CHAPITRE 38

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Juliette

Dans l'après-midi, tandis que je laisse un patient tranquille après lui avoir apporté ses médicaments, je longe le couloir jusqu'à ma salle de pause, quand un bras m'attrape pour m'attirer dans une pièce vite. Je retiens un cri au moment même où mon dos heurte un mur et une main s'écrase sur ma bouche. La porte se ferme et je me retrouve enfermée avec une pièce sombre.
Mon coeur se met à battre frénétiquement et je m'apprête à riposter, quand je reconnais la silhouette de Sam.
Je fronce les sourcils et me détend quelque peu. La main s'éloigne de ma bouche et je remarque que je suis sans la morgue.
— Non mais ça va pas de me faire une trouille pareille ? lui reproché-je en le fusillant du regard tandis qu'il s'éloigne de moi.
— On peut savoir ce que tu fiches ici ? me questionne Dean sur le même ton.
— C'est Bobby qui m'a dit que vous aviez besoin d'aide. Je suis ici pour faire mon boulot. Je n'allais quand même pas vous laisser tomber !
— Ça ne t'a pas dérangé lorsque tu n'as pas répondue à mon message.
— J'ai été débordé... éludé-je en détournant le regard.
Je soupire et avance jusqu'au centre de la pièce.
— Pourquoi la morgue ?
— Plusieurs morts se sont faites passer pour des suicides. Les victimes parlaient d'un monstre avant sa mort.
— Ce n'est pas courant dans un hôpital psychiatrique ?
— Ça arrive docteur Dawson, merci beaucoup ! ironise Dean en me regardant de travers.
Je soupire en croisant les bras sur ma poitrine.
— Écoutes... Je te demande pardon de ne pas avoir répondue. Mais là il s'agit d'une urgence. S'il y a bien un monstre qui s'en prend aux patients de cet hôpital psychiatrique, alors ça ne sent pas bon pour vous deux.
— Hé ! On se calme tous les deux ! intervient Sam en se mettant entre nous, avant de se tourner vers moi.
— Très bien... soupire Dean en levant les yeux au ciel.
— Merci de venir nous aider, me sourit Sam.
Je lui rends son sourire.
— Si nous sommes ici c'est parce que le patient de la chambre trois-cent-six a déclaré hier matin qu'il avait vu le monstre tuer la patiente de la chambre juste en face de la sienne, m'explique Dean en ouvrant un tiroir frigorifié. Le soir-même on l'a retrouvé pendu à un tuyau. Il n'y avait rien qui aurait pu lui servir pour monter avant de se pendre.
Je fronce les sourcils.
— Je vois. En effet, il y a de quoi être méfiant.
Sam éloigne le drap blanc de sa tête pour inspecter le corps.
— Hé... J'ai trouvé quelque chose, annonce-t-il alors.
Dean et moi nous tournons aussitôt vers lui.
— Qu'est-ce que c'est ? le questionne l'aîné.
— Là. Juste là. Tu peux m'aider ?
Ils tournent la tête, et Sam tourne la tête vers le plateau d'ustensiles avant de prendre un long bâton de coton tige. Il l'enfonce alors dans le cou, où se trouve une petite plaie.
Je ne peux m'empêcher de grimacer de dégoût en le regardant faire.
— Le trou s'enfonce jusqu'au cerveau... s'étonne-t-il en levant les yeux vers nous.
— Eurk... murmuré-je.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? lui demande Dean.
Sam soupire et tourne la tête pour regarder quelque chose derrière moi. Nous nous tournons et voyons une scie électrique servant à découper les os.
— On va bientôt le savoir, déclare Sam.
— Tu plaisantes ?
— Vaut mieux que tu surveilles la porte.
Dean lâche aussitôt le cadavre, avant de me faire signe de le suivre jusqu'à l'extérieur de la pièce.
— Je peux partir maintenant ?
— Non, infirmière Dawson. Tu restes ici ! m'ordonne Dean. Si quelqu'un arrive, tu n'auras qu'à nous sermonner comme si tu venais de nous surprendre en train d'entrer.
Je roule des yeux en soupirant, et opine. Nous grimaçons ensuite de dégoût lorsque la scie se met en marche.
Quelques minutes plus tard, alors que la scie s'est enfin arrêtée, nous entendons un bruit au bout de l'angle du couloir.
— Reste ici, et entre dans quelques secondes ! m'ordonne Dean.
Je m'apprête à répliquer, mais il ne m'en donne pas le temps en entrant dans la morgue.
Je prends une grande inspiration et ouvre la porte en parlant d'une voix forte.
— Je peux savoir ce que vous faites ici ?
Des pas surgissent derrière moi, et l'infirmière Forman apparaît dans mon dos.
— Peux savoir ce que vous faites ici ?
— Je suis désolée infirmière Foreman. Je viens de les surprendre en train d'entrer dans cette pièce ! j'interviens en prenant un air désolé.
Sam rit nerveusement, ne sachant quoi faire. Dean me lance un regard avant de tourner les yeux vers l'infirmière. Puis l'instant d'après, il baisse son pantalon en levant les bras.
— PUDDING ! s'exclame-t-il en s'agitant dans tous les sens.
Je sursaute, et tourne les yeux vers son frère avant de lever les yeux au ciel. Dès qu'on sort de cet hôpital, je lui fais la peau.
— D'accord, sourit l'infirmière Foreman. On va remonter.
Elle ouvre la porte et laisse passer les deux frères avant de se tourner vers moi.
— Vos patients ne vous ont jamais fait des coups de ce genre ? s'étonne-t-elle.
— Pas vraiment... marmonné-je, mal à l'aise.

« Il va me falloir des électrochocs pour oublier ce que je viens de voir... »

C'était une partie de Dean que, pour rien au monde, je ne voulais connaître. Sam peut-être... je fais taire mes pensées, et soupire.
— Il va falloir que vous vous y fassiez.
— Oui... Je le crains... souris-je nerveusement.

Une fois en haut, l'infirmière Foreman me demande de rester dans la salle de repos des patients pour surveiller les deux frères le temps qu'elle prenne sa pause.
J'accepte et les rejoins tandis qu'ils parlent avec un autre homme.
— C'est un Chasseur comme nous, le rassure Dean tandis qu'il semble inquiet. Martin, je te présente Juliette qui se fait appelé Katherine Dawnson ici. Juliette, voici un ami de notre père. Martin Creaser.
L'homme se détend quelque peu en hochant la tête.
Je me tourne alors vers Dean en le foudroyant du regard.
— Refais-moi un coup de ce genre, et je te jure que je me servirais de la scie à os pour te castrer ! le menacé-je à voix basse.
— Il nous fallait une diversion, se justifie-t-il en haussant les épaules.
Je m'apprête à répliquer, mais suis vite devancée par Sam.
— Bon. On peut se concentrer s'il vous plaît ? Quelque soit cette chose, elle se nourrit du cerveau de ses victimes en les aspirant.
— Ensuite elle fait passer leur mort pour des suicides, continue Dean en reprenant un air sérieux. Quelqu'un a une idée ?
Nous tournons les yeux vers Martin, qui semble en avoir une.
— Oui ! Et pas une bonne.
Il commence à s'éloigner, et Dean me stoppe.
— Reste ici, s'il te plaît.
— Hors de question ! refusé-je. Si je n'obéis pas à l'infirmière, je vais perdre mon poste je te signale.
— Qu'est-ce que tu en as à foutre ? Tu n'es même pas une véritable infirmière.
— Peut-être pas, mais je suis votre seul ticket de sortie, Dean. Alors je vous colle aux basques, un point c'est tout. En tant qu'on y est, rappelle-moi de te coller mon poing dans la figure pour ce que tu m'as montré dans la morgue.
— T'aurais préféré que ce soit mon frère ? se moque-t-il.
Je me mets à rougir violemment, et le contourne avant de rejoindre Sam et Martin.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? demande Dean en nous rejoignant, tandis que Martin nous montre un dessin d'un monstre.
— Je parie ma chemise que c'est la chose à laquelle on est confrontés. Un Spectre.
Je fronce les sourcils en tournant les yeux vers le Chasseur.
— Ils ouvrent le crâne de leur victime et en aspire le cerveau.
— Vous avez déjà eu affaire à l'un d'eux, lui demande Sam.
— Non, jamais. Et je n'en ai pas très envie.
— Avec quoi on tue ce truc ? intervient Dean.
— Un objet en argent. Si on arrive à toucher un Spectre avec cette matière, la peau se mettra à se craqueler. Ça c'est la bonne nouvelle.
— Et quelle est la mauvaise ? m'inquiété-je aussitôt en fronçant les sourcils.
— La mauvaise c'est qu'ils peuvent prendre forme humaine. Ça peut être n'importe qui dans cet hôpital.
— Ben voyons... râle Dean. Comment on va savoir qui c'est ?
— Grâce aux miroirs. La légende dit que les Spectres montrent leur vraie forme quand on les regarde dans une glace.
— Il va falloir qu'on inspecte tous les patients et le personnel hospitalier.
— D'accord... ouais... marmonne Sam en fronçant les sourcils. Mais qu'est-ce qu'il peut faire dans ce genre d'établissement ?
— Un asile c'est... c'est parfait pour chopper des victimes dans défense !
— C'est vrai, confirme Martin. En plus, qui va croire un patient qui dit avoir vu un monstre ? C'est vraiment le terrain de chasse idéal.
— Sans compter que c'est monnaie courante qu'un patient en psychiatrie qui se suicide, ajouté-je.
— Ok... soupire Dean. Juliette, je te laisse te charger de tes collègues. Nous, nous allons nous concentrer sur ceux qui se trouvent ici. Les miroirs qui nous servent à surveiller les couloirs vont nous être bien utiles.
— D'accord, accepté-je soulagée d'avoir enfin quelque chose à faire.
— Et surtout, sois prudente ! ajoute Sam précipitamment, tandis que je commence à m'éloigner.
— C'est promis, souris-je.
Je m'éloigne d'eux lorsque ma collègue revient, et vais prendre ma pause. Je dois avouer que j'avais vraiment besoin de me concentrer sur une nouvelle affaire. Je ne cesse de repenser à ce que j'ai dû faire pour que ma mère ne soit plus en danger, et je dois avouer que je n'avais rien fait d'aussi douloureux jusqu'à maintenant. 

Destiny Tome 1 : Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant