Chapitre 44

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Tom s'écarte brusquement de moi, comme-ci se retrouver coincé entre mes jambes devant ses parents le mettait mal à l'aise. Ce qui est clairement légitime.
- No, of course.
Il me jette un regard totalement paniqué, avant de se tourner vers sa mère.
- What kind of news do you think we forgot to tell you ?
Elle s'avance en posant les yeux sur moi, ce qui me force à lever mon cul de ma chaise.
- Well... The kind of news that includes an engagement ring.
Oh shit... elle me rejoint en deux pas, pour ouvrir ses bras d'un air plus qu'accueillant.
- Hi, Elena ! I'm so glad to see you here.
Waouh... OK. Je la laisse me serrer dans ses bras avec la même douceur que celle de son fils. Il n'y a pas de doutes, il tient ça d'elle.
- Bonjour à vous aussi.
Je me sens toujours un peu nulle face à elle, ne me demandez pas pourquoi. Je crois qu'elle m'impressionne trop. Elle a cette aisance à sourire qui me fait croire que je suis la bienvenue dans leur famille, et ça me crispe de ouf. Sans que je n'y fasse attention, elle attrape ma main gauche pour la contempler comme-ci c'était la Joconde.
- Oh but look at this...
Je look at this moi aussi, en comprenant qu'elle parle de ma bague. À force de la porter, j'oublie qu'elle est sur mon doigt.
- This ring is really awesome. Even more so now that it's on your finger.
Je la remercie d'un sourire, lorsqu'elle relève la tête vers son fils, sans pour autant lâcher ma main.
- The first time I saw it, I thought it was too big, but finally it looks pretty good on her.
Oh attendez... je pose les yeux sur Tom dont je ne perçois toujours pas le regard à cause de son foutu costume. Alors elle savait pour la bague ? Genre elle l'a déjà vu. Mais... est-ce qu'elle aurait aidé Tom à la choisir ?
- I told you she would be perfect for her.
OK... alors elle savait. Est-ce que... est-ce que j'aurais tort de penser que cette bague était à l'origine une véritable bague de fiançailles ? Je veux dire... pourquoi aurait-il demandé à sa mère de l'aider à choisir une bague si c'était seulement sans occasion particulière ? C'est louche, non ? Ou alors je suis peut-être juste folle.
- You were right for once.
C'est vrai que ça lui arrive d'avoir raison parfois.
- So that's it ? Did you propose ?
Waouh... qu'est-ce qu'elle vient de dire là ?
Tom tourne la tête vers moi, avant de se tourner à nouveau vers sa mère.
- Well... not quite yet.
- Really ? But I thought...
- Mom, can we just... talk about this later ? Please.
Nikki me lance un bref coup d'œil, avant d'acquiescer avec un sourire poli.
- Yeah, of course.
Elle laisse son mari me saluer, avant que la situation prenne une tournure bien plus stressante. Entendre parler de mariage moi ça me met mal à l'aise. Genre vraiment. S'ils s'imaginent qu'on va se marier alors qu'est-ce qu'ils vont penser lorsqu'ils vont savoir pour le bébé ? Oh shit... j'ai pas envie de leur dire. Est-ce que je suis obligée ? Roh bien sûr que t'es obligé banane ! Il faut qu'ils sachent. Même si pour ça je risque encore de passer pour la connasse de service qui se sert de leur fils. Bon aller... sourit, ça va bien se passer.

Le midi, la faim s'impose et la pause aussi, par la même occasion. On se retrouve tous en dessous d'un immense chapiteau où le buffet est suffisamment énorme pour toute la production. Tom a fait tomber le masque, et il m'a abandonné au buffet pour rejoindre la table, son assiette déjà remplie. Moi j'essaie tant bien que mal de garnir la mienne sans passer pour une affamée.
- Hey...
Je relève la tête pour tomber sur Nikki, une assiette vide dans les mains. Elle m'adresse un sourire si doux que j'oublierais presque qu'on est sur le point de lui révéler qu'elle va devenir grand-mère.
- Tom seems worried. Is there anything important I should know ?
Oh shit... les gens ont raison de dire que les mères sentent tout, parce que celle-là comme mère elle a le nez fin. La mienne n'a jamais eu l'air de sentir lorsque je n'allais pas bien, mais ça ne m'étonne pas vraiment tout compte fait.
- Well...
Je baisse les yeux vers mon assiette seulement à moitié remplie, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Est-ce que vous me voyez vraiment lui sortir "Oui, c'est tout à fait normal, votre fils à peur de vous avouer que je suis enceinte". Non mais c'est pas possible en vrai. Déjà je n'ai pas le droit de lui dire sans que Tom soit là, ce ne serait pas logique, ce sont ses parents à lui, il faut qu'il soit là.
- Honestly... your son is a little stressed right now. Because... he's afraid to tell you that we haven't gotten back together.
Ses sourcils se haussent, de la même manière que ceux de son fils ont l'habitude de le faire lorsqu'il est surpris. Et c'est là que je me rappelle qu'il a ses yeux, les yeux de sa mère.
- Oh... really ?
Elle jette un œil aux plats sous nos yeux, sans trop vraiment les regarder. Elle cherche sûrement ses mots. Je me doutais que ses parents allaient penser qu'on était de nouveau ensemble, ça paraît tellement logique lorsqu'on examine la situation. Qu'est-ce que je ferais là si on n'était plus ensemble après tout ? Cette histoire est tellement compliquée que j'ai l'impression qu'on n'en viendra jamais à bout.
- I never should have mentioned the ring. I'm sorry, I really thought you guys were back together. When we got here, you two seemed so happy.
Je jette un œil à Tom, installé à table avec son frère et son père. C'est vrai que ces dernières heures on était plutôt heureux, le calme était revenu.
- Yeah... we were. But lately, moments like these are rare, you know.
Je repose les yeux sur elle, pour recevoir un sourire compréhensif. Le genre de sourire pincé dont j'ai l'habitude avec son fils.
- I know it's difficult. He told me what happened. And... I know forgiveness will be hard, maybe even impossible. But you make each other happy, you can't deny it.
Ouais... ça on ne peut pas le nier. Ce qu'on ne peut pas nier aussi c'est le fait qu'on se blesse plus qu'on se rend heureux. Et c'est dingue comment les moments de doutes, de colère et de rage entachent nos cœurs tellement plus que les bons moments.
- You're right. But the problem is... we both hurt each other, you know. More than you can imagine. So... Sometimes we think maybe it's better to stop everything, that this might be the best decision for each of us.
Son regard tombe sur son fils, toujours attablé, et je vois bien au fond de ses yeux de mère qu'elle y a déjà pensé elle aussi. Après tout, elle a bien vu à quel point je fais ressortir tout ce qu'il y a de plus noir en lui, pourquoi n'y aurait-elle pas pensé ?
- I don't think that would be the best decision, but the easiest.
Elle repose les yeux sur moi, avec le même regard maternel que ma mère, en moins intransigeant quand même.
- Love is not easy, marriage even less. But the point is, if it was supposed to be easy, it wouldn't be interesting, and it wouldn't last. Most easy things don't last, because in the end it's not interesting. And if there's nothing more interesting, then what's the point of staying ? If it were easy, we wouldn't need to invest, and if we no longer invest in our relationship, then it collapses.
En effet, des leçons de vie comme celle-là ma mère serait incapable d'en sortir. Elle a tellement raison en plus. Mais qu'est-ce que vous voulez que je réponde à ça ? Je ne vais pas lui dire qu'avec son fils la difficulté est bien trop grande, et que tout ce qu'il peut avoir d'intéressant ne suffit plus pour rester. Comment lui dire que ça devient trop dur ? Que ça devient trop dur de s'investir dans cette relation. Qu'au bout du compte j'ai l'impression que, quoi que je fasse, ça va s'effondrer. Même si on s'aime aussi fort.
Je me contente d'esquisser un maigre sourire, pas certaine d'avoir les mots appropriés pour répondre à ça. Et Dieu merci, je n'ai pas besoin de chercher longtemps mes mots, le vibreur de mon téléphone m'en empêche. Je l'extirpe de ma poche en m'excusant auprès de Nikki.
- Sorry, I have to answer.
Je pose mon assiette sur la table, horriblement gênée de devoir délaisser Nikki dans une discussion aussi sérieuse.
- Don't worry, I will bring your plate to the table.
Elle m'adresse un doux sourire, avant de prendre mon assiette pour l'emmener avec elle. Je m'empresse alors de décrocher mon téléphone en sortant du chapiteau pour ne déranger personne.
- Allô ?
Mon ton prend la tournure d'une question, parce que c'est bien la dernière personne de mon répertoire de laquelle j'attendais un coup de téléphone.
- Hey... salut, Elena... je sais pas si tu te souviens de moi, quoi que j'ai l'habitude de marquer les esprits, mais bon avec la vie que tu as maintenant peut-être que tu m'as totalement oublié, et je comprendrais, mais...
- Miguel ! Ton prénom s'est affiché sur mon téléphone.
Il y a un moment de silence, et je me demande bien pourquoi est-ce qu'il a gardé mon numéro.
- Oh... merde, je suis vraiment con parfois.
D'après les souvenirs que j'ai de lui, c'est vrai qu'il n'avait pas toutes ces frites dans le même sachet. En gros, il lui manque plusieurs cases, si vous n'aviez pas compris la première métaphore.
- Et qu'est-ce qui t'as poussé à m'appeler au juste ?
- Ah oui ! C'est à cause de Benji.
Mon cœur dérape dans ma poitrine, comme-ci il venait de rencontrer une plaque de verglas. Ça faisait un moment que je n'avais pas entendu parler de lui, et pour tout vous dire il ressemblerait presque carrément à un sujet tabou depuis que j'ai débarqué ici.
- Benjamin ? Pour... pourquoi tu me parle de lui ?
Je sens mes doigts trembler contre ma joue, ce qui est fortement désagréable.
- Tu va halluciner. Alors déjà il est pas mort, et en plus de ça il se fait passer pour un autre mec, genre il a une nouvelle identité et tout. Et le pire tu sais ce que c'est ? Il s'est pointé au Rex pour me demander des infos sur toi. Genre il est pas venu pour mâter un film, tu vois ce que je veux dire ? Il a cru que j'étais encore son pote en fait.
Waouh, OK, ça fait beaucoup d'informations d'un coup là. Sachant que je connais déjà la moitié d'entre elles. Mais pourquoi est-ce que Benjamin serait aller se renseigner auprès de Miguel ? Il doit bien savoir que je ne bosse plus au Rex depuis plus d'un an. Je suis même certaine qu'il est déjà au courant que j'ai quitté le pays.
- Et qu'est-ce que tu lui as dit ?
Je jette un œil autour de moi, comme-ci le simple fait de parler de lui faisait resurgir toute l'angoisse qu'il me fait ressentir, et m'oblige à surveiller mes arrières, de peur qu'il ne soit planqué là, quelque part, prêt à me sauter dessus. Et oui, je sais que ça paraît complètement dingue.
- Rien, je te le jure. Il voulait savoir où tu loges, mais je lui ai dit que je t'avais pas vu en France depuis un bout de temps. Je comprends même pas pourquoi il est venu me voir moi, je suis sûr qu'il sait très bien que tu vis plus ici.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre ?
- Et bah qu'il se doutait que t'avais foutu le camp, que tu prends toujours la fuite, et que...
Il prend le temps de reprendre son souffle, comme-ci la suite était plus difficile à énoncer.
- Et que quoi ?
Je sens une tonne de frissons recouvrir mes bras, me faisant regretter d'avoir retiré ma veste. J'ai encore l'impression d'être dans une relation toxique avec lui, comme-ci même presque deux ans après, il m'est impossible de me défaire de son emprise.
- Il m'a dit que c'est pas toi qu'il cherchait. Qu'il arriverait à t'atteindre que tu sois en France ou pas.
Mon estomac se serre dans un nœud douloureux. Je ne préfère même pas imaginer ce qu'il a en tête pour me faire souffrir plus qu'il ne l'a déjà fait.
- En vrai, je veux pas te faire paniquer hein... mais je crois que c'est ton père qu'il cherche.
- Mon père ? Impossible.
Non mais pourquoi est-ce qu'il chercherait mon père ? Ce serait comme se jeter dans la gueule du loup. Il a toujours eu peur de mon père, ça n'a aucun sens.
- Mon père est déjà sur le coup pour le coincer, il a tout un dossier contre lui, Benjamin n'a aucune bonne raison d'essayer de se retrouver face à lui. C'est du délire. Il n'est pas aussi stupide, crois-moi.
- Stupide, non, mais machiavélique oui.
Ce mot, c'est le mot parfait pour le décrire, et je crois que rien qu'à l'entendre je peux déjà voir se dessiner sous mes yeux le plan qu'il a mit en place.
- Je sais que ça parait dingue, mais je pense que tu devrais prévenir ton père. Ben m'a clairement demandé l'adresse, OK ? Et je sais très bien que c'était pas pour te trouver toi.
C'est du délire. Non mais sérieusement, c'est du délire putain ! Même ici, à des centaines de kilomètres de ce psychopathe il arrive encore à exercer une putain de pression contre ma carotide, comme la dernière fois que je l'ai vu. Comme lorsqu'il a collé la lame glacée de son couteau contre la peau de ma gorge. Il me tient encore. Je suis encore prisonnière de lui. Mais comment j'ai pu penser qu'un jour il me laisserai m'en sortir ? Comment j'ai pu être aussi conne putain !
- Je... je vais l'appeler. Mais merci. Merci beaucoup.
- Je t'en prie.
Il raccroche avant moi, et me donne l'occasion d'appeler mon père dans la foulée. Ça sonne. Une fois. Deux fois. Trois fois. Pas de réponse. Putain papa pourquoi tu me fais ça ? Je déteste devoir laisser un message.
- Salut P'pa... c'est moi. Je voulais juste prendre de tes nouvelles, alors... rappelle moi dès que tu peux.
J'espère qu'il me rappellera avant ce soir, histoire de ne pas me rajouter du stress en plus.
Lorsque je rejoins la table, Tom a déjà terminé son assiette, comme presque tout le monde en fait. Il lève ses jolis yeux bruns vers moi, et je ne me fais toujours pas au costume qu'il porte. À chaque fois que je le regarde j'ai l'impression d'être à un goûter d'anniversaire.
- Everything's alright, Darling ?
J'acquiesce en essayant de garder pour moi toute l'angoisse que je viens d'accumuler en seulement un coup de fil.
- Tout va bien.
Je m'installe à côté de lui, lorsqu'il rapproche gentiment mon verre de mon assiette, comme-ci il avait remarqué que me réhydrater pourrait m'aider à faire couler cette boule d'angoisse coincée dans ma gorge. Je vois bien rien qu'au regard qu'il me lance qu'il a terriblement envie de me demander ce qui ne va pas, mais qu'il n'ose pas à cause des trois paires d'yeux autour de nous. Peut-être même qu'il pense que ça à un rapport avec le bébé, ce qui ne va pas tarder à l'inquiéter davantage.
- And so, Elena... what brings you here ?
Je relève la tête pour croiser le regard curieux de Dom, qui est le portrait craché d'Harry, si on peut dire ça dans ce sens là.
- I mean... I know you're here for Tom, obviously, but... I didn't expect to see you around him so soon. Don't take this the wrong way, I mean...
- Dad.
Je pose les yeux sur Tom qui secoue légèrement la tête, comme-ci la situation était bien trop grave pour qu'il arrive à mettre des mots dessus.
- They're not back together.
Tom et moi on pose tous les deux les yeux sur Nikki, qui essaie tant bien que mal d'alléger le climat plus que malaisant de cette situation.
- Really ?
Dom repose les yeux sur nous, avec cet air surpris et désolé qu'il a transmis à son fils. Ses yeux ronds qui reconnaissent avoir gaffés je les vois souvent sur le visage de Tom, bien trop souvent même.
- I'm sorry, I should have known it's still complicated between you two.
Il jette un œil à sa femme, dépassé de ne pas avoir été mit au courant plus tôt.
- It's OK, don't worry. You have every right to ask what I'm doing here. I would understand if you thought I was using your son. I guess everybody thought that at one point.
Il échange un regard avec Tom, et j'ai comme l'impression d'avoir jeté un énorme froid autour de la table. À tel point que je fais semblant de m'attarder sur mon assiette pour clore cette discussion plus que dérangeante. Il va déjà falloir leur annoncer pour le bébé dès ce soir, j'ai pas envie de lâcher deux bombes dans le même repas.
Mon assiette est désormais froide, et je me sens brusquement seule autour de cette table. Comme-ci je n'y avais plus ma place. On dirait presque que, d'une seconde à l'autre, la fissure qui s'est créée entre Tom et moi finit par resurgir, comme pour me rappeler que rien ne sera plus jamais comme avant. Pas même avec sa famille.
- It's not the case. Not at all.
Je relève la tête de mon assiette, surprise que ma réponse plus que déplacé n'est pas mit fin à toute discussion. Dom me dévisage avec un regard paternel qui me renvoie à mon propre père.
- I can assure you I didn't think for a second that you were using my son. Nikki may have thought of it one time, but I always knew you were a good person.
Je jette un œil à Nikki, pas le moins du monde blessée d'apprendre qu'elle y a déjà pensé. Moi-même j'y ai déjà pensé. J'y pense encore constamment, j'adapte même ma façon d'agir en public avec lui. Mon comportement avec Tom a toujours été quelque chose d'angoissant à gérer lorsqu'on est en public. Et j'aimerais tellement que ça ne le soit pas. Que je n'ai pas à justifier ma présence auprès de lui. Surtout en ce qui concerne sa famille.
- Actually, I only thought about it once, and I want you to know that it was before I met you, Elena.
Je lui adresse un sourire rassurant, parce que je sais bien que c'est son côté maternel qui l'a forcé à poser cette question, c'est tout à fait légitime en vérité.
- And that's because I was worried about Tom. I was worried because he was already madly in love with you, even before you were actually together. And I was afraid he ended heartbroken. I hope you understand.
Mon regard tombe sur Tom, que je surprends en train de me dévisager. Il ne soutient pas longtemps mon regard et baisse les yeux, les pommettes déjà rougies par la gêne. J'adore la tête qu'il fait. En vrai je crois que je l'aime trop. Est-ce que c'est possible d'aimer trop ? Lorsque je le regarde, je sais que la réponse est littéralement oui. Je pense que je l'aime trop. Et ça parce que tout l'amour que je ressens n'est tourné que vers lui. Je n'en garde même pas un peu pour moi. Et c'est ça qui me fait dire que je l'aime trop, parce que j'ai vraiment l'impression que c'est excessif, que je ne le contrôle pas du tout, que je déborde d'amour pour lui, à tel point que je suis en train de me noyer. Je l'aime trop, et je le sais parce que j'ai tendance à regretter ce trop-plein lorsqu'il finit par me blesser. Mais c'est comme ça, c'est plus fort que moi, je l'aime trop.
Et je ne sais pas si ce sont ses jolies boucles qui me font dire ça, mais ma voix s'échappe de mes lèvres sans que je n'aie le temps de réfléchir à mes mots. Je me contente de le regarder, et de laisser ma bouche vagabonder à spoiler tout le monde comme-ci c'était le moment.
- I hope I will be such a great mother as you are.
C'est lorsque je repose les yeux sur Nikki que je comprends l'envers de ma phrase. La lourdeur du regard de Tom me tombe dessus du coin de l'œil, et je me sens soudainement enfouie sous une tonne de neige, tellement l'ambiance est devenue glaciale. Je crois que je vais manquer d'air. Nikki me scrute avec un regard tellement surpris que je n'ose même plus ouvrir la bouche.
- I'm sure you will be. You're already a great person, so that will make you a good mother.
Oh my gosh ! Putain mais pourquoi j'ai dit ça ?
Je pose les yeux sur Tom qui me dévisage avec un regard presque grave, le visage pale. Est-ce que ça veut dire que c'est le moment de leur annoncer ? Non, je suis pas prête. Bon OK je viens non-intentionnellement de le faire mais je vous assure que je ne suis pas prête !
Je repose les yeux Nikki qui a reprit son repas comme-ci elle n'avait pas prêté attention au sens caché de ma phrase.
- Thank you.
Je lui adresse un sourire tendu, absolument consciente de la gaffe que je viens de faire. Bordel mais je suis vraiment une gourde !
- And so... Why Paddy isn't here ?
Tom et moi on pose les yeux sur Harry qui nous sauve littéralement de cette situation. Il adresse un sourire complice à son frère, tandis que Nikki nous explique que le petit dernier de la fratrie a prévu d'aller à un festival ce weekend, au dépend de cette petite réunion de famille. Si vous saviez comme j'ai eu peur. Honnêtement, même si je sais qu'il faut leur annoncer rapidement, peut-être même ce soir, je ne suis clairement pas prête pour prendre les rênes de cette discussion. Il vaut mieux pour tout le monde que ce soit Tom qui leur dise. Et oui, je suis consciente que je me défile totalement. Et je n'ai aucune excuse. Je suis juste hyper flippée d'annoncer ça à sa famille, parce que je n'ai aucune idée de la façon dont ils vont réagir. Je veux dire... je pouvais anticiper la réaction de ma mère, même celle de mon père, aussi imprévisible soit-il, mais Nikki et Dom, c'est impossible. Je ne les connais pas assez pour prétendre pouvoir anticiper leurs réactions. J'espère seulement, au plus profond de moi-même, que l'annonce va bien se passer. Qu'ils n'en voudront pas à leur fils, ou à moi. Qu'ils ne décideront pas de nous tourner le dos. Parce que je sais pertinemment que Tom ne peut pas vivre sans le soutien de ses parents, et il aura besoin d'eux pour apprendre à être père. Même si, avec ou sans eux, il sera génial dans tous les cas.

Unexpected 2 [FR/EN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant