Destiny Tome 1 : Choisis-moi

CHAPITRE 31

Juliette

Je soupire et pose mon front contre le volant de ma voiture en fermant les yeux. C'était moins une cette fois. Un peu plus et j'appelais Dean ou Bobby. Voilà plusieurs semaines que je chasse des monstres toute seule, et j'ai bien failli me faire attraper par ce démon. J'ai eu chaud avec mon exorcisme. Il faudra que je pense à remercier Ellen avec son affaire merdique...
J'ai rencontré Ellen après avoir quitté Dallas. Après avoir passé des heures sur la route à la recherche d'une affaire, je me suis arrêté devant un bar appelé le « Ellen's House ». J'étais épuisée et j'avais besoin d'une bière pour me requinquer. En passant les portes du bar, je me rends compte qu'il est plein de clients. La plupart des hommes. Je soupire en prenant la direction du bar et m'installe sur un tabouret.
— Bonsoir, qu'est-ce que je te sers ? me questionne une femme en approchant de moi.
— Du boulot ? suggéré-je en haussant les épaules.
— Oh là ! Ça n'a pas l'air d'aller ma petite.
— J'ai passé des semaines à étudier, à m'entraîner... tout ça pour ne pas pouvoir faire mes preuves.
— Tu t'es entraîné dans quel métier ?
— Je ne pense pas que ce soit important... souris-je nerveusement.
Je pense en avoir trop dit.
— Pourrais-je avoir une bière, s'il vous plaît ?
— Je te sers ça de suite.
Elle s'éloigne pour attraper une bière qu'elle me tend, quand quelque chose attire mon attention. Une vieille coupure de journal avec un nom que je connais.
— Vous connaissez les Winchester ?
La femme fronce les sourcils avant de se tourner vers l'endroit que je regarde, puis elle se tourne une nouvelle fois vers moi.
— Tu les connais ?
— Oui, se sont des amis. C'est qui m'ont entraînés.
Tandis qu'elle essuie un verre propre, elle s'immobilise quelques secondes avant de lever les yeux vers moi.
— J'imagine que si tu connais Sam et Dean, tu connais aussi Bobby et le métier qu'ils exercent...
— Nous pratiquons le même métier tous les quatre.
La barmaid pose son chiffon sur le comptoir auquel elle s'appuie de sa main libre, et pose le verre pour s'appuyer de son autre main.
— Quelle est ton histoire ? Papa et maman sont morts, et tu as embarqués pour venger leur mort ?
— Pas tout à fait. Mon frère et moi avons surpris mon meilleur ami en train de charcuter Sam il y a trois ans. Nous nous sommes enfuis, mais il nous a retrouvé et nous a emmené dans la crypte où se trouvait Sam. Mon meilleur ami allait me tuer, mais mon frère s'est sacrifié à ma place. Dean est arrivé juste après.
— Qu'est-ce que ce c'était ?
Je fronce les sourcils, surprise de l'entendre me poser cette question. Hésitante, je décide de jouer les innocentes.
— Qu'est-ce que c'était quoi ?
— Je t'en prie, ne joues pas à ça avec moi. Je sais que tu es un Chasseur. Tous les clients de ce bar en sont.
Je hausse les sourcils et tourne la tête vers les clients qui boivent entre eux et qui rient d'une voix tonitruante. Certains jouent au billard en pariant, et d'autre jouent au fléchettes.
— Alors à quoi tu avais affaire ?
— Une goule, soupiré-je en lui faisant à nouveau face.
— Oui, ce n'est pas de la tarte de les différencier des êtres-humains. Je m'appelle Ellen. Et ma fille que tu vois là-bas en train de servir des clients, s'appelle Jo.
— Enchantée. Je suis Juliette, me présenté-je en tendant ma main pour serrer celle que me tend Ellen.
— Ravie de te rencontrer. Donc comme ça, ça fait trois ans que tu Chasses ?
— Non. J'ai recroisé la route de Sam et Dean il y a quelques semaines. Ils m'ont sauvé d'un ami qui n'était autre qu'un Vampire, et de son groupe. À Dallas. J'arrêtais pas de faire des cauchemars sur ces Vampires alors Sam m'a demandé de le rejoindre pour m'aider. Et j'ai découvert que ce n'«était pas Sam, mais une goule qui se faisait passer pour son frère et qui lui avait prit son téléphone pour se faire passer par moi. Enfin bref. Ils ont décidés de me garder et de tout m'apprendre pour que je devienne moi-même Chasseuse.
— Et c'est lequel des deux qui t'a brisé le coeur.
Je me fige en levant les yeux vers la femme, surprise, et me mets à rougir.
— Moi aussi j'ai eu le coeur brisé dans ma jeunesse. Je sais reconnaître une femme qui est dans ce cas.
Je soupire en laissant tomber mes épaules.
— Sam... marmonné-je.
— J'aurais pariée sur Dean ! me taquine Ellen en m'adressant un clin d'oeil.
— Qu'a-t-il fait ?
— Il n'a pas choisi la bonne personne entre moi et elle. Il a préféré la suivre en me laissant me vider de mon sang lorsqu'elle m'a blessée, au lieu de me venir en aide.
Je baisse les yeux sur ma bière avant de prendre une longue gorgée.
— Il n'a fait que la choisir elle, ajouté-je après avoir avalé ma bière.
— Les hommes... soupire alors Ellen, d'une voix compatissante.
— Ouais... marmonné-je. J'ai alors décidé de prendre la route seule, mais je t'avoue que je ne sais pas comment dénicher les affaires.
— Ce n'est pas un soucis, ça. On t'en dénichera si tu veux. Tu n'as qu'à bosser avec nous en faisant le service comme Jo, et non seulement tu sera rémunérée, mais en plus tu pourras prendre des affaires qu'on te trouveras. Enfin... si ça te dis. Nous avons une chambre d'amis, alors si tu cherches un endroit où crécher...
— Vous êtes sérieuse ? m'étonné-je en haussant les sourcils. Vous ne me connaissez même pas.
— On s'entraide entre Chasseurs. On est comme ça. Du moment que tu es réglo.
— Oui, ne vous en faites pas pour ça. Et merci beaucoup.

Je prends une grande inspiration en me redressant sur mon siège, et grimace de douleur en me rappelant l'énorme bleu sur mon omoplate et l'entaille au-dessus de ma hanche. Pour le moment j'y ai posé une gaze, mais dès que je rentre au motel il faudra que je trouve un moyen de suturer la plaie.
Je sors mon téléphone de la poche et défile dans mon répertoire de contact jusqu'à la lettre « J ». J'appuie que le bouton d'appel et porte mon téléphone à l'oreille. Ça sonne une fois, deux fois, puis ça répond.
— Juliette ? Ça va ? s'inquiète la voix de Jo.
— Oui, je vais bien. Je viens de neutraliser ces démons, soupiré-je. Mais je vais avoir besoin de toi si tu n'y vois aucun inconvénient. J'ai été blessée pendant que je me battais, et je n'ai pas encore appris à faire des points de suture. Est-ce que tu crois que tu pourrais me rejoindre pour m'aider ? Je suis à trois quart d'heures de route de vous.
Jo soupire dans le téléphone.
— D'accord, je te rejoins. Envoie-moi l'adresse.
Je la remercie avant de lui envoyer l'adresse par message. Suite à quoi, je démarre et prends la direction du motel où je dors le temps de résoudre cette affaire. Je dois avouer que conduire avec ce bleu à l'omoplate est vraiment inconfortable.

Une fois au motel, je m'assure que personne ne m'observe avant d'entrer dans ma chambre. Je pose mon arme sur la table de la chambre en soupirant et enlève ma veste en grimaçant de douleur. Je jette ma veste sur le lit et vais dans la salle de bain pour regarder mon épaule dans le miroir. Je grimace en voyant un bleu violet froncé presque noir, de la taille de la paume de ma main. Note à moi-même, regarder derrière la porte d'entrée en entrant dans une maison où l'on suspecte qu'il y a la créature que l'on traque.
Mon téléphone vibre dans la poche de mon jean. Je me détourne de mon reflet et quitte la salle de bain avant d'attraper mon téléphone. Je vois alors qu'il s'agit d'un message de Dean.

Dean Winchester : Il faut que je te parle.

Je fronce les sourcils. Pourquoi veut-il m'appeler maintenant ? Est-ce que lui ou Sam ont des ennuis ? Je ne perds pas de temps pour le rappeler.
— Ici Dean Winchester à l'appareil.
— Dean c'est Juliette. Dis-moi qu'il n'est rien arrivé à Sam ou Bobby ! m'exclamé-je alors.
— Non, ne t'en fais pas. Il ne lui est rien arrivé, m'assure la voix de Dean.
Je recule et me laisse tomber sur le lit en soupirant.
— Très bien... Alors qui a-t-il ? Que se passe-t-il ?
— Rien de particulier. Je voulais prendre de tes nouvelles.
Je fronce les sourcils.
— Tu m'envoies ce message super inquiétant pour juste prendre de mes nouvelles ?
— Il fallait bien puisque tu ne m'en donnes pas souvent ! proteste-t-il. Je te signale que nous sommes inquiets pour toi.
Je soupire en opinant silencieusement. Il n'a pas tort.
— Je suis désolée. Je reviens d'une affaire. Un groupe de démons. Je leur ai botté le derrière. C'est pratique de les voir sous leur vraie forme.
Dean se met à rire, amusé.
— Tu n'as pas eu trop de mal ?
— Ils m'ont donnés un peu de fil à retordre. C'était moins une d'ailleurs.
— Tu es blessée ? s'inquiète-t-il aussitôt.
— Non, ne t'en fais pas. Enfin si, mais c'est trois fois rien. J'ai seulement un bleu, et une petite coupure de rien du tout.
— Tu en es certaine ? insiste le Chasseur.
— Oui, soupiré-je en levant les yeux au ciel. Tout vas bien, je te remercie. Mais... si tu pouvais éviter d'en parler à Sam...
— Il sait déjà que nous nous parlons tous les deux. Et il aurait aimé que tu lui parles à lui aussi.
Je soupire en hochant la tête silencieusement. Quelque part, cet aveu me fait du bien. Mais d'un autre côté, ça me fait mal. Parce que je me rappelle de ce que Sam a fait, et je me rappelle qu'il m'a abandonné.
— J'aurais aimé aussi. Mais je n'y arrive pas. C'est trop dur... murmuré-je, soudainement à court de voix.
— Je te comprends, soupire Dean. Je vais te laisser. Ça va aller ?
— Oui, ne t'en fais pas. Je vais bientôt reprendre la route.
— Très bien. Alors on se reparle bientôt.
— Oui. À bientôt.
Je raccroche et prends une grande inspiration en balançant le téléphone par-dessus mon épaule qui retombe lourdement sur le matelas derrière moi. C'est plus dur qu'il n'y paraît de garder rancœur contre Sam. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je ne sais même pas comment je réagirais si je le revoyais.