Chapitre 42

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- I just said you were my husband so... I guess for tonight we can pretend it's true. At least for tonight.
Tom relève le menton en quelques secondes seulement, et son regard brille tellement que je pourrais presque croire qu'il a envie de pleurer. Ce qui ne coïncide pas avec le sourire qui étire ses lèvres. Un sourire si grand que ses yeux se rides.
- Really ?
Il essaie tant bien que mal de retenir son sourire, mais ça ne le rend que plus mignon encore. J'acquiesce, heureuse d'avoir rétablie une bonne ambiance. Une ambiance que j'avais involontairement cassé avec mon humour à la con.
- And... does that count for the whole night ? I mean... even until we have to go to bed ?
Ses sourcils retroussés avec cette excitation dans le fond des yeux, je n'y avais pas assisté depuis bien trop longtemps maintenant.
- Well... it depends. What do you think about when you say that ?
Il jette un œil par dessus le balcon où des passants vivent leurs vies sans nous prêter attention. Mais le sourire qu'il retient en coinçant sa lèvre entre ses dents je le connais très bien. Je pourrais même vous le dessiner les yeux fermés. Bon, je dessine comme un pied mais vous voyez le topo quoi.
- I don't really know.
Lorsque ses jolies prunelles caramel se posent sur moi, j'ai déjà l'impression d'être arrivée au dessert. Ses yeux seraient comme une crème brûlée au cœur fondant de caramel.
- Je suis sûr que tu sais.
Un bref rire s'échappe de ses lèvres, tandis que le serveur arrive pile à ce moment là, nos deux verres dans les mains.
- Sex on the beach ?
Je lève la main comme une écolière qui aurait la bonne réponse.
- Moi.
Il pose l'immense verre devant moi dont le dégradé de rouge, d'orange et de jaune me donne déjà soif. Je n'attends pas une seconde de plus pour le goûter, et à peine le liquide entre-t-il en contact avec ma langue que je sens toute suite la puissance de la vodka qui n'a rien à faire là.
- Oh merde...
Tom pose immédiatement les yeux sur moi avec un air inquiet.
- What ? What's wrong ?
J'échange un bref regard avec lui, priant ciel et terre pour qu'il ne s'emporte pas, et m'adresse directement au serveur en espérant pouvoir lui éviter les foudres du british.
- I asked for no alcohol. I'm sorry, but I'm sure there's vodka in there.
Le pauvre serveur reprend mon verre avec un air désolé.
- Oh I'm so sorry, I'm bringing you another one right now.
Il tourne les talons avant même que Tom n'est le temps d'ouvrir la bouche, et rien qu'à la vue du regard noir qu'il a sur moi, je sais d'avance qu'il est contrarié.
- Are you sure there was alcohol ?
J'ai à peine le temps d'acquiescer qu'il commence à se hisser sur ses pieds, prêt à bondir pour aller se plaindre au bar. J'ai tout juste le temps d'attraper ses mains à travers la table pour l'en empêcher.
- Non, Tom, arrête !
Son regard me tombe dessus avec une lourdeur terrifiante. C'est dingue ce que l'ambiance a pu changer en si peu de temps.
- Please... sit back.
Il m'écoute sans changer son regard de bulldog, et c'est bien dommage. Tout se passait tellement bien seulement deux minutes plus tôt.
- You told him you were pregnant, that you wanted a soft drink, let me go talk to them.
- Non. On s'en fou, OK ? C'était qu'une toute petite gorgée, c'est pas dangereux.
Je serre sa main droite dans la mienne, en remarquant évidemment à quel point il est crispé.
- Are you sure about that ? Are you sure there's no risk for the baby ?
Cette inquiétude si profonde qu'il a au fond des yeux me retourne l'estomac. Est-ce qu'il va s'inquiéter de cette façon éternellement maintenant que je suis enceinte ? Parce qu'autant vous dire que ça va se compliquer au fil des années.
- Yes, I'm sure.
Il attrape enfin ma main dans la sienne, et se met à caresser mes doigts avec cette façon qu'il a d'essayer de se calmer. Lorsque le serveur m'apporte un autre verre, Tom se contente de rester silencieux, et c'est le mieux qu'il puisse faire. Je lâche sa main pour apprécier mon cocktail sans aucune goutte d'alcool, tandis qu'il avale une gorgée de sa bière avec un regard toujours aussi sombre. On dirait presque qu'il se prépare à combattre.
- Et sinon... why do you want us to keep acting like we were married even once in bed ?
Ses jolis yeux me retombent dessus et il sourit enfin à nouveau. Je préfère ça.
- I just think we should practice on our honeymoon.
Oh my Godness !
- Waouh... there's no way you could have said that.
- Why ?
Son petit sourire. Ce petite sourire en coin qui veut dire qu'il sait parfaitement de quoi je parle, mais qu'il aime faire comme-ci ce n'était pas le cas.
- Because you're supposed to be a gentleman.
- A gentleman who made you a child, don't forget that.
Il porte son verre à ses lèvres avec un regard si aguicheur que j'ai l'impression d'être retourné une année en arrière. Au temps où tout allait bien.
- How can I forget that ?
Il sourit en reposant son verre, et j'en profite pour boire dans le miens.
- That's true... how could you forget the best two minutes of your life ?
Je manque de recracher ma gorgée. Non mais il n'a pas sérieusement dit ça ? Mon rire résonne tel le bruit d'une mouette sur la plage un jour de marée basse, et je sens déjà plusieurs regards me tomber dessus.
- Oh you're a really bad liar.
Il fait ce regard étonné que j'adore. Ce regard brillant d'étincelles, comme ces bougies d'anniversaire qui ne s'éteignent jamais. J'aimerais tellement que son regard ne s'éteigne jamais.
- Really ? Shit... I'm gonna loose my job.
Son sourire. Il est tellement beau son sourire. Tellement grand, tellement heureux. Et si ça pouvait être comme ça tous les jours, ce serait magique. Tous les jours de notre vie à deux. Putain ce que j'aimerais qu'on reprenne cette vie à deux. Rien que tous les deux. Seulement nous. À l'exception près qu'un jour non lointain on se retrouvera à trois. Mais l'heure n'est pas à l'angoisse perpétuelle que j'ai de devenir mère. Je suis pas assise là, face à lui pour me morfondre. Je suis là pour profiter. Profiter d'une soirée en dehors de cette maison que j'associerais presque à une prison. D'une soirée rien qu'avec lui surtout.
Les entrées arrivent, puis les plats, et je suis surprise que Tom n'est rien dit au sujet du saumon fumé que j'ai engloutie, malgré le fait que ça fasse partit de la longue liste d'aliments à éviter lorsqu'on enfante et qu'on n'est pas immunisé contre la toxomachinchose. L'heure est enfin au dessert, et pour ne pas vous mentir, je n'attendais que ça. C'est vraiment la meilleure partie du repas. Le serveur arrive, cartes en mains, prêt à nous laisser découvrir les desserts proposés.
- Would you like any desserts ?
- Oh que oui !
Mon enthousiasme attire le regard de Tom, qui étrangement n'a pas l'air de mon avis.
- I actually thought of something more special for dessert.
Waouh... ça veut dire quoi ça ? Lorsqu'il dit spécial est-ce qu'il parle de sa... non, impossible. Je refuse de croire qu'il ait des pensées aussi obscènes.
- But we can still have dessert here, right ?
Je ne sais pas ce qu'il m'a réservé mais quoi que ce soit, il y a intérêt d'y avoir de la bouffe et plein de sucre. Ouais, je sais, j'abuse un peu, mais je veux un vrai dessert moi. Ce n'est pas que le corps merveilleusement sculpté de ce Britannique n'est pas aussi appétissant qu'un dessert, mais s'il pouvait juste se tartiner d'un excellent nappage sucré, genre de caramel ou même de chocolat... bordel de Dieu il faut que je me reprenne.
Il lève les yeux vers le serveur avec un air gêné. Est-ce que j'aurais encore cassé le délire ? Ses jolis yeux me retombent dessus et me confirme bien que j'ai encore foiré un truc.
- I promise you will be able to eat, but not here.
OK... tant que je peux manger ça ne devrait pas m'inquiéter. Il lève presque aussitôt les yeux vers le serveur qui attend en bout de table comme une pauvre âme qu'on aurait oublié.
- I'm sorry, but I have something else planned for dessert.
- There's no problem, sir. You want the check ?
Tom acquiesce poliment, laissant le serveur repartir là d'où il vient. Il repose ensuite ses jolis yeux sur moi en rangeant son téléphone dans la poche de son jean en bombant le torse avec cette façon si particulière qu'il a de le faire.
- Is everything all right ?
J'acquiesce fermement, appréciant tout particulièrement la façon qu'il a de tirer sur son T-shirt pour se rhabiller.
- Ouais, tout va bien.
J'avale le reste de mon verre tandis qu'il attrape mon assiette pour l'empiler dans la sienne, comme à chaque fois qu'on mange au restaurant. C'est l'une des nombreuses choses que j'apprécie chez lui, cette façon qu'il a d'être toujours serviable, gentleman. Cette manie qu'il a de vouloir laisser une table propre, de vouloir aider le serveur qui va débarrasser, comme-ci c'était normal. En vérité, ça l'ait. On devrait tous faire ça. Et ce simple petit geste me rappel à quel point il sera un exemple à suivre pour le bébé.
- You're ready to go ?
J'acquiesce à nouveau en me levant de ma chaise, ce qu'il fait également dans un mimétisme parfait. On traverse la salle du haut, avant de rejoindre les escaliers. J'ai à peine descendu deux marches que Tom me tend son coude pour que je m'accroche à lui, ce que je fais avec grand plaisir, en le remerciant d'un sourire.
- So... I hope you're not mad.
Je relève les yeux vers lui au moment où on arrive au rez-de-chaussée.
- Pourquoi tu veux que je sois fâché ?
- For the dessert. I get that you want to eat it here, so I feel a little bit bad about taking you somewhere else.
Face à sa mine froncée je comprends que ça l'inquiète vraiment. Et honnêtement ça m'emmerde qu'il s'inquiète seulement pour un dessert. Que l'idée de me satisfaire l'angoisse autant. C'est toxique. Et je m'y connais suffisamment en relation toxique pour savoir que ça commence par culpabiliser pour des petites choses qui n'en valent pas la peine, puis après on finit par culpabiliser parce qu'on pense à soi avant de penser à l'autre. Tom et moi on s'en est approché tellement de fois que j'ai pas envie qu'on bascule dedans pour de bon.
Je resserre ma poigne autour de son bras en essayant tant bien que mal de le réconforter, de lui assurer que, avec ou sans dessert, je resterais accroché à son bras aussi longtemps que je le peux.
- Hey... Je m'en fou du dessert. L'important c'est que tu sois là, avec moi. J'ai pas besoin de dessert tant que je t'ai sous les yeux. En fait... c'est toi mon dessert.
Mes lèvres se mettent à sourire toutes seule, parce que je suis ultra fière de ma réplique. Et lorsqu'il se met à sourire, je ne sais pas si c'est par mimétisme ou bien parce qu'il a réellement compris ce que je viens de dire. De sa main libre il attrape la mienne, celle avec laquelle j'accroche son bras depuis cinq minutes déjà.
- Do you believe me if I tell you I understood what you just said ?
Son sourire est si grand que même ses yeux paraissent en train de sourire. Il a l'air tellement fier de lui que son enthousiasme se répand en moi comme une encre indélébile qui marque mon cœur à jamais.
- Really ? You got it ?
Il acquiesce fermement avec fierté.
- Every word you just said.
J'en reviens pas ! Ça doit bien être la première fois qu'il comprend tout ce que je dis.
- And what did I say then ?
Il lâche ma main pour la glisser sur ma hanche dans un geste dont j'avais totalement oublié l'effet de dingue qu'il a sur mon corps. J'en ai des frissons. Et c'est bien pire lorsqu'il m'attire à lui, lorsque mon ventre heurte le sien, et que son souffle glisse sur ma nuque.
- You said I was your dessert.
La chaleur que dégage son souffle sur ma peau me donne un violent vertige. Un vertige qui me force à m'accrocher à lui pour ne pas tomber.
- And maybe this is exactly the dessert I was thinking about.
Mon cœur tombe à la renverse, il semble même se décrocher de ma poitrine pour s'évanouir dans l'upside down, dans cette version de moi-même où tous mes démons ont le contrôle. Pas de demogorgon ou de flagéleur mental de l'autre côté de ma tête, seulement un tourbillon infini d'angoisse et de doutes.
Lorsqu'il se décolle de moi, et que son ténébreux regard plonge dans le mien, j'ai l'impression de faire un bond de presque deux ans en arrière. De me retrouver dans sa chambre d'hôtel le soir où il a enfin posé ses lèvres sur les miennes. Mon propre regard tombe sur sa bouche d'un rose si appétissant qu'elle me rappelle les malabars que ma mère avait l'habitude de m'acheter quand j'étais gamine. Bordel ce que j'ai envie de les sentir sous ma langue.
- Don't worry, I was just kidding. I have a real dessert for you waiting outside.
