Chapitre trente-trois

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Philippe prit une grande inspiration, ce moment il l'avait tant redouté.

Il s'était préparé, malgré les plaisanteries d'Alexane assurant que cela n'était pas si important.

Il avait passé de l'eau sur son visage, tenté d'ordonner ses cheveux, revêtu son pourpoint vert en meilleure état, qu'Alexane trouvait toujours aussi hideux mais elle se gardait bien de le dire. La jeune femme, amusée, se demandait même s'il n'avait pas fait cirer ses bottes.

Toutes ces préparations ne l'avaient pour autant rassuré maintenant qu'était venu le moment, il regrettait d'avoir accepté. Mais comment refuser quelque chose à Alexane ? Lorsqu'elle le regardait passionnément de ses beaux yeux noisette et qu'elle arborait son si jolie sourire, il ne pouvait rien refuser.

Mademoiselle de Chabannes, à ses côtés, était elle, tout sourire. Il sentit sa douce main tenir la sienne:

- Philippe, tout ira pour le mieux. Nul besoin de t'angoisser ainsi; chuchota-t-elle.

- Facile à dire pour une jolie demoiselle qui n'a rien à se reprocher...; chuchota le jeune homme. Moi qui ai si mal agi, en revanche...

Il ne finit pas sa phrase, depuis ce matin il n'avait cessé de répéter la même chose. Alexane l'avait tant entendu, qu'elle devait être capable de réciter ses dires mot pour mot. Il regarda Alexane, son sourire le réconfortait un peu. La jeune femme montra d'un signe de tête la porte: il était temps.

- Il sera heureux de te voir, murmura Alexane avant de lâcher la main de son amant. ;

La demoiselle toqua de trois coups sur la porte. Elle attendit une réponse, s'apparentant davantage à un faible marmonnement avant d'entrer, laissant le prince sur le pas de la porte.

- Père !; s'exclama-t-elle d'un ton enjouée. Comment vous portez-vous aujourd'hui ?

- Bien, mon enfant; répondit faiblement François.

Le comte était légèrement redressé sur son lit. La convalescence l'avait fortement amaigri, ce qui était une source d'inquiétude pour sa fille qui avait déjà remarqué sa maigreur depuis le début de la guerre. Ses joues en étaient, notamment, creusées. Il s'était vêtu d'une chemise (visiblement avec difficulté puisque les boutons étaient aléatoirement fermés) et d'un pantalon simple.

- Vous vous êtes habillé seul? Que d'amélioration de votre santé, cela me ravi.

- Vous aviez laissé mes vêtements à mon chevet, ce n'est pas un exploit que d'enfiler une chemise; grommela le comte.

- Dois-je vous rappeler, Père, la blessure que vous avez reçu ? Que vous soyez vivant est un exploit et chaque mouvement que faits sont d'autant plus d'exploit. Ne soyez point si dure avec vous-même...

Le vieil homme sourit légèrement:

- Plutôt qu'essayer de me flatter... Aidez-moi donc à m'asseoir...

La jeune femme acquiesa en s'avançant. Elle plaça une main dans le dos de son père,l'autre sur son bras. François s'assit douloureusement:

- Ah... Mon enfant, je suis dans un bien piteux état, radota le comte.

- Mais non, Père. Votre santé s'améliore de jour en jour!

Le comte ne laissa échapper qu'un léger râle.

- D'ailleurs, Père! Quelqu'un souhaite venir vous saluer, dois-je le faire entrer ?

- S'il souhaite s'infliger cette vue, répondit le comte en se décrivant d'un faible geste de main.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 25 ⏰

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Alexane de ChabannesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant