur iris. Une couleur noisette avec des taches claires, presque ambrées. Comme son frère. La différence résidait dans l'expression de ses yeux, Théo n'utilisait jamais ce regard implorant, presque... mignon.

Jay n'avait aucun scrupule. Pas assez qu'il joue au grand garçon en dansant à moitié nu devant une foule de mecs en chaleur, mais en plus, il avait essayé la séduction pour se sortir de son merdier. Quel culot ! Ou désespoir.

D'après notre discussion il y a plusieurs semaines, Jay avait dû croire que j'avais gobé ses conneries. C'était sans compter sur mes propres expériences et mon flair.

Une autre soirée strip pour les gays et j'avais eu le pressentiment que je devais vérifier, juste pour en avoir le cœur net. Après tout, c'était le petit frère de Théo et je ne pouvais décemment pas fermer les yeux sur quelque chose d'aussi grave.

— Satisfait ? balança Jay d'un ton provocateur.

— Pas vraiment, non. Il y a des tonnes de job que tu peux faire sans avoir à enlever tes vêtements.

Jay souffla comme un gosse, en gonflant ses joues. Une de ses mains tira sur ses cheveux blonds qui lui tombaient sur le front et il plissa les yeux dans ma direction, le regard plus sérieux.

— J'ai déjà d'autres tafs, je bosse le week-end au Florentin dans le centre. Je fais autant que je peux sans délaisser mes cours. Ce job de strip-teaseur paie super bien pour quelques soirs par mois.

— C'est illégal, tu es mineur, répétai-je, parce que j'avais l'impression que Jay vivait sur une autre planète.

— J'aurais dix-huit ans dans quelques mois.

— Ouais, mais pour le moment, tu es mineur.

Encore une fois, le jeune insolent soupira et se rapprocha de quelques pas. Sa taille plus petite l'obligea à relever le menton pour garder un contact visuel. Le sommet de son crâne pouvait aisément passer sous mon propre menton, pour autant, Jay afficha une expression hautaine et pas le moins du monde intimidé.

— J'ai le droit de faire ce qu'il me plaît alors fous pas ton nez dans mes affaires.

Son attitude bravache ressortait lorsqu'il perdait du terrain, un mécanisme de défense qui ne faisait que le desservir avec moi.

— Hors de question que je mente à ton frère.

— Tu ne mens pas, tu ne fais que t'occuper de ton cul.

Décidément, sa bouche était vilaine. Ce gamin avait un culot monstre et sa manière de parler m'agaçait. Pourquoi diable discutais-je avec lui ? Je devrais simplement le dire à Théo.

— Tu ferais mieux de faire attention à ce que tu dis, Jay.

— C'est une menace ? s'offusqua-t-il.

— Peut-être bien.

Il resta figé un moment puis un bruit étrange sortit de sa bouche, un grognement.

— Mais c'est pas vrai ! cria-t-il. Tu vas pas me faire ça, quand même ? C'est juste de la danse ! Je ne fais rien de mal ou de dangereux !

— Et la danse privée de la dernière fois ? soulignai-je en fronçant les sourcils.

Repenser à ça déclencha un pic de colère. Les danses privées étaient une façon détournée de dire prestations sexuelles. La plupart des strip-teaseurs et strip-teaseuses acceptaient certains actes sexuels pour de l'argent, c'était facile et contrôlé. Ils étaient libres d'accepter ou non, néanmoins cela restait de la prostitution. Peu importe si le client était charmant ou gentil et que vous auriez couché avec en dehors du club. À partir du moment où on paie pour avoir accès à votre corps, c'est de la prostitution.

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