Chapitre 20

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New-York. J'avais oublié à quel point cette ville parait gigantesque comparée à Londres ou encore à Paris. Lorsqu'on a mit les pieds en dehors de l'aéroport, la fraicheur d'un début Mars m'a glacé le sang. Je ne sais pas si c'est la fatigue ou bien juste mon absence de joie de vivre, mais j'ai horriblement froid. Et lorsqu'un taxi s'arrête enfin à notre hauteur, le soulagement de ne plus avoir à subir le froid me fait trembler les jambes. Le chauffeur descend et nous salut avec un accent à étouffer un mort. Ça aussi je l'avais presque oublié, les Américains n'articulent pas, et en plus leurs accents diffèrent de régions en régions. Et l'accent New-Yorkais est terriblement indéchiffrable. Timothée lui donne son unique sac de voyage, et très vite leur deux paires d'yeux me tombent dessus. Oh Seigneur, il va falloir que je communique.
- Tu n'as pas de bagages ?
Je pose les yeux sur Timothée en secouant la tête. Tout ce que j'ai ramené de chez Tom est désormais entreposé chez mon père. Je suis venue littéralement à l'arrache, sans même prendre une bouteille d'eau. Et le regard insistant du chauffeur de taxi me confirme que c'est étrange. C'est Timothée qui attire son attention et me libère enfin de ses yeux noirs.
- She has no luggage.
Le chauffeur me lance un nouveau regard, avant de fermer le coffre en le claquant ci fort que ça m'arrache un sursaut. Tim me laisse monter en première et très vite les vibrassions incessantes du véhicule me font piquer du nez. Mes yeux mi clos voient passer de nombreuses voitures, un immense pont et des buildings tellement haut que je n'ai pas la force de relever la tête pour les voir en entier. Bercée par la route, je laisse mes yeux se reposer quelques secondes. Après tout, ils l'ont bien mérités. Ils ont versés tellement de larmes que mes rétines sont totalement brûlées. Et puis, étonnamment, même si ce taxi n'a rien de confortable et accueillant, je n'ai pas peur de m'y assoupir. En réalité, j'ai juste peur de m'y réveiller. Parce qu'une fois les yeux fermés, il n'y a plus rien de douloureux, plus personne qui me hurle dessus, il n'y a plus que le noir total et les vibrassions de la vitre sur laquelle mon crâne est appuyé. Mais lorsque je vais devoir ouvrir à nouveau les yeux, la réalité que je dois affronter va me sauter à la gorge comme une hyène enragée. Et je n'ai pas la force de lutter. Je vais simplement finir vidée de mon sang, encore une fois.
- What are you doing here ?
Un écho s'échappe de la pénombre dans laquelle je suis plongée et je reconnais immédiatement la voix de Tom. Le noir qui m'entoure s'éclaircit violemment et il apparaît enfin devant moi. Debout, une serviette autour de la taille pour seul vêtement. Ses boucles dégoulines sur son front, gratifiant son torse de quelques gouttes d'eau dont je suis éperdument jalouse. Un lit nous sépare et je me souviens parfaitement de cette scène. C'est celle de notre première rencontre. Ses yeux bruns ont pourtant l'air mille fois plus noirs que la première fois que je les ai vu. Comme-ci il n'avait définitivement pas envie que je sois là.
- What the fuck is wrong with you ?
Son hurlement me pétrifie sur le champ, et je ne comprend pas pourquoi il hurle. Pourquoi ce revirement de situation ? Qu'est-ce que j'ai fais pour qu'il me hurle dessus comme ça ? Ma bouche refuse de s'ouvrir, et je suis incapable de répondre. Son regard est tellement noir et il ne me lâche pas une seule seconde. Jusqu'à ce qu'une autre silhouette se détache derrière lui, attirant toute son attention. Et la mienne aussi. C'est Zendaya. Elle est... elle est magnifique, tellement plus que moi. Sa robe semble littéralement fondue sur sa peau, et ça ne fait que mettre en valeur sa silhouette élancée. Elle pose une main sur le torse de Tom, et ses yeux à elle ne m'ont même pas regardés. Ils sont totalement dévoués à Tom. Comme-ci je n'existais pas. Tom semble m'avoir totalement oubliée. Il pose une main sur le ventre de Zendaya, et c'est là que je remarque à quel point il est gros. Et même dans cette réalité inconsciente, j'ai l'impression d'étouffer. L'impression qu'une corde s'est accrochée à ma gorge et serre avec une force surnaturelle, me tirant en arrière, m'éloignant de cette vision horrifique de l'homme que j'aime attendant un enfant d'une autre femme que moi. Ils sont trop occupés à ce sourire pour me voir partir. Et lorsque leurs lèvres se touchent, je sens mes jambes me lâcher. Le vide m'accueil à bras ouverts, et c'est cette sensation de chute vertigineuse qui me réveille instantanément. Dans un violant sursaut.
La lourdeur de mes paupières m'empêche de comprendre tout de suite où je suis. C'est la main de Tim se posant sur mon épaule qui me ramène brusquement à la réalité. La dure réalité où ce cauchemar est entrain de réaliser.
- Tu va bien ?
Je pose les yeux sur Timothée dont l'inquiétude ne fait que renforcer mon envie de disparaître. J'acquiesce doucement, préférant lui livrer ce mensonge plutôt que de devoir expliquer ce qui ne va pas. Comment je vais faire pour dormir si à chaque fois que je ferme les yeux je le vois avec elle ? Avec notre bébé qui plus est.
Lorsque le taxi s'arrête, mes jambes sont las de devoir me porter. Et je n'ai même plus la force de parler. Dieu merci, Timothée l'a comprit, et il se contente de rester silencieux avec moi. Il salut tout de même le portier de sa résidence à qui je me contente de sourire poliment. L'idée même qu'il y est un portier en bas de ce building ne me surprend plus. Je suis bien trop fatiguée pour me laisser surprendre. Le trajet dans l'ascenseur jusqu'à l'appartement me paraît totalement flou. J'ai l'impression d'avoir quitté mon corps et de n'être plus qu'une ombre enchaînée à cette enveloppe vide qui pourtant abrite mon bébé. J'ai tellement envie de m'envoler là, si vous saviez.
- C'est là.
La voix de Timothée me sort de mes pensées aux allures de Prison Break, et je pose les yeux sur cette porte noire qui s'apprête à m'accueillir. Tim me laisse entrer en première, me plongeant dans son intimité. La porte d'entrée donne directement sur le salon, et ce qui attire mon attention ce sont les vêtements éparpillés un peu partout. Sur le canapé, sur la table basse et même sur le meuble télé. Timothée me passe devant en délaissant son sac pour commencer à ramasser tout ce qui cause ce désordre.
- Sorry for that.
Il se tourne vers moi, les bras chargés de vêtements avec un sourire gêné.
- Je ne pensais pas revenir accompagné.
J'hausse les épaules sans grande conviction, même ce simple mouvement me demande une énergie considérable.
- C'est pas grave, t'inquiète.
Il m'adresse un sourire un peu plus grand, avant de ramasser une chaussette qui trône au milieu de la pièce.
- Fais comme chez toi, je reviens.
Faire comme chez moi. Mais je n'ai plus de chez moi. Paris ne ressemble plus à un chez moi, et le seul endroit où je me sentais vraiment chez moi, je n'y suis plus la bienvenue. Je ne suis plus chez moi nul part, pas même dans ma propre tête j'ai l'impression, et encore moins dans mon corps où je suis forcée de vivre en colocation. Non... "chez moi" ce n'est vraiment plus une phrase qui me parle.
Il s'éclipse par un couloir à gauche du salon, tandis que j'ose à peine traverser la pièce. Je réussis tant bien que mal à me traîner jusqu'aux immenses fenêtres et la vue me donne immédiatement le vertige. On est tellement haut que les taxis en bas de la rue ne sont plus que des tâches jaunes semblant faire partie d'un parcours de billes. Les immeubles de l'autre côté de la rue nous empêche de voir l'horizon, mais les escaliers de fers qui les habilles nous confirme que nous sommes bien en plein coeur de New-York.
- Tu veux boire quelque chose ?
Je laisse tomber la vue pour me tourner vers Timothée qui est déjà dans la cuisine dont le bar en bois fait office de délimitation avec le salon. Il s'arrête devant son frigo en posant les yeux sur moi.
- Ou peut-être manger ? Tu as l'air...
Il passe une main devant son visage pour illustrer ce qu'il essai de dire.
- I don't know how to say in French but... you look like hell.
Waouh... OK. Je suppose qu'il essai de me faire comprendre que j'ai mauvaise mine. Je ne lui en veut pas, moi-même j'ai peur de me voir dans un miroir.
- J'ai pas très faim, mais merci.
Je tourne la tête vers l'immense canapé qui me fait de l'oeil. J'ai tellement mal aux jambes que j'ai l'impression qu'elles se transforment en bois.
- Tu peux t'asseoir si tu veux.
Je jette un oeil à Tim que je remercie d'un sourire avant de me laisser tomber sur les immenses coussins de cuir. Oh Gosh, il est tellement moelleux qu'on dirait un chamallow. La douleur dans mes jambes ne disparait pas pour autant, mais celle dans mon dos s'apaise immédiatement. Tim s'assoit à côté de moi, une bière dans une main et une petite bouteille en verre dans l'autre qu'il s'empresse de me tendre. Je la prend avec méfiance, ne sachant absolument pas ce que c'est. Le liquide est trouble et il y a un citron sur l'étiquette.
- C'est de la lemonade.
Son accent Américain lorsqu'il prononce limonade m'arrache un bref sourire. J'essais de décapsuler la bouteille tant bien que mal, mais le fer du bouchon me cisaille littéralement les mains.
- Ah shit !
Je jette un oeil à ma paume rougie par la friction, lorsque Tim me prend doucement la bouteille des mains, effleurant mes doigts de sa peau glaciale. Il pose sa bière sur la table basse et attrape le bas de son T-shirt pour ouvrir cette foutue bouteille. Une partie de son torse se dévoile et la pâleur de sa peau me force à détourner le regard. Je me sens mal de voir cette partie de son corps alors que Tom et moi... alors que Tom et moi c'est terminé.
- No one resists me, especially not a bottle of lemonade.
Je repose les yeux sur lui en reprenant ma bouteille désormais ouverte.
- Merci.
J'en bois une gorgée pour réhydrater mon corps, et la fraicheur du liquide coulant dans ma gorge associée aux bulles m'arrache une grimace.
- Tu n'aime pas ?
Je croise le regard curieux de Timothée et acquiesce en me forçant à sourire.
- Si, c'est très bon...
Les vibrations de mon téléphone au creux de la poche centrale de mon sweat m'interromps. Je l'extirpe de mon pull pour apercevoir le sourire de Tom. Il m'appel. Putain pourquoi il m'appel ? Enfin bien sûr que je sais pourquoi il m'appel, mais j'avais perdu tout espoir qu'il le fasse. Et malgré moi, je refuse l'appel, arrêtant les vibrassions agaçantes de mon téléphone. Je le glisse de nouveau dans ma poche en avalant une gorgée de limonade. Je sens le regard de Timothée posé sur moi, et c'est vraiment désagréable. Mon téléphone se remet à vibrer et je décide de l'ignorer malgré le silence de l'appartement qui laisse l'écho de l'appel se répandre dans chaque recoins.
- Maybe you should...
- Non.
Je pose les yeux sur Timothée en le coupant dans sa phrase comme une mère le ferait avec un enfant faisant un énième caprice. Et je me rend compte à quel point mon ton était dur lorsqu'il baisse les yeux vers sa bière.
- Sorry, I...
- Non, c'est moi qui m'excuse.
Il relève les yeux au moment où les vibrassions s'arrêtent.
- J'ai pas envie de lui parler, tu comprends ?
Tim acquiesce fermement en laissant son regard tomber sur ma joue, certainement à l'endroit exact où ma peau est entaillée. Je baisse immédiatement la tête, gênée de porter son regard sur moi.
- Tu... tu ne m'a pas dit ce qui t'ai arrivé au visage.
Je repose les yeux sur Tim dont le regard ne me quitte plus. Il y a tellement de choses que je ne lui ai pas dîtes. Tellement que je ne sais même pas par où commencer.
- J'ai eu un accident de voiture, il y a deux jours.
L'inquiétude de son regard me force à baisser les yeux vers mes mains sales.
- Un type m'est rentré dedans, il a grillé le feu, la voiture était volée donc on a aucune chances de le retrouver.
- Really ? Mais... Il l'a fait exprès ?
C'est le premier à poser cette question à vois haute, cette question que je suis la seule à me poser depuis l'accident. Cette question dont mon père refuse ne serait-ce que l'hypothèse.
- Et bah... pour tout te dire...
Je relève la tête, soudainement effrayée qu'il ne me croit pas lui aussi.
- Je pense que c'était Benjamin.
Son regard se fronce dans la seconde. Lui aussi il doute de moi. Comme quoi je ne peux vraiment compter sur personne.
- Wait... il avait pas disparu lui ?
Je pose les yeux sur ma limonade, consciente que son retour paraît dingue.
- Si. Je le croyais même mort. Mais je l'ai vu.
Je jette un oeil à Tim qui me scrute dans l'incompréhension la plus totale.
- Je l'ai vu avant de prendre la route le soir de l'accident.
Je laisse à nouveau mon regard tomber, c'est plus facile de ne pas soutenir le sien. 
- Je suis sûr que c'était lui. Mon collier a disparu depuis ce soir là et je suis sûr que c'est lui qui me l'a prit.
Je bois une nouvelle gorgée de la limonade en me remémorant parfaitement la nuit où je l'ai vu.
- Tu pense qu'il a essayé de te tuer ?
Je relève les yeux pour plonger dans ceux de Timothée. Étonnamment, il a l'air plus conciliant que mon père. J'acquiesce pour seule réponse, lorsqu'il pose les yeux droit devant lui, semblant réfléchir.
- Et ton collier... c'est Tom qui te l'avait offert, right ?
Il me jette un coup d'oeil, juste le temps d'apercevoir mon hochement de tête, avant de reposer les yeux devant lui. Il fixe un point invisible pendant de longues minutes, avant d'acquiescer à son tour dans une lenteur angoissante.
- Yeah... it doesn't sounds crazy.
Attendez... il me croit ?
Il avale une gorgée de sa bière avant de poser les yeux sur moi.
- And your dad ? Qu'est-ce qu'il en pense ?
Je détourne le regard en repensant à mon père. Il doit tellement me détester maintenant. J'ai vraiment été horrible avec lui, et je commence à m'en vouloir. Peut-être qu'il avait raison après tout. Peut-être qu'entre Tom et moi c'est pas vraiment de l'amour. Peut-être que j'aurais dû me méfier. Mais maintenant c'est trop tard.
- Il ne m'a pas cru. Pour lui Benjamin est mort, et tout ça n'était qu'un banal délit de fuite qui a mal tourné. Le type a volé une voiture et a grillé le feu en voulant s'enfuir, rien de plus.
Peut-être bien que pour ça aussi il a raison. Je me monte certainement la tête toute seule.
- Moi je te crois.
La main de Tim se pose sur mon bras, et j'avais oublié cette manie qu'il a de me toucher lorsqu'il est inquiet, ou même compatissant.
- Tu dis ça juste parce que t'ai content que je sois ici, abandonnée par tout ceux en qui j'avais confiance.
Il reprend immédiatement sa main en baissant les yeux. OK, c'était peut-être un peu trop direct, mais c'est la vérité. Je n'ai pas confiance en lui. C'est dur de dire ça alors que je viens de le suivre jusqu'à son appartement. Alors qu'il est le seul à me soutenir maintenant que tout le monde m'a laissé tomber. On dirait que je ne suis là que pour me servir de lui, et il y a certainement une part de vérité là dedans. Après tout, c'est ce que tout le monde pense, que je suis une profiteuse.
- You don't trust me, right ?
Je lui jette un bref coup d'oeil, avant de fixer un point invisible devant moi.
- Je te faisais confiance. Je faisais confiance à Benjamin aussi, et à Tom. Et puis vous m'avez littéralement poignardé en pleine poitrine, chacun à votre façon.
Mon regard tombe sur la bouteille en verre entre mes mains. Et dire qu'il suffirait de la briser pour qu'elle me soit vraiment utile.
- Je suis désolé, Elena.
J'hoche la tête dans un geste inconscient.
- Ouais, vous l'êtes tous à un moment donné, puis la seconde d'après vous recommencez. À croire que je suis vraiment si faible que ça pour me faire avoir une seconde fois. Et pourquoi pas une troisième pendant qu'on y est ?
Je relève la tête vers lui, consciente que la fatigue est en train de me faire disjoncter.
- Tu ne veux pas essayer de m'embrasser une troisième fois par hasard ? Après tout il n'y a que toi et moi ici. Si tu tente quoi que ce soit, personne ne viendra t'en empêcher.
Ses yeux bleus soutiennent mon regard deux secondes à peine, avant qu'il ne baisse à nouveau la tête.
- C'est pas pour ça que tu m'a proposé de venir après tout ? Pour pouvoir faire ce que tu veux avec moi ?
Sa mâchoire déjà bien carrée se serre, tandis que sa voix glisse entre ses dents.
- Of course not.
Sa voix est grave, et il parait contrarié, mais il ne lève pas pour autant les yeux vers moi. Il garde le regard baissé, et ça m'énerve.
- Vraiment ? Alors pourquoi tu veux m'aider ? Qu'est-ce que t'y gagne toi là dedans ?
- Nothing.
Ses sourcils se haussent parce qu'il essai de contrôler sa colère, mais ça ne m'empêchera pas de continuer. Moi aussi je suis en colère, et j'ai besoin de réponses. J'ai besoin d'honnêteté, de savoir si je peux lui faire confiance ou non.
- Alors pourquoi tu le fais ?
- Because I care about you !
Son regard me tombe dessus comme une masse, et je suppose que je l'ai mit hors de lui, sinon il n'aurait pas crié comme ça.
- And I know I screwed up, but I really wanna help you, even if you don't believe me.
J'observe ses jolis yeux quelques secondes, et l'air nerveux qui déforme son visage. Je n'arrive pas à savoir si il est sincère ou non. Si il se sent vraiment coupable de ce qu'il m'a fait ou si il me manipule pour recommencer. Je ne sais pas si c'est la fatigue qui me rend si méfiante, mais je sens que je ne suis pas à l'aise avec lui ici, sans personne pour me venir en aide. Je n'aurais peut-être pas dû venir. J'aurais dû rester à l'aéroport à me morfondre sur moi-même.
- Je sais... je sais que j'ai fais n'importe quoi avec toi, et je suis désolé, Elena. Je suis vraiment désolé. Il faut que tu me crois.
Cette dernière phrase résonne presque comme une supplication. Et ça me dérange.
- Pourquoi est-ce qu'il faut à tout prix que je te crois ?
