8.
Cathy
Gabriel quitta l'immeuble avec fureur. Mes larmes coulèrent à nouveau. Voilà que je me mettais à pleurer encore. J'étais pathétique et je décevais tout le monde en ce moment. Lucas avait tenté de le rattraper mais c'était peine perdu. Le basané l'avait menacé de le cogner s'il ne dégageait pas sur le champ. Mon meilleur ami était donc revenu bredouille.
Je séchai les larmes et courus sous la douche pour me débarrasser de toutes ses ondes négatives apparues depuis hier après-midi. Il était temps pour moi de redevenir celle que j'étais auparavant : celle qui passait du temps avec ses amis, qui prenait des nouvelles de sa mère et qui ne se laissait pas abattre à la première contrariété. J'étais plus forte que ça, plus courageuse. Je m'habillai rapidement d'un sweat à capuche, un jeans bleu et mes vieilles Converse. Je terminai de me préparer, brossai mes dents et sortis de la salle de bain. Je pris une briquette de jus de pommes et attrapai mon sac de cours sur la chaise de mon bureau. J'enfilai mon manteau et m'approchai de l'entrée.
Lucas m'arrêta dans ma course, encore en pyjama :
« Où est-ce que tu vas ?
-En cours. »
Je ne fis presque pas attention à lui. Je vérifiai que je n'avais rien oublié pour la journée et alertai rapidement Lucas :
« Je prendrai le bus. »
Je n'attendis même pas sa réponse. Je claquai la porte aussi vite que je l'avais ouverte. Je dévalai les escaliers et sortis de l'immeuble. Je marchais quelques minutes dans les rues de Grenoble. Il faisait nuit. Je n'étais pas tellement rassurée de me promener de si bonne heure mais je voulais prendre l'air pour pouvoir réfléchir à tout ça. Mon bus passait dans 45 minutes. J'en profitais pour faire un bout de chemin à pied. Je pris à droite au tournant et passai devant mon arrêt de bus sans m'y arrêter. J'avais le temps, je me dirigerai vers le prochain et découvrirai quelques recoins de la ville.
Je repensais à tout ce qu'on s'était dit avec Léa au téléphone. Elle avait raison. J'avais négligé mes principes, mes valeurs pour un mec détruit par la haine. J'avais tourné le dos aux femmes en témoignant pour le parti de Gabriel. Je rallumai mon téléphone, éteint depuis hier soir, afin d'écouter de la musique. Je découvris également plusieurs textos. Les premiers étaient ceux de mon petit ami :
Tu me fais la gueule ? (envoyé à 18h30)
Il t'arrive quoi là ? (envoyé à 20h45)
Je n'arrive pas à dormir. (envoyé à 1h)
Putain, tu fais chier. (envoyé à 2h21)
Je t'aime ? Pardon ? (envoyé à 5h50)
Je culpabilisais de ne pas lui avoir répondu mais c'était trop tard. Il n'allait sûrement plus me parler pendant un certain temps. Il se faisait des idées mais il refusait de m'écouter. Léa avait raison, il ne changera pas. Mais je l'aimais.
Je continuai ma route les yeux vidés et dénués d'émotions. Je ressassais encore ce témoignage.
Gabriel est innocent.
Il ne l'était pas. Il l'était et sera toujours coupable de cette agression mais c'était trop tard encore une fois. J'avais agi comme une idiote. J'étais un monstre de protéger un mec violent plutôt que cette jeune femme innocente qui n'avait rien demandé à personne. Gabriel ne cherchait même pas à se remettre en question, il voulait seulement éviter d'avoir un casier judiciaire rempli. Il s'en foutait des répercussions que cela pouvait avoir sur les autres. Mon petit ami était égoïste mais je voulais croire qu'il pouvait être une bonne personne. Il l'était avec moi, il était...gentil.
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Emprise
Teen FictionGabriel est un garçon de vingt ans tourmenté par la colère avec un langage vulgaire. Il semble tout le temps détester le monde qui l'entoure. Cathy, dix neuf ans, fait son entrée dans l'université. Elle essaiera d'apaiser les maux de Gabriel avec se...