Juliette
Après plusieurs minutes de silence, le téléphone de Dean sonne dans sa poche. Il l'attrape et soupire en décrochant.
— Qui a-t-il ?
— ...
— Pourquoi ça ?
Il tourne les yeux vers moi, brièvement et soupire une nouvelle fois.
— Ça ne va pas lui plaire...
Je le regarde curieusement, tandis que son attention est reporté sur la route.
— D'accord, on fait comme ça alors. A de suite.
Il raccroche et range son téléphone en restant silencieux.
— Je dois te tirer les vers du nez ?
Il tourne les yeux vers moi en haussant les sourcils, avant de prendre un mal à l'aise.
— Sam aimerait plutôt s'occuper d'interroger les familles des victimes.
— Pourquoi tu n'as pas refusé ?
— Parce qu'il a insisté.
Je fronce les sourcils en croisant les bras sur ma poitrine. Je suis dans une impasse. Soit je reste avec Sam et je dois endurer le malaise, soit j'avoue avoir menti pour ne pas me retrouver avec lui et je vais à la morgue avec Dean.
— T'auras qu'à en profiter pour parler avec mon frère ! me sourit Dean.
Je grince des dents et tourne la tête vers ma fenêtre en gardant le silence sur le long de la route.Lorsque nous rejoignons Sam pour faire l'échange des tâches, un silence règne parmi nous. Un silence pesant, que Dean décide de briser.
— Bon allez ! Vous n'allez pas vous faire la gueule ! Sam ce n'était qu'une partie de jambes en l'air !
Ce dernier tourne les yeux vers moi, à la fois surpris et agacé.
— Quoi ? Tu lui as dit pour nous deux !?
Mes yeux s'écarquillent lorsque le regard de Dean s'éclaire de surprise à son tour.
— Wow ! Wow ! Wow ! Attendez deux minutes ! Vous voulez dire que vous deux, vous...
— Tu ne lui avais rien dit ? comprend alors Sam mal à l'aise, tandis que je rougis violemment.
Je soupire en secouant la tête.
— Non. Dean à deviné que j'avais couché avec quelqu'un et en a déduit que tu nous avais surpris.
— J'y crois pas ! s'esclaffe Dean. C'est encore mieux que La clinique des cœurs brisés.
— La ferme ! nous exclamons en choeur Sam et moi.
— J'en reviens pas, continue malgré tout Dean. Vous êtes mal à l'aise parce que vous vous êtes envoyés en l'air tous les deux !
Je soupire en levant les yeux au ciel.
— Alors ? C'était comment ?
— Je ne vois pas ce qu'il y a à en dire ! m'emporté-je, agacée, après avoir soupiré distinctement. Il n'y a rien à en dire. Il ne s'est rien passé.
Je me tourne ensuite vers Sam en le fusillant du regard.
— C'est bon ? C'est ce qu'il fallait dire ? C'est ce que tu voulais entendre ?
Ce dernier me regarde avec surprise, avant de froncer les sourcils.
— Maintenant si vous voulez bien, j'aimerais qu'on se concentre sur cette affaire, continué-je. Et ne plus en parler !* * * * *
Une fois arrivés chez la victime, c'est en silence que nous montons les marches menant à la porte d'entrée.
— Je peux vous aider ? nous questionne une femme derrière nous.
Nous nous tournons et la femme monte les escaliers pour nous rejoindre.
— Bonjour. Nous sommes venus voir si de la famille de Alice vivait ici avec elle, lui répond Sam. Nous sommes du FBI.
Nous montrons nos plaques à la jeune femme avant de les ranger dans nos vestes.
— Je suis son amie. Je suis en train de préparer quelques cartons. Je vous en prie. Entrez.
Nous la suivons à l'intérieur, et la regardons reprendre son activité distraitement. Ce dois être un moyen pour elle de se vider la tête.
Sam s'approche alors d'une carte accrochée sur le frigo, encore recouverte de sang. Il y a dessus un cupidon avec une tâche de sang séché en forme de main.
— Donc... c'est vous qui avez découvert les corps ?
Il s'avance vers elle et l'observe attentivement.
— Il y avait plein de sang un peu partout, et... et aussi d'autres trucs...
Nous grimaçons légèrement.
— Je crois qu'Alice était déjà morte.
La jeune femme prend des cadres photos sur le bord de la cheminée et retourne vers le carton.
— Mais pas Russell ? la questionne Sam.
— Je dirais qu'il était pratiquement mort. Si ce n'est que... il était encore en train de... de mâchouiller. Enfin je crois.
Je grimace de dégoût en même temps qu'elle. Je me demande si les détails ne sont pas pires que l'autopsie des corps eux-mêmes.
Même Sam ne sait pas quoi dire, et regarde la jeune femme, tout aussi dégoûté que moi, avant de se tourner vers la tâche de sang au sol, dont les traces incrustées n'ont pas pu partir.
— Comment est-ce que deux personnes peuvent en arriver là ?
Nous échangeons un regard silencieux Sam et moi.
— Ils se sont dévorés vivants, ajoute la jeune femme.
— Excellente question... marmonne Sam avant de se tourner vers elle. Dites-moi, les derniers jours... avez-vous trouvé qu'Alice se conduisait de façon étrange ?
Il s'approche d'elle lentement.
— Qu'est-ce que vous voulez dire ?
— Est-ce qu'elle semblait être plus sévère que d'ordinaire ? Plus agressive ?
— Ah ! Hum... non. Pas du tout. Alice ne buvait jamais une goutte d'alcool. Elle ne disait jamais de gros mots. C'était une fille très douce. C'était vraiment la fille la plus gentille qui soit. Elle avait toujours sa bague de promesse, si vous voyez ce dont je veux parler.
Nous haussons les sourcils Sam et moi.
— Elle était vierge ?
— Rien avant le mariage. Je me suis souvent demandé comment elle faisait !
Nous coulons un regard l'un vers l'autre, avant de nous concentrer sur l'amie d'Alice.
— Je veux dire... comment elle faisait pour pas le faire.
La jeune femme tourne les yeux vers un objet devant elle avant de sourire et le prendre dans ses mains.
— C'était son premier rendez-vous depuis des mois. Elle voulait en savourer chaque secondes.
Sam opine.
— On peut dire qu'ils se sont régalés tous les deux...
Nous quittons la maison après avoir remercié la jeune femme et souhaité nos condoléances. Une fois dehors, je le regarde de travers.
— Quoi ? me demande-t-il en me regardant en coin.
— Régalés tous les deux ? Tu... elle vient de perdre son amie, et toi tu lui balances un jeu de mot pareil ?
Sam s'arrête et me fait face en fronçant les sourcils.
— Eh oh ! Tout doux tu veux ? Je te signale que si Dean avait balancé une chose pareille, tu ne lui en aurais pas voulue.
— Bien sûr que si ! me vexé-je. Je te signale que nous ne sommes pas en train de jouer ! Nous interrogeons des gens qui ont perdus un proche. Cette fille a retrouvée son amie morte, à moitié dévorée par son rendez-vous galant, qui était lui aussi à demi-mort. Il y a de quoi choquer n'importe quelle personne saine d'esprit. Et toi, tu lui fait de l'humour ?
— Est-ce que c'est vraiment ça le fond du problème ou tu cherches une excuse pour te défouler sur moi ?
— Je n'ai pas besoin d'une excuse pour te faire des reproches !
— Tu es sûre de toi ? Parce qu'il me semble que depuis ce matin tu m'évites !
Je hausse les sourcils de surprise, sentant ma colère enfler dans ma poitrine.
— Je t'évite ? Je... Je t'évite ?
— Oui ! Et je te signale que tu étais d'accord pour faire ce qu'on a fait hier soir.
— Oui j'étais d'accord. Mais un de nous deux a décidé de faire comme si de rien n'était sans se préoccuper de ce que ressentait l'autre, Sam. Oui, j'en avais envie. Mais je ne me doutais pas que tu me demanderais de faire comme si de rien n'était le lendemain. Tu as tout gâché !
— Qu'est-ce que tu en as à faire, puisque nous ne sommes pas ensemble. Il n'y a rien entre nous et il n'y aura jamais rien !
Sous le choc, je recule d'un pas. Je n'en reviens pas qu'il me dise ça maintenant.
— Tu...
Je ricane froidement en posant mes poings sur mes hanches, faisant les cent pas devant lui pour digérer l'info.
— Je n'arrive pas à croire que tu viennes de dire ça. J'aurais préféré que tu me dises ça hier soir, avant qu'on n'aille plus loin.
Je dois donner tout ce que j'ai pour ne pas laisser le chagrin avoir de l'emprise sur moi.
Je m'arrête et prends une grande inspiration avant de tourner la tête vers lui.
— Tu as raison, Sam Winchester. Il ne se passera jamais rien entre nous. Et par ailleurs, une fois que cette affaire sera bouclée, je me casse. Ça n'a que trop duré. Je voulais vous venir en aide pour enrayer l'Apocalypse, mais je ne peux pas continuer à me torturer plus longtemps. C'est trop injuste.
Je commence à m'éloigner de lui, mais il m'attrape par le bras.
— Où tu vas ? Tu ne peux pas partir, nous avons une affaire. On dois faire les interrogatoires.
— J'ai besoin de rester seule. Mais puisque tu ne veux pas de moi, tu devrais pourvoir te débrouiller tout seul... Tu as vu ? Moi aussi j'ai fait un peu d'humour.
Sur ces paroles pleines d'amertume, je reprends mon bras et m'éloigne de lui à grands pas, bien décidée à mettre de la distance entre nous.
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Destiny Tome 1 : Choisis-moi
FanficAprès avoir assisté à la mort de son frère, tué par une goule, et été sauvée par les frères Winchester trois ans plus tôt, Juliette refait sa vie loin de tout à Dallas. Alors qu'elle pensait avoir réussie à reprendre une vie normale avec des études...