Destiny Tome 1 : Choisis-moi

CHAPITRE 62

Juliette

Je grimace lorsque je me réveille. Sur le moment, je ne suis pas pourquoi je suis endormie. Et lorsque j'ouvre les yeux, je ne sais pas où je suis. Je regarde autour de moi, et vois sa Grace. Éblouissante. Presque aveuglante. Je tourne les yeux et remarque des cadavres au sol, aux pieds de Sam.
— J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais.
L'ange se tourne vers moi et m'adresse un sourire. Le même que celui qui était apparu sur son visage avant qu'il ne m'endorme.
— Tu en as mis du temps. J'ai bien cru que j'avais fait du mal au petit.
Mes yeux s'écarquillent de surprise, alors que je pose ma main sur mon ventre. Comment a-t-il su que j'attends un bébé ?
— Oui je suis au courant. Ça semble te surprendre. En tout cas, sache que Sam l'est. Tu n'étais pas au courant ?
Sam... J'aurais tellement voulue qu'il l'apprenne d'une autre manière...
— Je viens de l'apprendre. Mais ça explique pourquoi j'étais immunisée contre les pouvoirs de Famine. Pourquoi Cupidon disait que c'était trop tard.
— C'est le sang de démon qui t'immunise contre les démons. Tout comme Sam. Et il se trouve que ton héritier en possède.
— Impossible. Sam ne consommait plus de sang de démon. S'il y a succombé, c'est à cause de Famine. C'était déjà trop tard.
Lucifer se met à rire en faisant les cent pas devant moi.
— Tu n'y es pas. Juliette... Juliette... Juliette... soupire-t-il en levant les yeux au ciel comme si j'étais idiote. Sam a été nourri au sang de démon la nuit de la mort à sa mère. Lorsque Azazel s'en est occupé à dire vrai.
Je fronce les sourcils, sans comprendre comment Azazel aurait pu prévoir ce genre de chose.
— Vois-tu, tout était prévu depuis l'instant où Dieu vous a créé. Vous... les singes sans poils. Et dès cet instant, on savait que ce monde prendrait fin avec Sam et Dean. Tout était calculé. La seule chose qui n'était pas prévu, c'est toi. Tu peux te féliciter, tu as réussi à me prendre par surprise. J'irais même jusqu'à parier que le grand Patron ne t'avait pas prévu. Comme si tu étais une sorte d'anomalie humaine. Un bug informatique, pour reprendre le jargon geek.
— Dis-donc ! On peut vraiment dire que vous vous instruisez ! Un vrai poisson dans l'eau ! ironisé-je, les larmes aux yeux.
Il s'approche de moi en souriant d'un air amusé et s'arrête à mon niveau, me forçant à lever la tête pour le regarder.
— C'est marrant que tu fasses de l'humour comme ça, alors que tu ne sais pas du tout ce que je vais faire de toi. Je dois t'avouer que je ne sais pas non plus ce que je vais faire de toi.
— Mais je dois quand même reconnaître que ce n'est pas plus mal que tu sois là. Si tu restes sage, je ne m'en prendrais pas à Sam. Et s'il reste sage, je ne m'en prendrais pas à toi. C'est aussi simple que ça.
— Vous êtes méprisable, grogné-je les dents serrés.
Il rit doucement avant de me tourner le dos pour faire les cent pas devant moi.
— Vois le bon côté des choses. Tant que tu porteras cet enfant, tu seras en sécurité. Tu survivras même à cette Apocalypse. Ce qui, tu admettras, est une chance.
— La seule chose que je veux c'est que vous rendiez sa liberté à Sam ! Rien de plus.
— Il y a quelque chose qu'il faut que tu m'expliques quand même. Pourquoi rester aussi fidèle à Sam ? Après tout... Il t'a bien laissé tomber pour ce démon. Comment s'appelait-elle déjà ? Ruby ?
Je le fusille du regard en prenant une grande inspiration pour rester calme.
— Si j'ai bien compris, il t'a laissé tomber après qu'elle t'a poignardé. Il t'a laissé te vider de son sang pour la rejoindre elle.
— Mêlez-vous de vos affaires, grogné-je.
— Tu lui as supplié de rester avec toi. De te choisir. Mais il l'a préféré elle. Et il m'a choisi moi.
Je lève les yeux vers lui en serrant les dents.
— Je vous tuerai. Je ne sais pas quand, mais je vous tuerai.
— Je dois bien reconnaître quelque chose chez vous les humains, c'est votre capacité à vous venger. Vous êtes tellement distrayants... Quand vous chercher à vous venger, vous êtes les plus motivés.
— Vous ne devriez pas me chercher. Je peux vous garantir que vous n'aimeriez pas ma motivation.
Il se met à rire, amusé, avant de faire les cent pas devant moi.
— Tu es tellement distrayante. Mais cherche-moi, et tu pourras dire adieux à ton bébé. Tu n'aimeras pas ce que je te ferais subir. J'ai beaucoup plus d'imagination que mes frères. Beaucoup plus.
Je sens un frisson glacé parcourir mon échine. Je ne sais pas du tout comment je dois réagir. Serait-il capable de faire du mal à mon bébé ?
Il me tourne le dos et fais quelques pas pour s'éloigner.
— Il est l'heure... murmure-t-il avant de se tourner vers moi. Et toi, tu viens avec moi.
— Quoi ? m'étonné-je en reculant de quelques pas tandis qu'il avance vers moi. Non. Je ne vais nulle part avec vous !
Il me saisit par l'avant-bras et me tire vers lui. Je grimace de douleur en essayant de me débattre, mais il est bien plus fort que moi.
— Lâchez-moi ! Vous me faites mal ! Sam je t'en prie, ne le laisse pas faire !
— Sam est hors-service.
Je tourne les yeux vers lui, la mine déconfite, avant d'atterrir au beau milieu d'un cimetière. D'un geste sec, il m'oblige à tomber sur les fesses, sur le sol.
— Quelle délicatesse ! râlé-je en le fusillant du regard, tandis qu'il s'éloigne de moi.
Lucifer reste silencieux et regarde autour de nous. Lorsqu'un corbeau se met à croasser avant de s'envoler, il le suit calmement du regard, comme si il profitait de ce qui nous entoure.
Je remarque alors un homme apparaître entre lui et moi. Dos à moi. Un autre ange. Moins lumineux que Lucifer. Mais je devine qu'il s'agit un puissant archange.
Lucifer, qui semble avoir senti sa présence, se tourne vers lui. Les deux archanges se jaugent du regard. L'un dans le corps de Sam, l'autre dans le corps d'Adam. Le jeune frère de Sam et Dean. Est-ce le vrai cette fois ?
— Heureux de te revoir Michel, déclare Sam calmement.
— Oui moi aussi. Ça fait bien longtemps.
— Tu arrives à croire que le jour est enfin arrivé ?
Michel s'avance lentement vers Lucifer en regardant autour d'eux.
— Non, murmure-t-il. Pas vraiment. Tu es prêt ?
Il s'immobilise à un mètre de son jeune frère. Je ne vois pas l'expression de son visage. Mais celui de Lucifer — ou de Sam —, semble à la fois triste et nostalgique. Je ne comprends pas. Voulait-il cette Apocalypse, oui ou non ?
— Autant que je peux l'être, avoue Lucifer. J'aimerai tant qu'on n'ait pas à s'affronter.
— Oui... soupire Michel. Je comprends.
— Alors pourquoi insister ? s'étonne Lucifer en approchant de son frère de quelques pas.
— Oh tu le sais très bien. Je n'ai pas d'autres chois après ce que tu as fait.
— Ce que j'ai fait ? Et si tout ceci n'était pas ma faute ?
— De quoi est-ce que tu parles ?
Je hausse les sourcils, intriguée. Il veut détruire ce monde et ce ne serait pas sa faute ?
— Tu y as pensé ? C'est notre père qui a tout créé. Ce qui veut die, qu'il m'a forcément fait tel que je suis ! se justifie Lucifer en s'approchant à nouveau de son frère. Dieu avait besoin du Diable.
Je fronce les sourcils sans comprendre. Je pourrais pourtant en profiter pour m'échapper puisque Lucifer ne se préoccupe plus de moi. Mais je reste clouée sur place.
— Et alors ? lui demande Michel.
— Alors à quoi ça sert ? Et pourquoi nous forcer à nous battre ? Je vois pas ce que ça lui apporte.
— Où veux-tu en venir ?
— Nous allons nous entre-tuer. Tout ça pour quoi ? Une autre charade du Créateur dont nous ignorons la réponse. Nous sommes frères. Il nous suffit de nous retirer du jeu.
Je suis perdue. Ce n'est pas à Michel de demander à ce que cette Guerre n'ait pas lieu, en théorie ?
Michel se détourne, l'air de réfléchir.
— Je ne peux pas faire ça. Je suis désolé. Je suis un bon fils. J'ai des ordres à suivre.
— Et il n'y a rien qui t'y oblige.
— Tu voudrais peut-être que je me révolte ? Après tout ce temps ? Je ne suis pas comme toi !
— Je t'en prie Michel.
— Tu es toujours le même ! Tu n'as pas changé petit frère. Tu continues à rejeter tes fautes sur les autres... Nous étions heureux. Tous ensembles. Jusqu'à ce que tu nous trahisses moi et les autres. Et notre Père a disparu à cause de toi.
— Personne ne force Dieu à faire quoi que ce soit, s'énerve Lucifer qui semble sensible aux paroles de son frère. Il fait ce qu'il veut et c'est nous qui en souffrons.
— Tu es un monstre Lucifer, déclare Michel d'une voix froide après avoir marqué une pause.
Ce dernier baisse tristement la tête, blessé. Je pourrais ressentir de la pitié pour lui, s'il ne se trouvait pas dans le corps de l'homme que j'aime.
— Et je vais devoir te tuer.
— Si c'est ce que tu veux vraiment... dit alors l'archange en prenant une voix dénuée d'émotion. Mais crois-tu que tu y arriveras ?
Mon coeur commence à se battre. Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être vrai. Ils ne vont quand même pas se battre jusqu'à ce qu'ils détruisent cette planète, si ? Et si je les en empêchais ?
Je commence à me lever pour m'approcher d'eux, mais Lucifer tend un bras dans ma direction pour me propulser au sol sans m'accorder le moindre regard. J'atterris sur le flanc droit en grimaçant, et lève les yeux vers les deux frères qui se jaugent du regard avant de se tourner autour. La peur s'empare de moi. Est-ce que c'est maintenant que je vais mourir ?