Chapitre 4

861 42 28
                                    

Lorsque je rejoins Tom au premier rang, je suis complètement essoufflée parce que je viens de descendre les marches en deux secondes et demi en essayant de ne pas me casser la gueule. Tout le monde est déjà assis et la place qui m'est réservée est entre les frères Holland. J'aperçois du coin de l'oeil que Tom est coincé entre Ciara et moi, et étonnamment ça ne me dérange pas. Ça me parait même plutôt logique en fait. Ce sont eux que les gens sont venus voir. Tom glisse sa main sur la mienne pour attirer mon attention, et lorsque je pose les yeux sur lui, je le surprends à me dévisager avec un regard beaucoup trop sérieux pour calmer l'angoisse qui est montée en moi après avoir laissé Timothée. 
- Are you alright ? 
J'acquiesce fermement en m'efforçant de sourire, et entrelace ses doigts aux miens, le métal froid de sa chevalière m'arrachant un long frisson. 
- Oui, tout va bien. 
Son regard ne s'adoucit pas pour autant et je sens bien que sa main ne serre pas la mienne comme il a l'habitude de le faire. Comme-ci il n'avait pas envie de me serrer la main. 
- It was Timothée up there, wasn't it ? 
Mon coeur frappe violemment ma cage thoracique et je fais immédiatement le lien entre son regard dur et sa main qui refuse de serrer la mienne. J'acquiesce faiblement, et sa réaction ne se fait pas attendre. Il serre immédiatement la mâchoire et retire brusquement sa main de la mienne, prétextant l'envie soudaine de se gratter le nez. Son regard tombe sur l'écran devant nous, et mon coeur s'arrête immédiatement de battre. Je le connais par coeur maintenant, et je sais que lorsqu'il se gratte l'arête du nez c'est pour ne pas faire voir que ses mains tremblent. Mais je l'ai remarqué. Et il s'empresse de les croiser sur ses cuisses en jouant nerveusement avec sa chevalière. 
Ça fait plus d'un an qu'on vit ensemble maintenant, et depuis ce Noël à Kingston il ne s'est plus jamais comporté comme ça avec moi. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas vu ce regard. Celui qui trahit sa jalousie et son manque de self-control. Et tout ça pour Timothée ? Sérieusement ? 
Je m'efforce de poser les yeux sur l'écran sous mon nez, au moment précis où le visage de Tom apparaît. Bordel de merde ! Je m'accroche aux accoudoirs comme dans un rollercoaster prêt à entamer une chute vertigineuse. Putain j'étais pas prête pour ça. Le revoir aussi amaigrit, blafard et... dévasté. Je me souviens parfaitement de cette scène. Ils étaient en train de la tourner le jour où j'ai revu Tom pour la première fois après ma tentative de suicide. Bon sang... ça ravive trop de souvenirs. Des souvenirs d'un passé que j'ai envie d'enterrer à tout jamais. 
Une main se pose sur la mienne et me sort de cette contemplation désastreuse de l'homme que j'aime au plus bas de sa forme. Je sursaute brusquement en posant les yeux sur Harry à ma gauche. 
- Everything's OK ? 
Il reprend sa main avec ce regard inquiet qu'ils ont tous dans leurs famille. J'acquiesce doucement en reposant les yeux sur l'écran, lorsqu'une sensation de chaleur glisse sur ma joue droite. Je porte une main à mon visage pour arrêter une larme qui vient de s'échapper furtivement de mon oeil. Comme-ci elle avait voulu elle aussi quitter cette vision désastreuse, et avait choisit de faire le grand saut depuis le bord de ma paupière. Le film a commencé depuis deux minutes et je pleure déjà. Quelle gourde putain ! 
Je repose ma main tremblante sur l'accoudoir, lorsque la chaleur des doigts de Tom vient s'y déposer. Ses doigts s'emmêlent aux miens et lorsque je relève la tête vers lui, il s'efforce de ne pas quitter l'écran des yeux. Mais c'est pas grave. Sentir sa main me suffit. Je la serre doucement et aperçois ses lèvres retenir un sourire. Je peux endurer ces souvenirs si sa main reste dans la mienne. 
Enfin, une heure plus tard, il est forcé de reprendre sa main pour cacher son visage. Il ne m'a jamais parlé de cette scène. Et je comprends pourquoi. Le voir se donner du plaisir dans les toilettes d'un camp militaire c'est... plutôt gênant, je suis forcée de l'admettre. Pour lui comme pour moi. Et certainement pour le reste de la salle aussi. Il me jette un coup d'oeil et je suis incapable de retenir mon sourire, ce qui me vaut un coup d'épaule taquin. J'attrape sa main en essayant de le rassurer, lorsqu'il refuse ma poigne pour glisser sa main sur ma cuisse. La chaleur de sa paume s'infiltre à travers le tissu de ma robe, mais ça ne semble pas lui suffire. Il laisse ses doigts glisser sur les cinq centimètres de peau que laisse apparaître cette robe d'autant plus courte maintenant que je suis assise. Le bout de son pouce caresse doucement ma peau, juste au dessus du genoux, lorsque le reste de ses doigts s'accrochent à l'intérieur de ma cuisse et remontent doucement ma robe, effleurant ma peau jusqu'à arriver à hauteur de mon entre-jambe.
Je l'arrête immédiatement en attrapant sa main pour la redescendre sur mon genoux. Bordel... il faut qu'il arrête de faire ça où mon coeur va littéralement exploser. Je pose les yeux sur lui en espérant pouvoir l'interroger du regard, mais le surprend à se mordre nerveusement la lèvre en retenant son sourire. OK... il vaut mieux que je garde sa main dans la mienne dorénavant. 
Et lorsque la fin du film approche, sa main m'est bien utile pour affronter les scènes qu'il a tourné le jour où j'ai quitté Cleveland. Le jour où il m'a hurlé de partir. Et je lui broie littéralement les doigts pour surmonter la tristesse et la douleur qu'il a joué dans cette scène. C'est tellement dur de le revoir comme ça. De replonger dans cette journée où ma vie a basculée lorsqu'il a voulu que je sorte de sa vie. Et la scène qui suit est d'autant plus pénible à regarder, parce que je n'étais pas là lorsqu'ils l'ont tournée, et Harry non-plus. On était tous les deux à l'aéroport, attendant l'avion qui s'apprêtait à m'emmener loin de lui. Il était tout seul pour cette scène, et ça fait mille fois plus de mal de savoir ça. Ça fait mal parce que je sais que la douleur au fond de ses yeux il ne l'a pas jouée. Elle était bien réelle. Et je ne supporte pas de le voir comme ça. À tel point que je suis contrainte de baisser les yeux, incapable d'affronter cette scène où il hurle en se débattant comme un fou dans cette voiture.
Les doigts de Tom se resserrent un peu plus sur le dos de ma main et lorsque je relève les yeux vers lui, il est entrain de me dévisager. Avec son regard éternellement inquiet. Ses lèvres s'entrouvrent et à cause du son beaucoup trop fort du film je ne parviens pas entendre le son de sa voix, mais je lis parfaitement ce qu'il essai de me dire. I love you. Même sourde je suis capable de reconnaître la chorégraphie de ses lèvres lorsqu'il prononce ces mots. J'entends même le son de sa voix dans ma tête. C'est quelque chose qui ne me quittera jamais. 
Je profite de l'absence de lumière dans la salle pour lui voler un baiser. Trop court pour faire apparaître les papillons dans mon ventre, mais suffisant pour répondre à son aveu. 
Lorsque les lumières se rallumes, les applaudissements dans la salle font un bruit assourdissant. Il y a même des gens qui siffle. Le sourire de Tom est si grand et fier que je retombe amoureuse de lui pour la millième fois au moins. Il dépose un rapide baiser sur le dos de ma main avant d'être contraint de rejoindre Joe et Anthony pour saluer tout le monde. Harry les rejoins aussi, puis quelques autres de l'équipe de tournage. Et très vite, je me retrouve seule dans ma travée. Je jette un oeil au reste de la salle, lorsqu'un costume rose attire mon attention. Du haut de sa rangée, Timothée applaudit encore, mais son regard est littéralement rivé sur moi. Je lui tourne immédiatement le dos en reportant mon attention sur Tom, et je le surprend aussi à me dévisager, mais avec son regard de tueur. OK, je suppose qu'il a remarqué que Timothée avait les yeux rivés sur moi. Super ! 
La petite équipe se met à remercier tout le monde pendant quelques minutes, avant que le défilé des félicitations ne commence. Je finis par laisser Tom à ses poignées de mains pour enfin rejoindre les toilettes. Cette fois, en empruntant l'escalier, je prend soin de ne pas me casser la gueule et évite même Timothée avec une ignorance que je tiens de ma mère.
Lorsque je sors des toilettes pour me laver les mains, je suis contente que tout le monde soit encore dans la salle, je déteste la foule. Enfin, c'était sans compter sur Lily-Rose Depp qui a choisit d'aller aux toilettes en même temps que moi. 
- Hey ! Félicitations pour Tom, il est incroyable. 
Je la remercie d'un sourire, pas du tout à l'aise de me retrouver seule avec elle. 
- Oui, il est super. 
Je m'empresse de m'essuyer les mains avec la ferme intention de me tirer de là au plus vite, lorsqu'elle se remet à me parler. 
- Tu sais pour Tim... 
Putain et elle est repartit avec ça ! 
- Il ne voulait pas venir ce soir. C'est moi qui a insisté. 
Je la frappe du regard avec une surprise qui a l'air de la surprendre aussi. 
- Quoi ? 
Elle s'essuie les mains avec un air agacé. 
- J'ai vite compris pourquoi lorsqu'on t'a croisé tout à l'heure. 
Elle me lance un regard super hautain dont j'ai l'habitude avec ma mère. 
- Et pourquoi ? Si c'est pas trop te demander. 
Mon ton est sec et je suis incapable de retenir l'agacement qui commence à s'infiltrer dans chacune de mes veines. Sérieusement, je ne sais pas ce qu'il a bien pu lui dire sur moi, mais ça ne me plaît pas du tout. 
- Well... je suppose qu'une partie de lui t'aime encore. Trop à mon goût. 
Waouh ! J'ai l'impression qu'elle m'a collée une putain de gifle, tellement que je peine à tenir debout. Elle a dit quoi là exactement ? 
- Fait moi plaisir, tu veux... et reste avec ton British. Je sais pourquoi tu l'a choisis lui plutôt que Tim, on le sait tous ici. 
Elle jette ses papiers usagés dans la poubelle en replantant ses yeux bleus dans les miens. 
- Le train de vie qu'il t'apporte est plus avantageux, c'est certain. Ils n'ont pas la même notoriété. 
Oh my Godness ! Attendez, est-ce qu'elle est clairement entrain de dire que je suis avec Tom pour l'argent là ? Non mais elle délire ou quoi ? 
- Lorsque j'ai récupéré Tim il était en pièces, à cause de toi. Et je te conseille vivement de ne pas essayer de remettre les pieds dans sa vie. Soit gentille et contente toi du portefeuille du petit chouchou de Marvel. Parce que si tu tente quoi que ce soit avec Timothée, je te ferais regretter d'avoir mis les pieds dans un monde dans lequel tu n'as pas ta place. 
OK, une deuxième gifle vient de me couper le souffle. Là c'est certain, elle insinue que je ne suis avec Tom que pour la tune. Elle passe près de moi en me bousculant intentionnellement, et je peine à tenir debout sur ces foutus talons. Putain pourquoi est-ce que j'ai envie de pleurer au juste ? Est-ce que tout le monde ici pense comme elle ? Que je suis une putain de profiteuse ? Putain ça fait trop mal en vrai. Je m'efforce de rester en retrait depuis plus d'un an maintenant, et à peine je pose les pieds sur un tapis rouge que tout le monde pense que je suis une salope attirée par l'argent ? Putain mais si c'était le cas j'aurais jamais choisis de reprendre un travail normal ! Un putain de job à la con qui m'empêche de rester avec l'homme que j'aime !
Alors c'est ce que tout le monde pense de moi ? Mais pourtant j'ai jamais voulu ça. 
La porte des toilettes s'ouvre brusquement, m'arrachant à ma crise d'angoisse. Je croise le sourire de femmes que je ne connais pas, et la pression au creux de ma poitrine s'étend dans mon ventre. Est-ce qu'elles pensent ça elles aussi ? Je me met à douter de la sincérité de leurs sourires, et m'extirpe de ces putains de toilettes pour ne plus affronter leurs regards insistants. Dehors, je m'efforce de garder la tête baissée pour rejoindre la salle, je n'ai pas envie de fondre en larmes au premier regard. Mais c'était sans compter sur la personne qui vient d'ouvrir la porte avant moi, me la foutant littéralement dans la gueule. 
- Oh putain de merde ! 
Je porte une main à mon front en essayant de ne pas jurer davantage. Ça vaut mieux parce que je suis sur le point d'insulter des mères là ! 
- Fuck ! I'm sorry... 
Je lève les yeux pour tomber sur un grand brun aux boucles noires dans un costume rose. Et il fallait que ce soit lui ! Je le bouscule sans aucun remords avec la ferme intention de retourner dans cette salle bondée de monde où la majorité pense que je suis une pute attirée par la star du film qu'ils viennent de voir. Mais le grand brun n'a pas l'air de mon avis et m'attrape brusquement par le coude pour m'extirper de la salle dans laquelle j'ai eu le temps de ne mettre qu'un seul pied. 
- No, wait ! 
Je fais volte face vers lui, mon bras toujours prisonnier de ses doigts froids. 
- I'm sorry... je te promet que je voulais pas... 
Je m'extirpe de sa poigne de fer si brusquement que je bouscule quelqu'un au passage. 
- Ouais, parce que tu m'aimes, c'est ça ? 
J'ai crié si fort que les gens autour se sont arrêtés pour nous regarder. Et Timothée ne prend même pas le temps de répondre et agrippe mon bras à nouveau, serrant mon poignet avec une force que personne ne lui soupçonnerait. Il me tire si brusquement avec lui que je trébuche du haut de mes talons, me rattrapant à un distributeur de boissons posté non loin des portes. J'ai même pas le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il me bouscule pour me forcer à m'arrêter derrière ce distributeur, à l'abri des regards. Lorsque je comprends qu'il nous a éloignés de la foule, je ne met qu'une seconde pour m'arracher de son emprise et le pousser de toutes mes forces. 
- Putain mais il t'arrive quoi là ? 
Il bascule sur ses longues jambes, mais me coupe la route avant que je n'ai le temps de m'enfuir. 
- No, wait ! Il faut que je te parle... 
Je lève un doigt menaçant vers lui, comme-ci ça allait suffire à le repousser. 
- Ne t'avise plus jamais de me toucher putain ! 
Il lève les mains, paumes ouvertes vers moi, comme pour m'assurer qu'il se tiendra tranquille. 
- Je suis désolé... 
- J'en ai rien à foutre que tu sois désolé ! Si Tom s'aperçoit qu'on est là tous les deux il va péter les plombs putain ! Et puis j'ai pas envie de t'entendre me raconter des conneries ! Je crois que ta copine en assez dit, tu vois. 
Son regard se fronce aussitôt, et il paraît immédiatement nerveux. 
- What ? Lily ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? 
- Oh bah que tu m'aime par exemple ! 
Je jette un oeil derrière lui où des gens se dirigent vers la sortie, et lorsque je repose les yeux sur lui, son visage à pâlit. Lui qui n'est déjà pas très bronzé, cette fois ça fait carrément peur. 
- Je suis désolé... j'aurais dû te le dire... 
Mon coeur se serre si fort que j'ai un mouvement de recul et me heurte au distributeur de boissons. Le métal froid me fait aussitôt regretter mon pas, et je suis forcée de m'en décoller. 
- Me dire quoi ? De quoi tu parle ? 
Il baisse les yeux et commence à jouer avec les bagues à ses doigts. 
- Je voulais te le dire, mais... tu m'as repoussé et... 
- Ah non ! Non, non, je t'arrête tout de suite, t'as pas intérêt de me dire que tu m'aime putain ! 
Il relève immédiatement la tête et la surprise dans son regard est meurtrie par la tristesse. 
- Non mais tu crois quoi au juste ? Qu'en venant ici t'allais pouvoir me voler à Tom ? Que je tomberais raide dingue amoureuse de toi après tu m'ais roulée une pelle derrière un distributeur de boissons ? Putain mais réveille toi, Timothée ! C'est Tom que j'aime ! Pas toi, pas un autre ! 
La brillance de ses yeux me fait brusquement réaliser que je redeviens cette abominable connasse que j'ai toujours été avec lui. 
- C'est pour ça que t'as essayé de te suicider ? 
Mon coeur s'arrête à nouveau, et j'ai du mal à respirer. Son regard est redevenu assuré et j'ai l'impression qu'il arrive de nouveau à s'infiltrer dans ma tête. 
- You thought I didn't get it ? Est-ce qu'il est au courant au moins ? Ou est-ce que pour ça aussi tu lui a mentis ? 
Waouh, alors déjà il va se détendre parce que je ne vais pas tarder à lui en coller une, au risque de décoiffés ses jolies boucles ! 
- De quoi tu parle au juste ? 
- De nous deux. 
Oh putain... mon estomac se soulève et je commence à voir flou. Je crois que j'ai besoin d'air là. Je manque d'oxygène. 
- Putain mais c'est quoi ton délire là ? Il n'y a jamais eu de nous deux, Tim... 
- Ça c'est que tu veux croire. 
C'est à son tour de pointer un doigt menaçant sur moi, et le sien à beaucoup plus d'effet que le mien. 
- Tu sais comme moi qu'il s'est passé un truc entre nous. Tu sais que nous deux c'est pas des conneries, pas comme Tom et toi ! 
Putain mais il est cinglé ou quoi ? 
- J'étais là moi ! C'est moi qui t'as sortit du trou dans lequel il t'a mise ! Et je sais que tu as ressentis la même chose que moi, I fucking know it ! And you can't tell me that's not true ! 
Il cri tellement fort que je sens mes épaules se rétracter sur elles-mêmes. Ses yeux sont rouges et noyés par les larmes et moi j'arrive toujours pas à retrouver mon souffle. Je comprends pas ce qui se passe putain. 
- You can't tell me you didn't love me ! Not even a little... 
Il attrape ses cheveux bouclés de ses deux mains, comme pour se retenir de hurler. 
- I fell in love with you from the beginning... when I first met you in Cleveland. Mais tu étais déjà avec lui. 
Non... non, s'il vous plaît, il faut que quelqu'un vienne m'aider là. Je le sens pas je vous dis ! Putain je le sens pas ! 
- Et tu as voulu mourir pour lui ? 
Il s'avance d'un pas, réduisant un peu plus la faible distance qui nous sépare. 
- But with me... 
Il s'avance un peu plus, et je suis forcée de reculer, laissant le métal froid du distributeur me glacer les épaules. Et il s'arrête enfin, à quelques centimètres de moi. Tellement près putain. Trop près. 
- Tu aurais pu rester en vie... alive with me. 
Il se désigne d'un doigt tremblant, et je sens brusquement tout mon corps se crisper. Je ne comprends pas immédiatement pourquoi. Ce n'est que lorsque la froideur de sa main sur mon épaule m'interpelle que je comprends. Sa main gauche est accrochée à moi comme pour m'empêcher de partir. Et sa main droite ne tarde pas à glisser sur ma joue. Bordel ce que ses doigts sont froids... putain je vous avez dit que je le sentais pas. Je vous l'avez dit... 
Il referme doucement ses doigts sur mon menton, et me force à soutenir son regard, ses yeux bleus noyés de larmes. Croyez moi ou non, mais la froideur du distributeur dans mon dos et son regard planté dans le mien me ramène un an plus tôt, le jour où Benjamin m'a violée. Et j'ai pas le temps de me débattre qu'il colle ses lèvres aux miennes dans un baiser que j'aurais dû anticiper. Sa main accroche un peu plus mon épaule, et je sens tout son corps se coller au mien, et... et putain j'ai pas envie de sentir ça. J'ai pas envie de le sentir contre moi. J'ai juste envie d'hurler et pourtant, comme la première fois, je n'arrive pas à bouger. Mais pourquoi j'arrive pas à bouger putain !
Je sens mon corps se crisper, comme-ci mes veines se transformées en glace et mes muscles en pierre. Mais je ne peux pas laisser ça arriver une nouvelle fois. Pas encore putain !
Et tout ce que ça a engendré la dernière fois me revient en mémoire, et ce qui reste c'est le regard anéantit de Tom. À partir de ce moment là, il ne me faut qu'une seule seconde pour reprendre conscience. Je referme la mâchoire sur ses lèvres et le gémissement de douleur qu'il étouffe contre ma bouche suffit à le décoller de moi. Il recule de quelques pas en portant une main à sa lèvre ouverte, tandis que je sens déjà la chaleur de son propre sang couler sur mon menton. J'efface le rouge qui marque ma peau d'un revers de la main, et fait disparaître le sang qu'il reste sur mes lèvres d'un coup de langue. 
Timothée garde les yeux rivés sur moi, et je ne supporte ni son regard, ni le goût cuivré de son sang dans ma bouche. 
- I'm sorry... 
Putain je vais vomir ! Je m'accroche au distributeur pour courir aux toilettes qui ne sont qu'à quelques mètres, et m'enferme dans une cabine pour régurgiter tout le contenu de mon estomac. Tout le repas que j'ai partagé avec Tom. Putain mais pourquoi il a fait ça ? Comment je vais faire pour encore mentir à Tom ? Je peux pas. Je peux pas lui mentir encore une fois. J'ai pas le droit de faire ça, pas encore, pas après tout ce que je lui ai caché. Il n'est déjà pas au courant pour ma cicatrice, alors si je lui cache ça en plus du reste... je vais jamais me le pardonner. 
Le goût du sang à disparu, mais maintenant je dois faire face au goût dégueulasse de la soupe de poissons que je viens de vomir. Je me laisse tomber sur le sol, assise à même le carrelage en essayant de reprendre mon souffle. Je dois me battre contre les souvenirs de Benjamin que j'avais enfouis au plus profond de ma mémoire, et les nouveaux souvenirs de Timothée. De ses lèvres accrochées aux miennes et de ses mains froides sur mon épaule et mon menton. Bordel et le goût de son sang... Putain mais pourquoi est-ce qu'il a fait ça au juste ? C'était quoi la suite de son plan ? Me violer contre le distributeur de boissons ? Bordel mais pourquoi est-ce qu'ils sont tous aussi tarés ? 

Unexpected 2 [FR/EN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant