Chapitre 27 : Roman

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J'avais cédé. Ses yeux ambrés pétillants de tristesse m'avaient tordu les tripes, je le sentais blessé par sa conclusion et c'était bouleversant. J'avais capitulé pour deux raisons.

D'un côté, je ne voulais pas lui faire de mal et qu'il pense que je le considérais comme un lâche ou indigne de confiance. Simplement, notre relation était compliquée, et si jamais nous venions à enfreindre les règles, ce serait comme des munitions que je lui offrais.

J'étais cruellement pessimiste, ou plutôt pragmatique, je ne pouvais me défaire de l'idée que si ça ne marchait pas entre nous, Jay serait capable de me faire du mal, de me faire du tort. Il lui serait facile de me trahir.

Cette pensée me terrorisait, bien qu'elle soit sans doute infondée. Il était bien trop tôt pour penser à une rupture et même si cela arrivait, Jay n'était pas ce genre de personne. Je le sentais au fond de moi, mais ma peur m'empêchait de raisonner. Ou plutôt elle me faisait voir les choses avec une clarté morbide. Envisager le pire permettait de parer à toutes éventualités.

D'un autre côté, ses paroles avaient du sens. Nous ne faisions rien de mal, quand bien même notre relation ne convenait pas aux normes. Le fait qu'il travaille pour moi n'influençait pas Jay, notre attirance était sincère, honnête. Cette histoire d'ascendant ne s'appliquait pas à nous et cela devait compter, non ?

Tout ce qui m'importait était de faire partie de sa vie. Le sexe était le bonus de notre attraction, s'en priver n'avait aucun à nos yeux, seulement à ceux qui ne nous connaissaient pas. Si Jay prônait la vérité, alors je n'aurais jamais aucun problème.

Jay entoura mon cou de ses bras, se redressant sur ses genoux pour accentuer notre baiser. Sa langue virevoltait contre la mienne et le désir reprit ses droits sur mon corps.

— J'ai dit à mes parents que je dormais chez Hugo ce soir, alors je peux rester ici, chuchota Jay contre mes lèvres.

Pas tellement surpris par cette entourloupe, je fronçai néanmoins les sourcils de désaccord.

— Je ne veux plus que tu fasses ça, Jay. Ne mens plus à tes parents pour me voir.

— Mais...

— Non, assénai-je,  plus durement. C'est la dernière fois que tu fais ça. Je ne veux pas qu'ils apprennent que tu leur mens pour dormir chez moi ! Tu imagines l'image qu'ils auraient ?

J'expliquai alors ce que j'avais appris au cours de mes dernières recherches. La majorité sexuelle et le détournement de mineur n'était pas nécessairement lié.

Il est question de détournement de mineur lorsqu'un adulte soustrait un mineur aux adultes ayant l'autorité sur lui. Cela se référait à la majorité civile, dix-huit ans, ainsi le caractère sexuel n'entrait en ligne de compte.

Plusieurs exemples éclaircissaient les choses. Un adulte ne peut pas inciter à la violence, au délit, au crime, à la consommation de produits illicites ou dangereux tels que les drogues ou l'alcool. De même, un adulte ne pouvait pas héberger - ne serait-ce que pour une nuit - un mineur sans l'accord de ses parents. Cela pourrait se retourner contre moi et l'avis de Jay n'y changerait rien.

— Je... d'accord, concéda-t-il en hochant la tête.

La gorge nouée, j'aspirai une grande bouffée d'oxygène pour me reprendre. Je saisis Jay par la taille et le portai jusqu'à ma chambre. Il poussa un cri de surprise et s'accrocha à moi tel un singe à son arbre. Son torse pressé contre le mien m'envoyait les vibrations saccadées de ses battements de cœur affolés.

Mon cerveau me remémora la sensation divine de sa bouche rose sur mon corps, léchant et suçant ma peau. Mon excitation grimpa en flèche à l'idée de dormir à nouveau avec Jay dans mes bras. Surtout après cette conversation. Avais-je réellement accepté de faire plus ? De lui faire aveuglément confiance ?

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