CHAPITRE 27

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Juliette

Sur la route, alors que nous roulons vers James Town, Dean soupire. Je tourne les yeux vers lui sans comprendre.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu rêvais de mon frère quand je t'ai réveillé.
Je hausse les sourcils et détourne le regard.
— Non.
— Ce n'était pas une question.
Je lève les yeux au ciel, agacée qu'il soit aussi perspicace. Même si c'est ce qui va nous permettre de retrouver son frère.
— Rêver est un bien grand mot... je dirais que je faisais un cauchemar plutôt.
— Tu as quand même appelé Sam. D'une voix étrange.
Je me mets à rougir en serrant mon poing sur ma cuisse.
— Si je me souviens bien, ça ressemblait à un gémissement.
— Ça devait être quand je me faisais tuer... éludé-je.
— Tu en es sûre ?
— Autrement pourquoi rêver de lui ? rétorqué-je en tournant la tête vers le Chasseurs.
— Je pensais que c'était un cauchemar ?
Je rougis de plus belle devant son sourire en coin. Je viens d'être prise au piège, sans m'en rendre compte.
— Laisse-moi deviner ! C'était un rêve coquin ?
— Je te t'en prie Dean. Puisqu'on va faire je ne sais combien de temps de route pour récupérer ton frère, je te serais gré de ne pas me mettre dans l'embarras en parlant de sexe.
— Donc c'était bien un rêve coquin ! s'esclaffe-t-il.
— Bien sûr que non ! Il ne faisait que m'embrasser avant que tu ne me tues.
Il fronce les sourcils et tourne les yeux vers moi.
— Pourquoi t'ai-je tué ?
— Parce que j'ai embrassé ton frère ? Je sais pas.
— Si tu me parles d'un triangle amoureux à la mords-moi le nœuds, je dégueule.
— Quoi ? Non ! Ça n'a rien à voir ! m'exclamé-je, dégoûtée. C'est juste que...
Je soupire en levant les yeux au ciel. Moi qui ne voulais pas en parler, me voilà en train de faire exactement le contraire.
— Dans mon rêve, j'allais voir Sam qui était enfermé et était devenu un démon. Et je sais pas pourquoi, mais dans mon rêve il me disait tout ce que je voulais entendre de sa bouche et je me suis laissé tenté. Et quand tu es arrivé, il t'a dit que cette fois tu ne m'enlèverais pas à lui, et pour le tuer, tu m'as tué.
— Si ça peut te rassurer, Sam ne deviendra pas un démon. Et je n'ai aucune intention de te tuer. Je me sentirais plus serein s'il était avec toi plutôt qu'avec Ruby.
Je hausse les épaules en regardant le paysage à travers ma vitre.
— Il ne l'aurait jamais été je pense.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce qu'il a été clair à ce sujet. Il n'a qu'elle selon lui.
Il soupire tristement.
— Je ne sais pas quoi te dire Juliette. Vraiment. J'avais pourtant l'impression que tu ne le laissais pas indifférent. Toujours à s'inquiéter pour toi, et me dire de faire demi-tour à Dallas...
— C'est comme ça Dean... murmuré-je en déglutissant. C'est son choix, et il l'a fait. Je n'ai pas ma place.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Que lorsque vous en aurez finis avec Lilith, je crois que je vais partir de mon côté pendant quelques temps.
— Tu en es sûre ? s'inquiète aussitôt Dean en tournant la tête vers moi.
— Oui, je pense que c'est le mieux. J'ai besoin de prendre de la distance avec lui. Et ça ne fonctionnera pas si je reste avec vous. Alors c'est ce que je vais faire.
— Je ne suis pas certain que ce soit la meilleure des solutions, mais je ne peux pas t'en empêcher. Seulement, ne nous laisses pas sans nouvelles. D'accord ?
Je souris malgré moi en hochant la tête.
— Merci Dean.

* * * * *

Nous avons passé la nuit à rouler pour retrouver la trace de Sam. Il fait nuit et je commence à m'endormir, lorsque le téléphone de Dean sonne dans sa poche.
— ...
— Est-ce je suis encore loin ?
Je fronce les sourcils en tournant les yeux vers le conducteur. Ont-ils retrouvés Sam ?
— ...
— Très bien. Je vais aller y jeter un coup d'oeil.
— ...
— Quoi ?
— ...
— Mouais... marmonne Dean.
Au bout de quelques secondes, il raccroche.
— Bobby a du nouveau ? me risqué-je à demander.
Il tourne les yeux vers moi d'un air contrarié.
— Apparemment la police a retrouvé la voiture de Sam juste avant Elk River. C'est à une ou deux heures d'ici. Mais il y aurait des traces d'une présence démoniaque à Cold Spring qui se trouve juste à côté.
— Il aurait abandonné sa voiture pour continuer à pieds ?
— Probablement ou effacer ses traces.
— Dean, est-ce que ça va ?
— Ça fait longtemps que j'aurais dû liquider cette garce démoniaque. Peut-être que Sam ne se serait pas retrouvé dans tout ce merdier.
— Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer.
— Probablement pas, soupire-t-il. Mais j'aurais pu liquider Ruby dès mon retour des Enfers. Je n'aurais pas dû me montrer reconnaissant envers elle, d'avoir prit soin de mon frère. Je me sens en partie responsable.
Je soupire tristement, ne sachant pas quoi dire pour lui remonter le moral. Il ne pouvait pas savoir. Ça c'est certain. Alors pourquoi je n'arrive pas à le raisonner ?
— Ne t'en fais pas, Dean. Tu auras la peau de Ruby. Ce n'est plus qu'une question de temps.

— Tu es sûr qu'il est dans un de ces motels ? m'étonné-je en suivant Dean à l'extérieur du motel que nous venons de fouiller.
— Je le connais. Il sait que je le connais mieux que quiconque. Alors il choisira un endroit que j'aurais pas idée d'aller fouiller.
— Je vois... Et si il n'est pas ici, on fait comment ?
— Ne t'en fais pas. Il est ici. La seule chambre que mon frère n'irait pas prendre, c'est une suite nuptiale.
— Alors c'est là qu'il est... soupiré-je.
— Exact. 
— Alors pourquoi nous retournons à la voiture ?
— Parce que je suis venu récupérer quelque chose qui nous sera très utile. Va dans la boîte à gants de la voiture et dans un petit coffret en bois se trouve de fausse pièces d'identité. Tu nous prends deux badges du FBI.
J'obéis en silence et cherche à l'endroit indiqué, même si je ne sais pas comment de vais faire pour me faire passer pour un agent du FBI, alors que je n'ai pas de fausse pièce d'identité. Cependant, une fois le coffret ouvert, je découvre un faux badge avec ma photo.
Je hausse les sourcils de surprise.
— Juliette, ça vient ?
— Je... Oui, j'arrive.
Je prends rapidement le badge de Dean et range le coffret à sa place avant de quitter la voiture.
— Quand avez-vous eu le temps de fabriquer ma carte ? m'étonné-je en lui tendant la sienne.
— Tu étais en plein milieu de ton footing avec mon frère, et je m'ennuyais. Alors j'ai fait appel à un Chasseur qui est informaticien et qui s'occupe de toutes ces choses. Il a effacé ton identité des réseaux sociaux et s'est servi d'une photo du jour où tu t'es mis en costume cravate pour la Fac.
— Ça ne rigole pas on dirait... marmonné-je. De là à supprimer mes comptes sociaux ?
— Si tu es partout sur internet, rien n'empêchera le gouvernement de te mettre la main dessus si jamais tu te faisais chopper. Le profil bas sont les maîtres mots. Moins les gens en savent sur nous, mieux c'est, m'explique Dean en traversant la rue. Maintenant, fais exactement comme moi, et bluff. Tu es un agent du FBI sous couverture, et nous sommes venus appréhender un suspect.
— Très bien.
La peur me tord le ventre, mais je fais comme si de rien n'était. Je n'ai pas le choix. Autrement nous risquons de nous faire prendre pour faux et utilisation de faux.
Nous entrons dans l'hôtel et nous arrêtons à l'accueil en montrant nos badges.
— Bonjour. Je suis l'agent Bon et voici ma collègue l'agent Spears. Nous souhaiterions avoir accès à la suite nuptiale.
— L'agent Spears ? répète le secrétaire d'un air sceptique.
— Nous ne choisissons pas notre famille, souris-je pour détendre l'atmosphère. Écoutez. Nous sommes ici sous couverture pour appréhender un suspect.
— Un suspect de quoi ?
— Moins vous en savez, mieux ce sera pour vous. Tout porte à croire qu'il ait trouvé refuge dans la suite nuptiale. Il nous faut la clef.
— Est-ce que je vais avoir des ennuis ?
— Pas si vous restez discret et que vous nous laissez faire notre travail.
— Très bien... soupire l'homme. Je ne veux pas d'histoire dans mon hôtel. Il n'y a rien de mieux que la mauvaise pub pour faire couler mon affaire.
Nous le remercions et prenons l'ascenseur. Une fois les porte refermées, Dean se tourne vers moi en me regardant avec étonnement.
— Quoi ? J'ai fais deux ans de théâtre au collège.
— Tu avais pour vocation d'être actrice ? se moque-t-il en souriant en coin.
— Non. Je ne faisais ça que parce qu'il me fallait une activité extra-scolaire. Alors je me suis inscrite à la pièce de théâtre. La première année j'ai jouée, la deuxième je l'ai organisée.
— On peut dire que tu n'as pas fait ça pour rien.
J'opine en silence, avant d'attraper mon arme à l'arrière de mon jean.

Destiny Tome 1 : Choisis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant