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Gabriel.

Ce matin, Arsène était resté avec moi pour surveiller mon état général. J'ai effrayé la bande avec mes conneries et je me sentais comme un gamin. J'étais l'un des plus vieux du groupe et c'était moi le moins mature. J'étais vêtu d'un des joggings de Lucas et un de ses tee-shirts bleus très moche. Bon, je ne peux pas me plaindre : je ne vais pas garder mes fringues bouseuses qui ont vécu toute une nuit sur un banc dans un parc miteux.

J'étais dans le salon avec Arsène et après maintes négociations, j'avais enfin eu son feu vert pour jouer à la play avec lui. Nous étions en train de nous disputer un match de football lorsque je lui demandai, beaucoup trop curieux depuis quelques temps :

« C'était quoi ta relation avec Kate ?

-Avec Kate ? Depuis quand est-ce que tu t'intéresses à une fille et surtout la meilleure amie de Lucas, tu veux ta mort ?

-Ne pose pas de questions et réponds à la mienne. »

Ce n'est pas parce que je suis malade que je vais me montrer plus ouvert à la discussion. J'étais maussade ce matin, je voulais des réponses. Je ne savais pas ce que je voulais : Est-ce que je tente une relation amoureuse ? Je l'ignorai, elle me plaisait et j'étais fou de jalousie de savoir qu'elle avait eu un flirt avec Arsène. Le bouclé soupira :

« Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?

-Tout.

-Très bien. Je connais Cathy depuis les couches. J'avais un an de plus qu'elle et Lucas. Nous étions allés dans la même école primaire, le même collège et le même lycée. Nous étions toujours collés à trois. A vrai dire, à l'époque moi et Lucas n'avons pas vraiment de succès avec les filles et Kate a toujours été un modèle pour nous. Elle nous consolait, nous grondait dessus lorsque l'on se dévalorisait. C'est une perle rare cette fille et j'espère sincèrement que tu ne lui feras jamais de mal Gaby. »

J'écoutais son discours en souriant. J'étais content de savoir qu'au fur et à mesure des années, elle a toujours cette fille débordantes d'énergie prête à aider le monde. Arsène perdit un peu son enthousiasme :

« Sa joie de vivre s'est pourtant éteinte un matin de février lorsque son père est décédé. Je ne sais pas si elle t'en a parlé.

-Elle m'en a parlé, lui confirmé-je presque silencieux.

-Elle te fait confiance alors. C'est une fille forte et courageuse et j'ai flashé sur elle au lycée. Je la trouvais tellement belle, elle me faisait monter mes premières hormones. J'ai flirté avec elle durant un an mais Lucas a fini par tout découvrir et n'a pas supporté le fait que je puisse être attirée par sa meilleure amie.

-J'ai eu le même sermon par Lucas, lui avouai-je les yeux rivés sur la télévision. Il m'a prévenu que si je touchais à sa meilleure amie, j'allai le payer cher. Au final, il me laisse l'approcher d'assez près.

-Kate a du te valoriser. »

Me valoriser ? Je suis étonné qu'elle puisse bien parler de moi. Arsène reprit plus fermement :

« Aujourd'hui, Kate est ma petite sœur et si tu lui brises le cœur, je ne te le pardonnerai jamais. »

Je déglutis. Avec moi, personne n'est à l'abri de s'en prendre plein la gueule. J'ai très mauvais caractère et mon impulsivité a blessé de nombreuses fois mon entourage. N'étant pas un fada du sujet, je demandai :

« Tu as des cigarettes ?

-Non et même si j'en avais, tu n'en fumeras pas.

-J'ai besoin de fumer, lui répondis-je en toussant, j'ai besoin de ma dose de nicotine.

EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant