Les jours passèrent et ils arrivèrent au château des Mézières. Le soleil n'était pas encore haut dans le ciel, pourtant l'on s'affairait déjà activement dans la cour du bâtiment. À peine eurent-t-ils passé le pont-levis que Philippe mit pied à terre afin de saluer son cousin, le duc de Guise, qui venait à sa rencontre.
« Mon cher cousin, s'exclama le jeune prince, cela faisait si longtemps que nous ne nous étions point vus !
- Si longtemps que j'oublierai presque à combien nous en sommes dans notre combat ! répondit le duc de Guise avec un sourire taquin.
- Vous le savez très bien : vous menez de trois touches depuis Longjumeau..., s'exclama le prince en souriant
- Seulement trois ?
- Oui, seulement trois, dit-il en sortant son épée de son fourreau. Je vous en ai repris deux derrière le Louvre ! Votre mémoire est courte mon cher cousin... »
Ils commencèrent à ferrailler. « Les hommes sont vraiment puérils ! » pensa Alexane, mais elle se garda bien de le dire à haute voix. Fort heureusement, car la jeune fille ignorait complètement qui était ce "cousin" du prince. N'osant pas demander et jugeant la chose peu importante, elle ne comprit donc point qu'elle avait devant elle le grand duc Henri de Guise. Pourtant, celui-ci ne lui était pas inconnu...
Monsieur de Chabannes descendit de sa monture, et Alexane fit de même en scrutant les alentours. Le château était de toute beauté. La jeune fille ne bougea pas plus, car c'était la première fois qu'elle était montée à cheval pendant aussi longtemps. Elle ressentait une douleur dans les jambes et eut peur que celles-ci ne puissent la supporter si elle essayait de marcher. De plus, elle craignait de faire un geste maladroit qui la discréditerait.
Un homme, qui semblait être au moins aussi âgé que son père, sortit quelques instants plus tard du château. Le comte informa sa fille qu'il s'agissait du marquis de Mézières. Ce dernier semblait agacé par le combat qui se déroulait devant lui, Alexane n'était donc pas la seule à trouver ces jeune homme puérils. « Et bien, jeunes gens, quelle impatience ! Saluez-nous d'abord, vous aurez le temps de vous égratigner dans la soirée ! » s'exclama le marquis. Puis, se tournant vers le prince, il dit à celui-ci :
« Au reste, votre père souhaite vous entretenir en privé.
- Je le sais bien, répondit Montpensier en rangeant son épée, c'est pour cela que je suis ici ! »
Un autre homme arriva et entraîna le jeune homme à l'écart. Alexane en déduit qu'il devait être le père du prince. « À vous aussi on veut parler. Votre oncle attend dans la galerie. » ajouta le marquis à l'intention du duc. Le sourire mesquin de ce dernier s'effaça, mais il ne laissa apparaître aucune émotion. « Soit ! fit-il. Nous reprendrons plus tard. »
Chabannes n'avait pas la moindre idée de ce dont Montpensier souhaitait faire part à son fils, mais le fait que l'on veuille aussi s'entretenir avec Guise ne présageait rien de bon. « Alexane, ne voudriez-vous pas vous occuper des chevaux ? Il me semble que les écuries sont justes un peu plus loin. » dit-il. La jeune fille connaissait très bien son père, elle comprit parfaitement qu'il usait de belles phrases pour simplement lui dire de ne point rester ici. Pourtant, elle fit semblant de ne pas avoir remarqué. « M'occuper des chevaux ? Père, je ne suis pas Nicolas ! » répliqua-t-elle en gloussant. Cette drôlerie n'amusa pas le comte. « Ce n'est point le moment d'être comique ! Allez aux écuries et rejoignez-moi ensuite. » Chabannes prononça ces mots avec tant de sévérité que sa fille ne put rien répondre. Elle baissa les yeux et partit avec les chevaux en direction des écuries.
***
Le comte, quand à lui, se dirigea vers la demeure. Lorsqu'il arriva dans la cour du château, Montpensier avait fini de parler à son fils et se retirait. Le sourire qu'avait le prince jusqu'à lors finissait de s'effacer lentement, et son visage était devenu aussi blanc que sa chemise. Inquiet de voir son ami ainsi, Chabannes vint lui parler.
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Alexane de Chabannes
Fanfiction« Vous disiez donc qu'une femme vous a transmis... risqua la Princesse - Je n'ai pas dit cela, répondit aussitôt Monsieur de Chabannes. - Cette femme que vous cachez, c'était votre femme ? demanda Marie. » Oui, Monsieur de Chabannes a une femme, en...