CHAPITRE 42

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Juliette

— Pas de soucis, nous faisons vite. Merci de nous avoir appelé.
À travers la fenêtre ouverte de ma portière, je regarde Dean faire les cent pas à côté de sa voiture, tandis qu'il est au téléphone. Il raccroche, et revient vers nous avant de s'installer sur son siège.
— Alors ? lui demande Sam, curieux.
— Ça vous tente une virée à Housatonic dans le Massachusetts ?
— Housatonic ? s'étonne Sam en haussant les sourcils. Ça fait des années que n'y avons pas remis les pieds.
— Qu'est-ce qu'il y a à Housatonic ? le questionné-je à mon tour.
— Une affaire, répond Dean en me regardant à travers le rétroviseur intérieur.
— On aura qu'à en profiter pour rendre visite à notre ancienne baby-sitter, suggère Sam.
— C'est justement chez elle que l'on se rend. Elle nous en dira plus, une fois là-bas. Ça ne t'ennuie pas, Juliette ?
— Pas du tout, souris-je. Je ne vais quand même pas vous demander de renoncer à aider des gens que vous connaissez ! Et puis comme ça, on s'occupera.
— Parfait ! Alors en route.

Le lendemain, nous nous garons sur le parking devant la maison de l'ancienne baby-sitter, avant de couper le moteur. Il pleut un peu, mais c'est agréable. Et l'avantage, c'est que nous n'avons pas besoin de nous mettre en tenue d'agent du FBI.
Une fois installés dans le salon, notre hôtesse s'installe en face de nous sur le divan. Ayant passé plusieurs heures assise dans la voiture, j'ai préférée rester debout entre les fauteuils où sont installés Sam et Dean.
— Donna, je vous présente Juliette. Elle est avec nous depuis quelques temps.
— Enchantée, souris-je en tendant un main à la propriétaire pour la serrer.
— Moi de même, Juliette. Soyez la bienvenue.
— Merci.
— Dean et Sammy Winchester... soupire la femme en posant une assiette de gâteaux sur la table. On ne s'était pas revus depuis quand ?
— L'été avant mon entrée en sixième, lui répond Sam en souriant.
— Oui je m'en souviens. Tu t'étais fais ta liste de lecture tout seul comme un grand.
— C'est vrai ! J'avais complètement oublié ce détail, s'esclaffe Dean en regardant son frère qui sourit.
Ce dernier tourne ensuite les yeux vers la jeune fille adolescente assise juste à côté de sa mère.
— Ta maman a été la meilleure baby-sitter qu'on ait jamais eu.
— J'étais femme de chambre à l'époque, explique la femme à sa fille. Au May Flower, du côté de l'autoroute. C'est bien avant que tu naisses. Leur papa avait l'habitude de passer dans le coin. À chaque fois il me confiait les garçons, tandis qu'il s'en allait... travailler. Je crois qu'une fois il a disparu pendant... deux semaines.
— Si longtemps que ça ? s'étonne la jeune fille en haussant les sourcils.
— Oui et revenait toujours en traînant la patte, sourit-elle avant de se tourner vers Sam et Dean. Il vous aimait beaucoup.
Je souris en coin en regardant tour à tour les deux hommes qui ne s'aperçoivent pas que mon regard est tourné vers eux. Je vois bien qu'ils sont gênés. Voire même malheureux et nostalgiques.
— Vous saviez ce qu'il faisait lorsqu'il partait ? Les questionne la jeune fille.
— A l'époque Sam a essayé de me l'expliquer. Mais je ne l'ai pas cru. Au début en tout cas.
— Katie, il se trouve que... notre père était un spécialiste de la chasse aux fantômes et aujourd'hui nous aussi, lui avoue Sam.
— C'est pour ça que je les ai appelés, lui explique sa mère. Je crois qu'ils peuvent nous aider.
Au moment où Dean s'apprête à parler, un homme entre dans la pièce avec une valise chargée.
— On dirait que vous vous êtes dégoté un Poltergheist ! Annonce-t-il ensuite.
— Ca a commencé deux mois après qu'on a emménagés ici, nous explique l'homme.
— Oui, confirme sa femme, dont l'inquiétude affiche les traits de son visage. Au début c'était juste hum... des bruits bizarres ou des coups... des grattements dans les murs. Mais ensuite il a commencé à casser des choses.
— Et enfin il a attaqué Katie ? intervient Sam.
Je tourne les yeux vers la jeune fille qui ne semble pas dans son assiette.
— Oui il y a deux nuits de ça, acquiesce l'homme.
Donna tourne les yeux vers sa fille.
— Tu veux bien leur montrer ?
Cette dernière enlève la couverture tricotée qu'elle a sur les genoux, avant de se lever. Elle soulève ensuite le bas de son t-shirt jusqu'au-dessus de son nombril où sont gravés des inscriptions.
— Enfant assassinés... lit Sam d'une voix sombre.
Je déglutis en regardant la gravure qui a dû faire souffrir le martyr à sa victime.
Dean jette un coup d'oeil à son frère tandis que Katie baisse son t-shirt à la hâte avant de s'asseoir.
— Écoute, soupire-t-il. Tout va très bien se passer. Je te le promets.
Katie lui sourit, comme si elle lui faisait confiance.
— Qu'est-ce que vous diriez de prendre des vacances le temps que Sam et moi on s'occupe de ça ?
— Merci les garçons, accepte alors Donna.

