Allongée sur le lit, les paroles du prince n'avait cessées de se répéter dans sa tête: je vous aime... J'aurais aimé mourir et ne pas vous blesser...
Assaillie par ses paroles, elle avait fini par s'écrouler de fatigue mais cela n'avait été d'aucun répit puisqu'elle fit d'affreux cauchemars lui rappelant une sanglante nuit.
La jeune femme fut réveillé en sursaut par un fort grondement. Un peu effrayée et encore endormie, elle regarda par la fenêtre pour voir d'où venait cet étrange bruit: elle découvrit que la nuit était tombée depuis fort longtemps et qu'un orage faisait rage. Au vu du ciel, il était bien tard, le dîner était passé depuis plusieurs heures et pourtant personne n'était venue l'a prévenir, ce n'était jamais arrivé depuis qu'elle était revenue à Champigny.
Si le tonnerre grondait dehors, le château, lui, était parfaitement silencieux pourtant les paroles du prince revenait dans un bruit assourdissant à ses oreilles. Il lui fallait le voir, lui parler. Elle sortit alors de sa chambre pour se rendre à celle de son ami, toqua à la porte de cette dernière mais aucune réponse. La porte, cependant, qui n'avait pas été fermée s'entrouvrit, la demoiselle se permit alors un regard: personne.
Un frisson parcourut son corps, où pouvait bien être Philippe à une heure si tardive?
Elle descendit alors à la salle à manger, qui elle aussi était vide. La jeune femme s'affola un peu plus. Elle avait déjà vu ce que son ami était capable de faire sous le coup de la colère mais qu'en était-il pour la tristesse?
Dans tout le château, elle chercha. Au détour d'un couloir, elle croisa un servant qu'elle interrogea:"
-Savez-vous où est le prince?, demanda-t-elle inquiète.
- Non, mademoiselle, répondit ce dernier un peu gêné. Monseigneur est parti à la chasse en fin de journée. Nous n'avons, depuis, nulle nouvelle.
- Ni d'un quelconque servant?, s'empressa de demander la jeune femme.
- Que voulez-vous dire?
- Personne ne part seul à la chasse, cela est bien trop dangereux!, répondit Alexane pour qui cela était évident. Il y est bien allé avec quelqu'un, n'avez-vous aucune nouvelle de cette personne ?".
Le domestique ne sut quoi répondre, cependant Alexane comprit bien ce que signifiait ce silence:"
- Il..., bafouilla-t-elle. Il est parti seul?
- Oui mademoiselle, répondit faiblement l'homme qui n'osait pas croiser son regard".
La jeune femme eut l'impression d'un coup dans le coeur. Elle se précipita sur la terrasse, sous la pluie battante, elle espérait voir son ami revenir mais seuls les éclairs brisaient le silence de la nuit.
Les questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme: où était-il ? Pourquoi était-il parti? Qu'est-ce que Philippe serait bien capable de faire le cœur meurtri? Après tout le lui avait-on pas enseigné depuis petite que l'amour est la chose la plus incommode du monde?
Détruite, ne sachant plus quoi espérer de la vie, elle resta sous la pluie battante, ne cessant de s'infliger toutes les horreurs lui passant par la tête, jusqu'à se convaincre que tout cela était de sa fautes et que les Chabannes seraient sûrement plus heureux si elle n'était jamais née.
Un bruit lointain parvint cependant à la sortir de ses internes tortures: un cheval galopait non loin de la demeure. Une lueur d'espoir que le destin tacha de vite étouffer, il y avait un cheval, en effet, mais aucun cavalier. Le cœur d'Alexane se serra encore un peu plus en voyant cette monture galoper seule vers les écuries. De peur qu'il se blesse avec les rênes pendantes, elle alla l'aider. Elle essaya de se convaincre que cela pouvait être la monture de n'importe qui, mais encore une fois, on la ramena vite à la raison, en voyant l'harnachement, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de la monture du prince.
Machinalement, Alexane amena l'animal aux écuries pour lui enlever brides et selle. Ses gestes étaient presque automatiques, la pensée de la demoiselle se concentrait sur bien d'autres choses, sur le prince.
Il était seul, dans la nuit, par temps d'orage...
Mais cela ne suffit pas à l'esprit de la jeune femme, qui imaginait toujours le pire.
S'il avait été désarçonné, peut-être était-il blessé, et sans personne pour le savoir ni monture pour rentrer comment ferait-il. Peut-être ne reviendra-t-il jamais, peut-être était-il déjà mort...
Alexane tenta de chasser ses mauvaises pensées mais elles revenaient sans cesse, encore pire que les précédentes.
Des aboiements l'a firent sortir de ses pensées. Elle baissa les yeux et vit un des chiens de garde, ce dernier entendant du bruit dans l'écurie, avait cru au retour de son maître mais il n'en était rien:" Toi aussi, tu te demandes où il est ?, murmura-t-elle en caressant délicatement la tête du molosse".
La jeune femme était perdue, elle aurait voulut hurler, pleurer, crier... Elle eut même l'idée de partir à la recherche du prince, mais cela était impossible: la pluie avait effacé les pas du cheval, elle ne pourrait les suivre pour retrouver son ami, de plus ce serait prendre un grand risque que de partir à cheval de nuit et par ce temps. Mais voilà, elle ne pouvait pas ignorer que l'absence de Philippe lui pourfendait le cœur.
Pourtant qu'était-il pour elle? Un homme rencontré par hasard dans une forêt? Un ami de longue date de son paternel? Un homme dont les émotions rendent fou? Un... Ami? Non, c'était bien plus que cela... Elle le savait mais elle ne savait pas comment nommer cela.
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Alexane de Chabannes
Fanfiction« Vous disiez donc qu'une femme vous a transmis... risqua la Princesse - Je n'ai pas dit cela, répondit aussitôt Monsieur de Chabannes. - Cette femme que vous cachez, c'était votre femme ? demanda Marie. » Oui, Monsieur de Chabannes a une femme, en...