Oh... je suis presque déçue finalement. Est-ce que je peux lui dire que je le considère lui aussi comme un véritable de dessert ? Ou est-ce que ça vous paraît bien trop tôt dans notre relation encore extrêmement instable ? Ouais, on est d'accord, c'est trop tôt. OK... je vais me contenter de me taire et de le suivre jusqu'au comptoir. Je m'en voudrais presque de ne pas payer, mais d'un côté c'est lui qui voulait sortir. Mais c'est également lui qui paye pour absolument tout depuis qu'on est ensemble, ce qui n'est clairement pas égal. Après tout, on n'est vraiment pas dans une relation d'égalité.
Je le suis jusqu'à l'entrée, où il me tient la porte comme le gentleman qu'il est. Dehors, la nuit semble plus froide que lorsqu'on est entré il y a plus d'une heure maintenant, et je suis ravie d'avoir gardé mon pull. Je suis surtout ravie qu'il est une capuche pour couvrir ma pauvre tête du froid. On avance sur le trottoir, sans que je ne sache où ça va nous mener, lorsque mon regard est automatiquement attiré sur Tom, qui sort un bonnet de sa poche pour l'enfiler sur sa jolie tête. Il pose les yeux sur moi en l'ajustant sur sa nuque, avant de sourire bêtement.
- What ? You want it ?
Je secoue immédiatement la tête, refusant catégoriquement qu'il retire ce bonnet. Je préfère clairement avoir froid aux oreilles mais apprécier la vue de ses jolies boucles qui tentent de se frayer un chemin en dehors de ce bonnet. On dirait presque qu'il est trop petit pour sa tête, mais ça lui va si bien. Le bordeaux fait ressortir le châtain de ses boucles, et je regrette immédiatement qu'il n'y est pas suffisamment de lumière pour voir leur couleur auburn. C'est marrant comme... on a l'air distant l'un envers l'autre. On a l'air distant et en même temps si proche. En fait... on dirait que c'est notre premier rencard. On dirait que la distance est là parce qu'on n'ose pas faire le premier pas. C'est vraiment troublant.
- Alors... où est-ce qu'on va le trouver ce dessert ?
Il me jette un bref coup d'œil, avant d'esquisser un sourire malicieux, le genre de sourire qu'il réprime en se mordant la lèvre.
- Well... Maybe you have it in front of you. Maybe I wasn't kidding.
Il repose les yeux sur moi quelques secondes, et son sourire est si grand que je suis obligée de l'imiter. OK... alors il a vraiment décidé d'être le dessert de la soirée. Ce n'est pas que ça me dérange, en soit il ferait un excellent dessert, le problème c'est que... je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. D'ailleurs, je préfère arrêter de le regarder pour éviter tout débordement de situation. Et surtout pour essayer de ne pas penser une fois de plus au fait que la dernière personne avec qui il a couché ce n'est malheureusement pas moi. Ça me donne tellement l'impression d'être en compétition. Je veux dire... admettons qu'on couche ensemble à nouveau... comment je suis censé enlever de ma tête cette idée que Zendaya est bien meilleure que moi, même au lit ? Bordel... en fait il faudrait clairement que j'arrête de penser tout court, ce serait plus facile.
- I think you would be disappointed if that finally happened.
- What ?
Il ralentit le pas et je lui jette un œil, culpabilisant déjà de gâcher encore la soirée.
- Nothing, laisse tomber.
Je repose les yeux droits devant moi en essayant d'écarter de ma tête l'image de Tom et de cette fille qui me sort par les yeux. Mais c'était sans compter sur Tom qui s'arrête net, et me stoppe à mon tour d'une douce main sur mon épaule.
- No wait.
Je m'exécute en posant les yeux sur lui, et retrouve de nouveau cette inquiétude qui le caractérise si bien. Qui fait de lui un homme débordant d'empathie.
- If we want things to get better we have to talk. Like for real. We don't talk enough, that's why things get worse between us.
Il a raison. On ne parle pas assez. C'est d'ailleurs un des problèmes majeurs de notre relation, la communication.
- You're right. Everytime we try to talk about things that matter it ends in scream.
Il esquisse un doux sourire, presque nostalgique des moments où on s'engueulait sans cesse.
- Yeah... a little too much.
Je baisse les yeux, en retrouvant cette nostalgie moi aussi. Je ne dirais pas que ça me manque de hurler après lui, de finir en larmes et le cœur brisé. Mais ce qui me manque c'est cette proximité qui faisait qu'on s'engueulait comme ça. Qui faisait qu'on pouvait se hurler dessus en sachant pertinemment que l'amour était encore bel et bien là, qu'il ne disparaîtrait jamais. Mais là c'est différent. Cette fois, c'est comme-ci même la facilité qu'on avait à se hurler dessus avait disparue. Comme-ci c'était la page blanche, qu'on est au tout début d'un nouveau chapitre dans lequel on ne peut pas commencer par des cris. On ne peut pas parce que le dernier chapitre c'est terminé comme ça. C'est une nouvelle page qu'on est en train d'écrire. Une nouvelle page qui signifie de nouvelles résolutions, comme celle de parler calmement avant de hurler à plein poumons.
Mais comment lui dire ? Comment lui dire que j'ai perdu toute confiance en moi depuis qu'il a couché avec Zendaya ? Et surtout comment lui dire sans passer pour une tarée qui ressasse cette histoire en boucle dans sa tête comme-ci elle ne voulait pas avancer ?
- So... why do you think I would be disapointed ? And... to be sure... we're talking about having sex right ?
Son petit air innocent me fait éclater de rire. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas ris aux éclats comme ça. Et en vérité, ça fait du bien. Il sourit, et ce sourire je l'aime à en mourir.
- What ? Don't tell me I'm wrong... it would be too embarrassing.
Je ris de plus belle. Qu'est-ce qu'il est trop mignon, je vous jure.
- What ? Babe, please... stop laughing.
Je me force à arrêter de rire, ce qui est super compliqué, en vérité.
- Désolé... j'arrête, promis.
Je pose une main sur ma bouche pour ne pas rompre ma promesse, lorsqu'il dérive le regard en cachant son visage entre ses mains.
- Oh God... This is so embarrassing.
- Mais non, c'est rien, t'inquiète.
Je glisse une main sur son bras pour le rassurer et attire ses beaux yeux sur moi.
- No, really, I'm really embarrassed right now. I really thought we were talking about... well, you know.
Il balance sa main dans le vide, comme pour chasser cette idée de sa tête, et j'ai bien compris qu'il n'arrive plus à soutenir mon regard. Ce qui est, d'un côté super mignon et d'un autre un peu culpabilisant.
Je glisse une main sur son bonnet pour le réajuster au dessus de son oreille, ce qui le force à poser les yeux sur moi. Je lui adresse un doux sourire, et m'attarde à effleurer les boucles qui tombent sur son oreille gauche. Leur douceur... c'est incroyable ce que ça m'avait manqué. Mes doigts effleurent maladroitement le dessus de son oreille, avant que, ne me demandez pas pourquoi, ma main glisse sur sa nuque. Tout va très vite, ça se passe en quelques secondes à peine. J'attire son visage à moi avec plus de force que je ne le pensais car je le sens trébucher et s'accrocher à mes hanches. Et c'est là, au milieu de ce rattrapage in extremis que nos lèvres se touchent. Se frôlent. C'est un baiser tellement rapide, tellement chaste que j'ai seulement l'impression d'avoir senti son souffle et rien d'autre. Mais lorsque mon regard plonge dans le sien... je me sens tellement stupide, tellement gênée d'avoir fait ça que je recule immédiatement, ne lui laissant même pas le temps de réagir.
- Désolé... je suis désolé. J'aurais pas dû faire ça.
Je secoue la tête, avale difficilement ma salive et pose les yeux droit devant moi sans même regarder réellement ce qui se passe au bout de la rue. C'est juste une façon pour moi de fuir la situation. De fuir ce baiser.
- Hum... well... that was good.
Mon regard est automatiquement attiré sur lui, et le malaise est tellement présent qu'il dérive immédiatement les yeux en réajustant son bonnet.
- I mean... I liked it.
Il me jette un bref coup d'œil, comme pour s'assurer que c'est réciproque. Et ça l'est.
- You don't have to be sorry. If you hadn't done it... I would have.
Et c'est cette dernière phrase qui me gonfle le cœur de joie. Qui fait disparaître la culpabilité, et ce sentiment grandissant de malaise. Il s'humidifie les lèvres d'un coup de langue et je vois clairement son regard tomber sur les miennes, dévorer ma bouche de ses yeux bruns. OK... il faut vraiment qu'on avance où alors il va se passer des choses pas très catholiques à même ce trottoir.
Je dérive les yeux droit devant nous et reprend doucement la route, le voyant du coin de l'œil me suivre, en restant légèrement en retrait. Quelle gourde ! À cause de moi la distance entre nous a doublé. Maintenant on dirait que... on dirait qu'on ne peut même plus se regarder sans avoir envie de se barrer en courant chacun de notre côté. Bordel... on dirait tellement un premier rencard que je me sens stupide de l'avoir embrassé. Non mais sérieusement... ça fait plus d'un an maintenant que j'embrasse cette bouche, que je la connais par cœur et là, sous prétexte qu'on est techniquement séparés il faut que je me mette à culpabiliser de l'avoir embrassé. Putain... ce que ça peut être compliqué de faire face à mes émotions parfois.
- Hi !
- Hello !
- Oh my God...
Je m'arrête nette en relevant la tête de mes chaussures pour tomber sur trois personnes que je ne connais absolument pas.
- Heu... salut.
Je jette un œil à Tom qui semble toujours coincé dans le moment de malaise qu'on vient de vivre tous les deux, mais qui, contrairement à moi, à l'air de parfaitement connaître les trois jeunes plantés devant nous. Il échange un regard avec moi, avant de s'approcher en glissant une douce main dans mon dos, comme pour me rassurer. C'est comme-ci il avait compris rien qu'à mon regard que je ne me sentais pas à l'aise.
- Hi guys... how you're doing ?
Je recule, sans vraiment m'en rendre compte. Je viens de comprendre que ce sont des fans, et inconsciemment je me mets en retrait. Tom commence à discuter, lorsque le regard de l'un d'entre eux, le seul garçon du petit groupe avec ses cheveux bleu, attire mon attention. Il me dévisage avec un sourire si enfantin que j'ai l'impression de m'être transformé en cornet de glace. Je lui adresse tout de même un doux sourire, parce qu'après tout je n'ai rien d'un monstre, lorsqu'il me salut de la main en souriant un peu plus.
- Hi...
OK c'est un peu gênant par contre. Je jette un œil à Tom qui est bien trop occupé à prendre des photos avec les deux autres filles pour regarder dans ma direction. Le petit Schtroumpf s'approche de quelques pas, délaissant totalement Tom et ses deux amies.
- I'm sorry to bother you but... can I have a picture ? Please...
Waouh... what ? Heu... c'est pas à Tom qu'il faut plutôt poser la question ? Je veux dire... je peux pas accepter sa place.
- Heu... well... You should better ask Tom... but I'm sure he will accept...
- Oh no... sorry, I think I said that wrong... I meant... with you. For the picture.
Whaat ? Heu... non. Non, non, impossible que j'ai bien compris ce qu'il vient de me dire. Impossible. Je pose les yeux sur Tom, toujours occupé à discuter, lorsque le gars aux cheveux bleus m'interpelle à nouveau.
- If you don't want to, it's OK... I understand.
Quoi ? Oh non... si je refuse il va me prendre pour une connasse, et si j'accepte... et bah je risque de passer pour une de ces pétasses prétentieuses qui se servent de la célébrité de leur petit-ami pour se faire passer pour des stars. Sans déconner... qu'est-ce que je suis censé faire moi hein ? Rohh...
- Non, c'est bon, j'accepte.
Il me dévisage avec des yeux ronds qui veulent dire qu'il n'a absolument rien compris à mon français, et je commence vraiment à me dire qu'il faudrait que je perde cette habitude de toujours vouloir parler français.
- It's OK for the picture. But... I mean... I... I'm not wearing makeup, I don't even do my hair and honestly I'm not sure that taking a picture with me is really anything interesting, I mean... I'm not famous.
OK, je parle trop, mais c'est parce que je panique, d'accord ? Comprenez-moi un peu, je le connais pas ce type, et qui sait ce qu'il va faire avec cette photo de moi hein ? Imaginez qu'il s'amuse à faire des montages chelous où on voit ma tête en gros plan sur le corps d'une vache ou... ou j'en sais rien moi, des trucs encore plus dégueulasses que ça ! Non mais sérieusement... j'ai pas envie de la faire cette photo moi. Pitié... est-ce que quelqu'un peut me sortir de là... s'il vous plaît ?
- Everything all right, Darling ?
Je pose immédiatement les yeux sur Tom, tel un avion de chasse qui aurait repéré sa cible. Enfin du secours ! Merci seigneur !
Je m'approche de lui en deux pas seulement, clairement pas rassuré à l'idée de prendre une photo comme-ci j'étais Kate Middleton. Et mon angoisse me pousse à m'accrocher aux bras de Tom comme-ci on était encore officiellement un couple heureux et amoureux, ce qui n'est pas tout à fait le cas.
- Ça va, t'inquiète.
Son regard se fronce, parce qu'il a clairement compris au fond de mes yeux que quelque chose me terrifie. C'est d'ailleurs pour ça qu'il glisse une douce main au creux de mon dos, faisant exactement comme moi. Comme-ci on était encore officiellement ensemble.
- Are you sure ?
- Yeah, c'est juste que...
Je pose les yeux sur ce pauvre garçon qui attend encore patiemment avec son téléphone et qui malheureusement n'a rien fait de mal pour mériter que je me comporte comme une garce excentrique qui a peur d'une petite photo. Je le désigne d'une main maladroite en essayant de reprendre mes esprits. C'est rien, OK ? C'est juste une photo, pas de quoi s'affoler !
- That boy wanted to take a picture... with me.
Je relève les yeux vers Tom dont le regard froncé se pose sur le type en question, et honnêtement il paraît presque plus agacé que surpris.
- So I thought maybe it would be better if you were in the picture too.
Tom repose les yeux sur moi et son regard semble s'adoucir lentement. Lentement, mais sûrement. Il acquiesce, l'air toujours un peu étonné, avant de se tourner vers le gars aux cheveux bleus, dont la couleur me rappel clairement celle de Charlie, la première fois que je l'ai rencontré. Il faut dire que maintenant elle a les cheveux entièrement roses, donc le bleu n'a plus rien à faire dans son cuir chevelu.
- Yeah, sure, no worries. Unless you just wanted a picture with my girlfriend ?
Cette dernière question parait presque menaçante. Mais le type en face ne se démonte pas et sourit de toutes ses dents, comme-ci il venait d'entendre un véritable compliment à son intention. Pour moi s'en est un, parce qu'il vient de me mentionner comme sa petite amie. OK, je devrais avoir l'habitude d'entendre ça...mais en vérité, je l'ai perdue cette habitude. Et c'est gratifiant de l'entendre à nouveau, comme avant.
- Oh no, you don't have to worry, I'm not gonna steal your girlfriend.
Les sourcils de Tom se haussent avec une surprise qui lui arrache même un sourire.
- I hope so !
Le garçon aux cheveux bleus se met à rire avec une telle joie que ça fait redescendre la pression au creux de ma poitrine.
- No chance, I'm gay. So she's the one who should be worried.
Il me désigne d'un doigt maladroit qui m'arrache à mon tour un sourire. Et lorsque je pose les yeux sur Tom, la tête qu'il tire me force même à rire. Il a l'air tellement gêné d'avoir ressenti de la jalousie pour rien qu'honnêtement si je pouvais le prendre en photo sur le champ, j'accrocherais son portrait dans mon salon pour le restant de mes jours, tellement sa tête est à mourir de rire.
- OK... well...
Tom s'écarte de moi avec un regard tellement écarquillé que je comprends immédiatement que le malaise l'empêche carrément de sourire.
- Babe, I hope you're not too worried, because his hair clearly looks better than yours. And that's a totally valid reason to dump you.
Oh ! Non mais il n'a pas osé ?
Je lui colle un coup dans le torse en essayant de ne pas rire de la situation, tandis que lui se fait un malin plaisir d'éclater de rire.
- Espèce de petit enfoiré !
Son rire résonne quelques secondes, tandis qu'il rejoint son nouvel ami aux cheveux bleus nettement mieux coiffés que les miens, en me lançant un regard provocateur.
- So... are you coming ? Or are you too jealous of his hair to dare coming take this picture ?
Non mais quel petit con ! Il rit encore de plus belle, tandis que je les rejoins enfin. Tom m'attire à lui d'un bras protecteur et je ne peux m'empêcher de lever les yeux vers son doux visage. Je le surprends à me regarder lui aussi, et ce court échange de regard suffit pour me faire monter le rouge aux joues. On se reconcentre un peu pour enfin prendre cette photo, et je suis clairement frustrée de ne pas pouvoir vérifier que j'ai une tête correcte sur la photo finale. Mais tant pis, les trois jeunes fans s'en vont et je suis forcée de prier pour que ma tête est l'air un minimum passable.
Tom et moi on échange un bref regard avant de reprendre la route vers une destination que je ne connais toujours pas. Et alors qu'on est en chemin pour je ne sais où, je sens son regard posé sur moi. Il me dévisage, et c'est vraiment très perturbant.
- You know... you didn't have to take that picture if you didn't want to.
Je lève la tête pour croiser ses jolis yeux gourmands qui me donnent mille fois plus envie d'un dessert maintenant.
- I understand you were afraid to take that picture. You didn't have to. And you never will.
Il repose les yeux droit devant lui avec un air sérieux qui jure complètement avec le rire qui s'est échappé de ses lèvres il y a de ça deux minutes à peine.
- Je sais, t'inquiète pas.
Je pose moi aussi les yeux devant nous, lorsque je sens de nouveau son regard me tomber dessus. Et je n'ai même pas le temps de croiser ses jolis yeux qu'il s'arrête doucement de marcher.
- I'm serious, you know.
Je me tourne vers lui, surprise par le ton grave qu'il emploi. Pourquoi est-ce que la situation a tournée au drama en si peu de temps ? Ce qui est sûr c'est que cette fois-ci c'est pas de ma faute. Son visage à l'air tout à coup fermé, et ses yeux me renvoie une inquiétude dont je sais qu'il faut absolument qu'on parle, une inquiétude dont il a envie de parler, maintenant.
- I mean... I don't want you to force yourself to take pictures because of me, OK ? Especially when the baby will be here, or when your belly will get bigger. I hope you understand.
Waouh... ça à l'air de vraiment le préoccuper cette histoire de photos.
- Bien sûr que je comprends.
Il baisse la tête vers ses mains qu'il se met à triturer nerveusement, ce qui me confirme que ça l'inquiète bien plus que je ne le pense.
- Hey...
Je glisse une douce main sous son menton pour le forcer à me regarder, et ce que ses deux prunelles brunes me renvoient ce n'est que l'inquiétude, de l'angoisse.
- I would not take pictures. Neither when the baby will be there, or when my belly will let me be confused with a cow. T'as pas à t'inquiéter, OK ? No one's gonna take pictures of our baby.
Il baisse à nouveau la tête, et je comprends que cette dernière phrase l'inquiète davantage.
- Of course they will.
Ses jolis yeux plongent à nouveau dans les miens, et je peux clairement y lire une inquiétude bien plus grande que celle qui y est nichée habituellement. Je veux dire... il a toujours l'air inquiet, mais là c'est différent. Et je ne sais pas si ça l'est parce que ça touche au bébé ou bien pour une autre raison. Peut-être bien que c'est seulement son instinct paternel qui fait surface un peu plus tôt que prévu.
- I know you don't necessarily think about it... but I keep doing it. It freaks me out, I swear.
Ça j'avais bien compris que ça le faisait flipper. Ce que j'ai du mal à comprendre c'est ce qui lui fait aussi peur. Est-ce que c'est le fait que tout le monde va vouloir voir à quoi ressemble le bébé ? Ou est-ce que c'est seulement parce qu'il a peur qu'on soit pris en grippe par des paparazzis, ou par des fans ?
- What are you freaking out about ? Explique moi.
Il attrape ma main posée sur son épaule pour la caresser avec une douceur qui, j'en suis sûr, l'apaise plus lui que moi.
- Since I know you're pregnant... I keep having nightmares.
- About what ?
Il se met à caresser mes ongles, comme il aime tant le faire, et cette fois j'en suis sûr, c'est bel et bien pour se rassurer lui-même, pour apaiser ses propres angoisses. Son regard tombe sur son propre pull qui est toujours sur mes épaules, et je le soupçonne de ne pas avoir le courage de me regarder dans les yeux. Comme-ci il avait honte de ce qu'il s'apprête à me dire.
- About the paparazzi. Even about people in general, fans, everyone. I'm afraid everyone will try to hurt both of you. I'm afraid... when the baby will be born, you and I will no longer have private life. It freaks me out so much, I have nightmares where you're surrounded by paparazzi, the baby in your arms.
Waouh... alors c'est à ce point là ? Je ne voyais pas les choses comme ça. J'oublie tellement qu'il est célèbre parfois, que j'imagine notre vie avec le bébé comme la vie que j'aurais mené si j'étais devenue mère avant de le rencontrer. Je n'ai pas pensé une seule seconde qu'on serait exposés au monde entier. Merde... moi aussi je vais commencer à flipper je crois.
- Et bien... Maybe it will happen... Maybe not.
J'hausse les épaules sans trop m'en rendre compte, attirant ses jolis yeux dans les miens.
- Of course pictures of the baby will appear everywhere... but no one is forced to see his face before we decide.
Je laisse de nouveau ma main s'attarder sur les mèches de ses cheveux qui refusent d'être cachées sous son bonnet, et leur douceur m'aide à rester sereine.
- We'll just have to cover the stroller, never take the baby out in a public place, at least until he got one year. In that way... all his evolution before he got one year old will stay private, it will be just ours.
Mes doigts atterrissent sur son visage, et se mettent à effleurer le contour de sa mâchoire, jusqu'à arriver à hauteur de son menton, obligeant mon regard à tomber sur ses lèvres. Ses douces lèvres, roses comme je les aimes. Et lorsqu'elles s'entrouvrent, lorsque j'aperçois sa langue se cacher derrière ses dents, je sens mon cœur frapper désespérément ma poitrine, comme pour me dire qu'il est temps de sauter le pas. Qu'il est temps de l'embrasser à nouveau, mieux cette fois. Mais... aussi dur que ce soit, je réprime cette envie insensée et laisse ma main retomber sur son épaule pour me concentrer davantage sur ses jolis yeux.
- Est-ce que j'ai réussis à te rassurer un peu ?
Son regard remonte de mes lèvres à mes yeux, lorsqu'il se met à acquiescer doucement, tel un enfant qui accepterait de dormir pour la première fois la lumière éteinte. Avec toujours un peu de peur au fond des yeux, mais également avec une légère confiance qui l'a forcé à hocher la tête. Ses lèvres se mettent à sourire, et je ne comprends pas immédiatement pourquoi. Mon regard tombe dessus machinalement, de la même façon qu'un papillon de nuit serait attiré vers la lumière. Et c'est là qu'elles se mettent doucement à articuler. Lentement, à tel point que je pourrais presque lire les mots s'écrire sur le rose de ses lèvres.
- I love you.
Mon cœur s'évanouit comme une pauvre petite bête qui ne supporte plus la pression, et je suis brusquement happée par son regard.
- That's the only thing that makes me feel better.
Holy shit... Est-ce que moi aussi je vais m'évanouir ? Oui, certainement dans peu de temps s'il continu de me regarder comme il le fait. Me donnant cette impression folle qu'il s'apprête à me dévorer.
Je sens l'une de ses mains replacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, une mèche rebelle qui a refusée de rester attachée. Mais son regard ne me quitte pas une seule seconde, ses jolis yeux restent plantés dans les miens, telles les racines d'un chêne d'une centaine d'années, ancrées dans la Terre pour un semblant d'éternité.
- And...
Ses lèvres se mettent à sourire, avec cette douceur qui fait l'effet d'un défibrillateur sur mon pauvre petit cœur fatigué par la vie.
- You'll be a great mother.
Ses doigts glissent le long de mon cou pour s'évanouir à la naissance de ma nuque.
- Just like you're already a great woman.
OK... on respire, d'accord ? Il paraît que l'oxygène c'est très utile pour survivre. D'après les dires ça permet un bon fonctionnement du cerveau, et autant vous dire qu'avec ce beau brun au regard ténébreux mon cerveau est clairement dysfonctionnel. Vous voyez le smiley qui sourit avec une larme à l'œil ? Et bien c'est moi en ce moment même. Et ça parce que je dois m'efforcer de ne pas embrasser cet homme à pleine bouche.
- We should get that dessert, don't you think ?
J'acquiesce fermement, extirpée de mes pensées obscènes par sa jolie voix.
- Ouais... vaut mieux pour toi qu'on aille prendre ce dessert tout de suite ou alors je vais vraiment finir par te bouffer le visage.
Son regard se fronce, mais ses lèvres se mettent à sourire, comme-ci il avait tout compris. Je m'écarte de lui pour essayer de calmer la vague de chaleur qui a envahi mon pauvre corps.
- What the fuck did you just say ?
Mes yeux lui retombent dessus, et je me contente de faire l'étonnée, comme-ci je n'avais pas clairement énoncé mon envie de le dévorer.
- Hein ? Rien du tout.
Je pointe le trottoir droit devant nous en faisant mine de changer de conversation.
- Le dessert c'est par là ?
Puis, sans attendre aucune réponse j'entame ma route comme-ci de rien n'était. Qu'est-ce que je suis forte lorsqu'il s'agit de jouer les ignorantes, j'ai clairement appris ça de mon père, c'est sûr.
Tom me rejoint rapidement en laissant échapper un bref rire.
- You're really killing me, babe.
J'esquisse un sourire amusé, toujours étonnée qu'il ose employer des surnoms lorsqu'il me parle. On n'a jamais évoqué clairement le fait qu'il ne devrait pas, étant donné qu'on n'est plus ensemble, et quelque part ça nous laisse une marge d'espoir, vous voyez ce que je veux dire ? Avec ces petits surnoms, ça nous donne toujours l'impression que rien n'a changé. Que nos vies n'ont pas volées en éclats lorsqu'il a prit la décision de coucher avec une autre femme que moi. Ça nous ferait presque penser que tout est comme avant, que notre amour l'un pour l'autre n'a pas flanché d'un pouce. Mais en vérité... l'amour s'est effritée, c'est indéniable, pour lui comme pour moi. Mais il est toujours là, toujours, comme-ci rien ne pouvait l'empêcher d'exister.
- Why ? Qu'est-ce que j'ai dit de si drôle ?
Je pose les yeux sur lui au moment où des gens passent entre nous, m'empêchant d'apprécier son joli visage.
- You said you wanted to eat my face. I'm getting better in French, you know ?
Son expression est si fière que j'éclate de rire. C'est plus fort que moi.
- What ? Why are you laughing ?
Je m'arrête au milieu du trottoir pour désigner sa petite tête d'un doigt accusateur.
- Mais c'est toi là, t'es trop mignon aussi ! C'est chiant, tu sais.
Je reprends ma route en essayant de ne pas m'attarder sur son sourire de tombeur.
- You have no idea what it's like to have to live with someone so cute that every time he opens his mouth you want to hug him so hard that it might stop him from breathing.
Il s'arrête net pour me dévisager avec des yeux si ronds qu'on dirait une chouette.
- What the hell... Are you telling me you want me to stop breathing ?
- Quoi ? Mais non ! Bien sûr que non, banane.
Je lui file un coup dans le torse pour le punir de me faire passer pour une dingue, lorsqu'il attrape mon poignet si fermement qu'il m'attire à lui en deux secondes chrono.
- So what do you want, exactly ?
Mon ventre heurte son torse et m'inflige une vague de chaleur si grande que j'en ai le souffle coupé.
- I just said... I wanted to hug you so hard that you could stop breathing.
En réalité c'est moi qui suis à deux doigts d'arrêter de respirer. Je sens carrément son souffle tomber sur mon nez, et je n'ai qu'à incliner la tête un peu plus en arrière pour sentir sa chaleur glisser sur mes lèvres.
- Which would be really horrible when you realize how much I... how much I need you in my life.
Sa poigne sur mon bras se desserre brusquement, comme-ci ce qu'il vient d'entendre l'avait blessé. Et je le vois bien dans son regard que quelque chose ne va pas. Si bien qu'il baisse les yeux vers les deux cordons du pull que j'ai sur le dos, pour se mettre à jouer avec.
- For a second... I thought you were gonna tell me that you love me.
Ses yeux replongent dans les miens, et je me sens clairement mal de ne pas lui avoir dit. Parce qu'il a raison, j'allais le faire. Mais je l'ai pas fait. Et il l'a compris.
- But I do.
Son regard se fronce, comme-ci il avait du mal à me croire. Mais je ne peux que le comprendre. Il m'est impossible de lui dire, alors comment y croire ?
- Then why don't you say it ?
Je baisse les yeux vers le col de sa veste en jean, que j'attrape nerveusement, seulement pour m'occuper les mains et détourner le regard de ses beaux yeux qui attendent des explications.
- I can't.
- Why ?
Je me force à plonger à nouveau dans ses yeux, et le doute qui plane dans son regard est dur à encaisser. Mais je peux pas. Je peux pas lui dire, vous comprenez ? Et pourquoi ? J'en sais rien. Ou peut-être bien que si, je le sais, mais je refuse de me l'avouer. Inconsciemment je dois bien savoir. Je suis sûr que la réponse est là, quelque part au creux de ma tête. C'est juste que... pour l'instant je ne l'ai pas.
Je secoue doucement la tête pour lui faire savoir que je ne sais pas, et je m'attends à ce qu'il ne comprenne pas. Je m'attends à foutre en l'air cette soirée encore une fois.
- I don't know. I don't know yet, but I'm gonna find out.
Et contre toute attente, ses mains glissent sur les miennes et ses lèvres esquissent un doux sourire. Léger, comme le vent qui fait bouger les boucles qui sortent de son bonnet. C'est presque apaisant de le voir sourire dans une discussion aussi sérieuse que celle-là.
- Maybe we could find out together ? If that's what you want, of course.
Attendez... alors il ne m'en veut pas ? Mais je pensais... je pensais que ça allait tout gâcher. Que la soirée serait foutue.
- Attend... You're not mad at me ?
Il secoue la tête avec un regard froncé, comme-ci il ne comprenait pas pourquoi il devrait m'en vouloir. Ça parait pourtant évident. Je suis froide, et distante avec lui. Bon OK, peut-être pas ces vingt dernières minutes mais à la base c'est comme ça depuis des semaines maintenant. Et au vu de tout ce qu'il fait pour se faire pardonner, il a tout à fait le droit d'être contrarié.
- No, of course no.
Il secoue la tête en prenant du recul, comme pour admirer l'entièreté de mon visage.
- Why would I should be mad at you ? If you can't say it, well...
Son regard tombe ses mes mains qu'il tient toujours fermement, et où la bague qu'il m'a offerte est toujours bien accrochée à mon doigt.
- It doesn't matter.
Il replonge les yeux dans les miens, en jouant avec mes mains comme-ci je n'étais qu'une marionnette, me faisant lever les bras à hauteur de nos deux têtes.
- Whatever you say, all I have to do is read your eyes to know how you feel.
Alors ça... je ne m'y attendais absolument pas. Je sais très bien à quel point mon regard peut être expressif, mais je pensais que ce n'était le cas que lorsque j'éprouve de la colère, pas lorsque j'éprouve de l'amour.
- You must have been reading some pretty bad emotions lately.
Je baisse les yeux vers le T-shirt blanc sous sa veste en jean, à travers lequel je ne vois rien, malheureusement pour moi.
- Yeah... you're right.
Il tire un peu plus mes mains vers lui, et j'ai tellement l'impression d'avoir replongé une année en arrière, lorsqu'on en était qu'à nos débuts tous les deux. Lorsqu'il n'y avait que nous deux, et rien d'autre autour. À cette époque où ma confiance en lui était encore pleinement stable. Il pose mes mains sur ses épaules, et s'empresse de glisser les siennes sur mes hanches. On pourrait presque croire qu'on s'apprête à danser un slow, là, au milieu de la rue pleine de passants.
Mais lorsque mes yeux tombent dans les siens, je me rappelle à quel point on est brisés tous les deux. À quel point tout ça c'est que du vent, de la comédie. Je me rappelle que deux semaines en arrière je le frappais en plein visage parce que je venais d'apprendre qu'il avait posé les mains sur un autre corps que le mien. Et là on se retrouve collé l'un à l'autre comme-ci tout ça c'était du passé ? Comment est-ce qu'on fait pour changer d'état émotionnel aussi rapidement ?
- But none was as beautiful as the one I read right now.
J'esquisse un sourire malgré moi, parce que cette soirée est vraiment différente des autres. Tellement plus paisible. Ça fait du bien de ne plus être en colère contre lui, au moins le temps d'une soirée. Ça me fait du bien, et à lui aussi on dirait.
- And what exactly do you read into my eyes ?
Cette fois c'est à son tour de sourire, et il ne me laisse même pas le temps d'apprécier. Il m'attire fermement à lui pour me chuchoter au creux de l'oreille.
- You love me.
La chaleur de son souffle sur ma nuque m'arrache un long frisson, et je n'ai pas le temps de répondre qu'il dépose un doux baiser sur ma peau, juste au dessus de mon épaule. Holy shit... je ne sais pas si ce sont les hormones qui me rendent aussi fragile, mais je suis à deux doigts de tomber dans ses bras.
C'était sans compter sur le fait qu'il décide de s'écarter de moi en deux secondes chrono, comme-ci ce baiser inattendu lui avait filer un coup de jus. Mais au regard qu'il me lance, je comprends qu'il ne regrette pas, au contraire. Ça l'amuse. Il sourit comme un gosse.
- How about we finally get that dessert ? I'm sure you're still starving.
Alors oui, j'ai clairement encore la dalle, ça c'est certain. Mais j'ai aussi très envie de le bouffer lui, et ça pour tout vous dire ça me frustre un peu. Parce qu'une partie de moi est d'accord pour dire que ce n'est absolument pas une bonne idée. Seulement, une autre partie de moi est clairement partante, malheureusement.
- Alors on va vraiment le prendre ce dessert ? Je commençais à croire que c'était du baratin.
Il me désigne une enseigne à quelques mètres de nous, fier de lui.
- It's right there. I wasn't lying.
Je jette un œil à ladite boutique, faisant mine de ne pas être convaincue.
- Mouais... It's better for you that my dessert is actually there or I'm gonna turn into a terrible sugar-starving monster.
Je lui lance un regard tellement sérieux qu'il se met à rire en entamant la route vers la boutique.
- And if you don't find your happiness in this shop, what will happen to me ?
Je m'arrête devant la porte de l'enseigne en posant les yeux sur lui.
- Well... if I can't find anything good to eat in there... I'm gonna have to find something else to eat.
Je pointe son joli torse du doigt, pour finir par laisser mon index glisser le long de sa mâchoire. Cette ambiguïté du début est réellement plaisante à retrouver. Ça fait du bien d'agir comme-ci tout allait finalement bien entre nous. Son sourire est si grand que je le soupçonne de ne plus voir en face de lui. J'entre en première, suivie de près par Tom. Et à peine ai-je mis le pied dans la boutique que la carte accrochée au mur au dessus du comptoir me donne des étoiles dans les yeux.
- Oh my God...
Il y a la queue au comptoir, et je comprends pourquoi. Je rejoins la file en scrutant le nombre incalculable de parfums différents qu'ils proposent ici.
- It's a Milkshake Bar...
Le souffle chaud de Tom sur ma nuque m'arrache un sourire.
- I hope you appreciate the surprise ?
Je tourne la tête vers lui, pour me retrouver à quelques centimètres à peine de ses jolies lèvres roses dont le parfum n'est pas sur cette carte. Il sourit, et ce sourire me paraît être mille fois plus appétissant que n'importe quel Milkshake servit ici.
- Good evening Ma'am, what can I get you ?
Je délaisse le beau British pour poser les yeux sur la jeune serveuse qui m'attend patiemment.
- Hi ! Heu... I'm gonna take...
Je jette un œil à la carte où je n'ai toujours pas fait mon choix, tandis qu'elle se contente de poser les yeux sur Tom derrière moi.
Bordel il y a bien trop de choix. Ils ont des Milkshake pour tous les goûts et de toutes les couleurs. Il y en a des jaunes, des rouges, des bleus, des verts, même des noirs aux Oréos ! Mais comment est-ce que je suis censé choisir parmi tout ça ?
Alors que mon cerveau est en ébullition, j'entends Tom derrière moi passer commande.
- I'm gonna take the Cereal Killer, please.
The Cereal Killer ? Je cherche immédiatement du regard celui qu'il a choisi. Oh my God ! Il a l'air trop bon... et il est d'un rouge tellement appétissant... non, je ne peux définitivement pas prendre le même que lui. Aller, on se remet à chercher. OK, j'ai trouvé ! Je vais prendre le plus coloré de tous.
- OK, alors je vais vous prendre le... Rainbow Chip Brownie ! Please.
La fille derrière le comptoir se met à s'activer, tandis que je me tourne vers Tom, des étoiles plein les yeux. Je ne peux même pas arrêter de sourire.
- So... do you like it ?
- If I like it ?
J'attrape le col de sa veste avec un tel enthousiasme que mes pieds se décollent du sol dans un saut incontrôlé.
- I love it !
OK... il faut absolument que je me calme. Les gens nous dévisagent comme-ci j'étais complètement folle. J'avoue que ma réaction est peut-être légèrement disproportionnée mais enfin il faut me comprendre aussi ! Ces Milkshakes sont littéralement énormes ! Je veux dire... on n'en trouve pas des comme ça à Paris. Et même depuis que je suis ici, Tom ne m'en a jamais ramené des comme ça. Mais je comprends pourquoi, ils sont tellement blindés de chantilly, et de gâteaux en tout genre que c'est impossible d'attendre ne serait-ce que vingt minutes pour les déguster.
- I knew you would like it.
Il écarte les cheveux qui tombent sur mon front avec un sourire tellement adorable que ça me donne envie de le prendre dans mes bras.
- We passed by two days ago, and I immediately told Harry you were gonna love it.
Ses jolis yeux plongent à nouveau dans les miens, et je suis heureuse qu'il ait pensé à moi. Je veux dire... c'est tellement son genre de penser à moi pour des trucs aussi futiles qu'un bar à Milkshake. Benjamin n'a jamais été à ce point attentionné avec moi, mais Tom est comme ça depuis le premier jour. C'est comme-ci... il était amoureux depuis le premier jour finalement.
- Ma'am ! It's ready.
Je fais volte face pour tomber sur deux énormes Milkshake des quels dépassent une tonne de chantilly parsemée de gâteau et de bonbons.
- Oh my God... c'est du délire.
J'attrape le miens et pioche une tonne de serviettes pour être sûr de ne pas en manquer, tandis que Tom en fait de même.
- Oh Jesus... We have to find a place to sit and eat this.
J'échange un regard avec mon British préféré qui semble presque regretter d'avoir commandé un aussi grand Milkshake.
- Or we can just sit here.
Tom jette un œil à la salle déjà bien remplit et aux nombreuses paires d'yeux posées sur nous, avant de secouer la tête.
- No... We'll be better off outside, just the two of us.
J'acquiesce, soulagée qu'il veuille qu'on ne soit que tous les deux.

Unexpected 2 [FR/EN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant