CHAPITRE 21

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Juliette

Le trajet se fait en silence, tandis qu'il roule rapidement en direction du garage de Bobby. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est impatient. Pourtant, je pensais qu'on passait un bon moment lui et moi... J'ai même cru bêtement pendant un bref instant, qu'il allait m'embrasser lorsque j'étais dans ses bras. En tout cas, même si ça peut sembler idiot puisque nous ne nous connaissons depuis peu, j'en avais envie. J'aurais voulue qu'il le fasse. Mais ce ne fut pas le cas.
— Je peux te poser une question ? demandé-je pour briser le silence qui règne dans l'habitacle.
— Si tu veux me demander qui je vais rejoindre, je suis désolé mais c'est personnel.
— J'en prends bonne note... soupiré-je. Mais ce n'est pas ça que je voulais te demander.
Je remarque ses sourcils se plisser légèrement, avant qu'il tourne les yeux vers moi.
— Je t'écoute ?
— Tu es revenu. Tu as dit à Dean que tu m'avais vu. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
— Qu'est-ce que ça aurait changé ?
Je soupire en secouant la tête.
— Je ne sais pas, avoué-je. Mais si tu étais resté, on aurait pu se parler... J'en sais rien...
— Je t'ai vue dans la rue. Quand on nous repartions.
Je tourne les yeux vers lui, curieuse.
— Nous étions en voiture Dean et moi, et tu marchais en direction de chez toi.
— Tu aurais pu descendre de la voiture et venir me voir.
— Pourquoi faire ? Je pense que c'était mieux ainsi.
— Mieux pour qui ?
Sam se gare sur le parking devant la maison de Bobby, et enclenche le frein à main. Il soupire et se tourne vers moi en fronçant les sourcils.
— Je crois que ça vaut mieux pour tout le monde. Regarde, tu n'étais pas si mal que ça, quand tu ne savais pas que j'étais venu.
Je ricane nerveusement en secouant la tête.
— Mieux pour toi, tu veux dire.
— Comment l'as-tu su ?
— Quand tu étais à l'hôpital, Dean voulait savoir comme j'avais eu ton numéro. Il en a déduis que tu me l'avais donné quand tu étais revenu. Apparemment... j'aurais refusé tes avances.
Il fronce les sourcils en tournant les yeux vers moi.
— Parce que tu vas me faire croire que tu les aurais acceptés ?
Je pique un fard en fronçant les sourcils, mais je ne réponds pas à la question.
— Tu aurais tout aussi bien pu dire à Dean que je n'étais pas là.
— Il aurait insisté. Parce que pour lui, je revenais pour m'envoyer en l'air avec toi.
Surprise, j'ouvre la portière et descends de la voiture.
— Je n'en reviens pas... ricané-je nerveusement en posant mes mains sur mes hanches avant de faire les cent pas devant la voiture.
Sam sort de la voiture avant de me rejoindre.
— Je suis vraiment désolé Juliette. Je ne pensais pas que tu serais un jour au courant.
Je secoue la tête en grimaçant.
— Alors quoi ? Sous prétexte que je n'étais pas sensé le savoir, ce serait plus facile à digérer ?
— Non. Non ! s'exclame-t-il en écarquillant les yeux de surprise.
Son portable vibre une nouvelle fois dans la poche de son jean. Il soupire et regarde le téléphone avant de froncer les sourcils.
Je détourne les yeux, une boule dans la gorge pour ne pas lui montrer qu'il m'avait blessé.
— Tu devrais y aller, murmuré-je.
C'est tout ce que ma voix me permet.
— Je n'aimerais pas que cette personne s'impatiente.
Il ouvre la bouche pour me parler, mais ses mots meurent sur ses lèvres. Au lieu de quoi, il se tourne vers la voiture et la contourne avant de monter. Il garde les yeux rivés sur le volant avant de les tourner vers moi.
— Je n'en ai pas pour longtemps.
Je pince les lèvres en me détournant de son regard et croise les bras sur ma poitrine. Il soupire avant de baisser le frein à main pour repartir.
Je regarde la voiture s'éloigner et tourner en direction du centre-ville. Je soupire et tourne les yeux à la recherche d'une voiture. Peu importe laquelle. Je m'en contrefiche. J'en trouve un. Il s'agit du véhicule de remorquage de Bobby, et monte dedans avant de chercher les clef. J'ouvre le pare-soleil et les clefs me tombent dessus. Je soupire de soulagement et mets la clef dans le contact. Je remercie même le ciel lorsqu'elle démarre.
Je quitte rapidement la garage et prends la direction qu'à emprunté Sam quelques minutes plus tôt. Je le trouve sans mal et reste à une distance raisonnable pour qu'il ne me voit pas. Il traverse la ville mais ne s'arrête à aucun endroit. Il quitte alors la ville et s'engage dans une allée peu fréquentée. Je reste donc sur mes gardes et m'engage dans la petite allée avant de m'arrêter à l'entrée. Je gare le véhicule entre les arbres, et soupire en m'arrêtant. Est-ce bien prudent que je le suive ? Je vais trahir son intimité si je fais ça. Cependant, je trouve ça suspect qu'il ai prévu quelque chose alors que je suis certaine qu'il n'était pas prévu qu'ils viennent à Sioux Falls.
Je descends de la voiture en soupirant, et longe l'allée en marchant. Je me retourne à plusieurs reprises, incertaine. S'il découvre que je l'ai suivi, je vais passer un sale quart d'heure. C'est garanti.
Je continue d'avancer pendant une dizaine de minutes, quand j'aperçois au loin un vieux chalet qui semble abandonné. Et lorsque je m'approche plus près, je trouve la voiture qu'à utilisé Sam. Je prends une grande inspiration et me faufile à travers les arbres lorsque je le vois passer devant la fenêtre. Mon coeur bat la chamade avant de rater un battement lorsqu'une femme brune le rejoint. Ils disparaissent ensuite, et ça attise ma curiosité. J'approche lentement du porche et rase le mur jusqu'à la fenêtre la plus proche. Ils discutent ensemble, quand elle s'installe sur le lit, dos à moi. Je ne distingue pas son visage. Je fronce les sourcils lorsqu'il s'approche d'elle. Je ressens un pic de jalousie de les voir aussi proches. Ils se connaissent depuis longtemps. Ça ne fait aucun doute. Elle pose sa main sur le bras de Sam, et je devine alors qu'il sont en réalité intime. Je n'avais aucune chance depuis le début. Une boule se forme dans ma gorge et je détourne le regard. Je ne suis pas certaine de vouloir voir ça.
Il s'agenouille devant, elle et et ouvre son couteau. Je fronce les sourcils et commence à trembler quand il passe la lame sur le bras de la jeune femme. Je ne sais pas quelle est sa réaction. Mais elle ne doit pas être contre, puisqu'elle le laisse faire. Il pose alors ses lèvres sur la peau de la jeune femme, et aspire son sang en tenant le bras à deux mains. La bile me monte à la gorge en le voyant faire. Il ouvre les yeux, et je sursaute en reculant pour me cacher. Mon coeur bat à tout rompre. C'est quoi ce délire ? Je n'ai quand même pas vue ce que j'ai crue voir, si ?
Je me tourne vers la fenêtre, quand je vois Sam m'observer. Il hausse les sourcils de surprise et je recule lorsque je me rends compte que la femme n'est plus là.
— Qui es-tu ? me questionne une voix de femme dans mon dos.
Je me tourne vers elle en sursautant et fais face à quelque chose que je n'arrive pas à décrire. Sa chair est cramée, noire et à certains endroits encore incandescente. Il lui manque un morceau du côté droit de son visage, laissant apparaître sa mâchoire et sa rangée de molaires. Ses yeux sont noirs et une aura de fumée noire émane d'elle. Qu'est-elle au juste ? Comment a-t-elle fait pour arriver là alors que la porte ne s'est même pas ouverte ?
La porte s'ouvre enfin et Sam apparaît devant moi, du sang encore sur les lèvres.
— Je la connais Ruby ! s'exclame-t-il. Elle est avec Dean et moi.
Je tourne les yeux vers elle qui fronce les sourcils du peu qui lui reste, avant de repasser à lui qui me regarde prudemment.
— Juliette, je peux tout t'expliquer ! m'annonce Sam.
— Non, soufflé-je en contournant la femme. Ne t'approche pas de moi. Je sais pas ce qu'elle est, mais qu'elle ne s'approche pas de moi !
Je leur tourne le dos, et pars en courant à travers les arbres avant de prendre la direction de la voiture. Est-ce que cette chose est ce qu'on appelle un démon ? Est-ce bien ce que j'ai vu ? Et si c'est le cas, alors ce qu'a écrit Chuck est vrai ? Sam boit bien du sang de démon, il est intime avec elle ?
Je me faufile entre les arbres en essayant d'éviter les branches, quand je tombe à la renverse à cause d'une racine hors sol. Je grimace de douleur en me relevant, avant de me rappeler de ce que je viens de voir. Je me remets à courir jusqu'à la voiture.
Lorsque j'arrive près de celle-ci, je farfouille un peu partout avant de découvrir un fusil de chasse, chargé. Dans un sens, je dois bien avouer que je suis soulagée d'avoir affaire à des Chasseurs. Comme ça, je sais que j'ai une arme à ma disposition. Je monte dans la voiture et le pose à côté de moi, avant de mettre la clef dans le contact.
— Tu es déjà pressée de t'enfuir ? retentit une voix dans mon dos.
Je sursaute violemment en me tournant, et fais face au démon. Je lâche les clefs sans le faire exprès, et attrape mon fusil avant de sortir de la voiture en reculant. Je tombe alors en arrière, du véhicule, et atterris lourdement sur le dos. Mais je reste cramponnée au fusil, comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage.
Je regarde en direction de la voiture, mais le démon n'y est plus.
— Tu me cherches ? me questionne-t-elle en surgissant à ma gauche.
Je me tourne vers elle en sursautant et la vise.
— Juliette ! s'écrie Sam. Elle n'est pas ton ennemie !
Je l'ignore et fais feu sur elle. Elle prend la balle en pleine poitrine, mais reste debout devant moi. Elle soupire et baisse les yeux sur son vêtement, et fronce les sourcils.
— Je l'adorais ce t-shirt, me reproche-t-elle.
Je me lève tant bien que mal, et prends la fuite à travers les arbres sans demander mon reste.
— Non Ruby ! s'exclame Sam. Laisse-la. Je vais la retrouver. Toi, reste sur tes gardes. Et merci.
Je n'entends pas le reste de leur conversation. Plus je m'éloigne d'eux à travers bois et moins je les entends.
Je n'en reviens pas qu'il ait bu le sang de ce démon. Moi qui croyais que ce n'était qu'un moyen pour l'auteur de faire du sensationnel pour booster ses ventes, voilà que je tombe des nues en découvrant la liaison entre Sam et un démon.

La nuit est tombée et je suis seule dans le noir. Seule la lune m'éclaire à travers les arbres, m'envoyant des ombres fantomatiques et quelques autres paréidolie digne du dessin animé de Blanche-Neige. Mais je dois me rendre à l'évidence, je me suis perdue. Je ne sais pas quelle direction prendre, ni par où je viens. Je ne sais pas du tout où je suis. Je ne sais même pas si Sam a abandonné les recherches. Et il y a tellement de bruits autour de moi, que je n'arrive pas à savoir s'ils sont dû à la faune sauvage ou à un autre intrus.
— Juliette, retentit la voix de Sam dans mon dos. Enfin je te trouves.
Je fais un bond de tout les Diables, et me retourne en me cramponnant à mon arme. Comment j'ai fait pour le pas l'entendre approcher ?
Sans vraiment savoir comment tenir l'arme, je la pointe sur Sam qui s'arrête brusquement en levant les deux mains.
— Ne t'approche pas, ou je tire !
— Arrête tes conneries ! Baisse cette arme avant de me blesser ! Si tu me fais du mal, tu risques d'avoir Dean sur ton dos.
— J'en ai raz le cul que vous me sous-estimiez ton frère et toi ! grogné-je d'agacement.
— Ce n'est pas ce que je voulais faire. Baisse cette arme.
— Tu étais avec ce Démon ! Tu buvais son sang ! lui reproché-je en ignorant sa requête.
— Comment tu sais que c'était un Démon ?
— Ne joues pas à ça avec moi. Elle était... elle était horrible ! Hideuse ! Sa peau était carbonisée et encore en train de brûler par endroit et on voyait l'intérieur de sa bouche ! Comment tu peux être intime avec cette chose ? Un Démon, Sam !
— Je sais que ça peut paraître sordide, mais tu peux me croire, elle n'est pas comme tu le crois.
— Un démon reste un démon !
— Tu ne la connais pas comme je la connaît ! la défend-il. Elle a été là pour moi quand j'ai perdu Dean !
— Et tu trouves ça normal pour quelqu'un qui tient à toi, de te faire boire du sang de démons ? Donne-moi une bonne raison de ne pas la renvoyer d'où elle vient !
— Elle a été là pour moi. Je n'ai qu'elle.
— Non ! m'écrié-je les larmes aux yeux. Tu m'as moi ! Tu m'avais moi.
Je me tais presque aussitôt en détournant le regard devant le visage décomposé de Sam. Je retiens mes larmes du mieux que je peux. Je ne veux pas qu'il voit que ça m'atteint. Même si dans le fond, lui montrer que ça me fait mal ne serait que justice.
— Non... soupire-t-il alors tristement. Tu ne peux pas avoir ce genre de sentiment pour moi.
Je fronce les sourcils et tourne les yeux vers lui.
— Ruby... Elle ne peut pas mourir. C'est pour ça que je la laisse être aussi proche de moi. Toi... tu pourrais être tuée, ou on pourrait se servir de toi pour m'atteindre. Et je ne peux pas prendre ce risque ou te le faire courir.
— Ne t'en fais pas, marmonné-je froidement. J'ai compris le message.
Je m'approche de lui avant de poser l'arme contre sa poitrine.
— Je veux rentrer. Plus vite j'aurais terminé d'apprendre tout ce qu'il y a à savoir, plus vite je déguerpirais de vos pattes.
Sur ces mots, je lui passe à côté avant de le suivre jusqu'à la camionnette de Bobby. 

Destiny Tome 1 : Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant