CHAPITRE 54

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Juliette

Un peu plus de vingt-quatre heures plus tard, je descends de la voiture, devant le commissariat de la police d'Adrian. Fidèle à la décision que j'ai prise deux jours plus tôt, j'ai préféré rouler en direction du Michigan plutôt que retourner à Sioux Falls. Dean ne veut pas de moi. Et je sais que Castiel me ramènerait aussitôt à la case départ. Inutile d'être brillante pour savoir ça. Il n'a pas hésité à m'endormir pour me téléporter. Alors quitte à gâcher mon énergie, autant que ce soit pour un but précis que je me suis fixée lorsque j'ai découvert la mort de ma mère.
Je prends une grande inspiration en plissant les pans de ma veste, et avance vers les portes de l'établissement avant d'entrer. Ce n'est pas la première fois que j'enquête toute seule. Mais c'est la première fois que je reviens ici depuis que Castiel a effacé la mémoire de tous ceux qui me connaissent.
Une fois dans les bureaux, je me dirige vers l'officier à l'accueil.
— Bonjour, agent spécial Walder, FBI ! me présenté-je en montrant mon badge que je viens de sortir de l'intérieur de ma veste. Je suis ici pour l'affaire Meredith Baxton.
— J'ignorais qu'un suicide intéressait les Bureaux Fédéraux ! intervient un homme qui quitte son bureau pour venir à ma rencontre.
— Je suis seulement ici pour m'assurer que cette mort ne correspond pas à celle d'un de nos suspect.
— Je suis le Shérif Radler. Je suis en charge du dossier.
— Enchantée. Agent spécial Walder.
Je lui tend ma carte en lui souriant.
En plissant les yeux, le Shérif prend ma carte avant de retourner dans son bureau en silence. En le regardant par-dessus ses sourcils, ils compose le numéro qui se trouve sur ma carte.
— Shérif Radler d'Adrian dans le Michigan. Je vous appelle concernant un de vos agents.
— ...
— Je vous la passe, soupire l'homme avant de me tendre le téléphone.
J'entre dans le bureau, et prends le téléphone en soupirant.
— Allô patron.
— Juliette je peux savoir ce que tu fous dans ta ville natale ? m'engueule Bobby à l'autre bout du combiné.
— Oui le trajet s'est bien passé patron. Je n'ai pas encore eu le temps de jeter un œil au dossier concernant la mort de Meredith Baxton. Mais je vous transmettrai mon rapport dès que j'en saurais plus.
Bobby soupire.
— Très bien. Sois prudente.
— Naturellement patron.
Je raccroche en adressant un sourire au Shérif.
— C'est pas un commode votre patron.
— Vous n'avez pas idée. Il n'aime pas qu'on lui fasse perdre son temps. Pourrais-je avoir une copie du dossier, s'il vous plaît ?
— Bien sûr. L'officier Garrison à l'accueil vous le transmettra.
— Je vous remercie, souris-je.
Le téléphone se met à sonner. Le Shérif soupire et tourne les yeux vers moi.
— Si vous voulez bien m'excuser...
— Bien sûr. Bonne journée Shérif.
Je me dirige vers l'entrée de l'officier Garrison et souris à l'homme.
— Si vous vouliez bien patienter, je vous prépare le dossier.
— C'est gentil, merci.
Je m'apprête à aller m'installer sur une des chaises, lorsque mon téléphone sonne dans ma poche.
— Allez-y, je m'en occupe.
Je souris à l'homme avant de sortir pour prendre mon appel. Je m'éloigne du commissariat et retourne près de ma voiture.
— Allô ?
— Juliette ? C'est Sam.
Je hausse les sourcils de surprise.
— Sam ? Il t'ont libérés pour bonne conduite ?
Ce dernier ricane doucement.
— Oui... Le sevrage n'a pas été de tout repos, mais j'y suis arrivé. Je suis désolé si je t'ai fait peur.
— Je dois t'avouer que tu m'as flanqué la trouille mais tu nous as probablement sauvés la vie alors merci.
— Dean m'a dit qu'il t'avait renvoyé en Oklahoma. Je suis désolé.
— Ne t'excuse pas à sa place s'il te plaît. Il m'a viré de chez Bobby alors que j'avais besoin de vous. D'accord je voulais te sortir de là. Mais Dean n'avait pas à m'expédier à Ketchum.
— Je sais... soupire Sam. Je lui en veux pas.
— C'est à moi d'en décider Sam. Tu m'appelles seulement pour défendre ton frère ?
— Non ce n'est pas pour ça. Bobby m'a dit que tu étais chez toi à Adrian, alors j'ai fait des recherches et je suis tombé sur l'article que tu as consulté. Je suis désolé pour ta mère.
Je pince les lèvres et avale difficilement ma salive.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à nous le demander. Nous viendrons aussitôt.
— Ça va aller. Je vais m'en sortir. D'après l'article, elle est morte noyée dans le lac Devils. D'après le Shérif, il s'agit d'un suicide.
— Le lac Devils... Tu ne penses pas que c'est un piège ?
— Je ne sais pas... soupiré-je. Sans doute. En attendant, Famine a dit que Lucifer était impatient de me rencontrer. Et comme il était trop occupé ailleurs, il a envoyé ses démons pour s'occuper de ma mère. Et avant qu'il ne me dise ces choses, j'ai pris le lieu de la mort de ma mère comme un message qui m'était destiné. Vous n'êtes pas sans savoir ton frère et toi qu'ils voulaient des informations sur moi.
— Tu penses qu'ils l'ont tués parce que tu lui as fais effacer la mémoire ?
— C'est précisément ce que je pense, soupiré-je avant de m'adosser à la voiture.
— Que comptes-tu faire ?
— Retrouver ces vermines et régler leur compte.
— Ne le prends pas mal Juliette, mais je m'y connais en Vendetta. Et tu peux me croire que ça ne t'apportera rien de bon.
— C'est très gentil de t'en faire pour moi Sam. Mais ça va aller. Je vais les retrouver et leur montrer qui je suis.
— Juliette...
— Agent spécial Walder ? m'appelle quelqu'un en face de moi.
Je lève les yeux et vois l'officier Garrison me montrer un dossier.
— Je suis désolée Sam, mais je dois y aller. Et dis à ton frère que ça ne sert à rien de m'appeler tant qu'ils n'aura pas des excuses à me faire.
Je l'entends soupirer dans le micro du téléphone, avant de raccrocher.
— J'ai fais aussi vite que prévu, m'annonce l'officier en me tendant le dossier.
Je hausse les sourcils en le prenant dans mes mains.
— Il ne fallait pas vous donner autant de mal.
— Ce n'était pas le cas, m'assure l'homme. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas.
Je ne peux m'empêcher de sourire.
— Merci beaucoup, c'est gentil. Je n'hésiterai pas.
— Passez une bonne journée.
Je le remercie une nouvelle fois avant de contourner ma voiture pour monter dedans. Je pose le dossier à côté de moi et démarre avant de partir à la recherche du motel le moins cher de la ville.

Une fois installée dans ma chambre, je prends une grande inspiration et m'installe à la table près de la fenêtre. Je pose le dossier devant moi, avant de l'ouvrir. Cette affaire risque d'être vraiment compliquée pour moi. Je ne me sens vraiment pas prête à regarder les photos du corps de ma mère. Pourtant, je n'ai pas le choix. Peut-être aurais-je dû accepter l'aide de Sam et Dean...
Concentrée, je lis chaque ligne qui étalées sur le papier en essayant d'écarter le fait qu'il s'agit du corps de ma mère, décrit à travers ces mots soigneusement sélectionnés.

« ... D'après les témoins, la victime tenait des propos incohérents sur Apocalypse qui se préparerait [...] »

« Elle aurait menacée un des voisins, Barry Woodall, de le faire brûler dans les flammes de l'Enfer [...] »

« La victime était délirante et aurait eu, d'après le témoin, les yeux entièrement noirs. »

Je tourne les pages du rapport d'enquête, jusqu'à tomber sur celui du légiste.

« La victime aurait délibérément plongée dans l'eau. Le corps ne comporte aucune trace de lutte, ce qui indique qu'elle se serait elle-même noyée en se maintenant la tête sous l'eau. »

En tournant la page sur rapport du légiste, je tombe sur une photo de maman en robe de chambre, le corps dénué de couleur, de vie, les yeux grands ouverts et levés vers le ciel.
Le coeur battant, je ferme le dossier rapidement et me lève d'un bond avant de m'éloigner le plus possible de la table. Je n'en reviens pas qu'ils aient tués ma mère et l'aient fait passer pour un suicide. Elle devait être effrayée lorsqu'elle s'est rendue compte de ce qui se passait. Lorsqu'elle a réalisée qu'elle n'avait plus d'emprise sur son propre corps et lorsqu'elle a compris qu'elle ne survivrait pas.
Ne pouvant pas en lire d'avantage, je prends mes clefs de voiture et quitte la chambre rapidement avant de prendre la direction d'un boutique pour me prendre de la bière et de quoi manger.

Lorsque je rentre au motel, je pose mes courses sur la table et vais me changer après avoir pris une douche pour me changer les idées. Je me mets en jean, t-shirt simple et mes bottes plates, et reviens vers la table avant de prendre appui sur celle-ci. Je n'ai pas le choix. Il va bien falloir que je m'y mette. Il va falloir que je fasse comme si il s'agissait une personne lambda. Autrement, je ne pourrais jamais retrouver ces démons et venger ma mère. Mais alors que je ramène le dossier à moi pour l'ouvrir, la nausée me gagne et je pars en courant en direction des toilettes pour vomir le contenu vide de mon estomac avant de me mettre à pleurer au-dessus du lavabo tandis que je me rafraîchis. Je suis tentée d'appeler Sam et Dean pour venir m'aider. Mais j'en veux trop à Dean de m'avoir envoyé à plus de neuf-cent-vingt kilomètres de Sioux Falls.
Mon téléphone sonne depuis la table du salon où je l'ai laissé. Je prends une grande inspiration et renifle pour reprendre contenance, avant de m'essuyer les joues. J'observe mon reflet dans la glace en lançant un coup d'œil impatient en direction de mon téléphone qui continue de sonner. Je n'ai pas le choix. Il faut que je réponde.
Je retourne dans la chambre et prends le téléphone avant de décocher.
— Qu'est-ce que tu veux Dean ? je réponds sans ménagement après avoir vu le prénom de l'appelant.
— Moi aussi je suis content d'entendre ta voix.
— Je n'ai pas le temps de jouer à ça, m'impatienté-je. Alors s'il te plaît, sois bref.
— Je sais, soupire ce dernier. Bobby m'a dit que tu avais perdu ta mère. Je suis désolé.
Sentant mes larmes revenir et me brûler les yeux, je détourne les yeux en soupirant d'un air agacé.
— Si c'est tout ce que tu avais à me dire, je vais raccrocher.
— Juliette, attends ! Sam m'a aussi dit que je n'aurais pas le droit de t'appeler tant que je ne formulerais pas des excuses. Alors je te présente mes excuses. Je suis vraiment désolé de t'avoir envoyé en Oklahoma. J'ai dépassé les bornes.
Je soupire en levant les yeux au ciel.
— Tu sais comment je suis avec mon frère. Il fallait que je le fasse. Avec le sang de démon dans l'organisme, il se rapproche lui aussi du démon. Il était hors de question que je ne le permette.
— Ça va... marmonné-je. C'est bon. Excuses acceptées. Maintenant si tu veux bien, je dois retourner à mon affaire de faux suicide.
— D'accord. Mais si tu as besoin de nous, n'oublies pas que nous t'aiderons sans hésiter.
— Je le sais. Sam m'a déjà prévenu.
— Je vois.
— A la prochaine Dean.
— Prends soin de toi.
Je ne prends pas la peine de répondre et raccroche avant de poser le téléphone sur le dossier. Une chose est certaine, je risque d'en baver un max pendant cette affaire. Mais je dois donner le meilleur de moi-même. Je le dois à ma mère que je n'ai pas su protéger comme il se doit.

Destiny Tome 1 : Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant