Chapitre trente

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Le jour était déjà levé depuis un long moment lorsque Alexane ouvrit les yeux. Regardant autour d'elle, elle fut un peu confuse de se retrouver dans sa chambre. Dans ses souvenirs, elle était au côté du prince la nuit dernière et non dans cette pièce.

Le prince... A la simple pensée du jeune homme, le cœur de la demoiselle s'emballa et ses joues rougirent. Ils s'étaient embrassés et ce baiser, elle l'avait apprécié, était-ce ça l'amour? Était-elle amoureuse?

Un mal de tête l'a faisait souffrir et ses yeux lui étaient douloureux. Elle se leva puis alla se passer de l'eau sur le visage, se disant que si la douleur persistait, elle irait chercher quelques ulmaires(1). Alexane passa finalement un pourpoint sur ses épaules puis sortit de la chambre.

La jeune femme se dirigea par la suite à la salle à manger afin de manger un morceau. Elle y croisa un servant, lui informant que le dîner était servi. Ne voyant son ami, Alexane prit la décision d'aller le prévenir. Devant la chambre, elle toqua doucement:" Philippe..?". Mais elle n'eut aucune réponse. Cependant, la porte n'étant pas verrouillée elle s'entrouvrit suite au léger coup. Alexane recula d'un pas, gênée.

Devait-elle entrer? Elle hésitait... Ils étaient amis, voire un peu plus depuis la nuit dernière mais cela lui donnait-elle le droit de prendre autant de libertés?

Elle finit par entrer à pas de loup. Dans son lit, Philippe dormait à poing fermé, ronflant légèrement. Rougissant, elle se demanda s'il était normal de trouver cela mignon. S'approchant lentement du bord du lit, elle répéta doucement :"Philippe...?". Pour toutes réponses, le jeune homme se retourna, lui tournant alors le dos. L'homme était torse nu et alors, pris de curiosité, elle regarda avec terreur les cicatrices de son ami. Elles étaient encore plus marqués et profondes que celles qu'elle avait vues la veille. Il fallait, à ses yeux, avoir bien peu de cœur pour infliger de tels coups à son enfant. Certes, elle n'avait jamais trouvé le duc de Montpensier très amical, mais elle n'aurait jamais imaginé de telles horreurs.

Le jeune homme se retourna de nouveau, laissant apparaître de nouvelles blessures. Le prince se réveilla, les yeux mi clos, il vit la jeune femme et abhorra un grand sourire:" Quel agréable réveil, murmura-t-il".

La jeune femme recula en un rire embarrassée:" Je..., bafouilla-t-il, je suis désolée, je n'aurais pas dû me permettre d'entrer...".

Le jeune homme se redressa:" Au contraire, cela m'emplit de joie, dit-il".

Il prit la main d'Alexane et la baisa. De nouveau, le cœur de la jeune femme se mit a tambouriner dans sa poitrine.

C'est pour cela que l'on dit que l'amour est la chose la plus incommode au monde? On frôle tout le temps l'arrêt cardiaque!

La gêne de la jeune femme ne passa pas inaperçu:"

- Cela ne va pas, Alexane?

- Tout va bien, répondit-elle encore un peu plus gênée.

- Vos joues sont rouges, vous ne croisez pas mon regard...

- Je me questionne, voilà tout, souffla Alexane.

- A quels propos?

- A propos de nous. Que sommes-nous?, demanda-t-elle les joues plus rouges que jamais.

- Que voulez-vous dire?

- Vous le savez bien, répondit la jeune femme dont les mains tremblaient. Nous nous sommes embrassés, nous avons partagé un baiser...".

Philippe, voyant son amie tremblante de panique, prit de nouveau sa main dans la sienne qui cessa alors de trembler. De son autre main, doucement placé sous le menton de son amie, il invita la jeune femme à relever le regard, ses yeux brillant l'a rendait encore un peu plus adorable. Le prince s'efforçait de paraître rassurant, mais cela est diablement compliqué de convaincre les autres lorsque l'on est déjà pas sûr de ses émotions.

Il sourit:"

- M'aimes-tu?, demanda-t-il alors (c'était la première fois qu'il prenait la liberté de la tutoyer mais il n'y avait même pas fait attention).

- Oui, répondit faiblement la jeune femme.

- Alors, dit-il en souriant, il me semble que l'on appelle cela des "amants"".

Alexane laissa échapper un sourire. Le prince lui ouvrit les bras et la jeune femme si jetta sans hésitation. Le poignet du jeune homme lui était encore douloureux mais il serra tout de même Alexane dans ses bras. Son cœur aussi battait la chamade, Alexane le sentait bien. Philippe souhaitait que cette étreinte ne finisse jamais: les mains délicate de la jeune femme se rejoignait dans son dos, sa tête délicatement posé contre son torse, tout cela l'emplissait de bonheur. Alexane baisa sa nuque et un frisson parcourut son corps, il chuchota alors :"

- Mon nom, je te le donne. Ma fortune est à toi. Ma vie je te la livre". (2)

La jeune femme ne répondit pas, cependant il sentit l'étreinte se resserrer et une larme couler sur son torse, mais c'était des larmes de joie, il en était convaincu et il avait raison. Délicatement, il essuya les larmes du dos de sa main avant, à son tour, de déposer un baiser dans la nuque de sa bien-aimée.

Après une éternité qui parut durer quelques secondes, Alexane sortit des bras du prince:" Je t'aime, Philippe !

- Moi aussi, répondit le jeune homme avec un large sourire".

Alors que Alexane se leva du lit, Philippe tenta d'en faire autant. La jeune femme détourna le regard de peur que son ami n'ait pas de bas. La pudeur de la demoiselle la faisait paraître encore plus adorable aux yeux du jeune homme. Le prince prit un drap posé sur son lit afin de cacher le bas de son corps. A peine posa-t-il le pied au sol qu'une vive douleur ressurgit dans son corps, ses jambes le faisaient atrocement souffrir, il avait oublié ce détail... Ses crispations de douleur ne passèrent pas inaperçues:"

- Ça ne va pas, Philippe?, demanda la jeune femme.

- Rappelez-moi d'arrêter les cabrioles, répondit-t-il en s'efforçant de sourire ".

Alexane ne put réprimer un rire, ce qui fit plaisir à son ami. Tant bien que mal, il enfila un bas et une chemise. Si Philippe tentait de marcher normalement, force était de constater qu'il boitait:"

- Vous allez vous blesser, plaisanta la demoiselle"

Elle l'invita à prendre appui sur son épaule, ce qu'il finit par accepter. Ainsi, les deux jeunes gens allèrent à la salle à manger, ils étaient tous les deux affamés. Après un copieux repas, ils allèrent profiter du soleil que leur donnait cette fin d'été dans le jardin du château. A défaut de pouvoir se promener, au vu de leurs blessures, ils restèrent longuement sur la terrasse. Ils ne rentrèrent qu'à l'heure du souper. Tous deux fatigués de leur aventures nocturnes, ils allèrent, par la suite, se coucher. 

Notes 

1. Ulmaires: ancien noms des fleurs aujourd'hui appelées reine-des-prés utilisées contre la douleurs.

2. Citation emprunté aux Pardaillan tome 2.

Bonjour, 

Merci d'avoir lu ce chapitre, cela me fait extrêmement plaisir. Je vous présente mes sincères excuses pour la longue période entre deux sortie de chapitre, je vais me mettre un coup de pied au popotin pour la dernière ligne droite.

Encore merci :)

Alexane de ChabannesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant