Juliette
Voilà une bonne demie heure que je tourne en rond dans la chambre, avant de m'installer contre l'armoire.
— Sam ? Ça va toujours ? demandé-je, histoire de faire la conversation.
— Je résiste comme je peux...
— Tu sais pour info, je ne t'aurais pas sauté dessus comme l'a prétendu ton frère !
— Quelle est l'envie que tu ressens, toi ?
Je fronce les sourcils.
— Comment ça ?
— Ce couple s'est dévoré mutuellement, l'autre s'est suicidé, il y a le type avec ses petits gâteaux ou Castiel et la viande rouge à cause de Jimmy... alors toi c'est quoi ?
Bonne question. De quoi je peux bien avoir envie ?
— Je... Je ne sais pas, réfléchis-je. Je ne pense pas avoir envie de quelque chose en particulier.
— Pardonne ma question, mais même pas de moi ?
Je hausse les épaules en soupirant.
— Tu sais, je t'ai eu avant-hier. Certes tu le regrettes, mais ça s'est passé. Je n'ai pas particulièrement faim, soif ou d'autres quelconques envies.
— Alors... tu n'as envie de rien ? s'étonne le Chasseur.
Je hausse les épaules en prenant une grande inspiration.
— En toute honnêteté, je n'ai plus envie de rien.
— Tu as de la chance.
— Je ne sais pas si le vide que je ressens me rend chanceuse... marmonné-je.
— Je suis vraiment désolé. Pour tout.
Je me lève en soupirant et m'apprête à répondre, quand je sens une main se plaquer sur ma bouche avec force, si bien que je n'arrive pas à m'extraire de la poigne.
— Juliette ? m'appelle Sam, inquiet, tandis qu'il commence à grogner. Les gars ?
Deux inconnus apparaissent alors devant moi, les yeux noirs. Mes yeux s'écarquillent sous la peur. Famine a envoyé ses démons ici. Les deux démons retirent l'armoire, tandis que j'essaye de me débattre pour le libérer.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Je crois que ça n'a pas fonctionné. Rien n'a changé.
Les démons ouvrent la porte et font face à Sam qui semble surprit.
— J'ai toujours faim... murmure-t-il alors.
— Regarde-moi ça ! Quelqu'un t'a préparé avant qu'on arrive. Le patron a dit qu'on ne doit pas te tuer. Mais on doit pouvoir casser quelques morceaux... jubile la démone à l'adresse de son acolyte.
Je me débats comme je peux et écrase le pied du démon d'un grand coup. Déstabilisé, il me lâche.
— Sam, va-t'en ! m'exclamé-je en m'approchant de lui pour essayer de le rejoindre.
Mais je sens une main agripper mes cheveux avant de me tirer en arrière. Le démon me tourne face à lui, avant de m'asséner une grande claque. Déboussolée, je m'effondre sur le sol, sous la violence du coup. J'ai l'impression d'avoir pris un mur en pleine face. Mon visage me brûle et mes oreilles sifflent.
— Ça t'aidera à rester calme, grogne le démon les dents serrés.
Je sursaute lorsque j'entends la table tasse à côté de moi se briser. Je vois alors Sam en train de se battre contre la démone. Il attrape un morceau de verre sous mes yeux, et le plante dans la gorge de la démone avant de se pencher au-dessus d'elle.
— Enlève-le de là ! ordonne la démone à son acolyte qui sort de la salle de bain. Fais quelque chose ! Vite !
Ce dernier se jette sur Sam.
— Sam ! m'écrié-je en me levant pour le rejoindre.
Mais le démon qui s'occupe de moi, m'attrape alors par la gorge avant de me plaquer contre le mur. Mes pieds ne touchent à présent plus le sol, et je commence à étouffer.
— S... Sam... tenté-je d'articuler.
Mais je pense qu'il ne m'a pas entendu.
La démon derrière Sam le lâche et va chercher la patère avant de la soulever. Mais Sam se tourne à ce moment-là, et l'envoie voler d'un geste de la main, à distance.
Sur l'instant, j'en oublie la douleur. J'en oublie que je suis en train d'étouffer. D'agoniser. C'est le visage de Sam qui me préoccupe. Sa bouche pleine de sang de démon. Cette rage qui affiche ses traits.
— Attends ton tour ! grogne Sam une fois que le démon s'est effondré au sol.
— Emmène-la avec toi ! ordonne la démone à mon tortionnaire.
Ma peur reprend le dessus. Sam tourne les yeux vers moi, inquiet, mais la chambre disparaît devant mes yeux. Je me retrouve dans un drive-in, entourée de cadavres, de démons et d'un homme effrayant assit dans un fauteuil roulant. Son véritable visage démoniaque est encore plus repoussant que celui des démons autour de lui. Si ces derniers sont composés de lambeaux carbonisés, cil ne reste pratiquement rien sur celui de Famine si ce n'est quelques lambeaux de muscles sur ses os.
Et quelque part dans la salle, recroquevillé dans un coin, Castiel qui mange goulûment un plateau de viande hachée.
— Quel plaisir de rencontrer rencontrer la copine du véhicule du maître... murmure l'homme assit dans la chaise roulante.
— Laissez-moi deviner... Famine, je présume ? demandé-je avec véhémence en grimaçant de dégoût.
— En personne. Je suis surpris que vous connaissiez mon identité.
— Moi ce qui me surprend, c'est que vous connaissiez la mienne.
— Lucifer a grande hâte de te rencontrer.
Je déglutis. Je dois bien admettre que je suis vraiment dans la merde.
— Tu as aimé sa petite surprise ?
Je me fige. Est-il en train de parler de ma mère ?
— Naturellement il ne s'est pas déplacé en personne, il avait trop à faire. Mais il a envoyé ses démons pour s'amuser un peu.
Le le fusille du regard. Si le démon ne me retenait pas, je me serais jetée sur lui depuis longtemps.
— Approche...
Le démon dans mon dos me pousse vers Famine. Je tente de résister, mais en vain. Tout ce que j'arrive à faire, c'est me faire mal à cause de la poigne de cette vermine.
— Très étrange... murmure alors le Cavalier, me faisant face. Tu ne ressens pas les effets de mon pouvoir...
— Peut-être que vous n'êtes pas aussi fort que vous ne le croyez ! grogné-je les dents serrés.
— Ou peut-être es-tu immunisée d'une quelconque manière... réfléchit-il, avant d'afficher un large sourire. Le maître va en être ravi.
— Pourquoi ? demandé-je, inquiète.
— Éloignez-là de moi. Nous attendons un invité très spécial.
Le démon m'éloigne du Cavalier, avant de m'entraîner dernière lui, vers le fond de la pièce.
— Famine ! Pourquoi va-t-il être ravi ? m'écrié-je, désireuse d'en savoir plus.
— Et muselez-la, ajoute le Cavalier d'une voix traînante.
Le démon place alors sa main sur ma bouche pour me faire taire. Je me débats comme une forcenée pour me dégager de sa prise, mais c'est peine perdue. Pourquoi Lucifer sera-t-il ravi que je sois immunisée contre les pouvoirs de Famine ? Mais surtout, pourquoi suis-je immunisée ?
Au moment où je croyais que tout était perdu, Dean débarque. Mais très vite mes espoirs tombent à l'eau. Il est tombé dans un piège.
— Castiel ! l'appelle le Chasseur.
Les démons l'encerclent alors, dans les cuisines. L'un d'eux est frappé par Dean et envoyé dans le décors, mais l'autre arrive à le saisir par les épaules et le jettent contre un mur, désarmant Dean et le rendant prisonnier des démons et de Famine.
Escorté par les démons, Dean est entraîné dans la salle de restauration.
— Castiel ! l'appelle à nouveau Dean qui ne m'a pas encore remarqué.
L'ange tourne les yeux vers lui, mais n'esquisse aucun mouvement autre que celui de manger le plateau de viande hachée.
— L'autre monsieur Winchester ! s'enthousiasme Famine.
— Qu'est-ce que vous lui avez fait ? le questionne Dean qui tourne la tête vers Castiel.
— Tu as envoyé ton chien-chien après moi, je lui ai donné un bon steak.
— Alors c'est ça votre pouvoir magique ? Hein ? Vous donnez à tout le monde l'envie de bouffer ?
Famine sourit d'un air amusé.
— Il leur suffit de pas grand-chose, il faut à peine les pousser. Ah... l'Amérique... mangez autant que vous voulez à toute heure... Consommez ! Consommez ! Consommez ! Vous êtes comme une nuée de sauterelles vêtues de pantalons de joggings. Mais quoi que l'on vous donne vous êtes toujours affamés parce que... la faim n'est pas seulement une sensation qui vient du corps, elle vient aussi du plus profond de l'âme !
— C'est marrant, parce que ça ne marche pas sur moi.
— Oui... c'est tout à fait juste. Comme notre invitée juste derrière.
Dean tourne la tête derrière lui, et m'aperçoit. La surprise se lit alors sur son visage.
— Mais je doute que ce soit pour les mêmes raison... continue le Cavalier de l'Apocalypse. Est-ce que tu t'aies demandé quelle en était la raison ? Ce qui fait que tu peux supporte d'être en ma présence ?
— J'imagine que c'est sûrement grâce à ma force de Caractère, ironise Dean.
— Non. Je crois que tu as tors... murmure Famine avant d'approcher de lui.
Il tend la main vers lui et Dean se crispe en se retenant de crier.
— Oui... Je vois ce que sait, continue le Cavalier. Que voilà un trou sombre et béant que tu caches tout au fond de toi Dean.
Je hausse les sourcils de surprise en tournant les yeux vers le Chasseur. Est-ce ce qu'il voulait me dire quand Sam est arrivé avec la mallette ? Est-ce la même chose pour moi ?
Dean respire bruyamment, en écoutant le démon.
— Tu n'arrives pas à le combler, n'est-ce pas ? Ni avec la nourriture, ni avec la boisson, et encore moins avec le sexe !
— Vous racontez vraiment n'importe quoi.
— Oh fais le malin ! Rigole ! Et mens autant que tu veux à ton frère et sa fiancée. Tu arrives à mentir à toi-même, mais à moi tu ne peux pas. Je lis en toi comme livre dans un ouvert Dean. Je peux voir à quel point tu peux être abîmé. Tu t'es déjà résigné à la défaite car tu ne pourras jamais gagner. Et tu le sais très bien ! Malgré ça, tu continues encore et toujours à te battre. Tu essaies de faire comme si de rien n'était... Tu as faim de rien Dean, parce qu'à l'intérieur, tu es déjà... mort !
Je me sens mal pour Dean. J'aimerais tellement pouvoir faire quelque chose pour l'aider. Je n'arrive pas à croire qu'il ait déjà baissé les bras.
— Laissez-le partir ! déclare tout à coup la voix de Sam.
Je hausse les sourcils de surprise, et me débat à nouveau.
— Libérez Juliette également.
— Sam ! s'enthousiasme Famine.
— Sammy, non ! s'exclame Dean.
Deux démons s'approchent de lui. Sam se prépare à attaquer, mais le Cavalier intervient.
— Arrêtez ! Je vous interdit de toucher à un seul cheveux de ce merveilleux petit prince.
Je fronce les sourcils sans comprendre. Sam aussi semble surprit par les paroles du Cavalier de l'Apocalypse.
— Sam... Je vois que tu as reçu l'en-cas que je t'ai envoyé !
Je hausse les sourcils de surprise. Alors ça faisait partie de son plan ? De nourrir Sam au sang de démon ?! Était-ce un plan de Lucifer ?
— C'était vous ?
— Ne te fais aucun de soucis. Tu es différent de tous les autres gens. Tu ne risques pas de mourir parce que tu auras trop bu, tu es l'exception qui confirme la règle. Tu es exactement celui que Satan voulait que tu deviennes. Alors vas-y ! tranche-leur la gorge. Repais-toi d'eux !
— Sam fais pas ça ! s'écrie Dean.
La respiration de Sam s'accélère.
— Je t'en prie ! Fais comme chez toi ! continue Famine.
Les larmes aux yeux, je secoue la tête en suppliant Sam du regard de ne pas le faire.
En fermant les yeux, il tend la main vers les démons qui commencent à convulser. Il nous lâche Dean et moi, et je le rejoins alors qu'il ramasse son couteau. Une fumée noire quitte le corps des démons qui tombent au sol tour à tour.
— Reste près de moi, m'ordonne Dean en tendant un bras devant moi, pour m'obliger à rester derrière lui.
Mais je suis trop choquée par le plaisir qu'affiche les traits du visage de Sam, tandis qu'il exorcise les démons de leurs victimes.
— Je t'en prie Dean, dis moi que je fais un cauchemar... soufflé-je, les yeux rivés vers l'homme que j'aime.
— J'aimerais bien pouvoir... marmonne le Chasseur, en regardant son frère et les démons.
Une épaisse fumée noire s'étale alors au sol, devant nous. Je ne peux m'empêcher de reculer d'un pas.
Sam ouvre les yeux et reprend son souffle avant de tourner son regard vers le Cavalier.
— Non, refuse-t-il alors dans un murmure audible.
— Bon... Très bien, répond Famine. Puisque tu as l'air décidé à ne pas les prendre, dans ce cas, je vais le faire.
Le Cavalier de l'Apocalypse prend alors une grande inspiration et la fumée noire des démons entre dans sa bouche, comme si elle obéissait à l'ordre silencieuse du geste de la main de Famine. Je suis horrifiée de le voir aspirer tous ces démons, alors qu'ils sont sensés être de la même équipe.
Sam s'approche alors de lui, de quelques pas, sans prêter attention à Dean et moi. Il tend la main vers Famine, qui n'a aucune réaction alors que Sam se concentre.
— Je suis un Cavalier de l'Apocalypse, raille ce dernier. Tes pouvoirs ne fonctionnent pas sur moi...
— Oui c'est vrai, confirme Sam. Mais ils fonctionnent sur les autres démons.
Sam tend alors sa main vers le ventre du Cavaliers, et se concentre. Ma respiration s'accélère, tant j'ai du mal à reconnaître le Chasseur dont je suis amoureuse.
La Cavalier se crispe alors de douleur avant de convulser, tandis que Sam lutte pour anéantir les démons à l'intérieur de lui alors qu'il commence à saigner du nez.
Je fais un pas dans sa direction pour aller l'aider, mais Dean me retient de son bras.
— Il faut l'aider ! protesté-je.
Le Chasseur m'attrape par la taille et m'immobilise contre lui pour que je ne bouge pas, tandis que je me débats pour rejoindre son frère.
— Et prendre le risque de te blesser ? Hors de question ! refuse Dean d'une voix catégorique.
Les démons explosent alors du ventre de Famine, et Sam reprend son souffle, presque pantelant. Dean me lâche, abasourdi, et s'approche de Famine.
Je m'éloigne de lui, et vais le prendre dans ses bras, soulagée qu'il n'ait rien. Certes il m'a fait peur avec ses pouvoirs démoniaques, mais je dois bien admettre que si nous nous en sommes sortis, c'est bien grâce à lui.
Après avoir lâché Sam, je tourne les yeux vers Dean et Castiel qui se relèvent. Les deux ont les yeux fixés sur Sam, et semblent inquiets. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais je ne peux m'empêcher de penser que ça ne semble pas bon.* * * * *
Une fois de retour chez Bobby, Castiel tend un piège à Sam et le fait enfermer dans le bunker une nouvelle fois.
— Aidez-moi ! hurle Sam à l'intérieur de la pièce.
— Tu es vraiment obligé de refaire ça ? protesté-je avant de m'approcher de la porte.
Dean me barre la route, imité par Castiel.
— Je sais qu'il a consommé du sang de démon. Mais reconnais que sans lui, nous étions dans la merde jusqu'au cou ! Castiel était hors service, moi prisonnière et toi tu t'es jeté dans la gueule du loup.
— Juliette je t'aime beaucoup. Mais si tu libères mon frère, je t'enfermerai avec lui.
Je hausse les sourcils de surprise face à la menace de Dean.
— Dean ! hurle Sam. Castiel ! Je vous en supplie si vous êtes là, libérez-moi !
Je regarde la porte qui me sépare Sam, et commence à faire un pas vers lui, mais Dean m'imite en serrant les poings.
— Je ne rigole pas Juliette. Le mieux serait que tu partes d'ici.
Je tourne les yeux vers lui, surprise.
— Est-ce que j'ai bien compris ? Tu me mets à la porte ? Castiel va te reconduire à ta voiture qui est restée en Oklahoma. Ne reviens pas tant que nous n'aurons pas sevrés Sam.
Abasourdie, je recule d'un pas et tourne les yeux vers Castiel qui s'approche de moi.
— Dean, ne fais pas ça ! m'exclamé-je, les larmes aux yeux. Ne m'approche pas Castiel ! Dean, tu n'as pas le droit de me bannir comme ça !
— Je te prie de me pardonner Juliette. Mais tu ne me donnes pas le choix.
— Castiel, non ! ordonné-je en reculant, avant de heurter une étagère à bocal contre le mur poussiéreux.
— Je te demande pardon Juliette, murmure l'ange sombrement avant de poser ses doigts sur mon front.Lorsque j'ouvre les yeux, je suis allongée dans un lit, dans un motel. Je me redresse, surprise, et me lève. À côté de moi, sur la table de nuit, je trouve un mot.
« Je te prie de ne pas m'en vouloir.
Mon frère passe avant tout.
— D »Je me précipite à la porte de la chambre, et l'ouvre avant de faire face à ma voiture que nous avions laissés dans l'Oklahoma lorsque nous avions fuis l'hôpital psychiatrique.
Je n'en reviens pas. Ils m'ont laissés tomber.
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Destiny Tome 1 : Choisis-moi
FanfictionAprès avoir assisté à la mort de son frère, tué par une goule, et été sauvée par les frères Winchester trois ans plus tôt, Juliette refait sa vie loin de tout à Dallas. Alors qu'elle pensait avoir réussie à reprendre une vie normale avec des études...