À l'heure du déjeuner, nous nous installons au Patriot Burger Diner, à une table à quelques mètres du comptoir. Dean a commandé pour nous et est allé récupérer la commande pendant que nous faisons nos recherches.
— Comment tu te sens ? me questionne alors Sam, profitions que nous soyons seuls tous les deux.
Je fronce les sourcils en coulant un regard vers Dean qui patiente encore.
— Pourquoi cette question ? Je vais bien.
— Je sais qu'il y a quelque chose que tu ne nous dis pas.
— Je te l'ai dis, il n'y a rien ! insisté-je.
Il soupire et pose une main sur la mienne. Je baisse les yeux sur sa main, surprise, et le regarde dans les yeux.
— Tu sais que tu peux tout me dire Juliette.
Je hoche la tête silencieusement, troublée, et retire ma main lorsque Dean se tourne vers nous avec nos commandes. Il nous tend alors nos salades avec la sauce. Sam a de nouveau les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur et verse la sauce dans la salade avant de la refermer pour la secouer. Dean le regarde faire silencieusement, me faisant sourire en coin.
Remarquant le silence de son frère, Sam s'arrête et lève les yeux vers lui.
— Tu as le rythme dans la peau, toi ! se moque ce dernier.
Je pouffe doucement avant qu'il ne se remette à secouer sa salade. Je l'imite quelques seconde plus tard, tandis que Dean s'occupe de son plat.
— Si on oublie de Poltergheist, Donna avait l'air en forme, non ?
— Sérieux, se moque Sam, ne me dis pas que tu craques encore pour notre baby-sitter !
— Quoi ? s'étonne Dean. Non ! Ce serait un peu limite. Non ce que je voulais dire c'est pour elle ça a l'air d'aller... je l'ai trouvé bien avec son mari et sa fille. Et puis malgré l'épisode Amityville qu'ils traversent, ils tiennent le coup !
— Mouais, répond Sam.
Face au silence de son frère, Dean soupire et revient à la charge avant de me glisser un regard en coin. Qu'est-ce qu'il a en tête, au juste ?
— T'aurais envie d'une vie de se genre ? lui demande-t-il alors.
En prenant une bouchée de salade, je manque de m'étouffer en la mâchant, et essaye de le camoufler derrière une quinte de toux.
Sam hausse les sourcils.
— Une femme, des moutards et... un toit.
— Non, réfléchit Sam en haussant les épaules. Je pense que c'est plus vraiment mon truc.
Déçue, je baisse les yeux sur ma salade. J'aurais dû me douter qu'il n'aurait pas envie de ce genre de vie. Surtout après avoir perdu sa fiancée.
— Ouais... murmure Dean à voix basse, avant de changer de sujet. Qu'est-ce que t'as de beau ?
— Heu... Eh ben figure-toi que leur maison a été construite il y a très longtemps. Quelques siècles au moins. Et j'ai découvert une légende non confirmée, mais intéressante.
— Ça dit quoi ? l'interroge Dean, la bouche pleine.
— Dans les années dix-sept-cent-ving, elle aurait appartenu à un certain Isayah Picket.
Il tourne l'ordinateur pour nous montrer l'écran.
— La légende raconte qu'il aurait pendu une femme dans son jardin pour sorcellerie.
— Charmant... marmonné-je.
— Elle s'appelait Maggie Briggs.
— Ce serait le fantôme furax d'une sorcière ?
— Si c'est vrai !
— Ça ne me surprendrait pas, marmonné-je.
— Moi non plus, me confirme Dean.
— Ça ne nous explique pas qui est l'enfant assassiné.
— Non, ni où la sorcière est enterrée.
— C'est vrai que ça remonte à pas mal de temps... confirme Sam. Mais je vais voir ce que je peux trouver dans les archives municipale.
— Ouais ça vaut le coup d'essayer.
— On devrait manger, soupiré-je. On va avoir du pain sur la planche pour trouver ces réponses soupiré-je.
Les deux hommes tournent les yeux vers moi en hochant la tête derechef.
— Tu as raison, acquiesce Dean. Au pire Juliette, tu n'auras qu'à rester avec moi pour mener nos recherches.
— Je ne peux pas aider Sam ? m'étonné-je en haussant les sourcils.
— Ne te tracasse pas pour moi, me sourit-il. Je vais rester enfermé à la Mairie à faire des recherches dans les archives. Rien de bien compliqué. Mais Dean risque d'avoir besoin d'aide pour glaner quelques informations sur cette légende.
Je soupire doucement en hochant la tête.
— Si vous insistez...
— Sinon... ça va ? Tu tiens le coup ? me questionne Dean en prenant un air préoccupé.
Je roule des deux en reculant sur ma chaise, avant de poser ma fourchette dans mon shaker.
— Vous allez me poser la question pendant combien de temps encore ?
— Autant de temps qu'il faudra pour que ta réponse nous convainc que nous satisfasse.
— Puisque je vous répète que je vais bien ? Je dois vous le dire dans quelle langue ?
— Essayes en énochien pour voir ? ironise Dean.
— Tu es un marrant toi ! m'exclamé-je en le regardant de travers.
— Juliette, si on est aussi inquiet pour toi, c'est parce que nous aussi nous avons perdus Ellen et Jo, murmure Sam en posant sa main sur la mienne une nouvelle fois. Nous ressentons la même douleur que toi. Il ne faut pas que tu hésites à te confier. Sinon ça te bouffera et n'importe quelle créature pourra s'en servir contre toi.
Je baisse les yeux tristement avant de les lever lui. Il a raison. Je devrais me confier. Mais en ai-je envie pour le moment ? 

Destiny Tome 1 : Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant