Chapitre 49 : Roman

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En sueur, complètement épuisé et courbaturé après ce dernier cours de danse, je fonçai prendre une douche. Comme souvent, mes pensées voyagèrent jusqu'à Jay. Après notre conversation, Jay s'était confié à ses parents, de manière franche et honnête sans trop les brusquer. Ils avaient alors permis à Jay de passer du temps avec moi, notamment pour les cours de danse.

Après deux semaines de réconciliation, notre relation avait repris sa dynamique pour notre plus grand plaisir. Depuis trois jours, il révisait pour le bac avec assiduité et je l'encourageais chaque soir par texto. Mais j'avais hâte de le revoir. J'étais si heureux de l'avoir retrouvé.

Je croyais en son amour, sans comprendre pourquoi, j'étais convaincu de la sincérité de ses sentiments pour moi. Son erreur pouvait être pardonnée, parce qu'elle n'avait pas pour but de me faire du mal et que je le croyais lorsqu'il m'assurait ne plus jamais me mentir. J'allais encore une fois prendre un risque. Abandonné ma peur pour vivre pleinement. Jay m'apprendrait.

Peu importe si notre relation serait bancale, difficile, haute en couleurs et en désaccord, qu'elle ne marche que quelques mois ou une éternité, c'était de l'amour. Et seul une personne complètement folle tournerait le dos à une histoire d'amour.

Une fois propre, je rejoignis mon bureau pour récupérer mes affaires et filer chez moi le plus vite possible. Cette journée avait été éreintante. En pénétrant dans la pièce, une odeur particulière m'arrêta net dans ma progression. 

— Salut, beau brun.

Jay se leva du fauteuil et mon regard l'analysa. Habillé d'un jean noir et d'un pull gris, il arrivait à être charmant. Cette fois-ci, pas de veilles Vans, mais des Nikes blanches. Il agita le sac qu'il tenait dans sa main droite.

— Je t'ai apporté un petit cadeau, sourit-il en s'approchant.

— Bordel, j'ai la dalle, laissai-je échapper.

Jay ricana avec joie et je fonçai sur sa bouche pour le remercier comme il se devait. M'apporter Mc Do dans ces conditions était carrément une preuve d'amour pour moi, cette nourriture était particulièrement adéquate en fin de semaine.

Lorsqu'il se recula, son sourire devint aussi étincelant que ses prunelles ambrées.

— J'espère que ça ne refroidira pas le temps qu'on arrive chez toi, dit-il avec nonchalance.

— Comment ça ?

— Mes parents m'ont autorisé à passer la nuit avec toi, murmura-t-il en enroulant ses bras autour de mon cou.

Son parfum m'engloutit dans un cocon de bien-être. Sa déclaration aurait pu réveiller mes craintes, cependant, elle réanima les chauves-souris dans mon ventre.

Je prenais peut-être un risque, mais j'étais prêt. Avant, je ne l'étais pas, avant, je voyais les difficultés et non les avantages. Pourtant, les avantages étaient incroyables. L'amour avec Jay était électrisant pour moi. Je l'aimais réellement et je me devais de vivre ses sentiments, ne pas le faire, ce serait comme privilégier mon malheur et ça n'avait aucun sens.


Alors ce fut avec l'esprit apaisé qu'il réinvestissait ma vie.

Jay avait donc intégré la classe B cette semaine, avec une joie et un enthousiasme qui avaient séduit tous les élèves. Le voir seulement deux fois par semaine était clairement une torture, mais je pouvais comprendre que ses parents soient méfiants. Jay avait le bac à la fin de l'année, il devait rattraper le retard accumulé à cause de notre rupture, ce qui me culpabilisait, alors je l'encourageais chaque soir de semaine avec de petits textos pour qu'il se concentre. Et le week-end dernier, nous avions fait une sortie en ville, sans pression.

Mis à part ces moments que l'on grappillait, nous n'avions pas eu l'opportunité d'être réellement... seuls.

Est-ce que j'avais bien compris ? Jay pouvait dormir chez moi ce soir ? Sans mentir, sans dissimulation ? Avec la bénédiction de ses parents ? 

— En fait, ils sont d'accord pour m'accorder mon indépendance. À présent, je suis majeur, je n'ai donc plus vraiment besoin de leur autorisation pour découcher, gloussa-t-il.

— C'est ce qu'ils ont dit ? m'enquis-je.

— Presque.

— Presque ?

— Techniquement, tant que je suis sous leur toit, je leur dois des comptes, mais ils ont bien dit qu'ils ne s'opposeront pas à ce que je reprenne une vie normale.

À dix-huit ans, s'il fallait encore demander l'autorisation à ses parents pour chaque fait et geste, ce serait clairement l'angoisse. Pour autant, il ne fallait pas tomber dans l'excès. Indépendance, oui, mais avec respect et considération.

— Alors, on va chez toi ? me pressa Jay en déposant des baisers délicats dans mon cou, me faisant frissonner.

— Ouais.

C'était tout ce que je pouvais articuler. Mon cerveau était déjà dans mon appartement, au lit avec Jay, nu de préférence. Oh bordel...

Jay se recula puis en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « c'est parti ! », nous étions déjà dans ma voiture, le sac de fast-food diffusant une odeur alléchante. Allais-je tenir suffisamment longtemps pour avaler ne serait-ce qu'une bouchée de mon hamburger ? 

Considérant le regard enflammé de Jay sur la route, je n'y croyais pas vraiment. Et ce qui se passait déjà dans mon bas de jogging m'informa que Jay n'était pas le seul à être échauffé.

J'eus une vingtaine de minutes pour envisager ce qui allait se passer. Allions-nous réellement passer ce cap ? Chaque foutue particule de mon être criait oui. Pourquoi se retenir, pourquoi attendre ? Nous n'en avions pas parlé, mais il était clair que c'était dans nos esprits à tous les deux, nous en avions envie depuis le début et aujourd'hui, rien ne nous en empêchait.

Une fois arrivés dans mon appartement, Jay lança un épisode de Breaking Bad que nous avions commencé à visionner ensemble au début de notre relation.

— Tu n'as pas avancé ? me demanda-t-il en enfournant des frites dans sa bouche.

— Non, répondis-je, l'esprit fixé sur cette langue rose qui léchait le sel déposé sur ses lèvres.

— Je l'ai mis en route le temps qu'on mange, insinua-t-il en souriant.

Je hochai la tête, pas certain de savoir comment juguler mon désir croissant.

— Allez, mange, Roman, tu vas avoir besoin de force pour la suite.

Merde, ce mec allait me tuer. Il rigola franchement et se pencha pour me faire un petit bisou avant d'ouvrir une boîte cartonnée pour prendre son hamburger. Et finalement, j'eus le temps de manger. Mes deux BigMac ainsi que mes nuggets et mes frites. Jay se tint tranquille tout le long, regardant la télé et faisant mine de rien.

En moi, le feu courait partout à une vitesse folle. Je n'avais qu'une obsession, coucher Jay sur ce canapé et lui faire l'amour. C'était clairement le plan. Je ne me retiendrais pas une seconde de plus. 

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