Son regard se fronce, et c'est certainement parce qu'il ne comprend pas l'agressivité de ma phrase. Je ne devrais pas être aussi agressive alors qu'il vient de m'accueillir, mais c'est plus fort que moi. Et puis, aussi horrible que ça puisse paraître, j'ai besoin de lui crier dessus. Il faut que je crie, vous comprenez ? J'en ai besoin. Je sens que si je ne le fais pas je vais exploser.
- Pourquoi je devrais te faire confiance putain ?
Il a un sursaut de frayeur et je ne peux pas lui en vouloir. J'ai vraiment crié fort cette fois.
- Tu m'a embrassé de force, Tim ! J'avais ton sang dans la bouche bordel !
Il baisse immédiatement la tête, mâchoire serrée. Et je ne sais pas si c'est à lui qu'il en veut ou bien à moi. Après tout, c'est la seule manière que j'ai trouvé pour qu'il veuille bien décoller sa bouche de la mienne.
- Et toi t'es là à t'excuser comme-ci ce n'était qu'un accident ! Mais putain c'était pas un accident et tu le sais aussi bien que moi !
Sa pomme d'adam joue du yoyo tandis qu'il reste silencieux. Je ne sais pas comment il fait pour être aussi calme, parce que c'est absolument pas mon cas.
- Ta langue n'est pas tombée dans ma bouche après que tu ais trébuché ! Si je t'excuse toi il faut que j'excuse Benjamin de m'avoir violé dans ce cas !
Cette fois il relève immédiatement la tête et ses jolis yeux ont perdus de leur douceur. Ils sont nettement plus noirs maintenant.
- I didn't fucking rape you !
- T'as peut-être pas été jusque là mais c'est comme ça que Benjamin a commencé !
L'horreur qui passe dans son regard me fait vriller le coeur. J'ai peut-être été un peu loin pour faire disparaître l'azur de ses yeux pour un noir si sombre.
- Are you fucking serious ?
Le goût de ma salive devient amer, et je ne sais pas si c'est à cause de la limonade ou bien parce que je suis une sacrée connasse de l'accuser de cette façon.
- Fuck !
Il se lève d'un bond en délaissant sa bière sur la table basse. Et les pas qu'il fait en cercle me rappel le soir de l'avant-première, celui où il était tellement en colère contre moi qu'il n'a pas réussi à se contrôler. Et ça me fait peur. Ça me terrifie même. Parce qu'ici il n'y a personne pour l'interrompre si jamais il dérape à nouveau. Il passe une main nerveuse dans ses boucles noires avant de me faire face.
- Maybe I can't love you like Tom does, but I'm fucking not like this monster !
Il a hurlé tellement fort que mon sursaut à fait tomber la bouteille vide sur la table basse. Cette fois il est totalement redevenu le Timothée de l'avant-première, celui qui ne doutait de rien.
- And if you can't believe this shit then maybe Tom was right about you !
Il me pointe d'un doigt tremblant, et cette phrase me glace le sang. Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
- Maybe he will finally be better with Zendaya.
Mon coeur fait un tour complet dans ma poitrine et le calme de sa voix me fait bondir du canapé avec une rage que je n'arrive plus à contenir. Là c'est trop. Je ne met qu'une seconde pour contourner la table basse et le rejoindre. Je n'attend pas d'être arrivée à moins d'un mètre que ma main lui vole déjà en travers de la tronche. La gifle fut si violente qu'il tituba en arrière et heurta la télé qui vacilla sur ses pieds. Je ne lui laisse même pas le temps de relever les yeux que ma bouche laisse sortir toute la rage que j'ai contre lui.
- T'es vraiment qu'un putain de connard, tu le sais ça ?
Un vertige essai de me faire tomber, mais je résiste. Ce n'est pas le moment de tomber.
- Si c'est pour me sortir qu'il est mieux avec elle alors tu ne vaux pas mieux que lui ! Vous êtes tous des putains d'enfoirés !
Il se redresse d'un bond avec un air aussi déterminé que moi.
- Mais t'en a pas marre de rejeter la faute sur les autres ? Est-ce qu'une fois au moins tu t'es mise à sa place ? Fuck no !
Je titube en arrière, succombant à la fatigue de mon corps qui n'arrive plus à me porter. Et Tim en profite pour se rapprocher encore davantage.
- You don't fucking know what it means to be with someone like you !
Waouh, attendez ça veut dire quoi ça ?
- Quelqu'un comme moi ?
Je puise dans mes dernières forces pour rester debout et l'affronter dignement.
- Yeah someone like you !
Il me pointe à nouveau du doigt, avec tellement de hargne que son index heurte mon épaule.
- Someone who believes that love is enough to overcome everything ! But it's not fucking true ! Love is not enough, Elena ! It's not enough in front of haters, rumors and all those fucking people who are so jealous that all they want is to fuck us up !
Bon OK, il a crié tellement fort cette fois-ci que j'ai de nouveau atterrit sur le canapé.
- Tu croyais qu'être amoureuse de lui serait suffisant pour le garder pour toujours ? But fuck Elena, that's all bullshit !
Je m'accroche à l'accoudoir du canapé dans l'espoir de ne pas finir étouffée par sa colère. Cette colère dont je suis la seule responsable. C'est moi qui l'a rendu comme ça. Et Tom aussi je l'ai rendu comme ça. Peut-être qu'en fait, tout ça c'est de ma faute. C'est moi qui les rends tous comme ça. Même Benjamin a pété les plombs. Et c'est certainement de ma faute. Je change les gens, et après je suis persuadée d'être la première victime de leurs impulsions. Mais en fait... c'est moi la cause de tout ça. Je suis mauvaise.
- If love was enough to be happy I will be ! With you !
Mon coeur s'arrête, tabassé à mort par ses derniers mots. Et la brillance de son regard ne fait qu'achever ce pauvre organe déjà bien amoché. Tim me tourne le dos, comme-ci c'était soudainement trop dur de me regarder.
- I know I screwed up... but you did too.
Il parvient à me faire face après quelques secondes de silence, et ses yeux brilles toujours autant, mais malgré tout son regard semble s'être adoucit. Comme-ci me hurler dessus lui avait fait perdre tout le poids de la colère qui pesait sur son coeur.
- Si Tom t'as dit tout ça, c'est parce qu'une part de lui à peur que ce soit vrai. Et c'est pas en restant ici avec moi que tu va lui donner tors.
Pardon ? Non mais attendez, il croit sérieusement que ça va m'aider d'entendre ça ?
- Parce que tu crois que j'ai choisis d'être ici avec toi ?
Son regard s'agrandit, comme-ci je venais de lui coller une gifle phénoménale. Et ce n'est qu'après coup que je me rend compte de ce que je viens de dire. Bien sûr que j'ai choisis d'être ici, personne ne m'a forcée à le suivre.
- J'ai essayé de me battre, OK ? J'ai été à Atlanta et ça n'a rien changé putain ! Pas même lorsque je lui ai dit !
J'arrête ma phrase sans me rendre compte qu'elle n'est pas clair. On dirait presque que mon cerveau refuse que j'en parle. C'est tellement dur d'avouer que je suis enceinte. Et c'est dur parce que je suis toute seule maintenant. Parce que Tom n'est plus là. Parce que j'ai l'impression que ce bébé est un problème plus qu'une bénédiction.
- Lorsque tu lui as dit quoi ?
Mon regard tombe machinalement sur mes mains. Il va falloir que je lui dises à lui aussi.
- Elena...
- Je suis enceinte.
Mon ton est lourd, autant que cette phrase. Et lorsque je relève les yeux vers Tim, la colère dans son regard semble avoir prit la fuite. Il n'y a d'ailleurs plus rien au fond de ses yeux. Ils paraissent totalement vides. Et il reste planté là à me fixer comme-ci il pouvait voir à travers mon corps.
- Je lui ai dit... et tu sais ce qu'il a répondu ?
Tim ne bronche pas, ne bouge pas d'un cil, il reste silencieux, le regard vitreux.
- If this baby is really mine...
Je m'arrête là, la voix bloquée par la boule de sanglots qui menace de me noyer. Tim tourne doucement la tête, comme un pantin guidé par un fil invisible, la mâchoire serrée comme-ci la colère était revenue en flèche.
- Je ne sais même pas quoi faire.
Mon regard tombe sur mes mains où des larmes ont déjà chutées.
- Je suis toute seule et je ne sais pas comment je vais gérer ça.
Timothée porte ses deux mains à sa tignasse brune avec la même gravité que si je lui avais appris que ce bébé était le sien.
- Fuck...
Ce mot s'échappe de ses lèvres comme un murmure qui aurait glissé entre ses dents. Ça ne semble pas être colérique, mais plutôt surpris. Il ne s'attendait certainement pas à ça. Personne ne s'y attend en vérité. Il enfoui son visage dans ses mains et s'agenouille comme-ci le poids de cette nouvelle était trop lourd à porter pour lui. Le voir aussi abattu me fait réaliser que j'ai vraiment été horrible avec lui aussi. Comme avec absolument tout le monde depuis que j'ai quitté l'Angleterre. À commencer par Emily. Je lui ai dit des choses tellement dures à entendre que je ne sais même pas comment je vais pouvoir de nouveau la regarder dans les yeux. Puis il y a eu mes parents, ils ont seulement essayé de m'ouvrir les yeux, et je n'ai pas écouté. Parce que je suis comme ça, je n'écoute rien, je préfère voir par moi-même, et lorsque je suis déçue tout mon monde s'effondre. Je suis vraiment stupide.
- Je suis désolée...
Il relève immédiatement la tête, et la surprise dans son regard me force à baisser la mienne. Cet élan de remord me surprend tout autant que lui. Depuis que j'ai quitté Atlanta je ne suis plus qu'une coquille vide, et pourtant face à lui je me remplie à nouveau, de colère, de tristesse et de culpabilité. Il fait ressortir des choses chez moi qui me dérange. Ce lien étrange qui nous anime lorsqu'on est ensemble me dérange, et je ne saurais dire pourquoi. J'ai juste cette affreuse impression qu'il me voit telle que je suis. Instable. Abîmée par la vie.
- Je suis vraiment un parasite. Ils ont raison sur toute la ligne.
Je n'ai même pas le temps d'achever ma phrase que des larmes tombent à nouveau au creux de mes paumes, comme-ci je voulais les remplir pour arroser le monde de ma tristesse. Et plus les larmes tombent, et plus je prend conscience que Tim avait raison. Que peut-être Tom est mieux avec Zendaya. J'ai pas été à la hauteur, depuis le début j'agis avec lui comme-ci il n'était qu'un être humain comme les autres, mais c'est pas le cas. Il est privilégié, important pour énormément de monde et je n'en ai pas tenu compte. Je n'ai jamais voulu voir la célébrité en lui, je me suis concentrée exclusivement sur Thomas et j'ai oublié que peut-être cet homme est bien trop précieux pour moi. Bien trop inaccessible. Comment j'ai pu penser que ça marcherait ?
- Hey... hey, look at me.
Je sens les doigts froids de Timothée glisser sur mes poignets et la sensation de ses pouces passant sous mon pull pour caresser l'intérieur de mes avant-bras m'arrache un frisson.
- Ça va aller.
Dès lors qu'il a terminé sa phrase, ce frisson devient tellement désagréable que je retire mes bras de ses doigts comme-ci il venait de me piquer tel un moustique attiré par l'odeur de mes larmes.
- Arrête.
Je n'ai même pas la force d'être polie, et la déception qui habille désormais ses jolis yeux me le fait presque regretter.
- Ça n'ira pas mieux et tu le sais aussi bien que moi. Pourquoi... pourquoi tu me mens comme ça ?
Tout son visage s'étire dans une surprise qui me fait prendre conscience que ma question était bien trop directe pour lui.
- Je suis enceinte, et je suis toute seule, comment peux-tu oser me dire que ça va aller ?
Ma colère revient aussi vite qu'elle était partit, et il en est de nouveau la cible. Je me lève de ce foutu canapé pour mettre de la distance entre nous deux, parce que je sens que si il reste planté devant moi encore une minute de plus je risque d'exploser.
- À partir de quel putain de moment tu crois que ça va aller mieux exactement ?
Je traverse le salon avant de lui faire de nouveau face, et le retrouve déjà debout à trois mètres de moi.
- Rien n'est totalement fini, Elena.
Oh putain mais pourquoi est-ce qu'il se sent obligé de se prendre pour un psychologue à chaque fois que j'ai le coeur brisé hein ? Ce positivisme à deux balles à le don de me foutre en rogne !
- Ah tu crois ? Et je suis censée faire quoi moi si il revient pas hein ?
Timothée hausse les épaules avec une légèreté qui me donne envie de le tabasser. Cet excès de colère vient certainement du fait que je suis épuisée, et affamée mais je suis incapable de le contrôler.
- I don't know... mais je suis sûr que tu va t'en sortir. Et puis il va forcément revenir...
- Forcément ? Ah ouais ? Et pourquoi au juste ? Parce que je suis enceinte ?
Je secoue la tête en laissant un rire nerveux m'échapper.
- Mais même si il revient... même si il revient c'est foutu.
- No...
Tim s'avance d'un pas seulement et c'est certainement mon regard qui l'empêche d'avancer plus. Je le vois dans ses yeux, on dirait qu'il a peur de moi.
- Mais c'est la putain de vérité, Tim !
J'ai crié si fort qu'il a aussitôt reculé, effaçant l'avance qu'il avait prit.
- C'est mort, tu comprend ça ? Rien ne sera plus jamais comme avant.
Je bascule la tête en arrière en essayant de retenir mes larmes, ce qui est totalement inutile.
- Tu dis ça à cause de Zendaya ?
Rien qu'entendre son putain de nom ça me retourne le cerveau. Bien sûr que je dis ça à cause de cette pétasse ! Je n'arrive pas à croire qu'il ait pu me trahir comme ça, en un claquement de doigts. Putain de merde... pourquoi est-ce que ça fait aussi mal ? Aimer quelqu'un c'est pas censé faire aussi mal.
- Je dis ça parce que je l'ai vu... je l'ai vu dans son regard. Quelque chose à changé. Je n'y étais plus. Mon reflet avait disparu, tu comprend ? Comme-ci... comme-ci il n'arrivait plus à me voir. Comme-ci je n'existais plus à ses yeux.
Les larmes montent, et je baisse la tête en les laissant finalement tomber à mes pieds. Peut-être qu'avec un peu de chance, elles vont m'engloutir dans le sol dans des sables mouvants.
- Je comprend pas...
Ma tête se secoue toute seule, guidée par mon chagrin. Elle est tellement lourde que je ne sais même pas comment elle arrive à restée accrochée au reste de mon corps.
- Je comprend pas comment il a pu me remplacer aussi vite.
Et ne me demandez pas pourquoi, je lève la tête vers Timothée, comme-ci j'attendais réellement une réponse de sa part. Mais il se contente de rester silencieux, parce que de toute évidence, lui non-plus n'a pas la réponse à cette putain de question. Il n'y a que Tom qui pourrait répondre. Et si il le faisait, ça me briserait certainement encore plus le coeur.
- Comment c'est possible de se sentir aussi importante, aussi spéciale pour quelqu'un et de se rendre compte en un quart de seconde que tout ça c'était du vent ? Que finalement... j'étais pas privilégiée... je n'étais qu'une fille de plus.
Mon regard tombe à nouveau sur mes mains écorchées où mes larmes viennent caresser mes plaies.
- Comment c'est possible d'aimer quelqu'un tellement fort que lorsqu'il ne nous regarde plus on fini par disparaître ? On fini par mourir de chagrin, comme une putain de fleur qui manquerait de lumière. Une putain de fleur noyée par ses propres larmes.
Le silence est tellement lourd que j'ai l'impression qu'il pèse directement sur mes épaules, m'enfonçant de quelques centimètres dans le sol. On dirait presque qu'il essai de me mettre à terre, en me rappelant à quel point je suis seule. Et alors que mes jambes peine à supporter tout ce poids, les mains froides de Timothée glisses sur mes épaules et je me laisse totalement tomber sur lui. Je m'abandonne complètement à la force de ses bras, à tel point que tout mon corps se met à sangloter pour évacuer un maximum de tristesse, de colère et de douleur. C'est comme-ci, appuyée contre lui, je me sentais enfin suffisamment soutenue pour lâcher prise. J'ai presque l'impression de m'envoler tellement mon corps, aux travers de mes larmes, se vide de tout ce qui lui pèse. Et c'est dans un murmure étouffé contre son torse que je met pause à ma crise de larmes.
- Je croyais qu'il m'aimait.
Et j'y croyais tellement putain. Tellement fort que depuis qu'il a posé ses lèvres sur une autre femme que moi j'ai l'impression de tomber en continu. D'être bloquée dans une chute infinie. Une boucle infernale dans laquelle je ne parviens pas à m'accrocher pour mettre un terme à ma chute. C'est comme-ci tout l'amour que Tom m'a fait ressentir m'avait fait monter tellement haut que maintenant que je m'aperçois que ce n'était que du vent la chute est devenue interminable. Je pensais qu'il m'aimait au moins autant que moi je l'aimais. Mais on ne détruit pas à ce point les gens qu'on aime, pas vrai ? Pas lorsque l'amour est sincère. Et cette sincérité je l'ai toujours vu dans son regard. Là, enfouie au fond de ses yeux bruns, et ça depuis le premier jour. Depuis le tout premier jour j'ai vu la sincérité d'un coeur amoureux. Le regard ne ment pas... enfin c'est ce que je croyais. Il est peut-être bien trop brillant en tant qu'acteur et il a tout simplement réussi à me berner. Mais à Atlanta, tout ce que j'ai vu au fond de ses yeux c'était de l'indifférence. De l'indifférence envers la souffrance que je ressentais. La souffrance que je ressens toujours. L'amour a disparue. Et je crois bien que l'indifférence est pire que la haine. Parce qu'après tout, lorsqu'on haït quelqu'un c'est parce qu'on l'aime encore suffisamment pour concentrer toute notre colère vers cette personne. Mais lorsqu'on est indifférent alors ça veut dire qu'on ne ressent plus rien. Ni colère, ni déception. Plus rien.
Et ça fait tellement mal putain. Ça fait tellement mal d'avoir perdu l'étincelle dans son regard. De comprendre que je n'anime plus rien en lui. Et ce qui est pire dans tout ça, c'est qu'il soit parvenu à me remplacer. Comment est-ce qu'il a pu m'effacer aussi vite de ses pensées ? Les miennes ne cessent de tourner autour de lui, constamment. Je n'arrive pas à croire qu'il ai embrassé Zendaya. Qu'il fasse avec elle exactement les mêmes choses qu'il faisait avec moi. Comme-ci finalement je ne lui avait jamais suffit. Comme-ci tout ce qu'on a vécu depuis le début n'avait rien d'extraordinaire, comme-ci il pouvait très bien vivre toutes ces choses avec elle. En fait... je ne compte pas vraiment si il est capable de me remplacer comme on remplace une paire de chaussettes trouées. Et c'est ça le plus douloureux. De ne plus me sentir spéciale à ses yeux.

Unexpected 2 [FR/EN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant